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21 janvier 2008



Burial : Untrue


Titres

Archangel
Near Dark
Ghost Hardware
Endorphin
Etched Headplate
In McDonalds
Untrue
Shell of Light
Dog Shelter
Homeless
UK
Raver


Je suppose que ça vous est déjà arrivé aussi. Il arrive qu'on ne choisisse pas ses coups de cœurs. Parfois, une musique vous tombe dessus par hasard, sans prévenir. Elle s'impose sans demande l'autorisation. Je ne parle pas ici de ce qu'on peut entendre sur les radios et qui peuvent éventuellement nous taper dans l'oreille, je veux parler de ces albums totalement imprévus, jamais entendus avant et qui vous retournent les sens. Qui révolutionnent votre rapport à la musique. Oui, carrément.

Je commence volontairement fort pour vous donner une idée de l'importance de Untrue. Parce que tous ceux qui auront l'occasion de découvrir cette musique là auront ensuite une idée différente de ce que peut apporter la musique électronique. Surtout ceux qui ne connaissent pas particulièrement ce monde là. Comme moi, donc.

Décrire la musique de Burial est un exercice difficile. Pour commencer à vous donner une idée de la chose, Burial se traduit par " Enterrement ". Rien que du bonheur, déjà… Difficile à décrire, parce que face à elle on se retrouve en manque de repères. Pour situer une musique, la solution de facilité restera toujours de la comparer à d'autres. Ca permet de donner une idée sans se creuser trop la tête. Là, il faut bien avouer qu'à la première écoute, on se retrouve totalement surpris et assez démuni. On ne sait même pas trop ce qu'on vient d'écouter, tellement c'est loin de ce qu'on connait déjà. A des années lumière de tout ça. Puis petit à petit, on retrouve ici ou là quelques marques, quelques bribes de lumière connue. On refait surface et on peut enfin faire le point sur ce qu'on vient de vivre : un moment fort et assez unique. Pour les connaisseurs, Burial fait du Dub-Step, courant Electro plutôt confidentiel qui emprunte au Dub tous ces artifices sonores basés sur les boucles pleines d'échos, les vocaux noyés et les rythmiques lentes et hypnotiques. On trouve un peu de tout ça sur Untrue, mais le principal n'est pas là. Untrue est un voyage. Rarement un album aura fait voyager aussi loin, nous aura fait voir des univers aussi limpides et apaisants, tout en restant immobile. Untrue est le genre d'album qui ne peut s'apprécier que dans sa totalité. Aucun morceau pris au hasard n'est capable de donner une idée de la force de l'ensemble. C'est aussi un album qui demande qu'on s'y attarde, qu'on prenne le temps d'y entrer. J'imagine que malgré tout, certains resteront quand même hermétiques à cette musique. Franchement ils passent à côté de quelque chose de rare.

Un peu comme le From Here We Go Sublime de The Field, Untrue ouvre de nouvelles portes. Ca tient à pas grand-chose, à des effets tantôt aériens tantôt aquatiques, à des vocaux extra terrestres, à des rythmiques hypnotisantes, à des mélodies envoutantes, à des textures sonores d'une finesse inouïe. Ca tient à tout un tas de petits détails qui une fois cumulés donne une musique jamais entendue avant. Cette musique à fleur de peau rappelle quand même des souvenirs, mais ils sont bien plus affaire de sensations brutes que de style musical. Archangel me donne les mêmes frissons que mes premières écoutes du Unfinished Sympathy de Massive Attack ou du Glory Box de Portishead. Quelque chose de viscéral, de profond, d'intense. La musique de Burial semble mettre en musique(s) nos sentiments les plus personnels les plus profondément enfouis. Et surtout, elle les rend beaux.

Ensuite, la curiosité nous pousse à essayer de savoir qui peut bien avoir inventé une musique qui nous touche aussi intimement. Et là, on se retrouve encore plus démuni. On ne sait rien de Burial. On ne connait même pas son véritable nom. Pas d'images, pas de photos, pas d'infos. On sait juste qu'il vit à Londres. C'est tout. Mais finalement, cette absence d'information apparait comme un bien. Elle permet de se recentrer sur la seule chose disponible, sur l'essentiel : la musique. Et à ce moment là, sans images parasites dans la tête, sans rien pour brouiller les pistes, on ferme les yeux, on appuie sur la touche play et on retourne au paradis.


Pour plus d'nformations, la page Myspace : burialuk




Joy Division : 3 CD Edition Collector



 

A ma grande honte, je dois bien reconnaitre que je n'ai pas su trouver le temps d'aller voir Control, le film d'Anton Corbijn sur l'histoire de Joy Division. Je m'étais pourtant promis d'aller le voir, autant pour le réalisateur (qui a filmé la plupart des vidéos des Depeche Mode, entre autres) que pour le sujet. Mais voilà, je l'ai raté… J'en ai pas mal entendu parler, plutôt en bien, mais maintenant, il faudra attendre le DVD.

Mais finalement, je n'ai pas tout raté concernant Joy Division. Comme il était plus que tentant d'exploiter le filon suite à la sortie du film, on a eu droit au même moment à la réédition des albums du groupe dans des versions dites Collector. Et puisque l'actualité musicale est plutôt du genre calme plat en début d'année, j'en profite pour vous parler un peu de ces vieilleries. Ces nouvelles versions contiennent l'album d'origine avec un son remasterisé remis au goût du jour, un second CD avec tout un lot de raretés et un livret avec photos inédites et commentaires qui ajoutent un éclairage particulier sur l'enregistrement. Le même principe que ce qui avait déjà été fait pour les albums de Cure il y a quelques années. En ce qui concerne The Cure, le résultat final de ces albums remasterisés était franchement réussi. Et puisque que Joy Division a presque autant d'importance que Cure dans mon parcours musical et qu'il a déclenché au moins autant de petites fusées dans ma tête d'adolescent, j'ai tenté aussi l'expérience. J'en profite d'ailleurs pour remercier les généreux donateurs pour leurs étrennes qui m'ont bien aidé à financer tout ça. Parce qu'il faut bien reconnaitre que la réédition de ces albums n'est pas philanthropique et que le prix est quand même un peu gonflé, à mon avis.

