14 février 2005
Bloc Party nous en met plein la vue avec son premier album alors que Feeder semble avoir choisi son camp, celui des bons groupes Pop-Rock.
Bloc Party : Silent Alarm
Titres
Like Eating Glass
Helicopter
Positive Tension
Banquet
Blue Light
She'S Hearing Voices
This Modern Love
The Pioneers
Price Of Gasoline
So Here We Are
Luno
Plans
Compliments
Cette
chronique est un peu celle d’un triomphe annoncé. Des radios en passant par les
télés et tous les medias en général, les critiques et au final nous, le public,
tout le monde attendait ce disque avec impatience, comme si ce groupe là était une
sorte de messie. Le futur du Rock peut être. Le NME qui n’est plus à un titre
racoleur prêt, a même osé à leur sujet un « le futur commence ici et
maintenant ». La mise en place du phénomène Bloc Party a été orchestrée de
main de maître. Si on ne succombe pas, c’est qu’on n’aime pas le Rock, si on ne
suit pas le mouvement, c’est qu’on est largué. Point final. Si tout ça n’était
basé que sur des « on dit » ou sur des rumeurs, on pourrait
facilement en rire. Mais là, la rumeur s’appuie sur une poignée de singles aussi
dévastateurs que mémorables. Bref, derrière tout ça, il y a un vrai groupe avec
sa musique, pas seulement un phénomène de mode. Et cette musique laisse
entrevoir des sensations qu’on n’a plus ressenti depuis des lustres. Depuis les
premiers singles de Cure ou des Smiths en fait.
En fait de
futur, comme d’habitude, c’est plutôt vers le passé que tout ça nous force à
nous tourner. Un passé qui a laissé des traces musicales indélébiles au travers
de singles comme 10 :15 Saturday
Night ou Boys Don’t Cry pour les
Cure ou encore This Charming Man et What Difference Does It Make pour les
Smiths. Si je compare les premiers singles de Bloc Party à ces morceaux qui
font aujourd’hui partie de l’histoire du Rock, ce n’est pas seulement parce la
voix de Kele Okereke me fait toujours autant penser à un Robert Smith juvénile,
mais c’est bien parce qu’ils me paraissent être quasiment du même niveau. Et du
même genre aussi. En écoutant Little
Thoughts, Helicopter ou Banquet (surtout Banquet), on retrouve cette énergie
incroyable, cette même façon de foncer tête baissée, à fond la caisse.
L’énergie déborde de partout, au travers des riffs de guitares speedés, des
roulements de batterie qui écrasent tout sur leur passage, qui donnent
l’impression que ce groupe là est mort de faim, qu’il y a urgence à ce que tout
ça sorte au plus vite. Et tout ça avec une aisance mélodique comme on n’en a
plus entendu depuis longtemps. On savait déjà que Bloc Party était capable de
fulgurances rares sous forme de singles, mais pour ce qui est de tenir cette
même pêche et cette même tension sur la durée d’un album, on était déjà moins
sûr. Personnellement, j’en rêvais, mais j’avoue que j’avais des doutes. Et puis
dès la première écoute de ce Silent Alarm,
tout s’est envolé d’un coup. Le casque à fond sur les oreilles, avec je suppose
un grand sourire au lèvres (je ne me suis pas vu à ce moment là…), j’étais en
train d’écouter un grand, un énorme album de Rock. Au travers de ces chansons à la production brute et au
charme irrésistible, Bloc Party a fait mieux que
répondre à nos attentes, il a réussi à placer la barre à une hauteur qui sera difficile à
atteindre à nouveau.
Contrairement
à ce que font certains groupes débutants, Bloc Party a choisi de ne pas inclure
la totalité des précédents singles sur ce premier album. Ils ont choisi la voie
la plus risquée mais aussi la plus royale, celle des nouveaux morceaux. Et ils
sont aussi époustouflants que ceux déjà entendus avant. Ce qui prouve que ce
groupe a des ressources et du talent à revendre. Like Eating Glass est tout simplement magnifique, avec la même
hargne que celle qu’on leur connaît, mais avec un je ne sais quoi de plus
subtil et plus Pop qui en fait, à mon avis, un de leurs meilleurs morceaux.
Côté singles passés, on retrouve quand même Helicopter
et Banquet, mais franchement qui s’en
plaindra ? Mais au travers de ce disque, on découvre aussi d’autres
facettes du groupe, comme sur Positive
Tension, où le groupe démontre qu’il sait aussi faire des choses plus
complexes que les missiles Pop énervés qu’on lui connaissait jusque là. Et Blue Light ou This Modern Love où le groupe se révèle même carrément délicat.
Le nombre
de chansons qui pourraient faire d’excellents singles est impressionnant. Par
exemple Price Of Gas, avec son petit
côté Punk à la Public Image Limited pourrait fort bien en être un. Le très
attachant So Here We Are aussi. Celui
là a déjà été choisi d’ailleurs. Luno
est une bombe d’énergie pure où la
mélodie emporte pourtant tout sur son passage. She’s Hearing Voices, chanson qu’on connaissait déjà, a été
retravaillée de manière plus tendue et en ressort transfigurée. Plans est un bel exercice Pop dans le genre
de So Here We Are et l’album se
termine avec un Compliments totalement
apaisé.
