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21 mars 2005


Il y a vraiment des semaines où les extrèmes arrivent à se croiser. Si vous trouvez un seul point commun entre le spleen rêveur de Maximilian Hecker et les tourbillons sonores de Mars Volta, faites moi signe.




Maximilian Hecker : Lady Sleep



Titres

Birch
Anaesthesia
Summer Days In Bloom
Daze Of Nothing
Everything Inside Me Is Ill
Full Of Voices
Help Me
Snow
Dying
Yeah, Eventually She Goes
Lady Sleep


Si vous êtes à la recherche de romantisme désespéré, d’ambiances cotonneuses et d’humeurs grisâtres et dépressives, vous ne le savez peut être pas encore, mais la musique de Maximilian Hecker est faite pour vous. L’atmosphère de sa musique colle comme un gant à ses moments où on est, soit en phase de rupture amoureuse, soit amoureux malheureux et incompris. Bref, pour tous ces moments où on a le cœur en miette et l’optimisme dans les chaussettes. Pour tous ces moments où on n’a plus envie de voir la lueur du jour, où on n’a plus qu’un désir, celui de pleurer sur son sort, seul au monde au fond de sa chambre. Et bien non, sachez que vous n’êtes plus seuls, Maximilian Hecker est là. Et il a écrit la bande son de votre spleen.
Ne vous laissez surtout pas effrayer par la photo de jaquette. Elle est moche à hurler et ferait presque peur. Et pourtant le contenu de ce disque n’a rien à voir avec cette grosse faute de goût. Le contenu n’est que douceur et caresse. Maximilian Hecker ressemble à une sorte de crooner, dans le sens où ses chansons sont romantiques à souhait et ont toutes les qualités pour faire fondre les cœur (surtout féminins bien sûr). Mais lui, ce serait plutôt un crooner chétif et plaintif. Pas du genre qui en impose et qui impressionne, mais plutôt du genre qui attendrit et donne envie de se laisser aller avec lui. Une sorte de crooner à l’envers en quelque sorte. Sa musique caresse de la même façon, mais elle est aussi bien plus noire. Et je peux vous dire que Maximilian Hecker s’y entend comme personne pour vous tirer les larmes avec juste un piano, quelques cordes et sa voix tout juste susurrée, comme si elle n’était réservée qu’à votre oreille. Comme si lui seul pouvait vous comprendre. J’ai bien du mal à imaginer quel genre d’ambiance tout ça peut bien donner sur scène...
Pour en revenir à nos moutons, les chansons de cet allemand louvoient doucement entre ballades diaphanes et ritournelles spectrales. Rarement un mot plus haut que l’autre, rarement un instrument électrique qui vienne plomber l’atmosphère acoustique si particulière de ce disque. Et c’est tant mieux, parce que dans les rares cas où Maximilian Hecker tente de monter le son et le ton, c’est nettement moins réussi (Full Of Voices, popsong légère mais étrangement bancale ou Yeah, Eventually She Goes où les grosses guitares tombent drues comme des cheveux sur la soupe). Non, lui, son univers c’est bien plus la douceur, mais toujours teintée de gris. Et dans les meilleurs des cas, son talent peut donner de vraies belles perles auxquelles il est totalement impossible de résister si on a un cœur qui bat. Summer Days In Bloom et Everything Inside Me Is Ill, pour n’en citer que deux, sont des chansons délicates aux mélodies belles à se damner, Daze Of Nothing ou Dying donnent l’impression que le temps s’arrête juste pour vous, juste le temps d’apprécier la beauté de ces moments là. Dans l’esprit, Snow me fait un peu penser à une chanson de Divine Comedy, mais totalement épurée et nue, sans tous les ornements qui encombrent souvent inutilement les chansons de Neil Hannon.
Maximilian Hecker est vraiment un artiste qui véhicule un univers à part, totalement personnel. Et son monde est si particulier que je comprends parfaitement que ce genre de chanteur puisse en agacer certains, tout comme Neil Hannon peut aussi agacer par son côté précieux et grandiloquent. Mais si le côté précieux de Maximilian Hecker peut taper sur les nerfs, la grandiloquence, il ne pratique pas. Lui, son atout principal c’est la discrétion. Le genre de discrétion qu’on apprécie chez un ami qui vous épaule dans les mauvais moments.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.maximilianhecker.de



The Mars Volta : Frances The Mute


Cygnus...Vismund Cygnus
A. Sarcophagi
B. Umbilical Syllables
C. Facilia Descenus Averni
D. Con Safo
The Widow
L'Via L'Viaquez
Miranda That Ghost Just Isn't Holy Anymore
A. Tathata Sunyata
B. Pour Another Icepick
C. Pisacis (Phra-men-ma)
D. Con Safo
Cassandra Gemini
A. Tarantism
B. Plant A Nail In the Navel Stream
C. Faminepulse
D. Multiple Spouse Wounds
E. Sarcophagi



