22 mai 2006
Venus nous revient différent, mais peut être encore plus passionnant, alors que Nord fait partie de ces groupes français à découvrir.
Venus : The Red Room
Titres
Here & now
Everybody Wants To Be Loved
Love & Loss
Mother's Voice
Underwater
Everything That Rises Must Converge
The Red Room
Add Stars To The Sky
Who The Fuck Gave You This Invitation?
The Northern Cross
I Spoke Too Soon
Poison
Unknown
Quand
on a aimé Vertigone pour ce qu’il
était, un album de Pop subtile et complexe, mais surtout facilement abordable,
on ne peut qu’être surpris par ce nouvel opus au style bien différent. Jusqu’ici,
Venus n’avait jamais vraiment choisi la facilité, préférant créer une musique
plus exigeante que la moyenne de ses confrères, mais sur The Red Room, ils poussent ce choix jusqu’aux limites.
Le
choix d’une pochette et d’un visuel tout en noir et rouge n’est pas non plus
innocent. Cette fois, dans l’esprit Venus est plus proche des White Stripes que
de ses concitoyens belges, comme dEUS par exemple pour n’en citer qu’un. Je
veux dire par là que sur cet album, les bruxellois ont imposés des règles
draconiennes à leur musique : zéro pour cent de gras et zéro pour cent de
rigolade. Fini l’acoustique et bonjour l’électrique. Exactement comme le fait
le duo américain. Venus ne s’est autorisé aucune facilité et rien (ou presque) n’a
été fait pour flatter l’auditeur. The Red
Room est donc un album aride et sombre. Mais un album d’une beauté et d’une
densité étonnante. Comme les White Stripes, en s’obligeant à écrire des
chansons qui doivent tenir debout sans aucun artifice, Venus nous offre une
collection de chansons fortes et encore plus personnelles que par le
passé.
Le
but est de tirer la quintessence de chaque instrument, de chaque son, toujours
dans un but d’efficacité dans la simplicité, voire même la nudité. Et l’album
démarre par le titre qui personnifie peut être le plus cette direction. Here & now est sans doute la chanson
la plus exigeante du disque, une sorte de Blues ne reposant que sur une guitare
et une voix, celle de Marc A. Huyghens, toujours aussi habitée. Plus minimal
que ça, il ne reste plus rien. Everybody
Wants To Be Loved qui le suit, avec sa guitare opaque et coupante, n’est
qu’à peine plus accueillante. Mais
pourtant, ces deux titres vous embarquent instantanément dans l’univers de
Venus, pas gai mais passionnant. Et surtout toujours aussi plein de grâce
mélodique. Heureusement pour le moral, par la suite l’atmosphère se détend un
peu pour donner ici ou là des chansons un peu plus Pop et chantantes (Love & Loss, Underwater léger comme une bulle de savon). C’est là qu’on
s’aperçoit de toute l’importance du jeu de violon de Christian Schreurs qui
à lui seul donne des couleurs différentes à chaque chanson, par-dessus les
guitares presque toujours lourdes et sombres (déchirant Mother's voice, envoûtant et fort Everything That Rises Must Converge, les plus Rock et enlevés Add Stars To The Sky et Who The Fuck Gave
You This Invitation ?, touchant et frissonnant The Northern Cross, lancinant et superbe Poison).
Ce disque
là est truffé de pépites, pas forcément brillantes à la première écoute, mais
du genre qu’on garde précieusement au chaud. D’ailleurs, aucun titre ne ressort
vraiment, aucun single évident n’apparaît. The
Red Room est le genre de disque qu’on écoute dans son ensemble. Le genre
qui mérite encore pleinement le nom d’album, où le même soin et la même
attention ont été apportés à chaque chanson. Le genre de disque qui possède une
âme.
Pour plus d'nformations, le site officiel avec l'intégralité de l'album en écoute :
www.venusmusic.be
Nord : Artiste Domestique
Titres
Artiste Domestique
Gare Du Nord
Te Faire Savoir
Silence
On The Road Again
Des Papillons
Voilà
Seul
L'Espoir
Je Joue
Du Soufre
Alors
bien sûr, l’écoute du premier morceau de ce nouvel album de Nord peut laisser
l’auditeur assez perplexe, d'autant plus qu'il a été choisi comme single.
Oui, on a l’impression d’entendre Noir Désir. Oui,
la voix et le style de Stephane Grangier ont des airs de Bertrand Cantat. Alors
forcément on se dit qu’après Eiffel ou Luke, pour n’en citer que deux, Nord
pourrait ressembler au nouveau fils spirituel du groupe qui manque tant à tous
les amoureux de Rock en français. Mais heureusement, Nord est loin de ne se
résumer qu’à des relents pas très frais de Noir Désir.
Ce
groupe là est finalement assez étonnant. D’abord parce que ses références sont
assez évidentes. Surtout pas honteuses, juste évidentes. On sent qu’il essaye,
en partant de ces références, de se créer son propre univers musical, de se
démarquer de l’illustre ancêtre. Ce qu’il arrive à faire assez souvent sur ce
troisième album. Pour résumer, la musique de Nord dégage une sorte de lyrisme et
de romantisme assez noir. L’abondance (et même parfois la surabondance) des
cordes souligne en permanence ce côté romantique, au risque de l’écraser
parfois. Mais les thèmes des chansons, la plupart du temps assez sombres,
cassent un peu l’ambiance. Parce que si on fait abstraction des nappes de
claviers ou de cordes, Nord est avant tout un groupe de Rock. Il a juste choisi
de l’enrober de quelques enluminures, mais c’est bien sa seule concession.
On
trouve sur cet album quelques chansons assez uniques. Des titres où le groupe
trouve vraiment son ton à lui, son style personnel qui ne doit plus rien à
personne. Et quand ça arrive, ça donne des chansons vraiment passionnantes,
comme Silence, à la fois sombre et
tellement pleine d’espoir, la très lyrique et enflammée Gare Du Nord ou encore Des
Papillons qui ressemble à une recherche désespérée de la lumière. Et dans
ces cas là, c’est vraiment beau. On oublie toute référence pour se contenter
d’apprécier ce Rock à fleur de peau. Là, quand Nord se lâche, on le sent capable
de dégager une puissance émotionnelle impressionnante. Le revers de la médaille,
c’est que le groupe se laisse aussi déborder par un certain penchant pour la
surenchère de production. Ce qui a tendance à parfois noyer certaines chansons
sous des flots de claviers pas forcément très digestes.
Mais s’il
y a bien une chose qu’on ne pourra pas reprocher à Nord, c’est l’envie de bien
faire, d’être authentique dans sa démarche. D’être irréprochable dans l’esprit
Rock et d’être totalement maître de sa musique. Le chien sur la pochette,
grande gueule mais avec cette laisse qui le rattache toujours à son maître,
représente l’artiste tel qu’on le croise le plus souvent aujourd’hui. Tout ce
que Nord ne veut surtout pas être. Eux ont choisis de ne pas avoir de compte à
rendre et d’être indépendants. Ce chemin là n’est sûrement pas le plus plat ni
le plus facile. Mais c’est sûrement celui dont on peut être le plus fier.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.nord-music.com
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