Au delà de
toute référence au passé, Bloc Party est bien le grand groupe annoncé. Et Silent Alarm est son premier chef d’œuvre.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.blocparty.com
Pour voir la video de Helicopter en haut débit, c'est
ici,
en bas débit c'est
ici
Pour écouter Banquet dans son intégralité, c'est
ici
Feeder : Pushing The Senses
Feeling A Moment
Bitter Glass
Tumble And Fall
Tender
Pushing The Senses
Frequency
Morning Life
Pilgrim Soul
Pain On Pain
Dove Grey Sands
Pissing
Death Of A Salesman
Walk Into The Sea
Vous
connaissez Feeder ? En France, ce groupe est passé presque complètement
inaperçue. Et pourtant, Comfort In Sound
sorti il y a deux ans a installé ce groupe parmi les favoris de nos voisins
anglais. Délaissant le Rock de ses débuts, le groupe s’orientait vers un son
nettement plus Pop. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce changement de
direction leur a été largement profitable. Commercialement parlant bien sûr.
Pour ce qui est de leurs fans de base, ceux qui les suivaient depuis le début,
le changement a été modérément apprécié. Tant pis pour ceux là, pour Feeder la
tentation était grande de continuer sur sa nouvelle lancée nettement plus
rémunératrice. Et Pushing The Senses
enfonce le clou de leur nouvelle orientation de plus en plus Pop-Rock, comme on
dit à la radio.
Les anciens
fans peuvent définitivement passer à autre chose, les nouveaux peuvent se
réjouir de retrouver ces chansons idéalement troussées. On se retrouve donc
confronté à l’éternel débat sur la musique dite commerciale et celle qui l’est
moins. Et sur l’éternel débat concernant ceux qui ont retourné leur veste,
oubliant leurs grands principes de jeunesse pour passer à l’ennemi, le roi
Dollar. Dans le même genre, savez vous par exemple que la FNAC a été
initialement créé par un certain André Essel décédé récemment, ancien trotskiste
et communiste convaincu devenu capitaliste au fil du temps et du succès de son
entreprise. Et même si au départ l’idée généreuse était de démocratiser la
culture, la FNAC en est arrivé à laminer la liberté de choix en imposant les
siens. L’exact contraire de la démocratisation initiale. Comme quoi, il est
toujours difficile de juger du parcours de quelqu’un, tout comme il est
difficile de rester fidèle à ses idéaux de jeunesse.
Feeder fait
donc partie des traîtres à la cause, de ceux qui ont préférés adoucir leur
propos pour mieux le vendre. Mais si tout les gens qui suivaient ce chemin
avaient le même talent d’écriture que Feeder, nos radios seraient plus
agréables à écouter. Parce que si il y a une qualité à reconnaître à Feeder
aujourd’hui c’est bien un don assez impressionnant de mélodiste. Dans Pushing The Senses, il pleut des tubes. De
ceux qui vous restent immédiatement en mémoire. C’est instantané. Le revers de
la médaille avec ce genre d’album, c’est qu’il résiste en général assez mal au
temps et aux écoutes fréquentes. Compte tenu de la nouveauté du disque, je ne
saurais pas dire si ce sera le cas pour celui là. Mais je ne boude pas pour
autant mon plaisir à chaque écoute. D’accord Pushing The Senses est commercial, certains morceaux sont même
carrément dégoulinants de bons principes Pop, mais le groupe est un véritable
orfèvre, passé maître dans l’art d’écrire des hymnes puissants et sensibles. Avec
ou sans idées préconçues, c’est très difficile d’y résister. Essayez le refrain
de Feeling A Moment et pour vous en
convaincre. C’est le genre de chanson qui vous met le cerveau à l’envers. Et
des comme ça, on en trouve à chaque coin de rue, comme Bitter Glass qui joue aux montagnes russes, entre couplets calme et
refrains qui s’envolent, ou la ballade Tender,
classique dans sa forme, mais à la mélodie instantanément complice. Les tubes
pleuvent, comme le titre Pushing The
Senses et son contraste entre grosses guitares et arpèges, Morning Life et son petit gimmick de
guitare irrésistible. On trouve pourtant encore une réminiscence du Feeder
ancienne manière, un peu perdu dans cet univers très musicalement correct. Pilgrim Soul possède encore la hargne
des premiers albums, mais c’est bien le seul titre dans le genre. Ensuite, sur
les deux derniers morceaux du disque, Feeder essaye d’en faire encore plus,
dans le genre délicat. Mais là, à l’évidence, ils ne sont pas fait pour ça. On
tombe carrément dans le sirupeux et l’indigeste. Raté. Dommage, car sans ces
deux derniers titres poussifs, Pushing
The Senses aurait été un album entièrement recommandable, sans faute de
goût. Mais à part ça, ce disque reste fortement conseillé à tous ceux qui
cherchent des alternatives à leurs vieux Starsailor ou même leurs vieux
Coldplay usés à force de trop d’écoutes.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.feederweb.com
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