Ceci étant dit, les trois albums en question sont de telles pierres angulaires de l'histoire du Rock qu'ils sont de toute façon indispensables. Il faut au moins y avoir gouté une fois pour savoir de quoi on parle et mieux comprendre le Rock de ces dernières 25 dernières années jusqu'à aujourd'hui. Je ne referai pas l'histoire de Joy Division, ex groupe Punk nommé Warsaw, mais je me contenterai de parler ce ces trois doubles CD. Discographiquement parlant, juste après quelques singles qui mettent déjà tout le monde en alerte, tout commence en 1979 par Unknown Pleasures, premier album qui glacera d'effroi tous ceux qui l'ont écouté sans avoir été prévenus au préalable que cette musique pouvait laisser des traces indélébiles dans la mémoire. A cette époque où le Punk agonise et où la New Wave n'a pas encore de nom, Joy Division déboule avec cet album qui semble réinventer le noir pour le peindre avec des teintes encore plus sombres. Les rythmiques de Terry Mason sont raides et sèches, les guitares de Bernard Sumner ont un son métallique et lancinant, la basse de Peter Hook est étonnamment ronde et mélodique, c'est elle qui mène la danse. Et puis il y a cette voix incroyablement profonde et habitée de Ian Curtis qui semble venir du plus profond de l'âme. Ce premier album contient son lot de chansons inoubliables : Day Of The Lords, New Dawn Fades, She's Lost Control ou encore Shadowplay. Unknown Pleasures semble avoir été enregistré de façon totalement brute et instinctive, comme si le producteur n'avait pas osé (ou pas pu) y apporter les nuances et les filtres habituels. On se prend donc droit en pleine tête toute la complexité et le désespoir de cette musique là. En dehors de la puissance d'évocation incroyable des chansons, c'est aussi cette absence de fard qui rend ce disque si unique et éblouissant. Instantanément, Joy Division fascine. Il fascine comme l'au-delà peut fasciner, comme un gouffre sans fond peut être attirant. Mais chaque écoute de Unknown Pleasures révèle aussi une incroyable beauté, une incroyable fragilité. On est ici tout proche de la rupture. On le sent déjà.

L'année suivante arrive Closer, un deuxième album aux lignes à peine adoucies. La tension est toujours aussi présente, mais on se méfie moins. C'est l'arrivée des premiers synthés, les rythmes se font parfois moins raides, la production est un peu plus enveloppante. Certains titres donnent déjà une idée de ce que sera New Order quelques années plus tard (le presque dansant Isolation). Joy Division a changé mais les chansons restent toujours aussi fortes. Et aussi sombres. Le froid et distant Passover, Colony, chanson qui semble presque tétanisée ou Means To An End qui reste toujours une de mes préférées. Et que dire de The Eternal qui m'a toujours semblé être un adieu définitif. Comme un testament. Un des plus beaux que je connaisse. L'écoute de Closer donne même carrément une sensation d'enfermement, comme si aucune issue n'existait. La suite de l'histoire prouvera que ce qu'on éprouve en écoutant Closer est finalement assez proche de ce que Ian Curtis pouvait ressentir à l'époque.

Le troisième album, Still, est sorti après la mort de Ian Curtis. C'est une série d'inédits et de faces B compilées par les membres survivants du groupe. A l'époque, il n'était sorti que pour répondre aux besoins pressant d'argent qui ont fait suite au suicide du chanteur. Mais des albums comme celui là, on en redemande. J'aime assez la petite phrase qui dit que c'est en écoutant les B sides et les inédits d'un groupe qu'on peut vraiment juger de son talent. En ce qui concerne Joy Division, Still permet de mettre en lumière des chansons toutes aussi fortes et indispensables que celles qu'on connaissait déjà. Je pense notamment un The Sound Of Music qui donne l'impression de ressentir physiquement la même tension électrique que pendant un orage.

Quand aux second CD de chaque coffret, il contient à chaque fois un concert. Le son est pourri, mal enregistré, mais l'urgence des concerts de Joy Division est présente à chaque seconde. Le genre de disque qui s'adresse exclusivement aux fans durs de durs. Pour tous les autres qui voudraient découvrir la musique de ce groupe hors norme, la version simple des CD suffira.

Dans ces années '00 déjà bien entamées, à l'heure où de nombreux groupes s'inspirent du son et du style de Joy Division, réécouter ces albums permet de se rendre compte à quel point le groupe a été marquant et continue de l'être encore aujourd'hui. Il permet aussi de se rendre compte que Joy Division fait partie des quelques rares groupes cultes qui méritent réellement ce statut là. Le parallèle avec Nirvana est d'ailleurs une évidence. Même carrière courte et intense avant une fin brutale. Comme Kurt Cobain bien des années plus tard, Ian Curtis n'était pas prêt pour ça. Trop jeune, trop inexpérimenté, trop perméable à cette vie qui subitement s'ouvrait en grand devant eux avec toutes ses tentations et ses dérives possibles. C'est la grande tradition du Rock me direz vous. C'est aussi ce qui fait sa légende.


Pour plus d'nformations, un site français sur Joy Division :
ICI

Et une vidéo très rare de Transmission : ICI





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