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21 juillet 2003


Dans deux styles totalement différents, voici deux albums profondément humains à déguster sans aucune modération.




Nitin Sawhney : Human

Titres

The River
Eastern Eyes (feat. Natacha Atlas)
Say Hello
Falling Angels
Falling (feat. Aqualung)
Heer
Fragile Wind
Promise
Chetan Jeevan (Conscious Life)
Rainfall
Waiting (O Mistress Mine)
Raag
The Boatman



Nitin Sawhney fait partie de cette frange de la musique anglaise en provenance directe d’enfants issus de l’immigration Indo-Pakistanaise. Dans le lot, on trouve parmi les plus connus, les bouillonnants Asian Dub Foundation ou les sympathiques Cornershop. Ceux là on réussis à traverser la Manche pour se faire connaître sur le continent. Le cas de Nitin Sawhney est un peu différent, dans le sens où sa musique est jusqu’à présent restée relativement confidentielle chez nous, alors qu’il a déjà une notoriété plus que certaine Outre-Manche. Son style musical est aussi très différent des groupes cités précédemment. Son genre à lui, c’est plutôt la World Music au sens le plus large possible. Sa double culture, anglaise et indienne, lui a permis de créer une musique qui est à la croisée des deux mondes musicaux. A la base, Nitin Sawhney crée une musique qui peut être apparentée au Trip Hop, pas trop éloignée de gens comme Morcheeba par exemple. Mais là dessus viennent tout d’abord se greffer ses racines indiennes et depuis peu, tout un panachage d’influences extérieures. Human est assurément son album le plus varié et le plus ouvert. C’est aussi son disque le plus autobiographique au niveau des thèmes abordés, notamment sur son vécu de ce qu’on appelle le racisme ordinaire pendant sa jeunesse, sur la difficulté de s’accepter en tant que fruit de deux mondes et deux cultures. Peut être l’album qui lui permettra de séduire nos oreilles d’européens continentaux assez peu habitués aux inflexions de la musique indienne.
En fait, Human me paraît être son album le plus facile à appréhender, pour nous français. Les influences indiennes sont omniprésentes mais totalement intégrées et la digestion en est forcément facilitée pour nous. L’album commence par The River, un morceau qui pourrait parfaitement figurer sur le dernier Morcheeba par exemple. La musique s’en approche et le chant de la chanteuse Alani (inconnue au bataillon), est dans le même registre. Nitin Sawhney est comme de nombreux autres musiciens actuels : il ne chante pas (ou peu). Il se voit donc contraint d’inviter divers chanteurs et chanteuses pour donner de la couleur à ses musiques. Le moins qu’on puisse dire est qu’il les choisit mieux que bien. On trouve ici une belle brochette de jeunes voix masculines et féminines qui pourraient bien faire parler d’eux dans les années à venir. Eastern Eyes, chanson qui lui emboîte le pas me fait un peu penser au dernier Keziah Jones, avec un immense plus : la voix de Natacha Atlas qui plane haut au dessus de la musique. Falling est le premier single tiré de ce disque, chanté par le duo Matt Hayles et Reena. Peut être un de ceux qui mêle le mieux l’occident et l’orient sur un rythme Dance. C’est une réussite totale, une grand chanson. Heer, chanson basée sur un poème épique, nous plonge tout entier dans les sonorités indiennes. Fragile Wind est encore une chanson a deux voix, celle, douce et féminine, de Tina Grace et celle, masculine, de Jayanta Bose. Là aussi, le résultat est loin au dessus de la mêlé, très loin de ce qu’on nous impose habituellement sur les radios. Rainfall est un exemple parfait de l’ouverture de Nitin Sawhney sur le monde musical en général. Voilà un morceau, presque R&B, basé sur un rythme Dance assez langoureux et sur des guitares Flamenco. Ce morceau sonne très différemment du reste de l’album mais prouve que ce musicien peut composer de bonnes chansons en mélangeant styles et influences diverses. Waiting est une sorte d’Electro-Folk chanté par Zubin Varla et c’est un autre grand moment de ce disque qui n’en manque vraiment pas. The Boatman, douce mélopée faite de piano et de swalin, instrument à mi chemin entre violon indien et européen, termine magnifiquement cet album, avec encore une fois le chant ondoyant de Jayanta Bose.
Après avoir cherché pendant de nombreuses années à savoir qui il était et d’où il venait, Nitin Sawhney a semble-t-il trouvé la réponse à ses questions et une sorte de paix intérieure ou tout au moins un apaisement. Il s’est forgé au moins une certitude : il est un être humain, au delà de toute frontière ou barrière de langue et de couleur, d’où le titre de ce disque. Profondément et universellement humain si l’on en juge par le contenu de ce disque, superbement varié et touchant de bout en bout.