Dans le genre OVNI musical, il y a The Mars Volta. Il était une fois un groupe nommé At The Drive In, qui après quelques CD mémorables et bouillonnants, splitta comme tant d’autres avant lui. Pas pour des histoires de gros sous, mais beaucoup plus pour des histoires d’idées, de débordements d’idées en fait. Des idées débordantes et pas forcément compatibles les unes avec les autres. Deux groupes en sont issus. Le premier s’appelle Sparta, et son petit dernier, Porcelain, a été chroniqué ici il y a quelques mois. Un bel album, intéressant, mais à la structure finalement assez classique. Si on voulait résumer, on pourrait dire que Sparta représente le côté le plus académique de At The Drive In, sa colonne vertébrale. Et The Mars Volta serait tout le reste. Vraiment tout le reste. Rarement j’ai eu l’occasion d’entendre un disque qui explose autant les barrières et les codes habituels. Ici, rien n’est respecté. Ni le format classique d’une chanson, d’un album ou d’un style musical. Tout part dans tous les sens avec la plus grande joie. La seule chose sûre avec The Mars Volta, c’est l’improbable.
Les présentations étant faites, la moitié d’entre vous à déjà du zapper vers autre chose en se disant que c’est pas vraiment utile de se fatiguer à écouter un truc compliqué. Tant mieux. Ne restent maintenant que ceux pour qui la musique est plus qu’un simple loisir à écouter distraitement. Car chacun sait que les albums qui durent, ceux qu’on écoute encore longtemps après sont bien souvent ceux qui ne nous ont pas livrés tous leurs secrets au bout de quelques écoutes. Vous pourrez écouter Frances The Mute cent fois, vous serez encore loin d’en avoir épuisé toutes les ressources. Vous n’aurez pris qu’un premier contact avec la musique de The Mars Volta, tellement elle semble inépuisable. Décrire leur musique est quelque chose de réellement impossible, tellement elle ne ressemble à rien de connu. Ici, on saute du coq à l’âne en permanence, que ce soit au niveau du tempo, du style, de la langue. Rarement un groupe se sera autorisé une telle liberté musicale. La présence des deux invités de marque que sont Flea et John Frusciante des Red Hot Chili Peppers serait un évènement sur d’autres albums, ici ce n’est qu’une anecdote. Ici, l’important est ailleurs et partout à la fois. Dis comme ça, vous êtes sûrement en train de vous demander de quoi je parle et ce qu’il peut bien y avoir d’intéressant dans tout ça. Et bien justement, ce n’est pas seulement intéressant, c’est passionnant. Frances The Mute n’est pas un disque, c’est une aventure, une expérience unique. En balayant d’un revers de main toutes les barrières et en reculant toutes les limites habituellement admises sur un album, Omar Rodriguez-Lopez et Cedric Bixler-Zavala ont créé quelque chose qui pourrait s’apparenter à un concept-album, vous savez ce vieux truc gonflant très à la mode dans les 70’s. C’est en tout cas à ce genre d’expérience qu’on pourrait raccrocher ce disque là, halluciné et hallucinant de maîtrise et d’inventivité. Le côté chiant en moins.
Il faut bien dire que la première écoute de ce disque est complètement déstabilisante. On a à peine le temps de s’habituer à un rythme, à une ligne mélodique qu’elle est aussitôt aspirée vers autre chose et recrachée sous une forme totalement nouvelle. Impossible de se raccrocher à quelque chose. On est ballotté comme doit l’être un nageur pris dans le courant d’un torrent trop puissant. Bien obligé de se laisser porter par le courant en attendant que ça se calme un peu. Si vous êtes plutôt adeptes des étendues calmes et des mélodies qu’on sifflote sous la douche, oubliez tout ce que vous venez de lire et passez à autre chose. Je n’imagine même pas arriver un jour à siffloter le moindre de leurs morceaux. Trop compliqués et trop tordus pour ça. Non, avec The Mars Volta, on n’est pas dans ce genre de disque où les chansons se succèdent tranquillement. Ici on ne sait même pas où elles commencent ni quand elles s’arrêtent. Si on en croit le CD il y a 12 morceaux, si on cherche les titres, il y en a 5. Si on en croit le site web du groupe, il y en a 18, mais pas avec les mêmes noms. Bon courage pour vous y retrouver. Ce disque s’écoute et s’apprécie d’un bloc, comme un voyage unique et assez inoubliable. Un voyage dans une vieille bagnole aux amortisseurs morts depuis longtemps, où on a bien du mal à reconnaître le paysage tellement on est secoué comme un prunier. Un voyage dont on ressort le dos en compote, des courbatures partout, mais dont on est fier et heureux de pouvoir dire : j’y étais !


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.themarsvolta.com



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