22 aout 2005
Une rentrée mitigée (comme la météo) avec Colder qui souffle le froid et Madness qui souffle à nouveau le chaud.
Colder : Heat
Titres
Wrong Baby
Losing Myself
The Winter’s Fields
To The Music
Downtown
Tonight
On My Mind
Your Face
Fade Away
Burnt Out
Encore un qui a beaucoup écouté les groupes des 80’s. Mais
contrairement à beaucoup d’autres qui en ont retenus seulement les côtés dansants
et superficiels, le français Marc Nguyen Tan (alias Colder) en a extrait
l’autre versant, le côté sombre. Certains ont beaucoup empruntés à Duran Duran,
d’autres ont été influencés par Kraftwerk, Joy Division ou sa continuation New
Order. Au niveau marketing, les premiers ont mieux réussis, mais il reste de la
place pour les seconds, avec Interpol comme fer de lance. Colder est de cette
veine là, mais nettement plus froid et minimaliste.
Colder joue avec nos nerfs et aussi avec notre patience. Sa
musique est cassante comme le verre, robotique et froide. Elle joue sur les
basses lourdes et les rythmes secs et immuables. Pas de place pour la moindre
lueur ou la moindre chaleur. Ici, tout est sombre, froid, désenchanté. Et si le
titre de l’album joue sur les contrastes en soufflant le chaud et le froid,
c’est bien le deuxième qui l’emporte. Au niveau du froid polaire, on est par
endroit pas très éloigné du 100th Windows
de Massive Attack. Les machines règnent en maîtresses sur l’univers de Colder,
tout juste effleurées par la voix distante et parfois presque chuchotée de Marc
Nguyen Tan. Elles assurent un tempo toujours répétitif où la basse prend tout
l’espace sonore. Colder joue sur l’hypnose, sur la nudité et le dénuement de sa
propre musique. Les chansons sont monolithiques et monochromes (le très Joy
Division The Winter’s Fields notamment).
C’est parfois tout juste suffisant pour maintenir l’intérêt (Losing Myself, Downtown, Fade Away),
mais ça peut aussi être magistral, comme sur ce To The Music froidement robotique et pourtant si chaudement dansant.
Un morceau qui zèbre l’esprit comme un éclair. Le grand moment de ce disque. Il
y a aussi Tonight où la Cold Wave
croise une sorte de groove Funk presque tiède, créant une musique à danser
mutante et inclassable.
A l’écoute des chansons ultra répétitives de Heat, on se surprend à attendre la
moindre nuance de changement, le break qui fera décoller les chansons. Le
problème est que parfois ça ne vient pas. On atteint là les limites de la
musique répétitive. Quand elle n’arrive pas à créer l’hypnose, on s’ennuie
ferme. Ca arrive sur quelques chansons, mais heureusement, la plupart du temps
ça marche. La production idéalement ciselée, lisse comme un miroir et les
sonorités basses aident à créer une sorte de climat froid et dérangeant. Sur
une chanson comme On My Mind, sûrement
une des plus sombres du disque, au travers de rythmes robotiques et d’une voix
désincarnée, Colder atteint son but en réussissant à nous donnant des sueurs
froides. Dans le même genre qui frise le malaise, Your Face sonne comme un hommage à Faith des Cure.
A mon sens, Heat
manque juste un peu de matière pour être totalement réussi. Certaines
compositions sont vraiment trop légères. Mais à côté de ces morceaux là, on
trouve aussi de vrais bijoux de la meilleure Pop synthétique, dans sa veine la
plus sombre. On trouve aussi de vrais belles trouvailles sonores et de belles
collisions des genres. Marc Nguyen Tan est un bel héritier et un subtil mélange
de Kraftwerk, de New Order et des Cure des débuts. Aussi désincarné que les
premiers, par moment aussi dansant que les seconds et aussi sombre que les troisièmes.
Une belle carte de visite en somme. Dans un créneau musical où il y a peu de
concurrence, Colder est un oiseau rare à suivre de près.
Madness : The Dangermen Sessions (Vol 1)
Titres
This Is Where
Girl Why Don'T You?
