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20 octobre 2008



I'm From Barcelona : Who Killed Harry Houdini ?


Titres

Andy
Paper Planes
Headphones
Music Killed Me
Gunhild
Mingus
Ophelia
Houdini
Little Ghost
Rufus


Et moi qui me faisait une joie de retrouver ma chorale préférée. Celle des joyeux vikings qui avec leur Pop naïve, nous ont mis plein de couleurs chatoyantes dans la tête. Ceux qui ont si bien réussi à nous donner le sourire avec leur premier opus Let Me Introduce My Friends. Un album fait presque par hasard, pas vraiment prévu, qui respirait l'euphorie du moment. Avec la respiration des 29 membres du groupe, tous aussi contents que surpris de se retrouver sur le devant de la scène et de parcourir le monde avec ce disque à la joie de vivre si communicative. C'est déjà une autre époque.

Si vous pensiez vous précipiter sur Who Killed Harry Houdini ? avec ce souvenir en tête, lisez peut être la suite avant de le faire. Non pas que ce deuxième album soit mauvais, mais il est à coup sûr très, très différent. La musique n'a jamais été une science exacte. On ne sait jamais trop pourquoi une chanson marche et pas une autre. Dans le même ordre d'idées, un artiste, même s'il a son style propre n'est jamais obligé d'utiliser perpétuellement la même recette. A l'évidence, Emanuel Lundgren, le capitaine du navire I'm From Barcelona est à ranger dans cette catégorie là. Ou plus exactement, sur ce deuxième album, Emanuel Lundgren fait la musique qu'il rêvait de faire depuis toujours. Ce qui revient à dire que Let Me Introduce My Friends est une sorte d'accident de parcours.

Le changement de tonalité est perceptible dès la pochette, où la peinture naïve et colorée laisse la place à un dessin en noir et blanc. Ce n'est d'ailleurs pas franchement volontaire, mais la pochette des Cold War Kids cette semaine est dans le même esprit : noir et blanc avec crâne… Musicalement, c'est un peu la même chose. La désinvolture et la joie laissent la place au spleen. Aujourd'hui, I'm From Barcelona ressemblerait presque à un petit frère du Eels de Mark Oliver Everett. C'est dire si le changement de cap brutal. Mais ce n'est pas parce que le ton change que la musique en devient moins intéressante. Au contraire. Sur ce nouvel opus, on sent bien que le désir de Emanuel Lundgren est de couper les ponts avec cette Pop facile pour se lancer dans l'écriture de chansons plus adultes, plus respectables peut être aussi, d'une certaine façon. Les chansons de Who Killed Harry Houdini ? y gagnent forcément en profondeur. Et comme Emanuel Lundgren est plutôt un agréable compositeur, ce nouvel album est assez réussi. L'autre regret qu'on peut avoir par rapport au premier album est que cette fois le côté chorale est très nettement mis en sourdine. Sur certaines chansons, on ne trouve même que la seule voix d' Emanuel Lundgren. Mais que font donc les 28 autres ? Ils font le café ?

Là, je donne l'impression de beaucoup critiquer ce deuxième album. Et pourtant, j'ai bien aimé ce Who Killed Harry Houdini ? J'ai apprécié la fragilité de ces chansons à cœur ouvert (le bouleversant Rufus de clôture surtout) qui rappellent Eels encore, ces popsongs doucement nostalgiques qui vous donneraient presque envie de les écouter en marchant sous la pluie (Headphones), ces ritournelles en forme de dentelle (Gunhild). Tout ça mis bout à bout fait de Who Killed Harry Houdini ? un disque très réussi. Mais pour l'instant l'insouciance de Let Me Introduce My Friends me manque. Ceux qui sont passés à côté du premier album seront les seuls à pouvoir apprécier celui-ci à sa juste valeur. Ceux là découvriront un auteur compositeur fin et attachant qui mérite vraiment qu'on l'accompagne. Pour les autres, il faudra juste un peu plus de temps pour s'acclimater. Au fil des écoutes, toutes ces chansons finissent par imposer leur présence, par rester dans un petit coin de la tête. La bonne nouvelle de ce Who Killed Harry Houdini ?, c'est qu'on a peut être perdu une chorale, mais qu'on y a gagné un nouveau Mark Oliver Everett. Autant dire qu'on n'y perd pas forcément au change.



Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.imfrombarcelona.com

Et la video de Paper Planes : ICI


Cold War Kids : Loyalty To Loyalty

Titres

Against Privacy
Mexican Dogs
Every Valley Is Not A Lake
Something Is Not Right With Me
Welcome To The Occupation
Golden Gate Jumpers
Avalanche In B
I Have Seen Enough
Every Man I Fall For
Dreams Old Men Dream
On The Night My Love Broke Through
Relief
Cryptomnesia


Je viens de relire ce que j'avais écrit sur Robbers & Cowards, le grand frère de ce Loyalty To Loyalty. Et j'ai exactement la même opinion aujourd'hui qu'hier sur le premier opus des Cold War Kids. Trop exagérément alambiqué, pas assez abordable dans sa forme, l'album prend malheureusement la poussière sur une étagère. Exactement comme je l'imaginais à l'époque. J'écrivais que la meilleure chose qui pourrait arriver à ce groupe était de mettre la pédale douce sur le côté arty de leur musique pour se concentrer sur les chansons. En un mot : simplifier. Et bien bonne nouvelle, c'est exactement ce qu'ils ont fait sur ce Loyalty To Loyalty qui permet enfin de s'apercevoir de ce qu'on ne faisait que deviner sur le premier album. A savoir que sous le maquillage exagérément Indie se cachait un groupe d'exception.

En dépouillant un peu leur musique, les Cold War Kids semblent totalement transfigurés. Une chanson comme Against Privacy, sorte de Blues décharné et brut n'aurait pas eu sa place sur le premier album. Et pourtant, quelle chanson ! Une de celles capables de vous mettre les nerfs en pelote, d'allier dans un même élan le plaisir et la souffrance. Parce qu'une chose bien cachée sur le premier album apparait comme une évidence sur celui ci : les Cold War Kids tirent leur musique du Blues. Un Blues trituré, qu'on pousse à dépasser ses limites, à tel point que bien souvent on a du mal à le reconnaitre. Et c'est justement ce traitement extrême et irrespectueux du vieil ancêtre, un peu à la manière d'un Jack White (écoutez Every Valley Is Not A Lake pour le vérifier) qui rend la musique des Cold War Kids si particulière et finalement si intéressante. Il ne faudrait surtout pas croire que simplification rime avec tranquilité. La musique des Cold War Kids reste toujours aussi imprévisible, pour ne pas dire chaotique sur certains titres. Sur Loyalty To Loyalty, ils ont réussis l'exploit de ne surtout rien renier de leurs envies initiales tout en rendant les choses plus faciles à appréhender pour l'auditeur. Ce qui leur permet de délivrer des chansons qui gardent l'énergie et l'urgence qu'on leur connaissait mais qui roulent juste un peu plus souvent au milieu de la route. Une chanson comme Mexican Dogs, malgré ses embardés assez féroces, est un Blues énervé, mais presque classique. En fait, il reste la voix de Nathan Willett, toujours aussi particulière et proche de l'incantatoire parfois, qui fait beaucoup pour la couleur si particulière de la musique du quatuor. L'excellent single Something Is Not Right With Me et sa basse ronde et dansante prouve à quel point les américains sont capables de mettre de l'eau dans leur vin sans rien perdre de leur personnalité. Voilà une chanson tellement réussie qu'elle pourrait même leur permettre d'enfoncer les portes des radios. Allez savoir…

Les chansons des Cold War Kids gardent toujours ce côté énervé, peut être encore plus que sur le premier album. Ici, Nathan Willett parait encore plus exalté et le groupe joue de façon encore plus serrée. En un mot, ce deuxième album sonne plus Rock que le précédent. Et même si on y trouve quelques chansons plus calmes où le piano se rappelle à notre bon souvenir (Golden Gate Jumpers, Avalanche In B ou Every Man I Fall For), elles ne sont jamais tendres. Nuance. Même quand le tempo se ralenti, on sent que la sortie de route reste toujours dans le domaine du possible. On reste toujours sur le qui vive, ce qui fait qu'une chanson des Cold War Kids ne provoquera jamais l'ennui. Every Man I Fall For est une réussite plus que brillante, dans ce genre faussement tranquille où l'énergie semble plue tenue en laisse que réellement sous contrôle. Sur On The Night My Love Broke Through, ils réussissent même à rappeler Jeff Buckley, autant dans le style musical plein de brisures que dans la voix tout aussi acrobatique.

Pour moi, avec ce Loyalty To Loyalty, les Cold War Kids nous offrent l'album dont je n'osais pas trop rêver. Celui qui allie cette personnalité sans équivalent et des chansons légèrement épurées. Cette fois ci, en écrivant ses chansons, le groupe ne s'est pas contenté de se faire plaisir, il a aussi pensé aux futurs auditeurs. Et ça change tout. Vous trouverez sûrement quelques tristes esthètes du Rock qui considéreront que le groupe y a perdu son âme et que Loyalty To Loyalty est moins bon que son prédécesseur. A mon sens, c'est tout le contraire. Avec Loyalty To Loyalty, les Cold War Kids ont accouchés d'un album complexe, généreux, varié mais aussi accessible. Un grand album, tout simplement.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.coldwarkids.com

Et la video de Something Is Not Right With Me : ICI



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