Pour plus d'informations, le site officiel en français, chose rarissime :
www.v2.fr/nitinsawhney




La Rue Kétanou : Y'a Des Cigales Dans La Fourmilière

Titres

Les cigales
Les hommes que j'aime
Déchirer ma mémoire
Les maisons
Sao loucas
Rap'n'roll
Le deuil
Almarita
Laisse ton corps s'exprimer
J'ai tout démoli
La rumeur
Mon oncle
Danse
On a trop déconné
Marcher pas droit



Leur nom vient de l’époque où ils jouaient dans les rues. Ils faisaient un spectacle de rue dont la devise était : C’est pas nous qui sommes à la rue, c’est la rue qu’est à nous !. Ils ont quitté la rue, mais le nom est resté. Au départ, il s’agissait plus de théâtre que de chanson, puis petit à petit la tendance s’est inversée. La Rue Kétanou est un trio composé de trois personne (contrairement à Tryo chroniqué la semaine, qui eux sont quatre). Le lien entre les deux groupes est plus important que ça, puisque En Attendant Les Caravanes, le premier album de La Rue Kétanou a été produit par un membre de Tryo. Ils ont aussi assurés nombre de premières parties pour Tryo lors de leurs tournées. Trois voix, deux guitares, un accordéon et tout ce qui passe sous la main pour servir de percussions. Comme vous le devinez sans doute, l’ambiance est plutôt du genre poète saltimbanque, et un rien festive, dans le genre Negresses Vertes, La Tordue ou Les Têtes Raides. Les Cigales rappelle d’ailleurs fortement le meilleur des Négresses. On a presque l’impression de se trouver dans l’album Familles Nombreuses.
Mais réduire La Rue Kétanou à un ersatz des Négresses Vertes seraient une grosse erreur. Dès le deuxième morceau, Les Hommes Que J’aime, on change de ton pour entrer vraiment dans l’univers du groupe. Cette chanson qui nous parle d’amours cassés est parfaite. Rythmique qui vous oblige à taper du pied (au minimum), guitares en avant et accordéon virevoltant. C’est la fête. Vivement la suite.
La suite s’appelle Déchirer Ma mémoire, chanson cette fois fortement nostalgique qui nous parle encore d’amours qui se terminent. Elle aussi est très réussie. Les Maisons nous entraîne de nouveau vers des ambiances pleines de poésie à base de guitares / accordéon, tout comme Sao Loucas qui au grès de cette musique voyageuse nous entraîne jusqu’à Lisbonne. Assurément, Y’a Des Cigales Dans La Fourmilière fait tout autant dans le genre nostalgique que joyeusement festif. Les guitares espagnoles de Le Deuil côtoient même carrément le registre de l’émotion. En fait, quel que soit l’ambiance du morceau, cet album dans son ensemble est un vrai beau moment de complicité entre eux et nous. Un bon bol de chaleur humaine. Leurs chansons sont simples et nous réchauffent le cœur comme seuls savent le faire les amis. Comme dans la chanson Danse, morceau enregistré dans les conditions du live, et qui porte bien son nom. Celle là ne vous donne qu’une envie : partager ce moment de pure joie musicale en dansant. La fête, la vraie, quoi. Je crois que c’est la notion de partage qui ressort le plus de ce disque. L’envie de transmettre cette musique à d’autre. Et ça marche plus que bien. Il suffit de l’écouter une fois pour que le charme opère.
Et comme ça transparaît dans la plupart des chansons, la façon dont tourne notre monde ne les enthousiasme pas forcément. Marcher Pas Droit, dernier morceau de l’album, est la chanson qui résume tout ça en un seul refrain : C’est pas nous qui marchons pas droit, c’est le monde qui va de travers. Et on a beau aller devant soi, on se retrouve souvent sur le derrière. Dernière chanson de ce disque chaud comme l’amitié dont on voit arriver la fin bien trop vite. Mais finalement, la vie n’est pas si moche, puisqu’il y a un morceau caché pour les auditeurs patients, et qu’il suffit d’appuyer sur un simple bouton pour pouvoir se le réécouter encore une fois. Ou plus, si affinité.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.sonymusic.fr/larueketanou





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