Shame And Scandal (In The Family)
I Chase The Devil Aka Ironshirt
Taller Than You Are
You Keep Me Hanging On
Dangerman Aka High Wire
Israelites
John Jones
Lola
You'Ll Lose A Good Thing
Rain
So Much Trouble In The World
Je crois que je ne connais pas un seul amateur de musique
qui ne connaisse pas One Step Beyond.
Je ne connais pas grand monde qui ne se soit pas un jour éclaté (parfois au
sens propre) en dansant sur cette chanson. A l’époque ou le Ska était partout,
Madness étaient les rois, avec quelques autres, comme les Specials notamment. Et
puis comme tout ce qui a été un jour au top, le Ska a disparu des ondes mais
est toujours resté vivant au travers de vrais fans du genre. De la même façon,
Madness n’a jamais vraiment arrêté de jouer, ni d’enregistrer, mais ça se
faisait dans la discrétion, loin des médias. Jusqu’à ce que The Dangermen
commencent à sillonner les clubs anglais et à faire naître la rumeur. Au
travers de ces concerts, The Dangermen, alias Madness retrouvaient leur public
et surtout, s’en créait aussi un nouveau nettement plus jeune. Ca pouvait même
être les enfants de leurs fans des débuts. Du coup, The Dangermen Dessions (Vol 1) est né.
Alors bien sûr, on peut tout dire et tout penser de ce
disque. Les fans de Ska purs et durs ne tendront probablement même pas une
oreille sur ce disque, bien trop gentil et commercial pour trouver grâce à
leurs yeux et à leurs oreilles. Mais il permet en tout cas à Madness de refaire
surface et d’être de nouveau entendu par tout le monde. Et ça, c’est forcément
une bonne nouvelle. Aujourd’hui, les membres du groupes doivent tous avoir
entre 45 et 50 ans, alors forcément, ils ne sautent plus pareil sur une scène
et ils ont forcément changés. Comme leur silhouette, leur musique s’est
arrondie et a pris de l’embonpoint, mais l’essentiel est bien de pouvoir les
retrouver. On pourra leur reprocher de sonner aujourd’hui comme une sorte de cousin
de UB40, aussi gentil et passe partout. Le reproche est même parfois assez
justifié, mais je dois dire que je m’en fout un peu, tellement l’écoute de ce
disque me met en joie. D’accord, Madness ’05 fait de la variété à l’anglaise,
mais si on avait la même en France, j’aurai sûrement moins honte d’allumer la
radio. Je ne rejette pas ce disque, parce que c’est l’été et que cette musique là
colle pile poil à l’air du temps. Et que finalement, tout ça me rappelle plein
de bons souvenirs. Par contre, je ne suis pas du tout sûr que ça me plaise
autant dans deux mois. Mais quand je vois des gamins d’une dizaine d’années
s’éclater en dansant sur le single Shame
And Scandal, je me dis que c’est toujours mieux qu’autre chose.
Ce Dangermen Sessions contient essentiellement des reprises.
Et arrangées à leur propre sauce Ska, ça donne parfois d’assez beaux résultats,
comme par exemple le You Keep Me Hanging
On des Supremes ou une reprise de Girl
Why Don’t You? de Prince Buster (évidemment) sautillante comme aux plus
beaux jours et même une surprenante version du Lola des Kinks. On trouve des choses un peu plus faciles et moins
personnelles, comme Chase The Devil, tendance
Reggae mollasson ou Rain qui pèse
trois tonnes avec tous ses violons. Heureusement, on trouve toujours dans ce
disque quelques Ska bien sentis (l’excellent Taller Than You Are, John Jones teinté de Reggae) qui vous donnent
toujours l’irrésistible envie de sauter partout.
Comme ces petits vins de pays que vous avez
découvert cet été, mais qui ne supporteront pas l’automne, ce disque est à
consommer maintenant, dans l’euphorie des retrouvailles. J’espère simplement
que ce disque de reprises n’est que la première étape avant un vrai retour,
comme le Volume 1 du titre semble
vouloir le dire.
Pour plus d'nformations, le mini site dédié au nouvel album :
www.v2.fr/madness
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