20 octobre 2003
Pour cette semaine, The Rapture ressemble fort a une vraie belle révélation, alors que Travis en est déjà a écrire ses mémoires.
The Rapture : Echoes
Titres
Olio
Heaven
Open Up Your Heart
I Need Your Love
The Coming Of Spring
House Of Jealous Lovers
Echoes
Killing
Sister Saviour
Love Is All
Infatuation
Avant d’écouter Echoes, je n’avais pas entendu le moindre morceau de The Rapture et je ne savais rien d’eux en dehors de leur réputation de groupe underground sorti enfin de l’ombre après des années de galères. La vérité est que la première écoute de ce disque est aussi surprenante qu’impressionnante. Ca vous met une bonne claque sur la joue gauche. Et comme je suis quelqu’un de pas rancunier, j’ai tendu l’autre joue pour faire bonne mesure. Deuxième écoute, même baffe. Pas de doute, ceux là méritent de sortir de leur trou underground pour enfin atteindre la lumière, sans avoir apparemment rien renié à leur style musical pas vraiment évident.
En effet, avec The Rapture, on est bien loin d’une quelconque musique commerciale. C’est le genre de groupe pour lequel il faut se donner la peine de se donner un peu de mal. En un mot, il faut entrer dans leur univers. Eux ne feront aucun effort pour s’adapter au vôtre. En premier lieu, ce qui surprend dans ce groupe, c’est la voix du chanteur, plaintive à la façon d’un Robert Smith qui se serait coincé un doigt dans une porte. Une voix à la limite permanente de la justesse et du dérapage. Ajoutez y une musique assez primitive, qui passe allègrement de la House au Rock sans crier gare et vous aurez une toute petite idée de ce qui vous attend avec ce disque.
Ce qui frappe aussi dès la première écoute, c’est le côté hypnotique des chansons, bâties tantôt sur une trame électronique ou électrique. Des morceaux comme The Coming Of Spring ou House Of Jealous Lovers, ne sont pas sans me rappeler certains morceaux de PIL, avec une voix qui se rapproche assez de celle du charmant John Lydon. Il y a chez The Rapture, comme chez PIL il y a bien longtemps, cette recherche permanente du déséquilibre qui réussi contre toute attente à rester debout, de la toute dernière extrémité avant la chute, ce besoin de repousser les limites pour essayer d’atteindre et de créer autre chose, une autre musique. De provoquer de nouvelles sensations musicales. La chanson Echoes est parfaite dans le genre (réécoutez donc This Is Not A Love Song de PIL juste après, vous ne pourrez pas rater la filiation entre les deux). Parfois, cette volonté d’expérimenter, de triturer à l’extrême pour casser la structure d’un morceau conduit à quelques excès (Killing par exemple), mais dans l’ensemble, c’est très réussi, voire même carrément excellent comme dans Olio qui ouvre cet album. En fait, ce disque ressemble à une sorte de fourre tout assez déglingué, une sorte de condensé bien secoué de toutes les musiques de ces dernières années. Sister Savior est presque la parfaite petite chanson à tendance House-Rock et Love Is All pourrait presque passer pour une chanson Pop classique s’il n’y avait le chant allumé de Luke Jenner pour remettre les choses à leur place. Ici, on ne mélange pas les torchons avec les serviettes. Le déchirant Infatuation qui termine cet album en beauté, change une fois de plus radicalement de genre pour nous emmener vers des contrées beaucoup plus sombre.
A l’écoute de Echoes, il se passe vraiment quelque chose d’inhabituel. L’impression d’être en train d’écouter le début de quelque chose d’important, de participer à l’éclosion d’un futur groupe passionnant. Ce qui est le plus impressionnant, c’est le frisson que sont capables de vous procurer certains morceaux, comme Olio, sorte de version Electro de la période Faith des Cure. A fleur de peau.
Voilà encore un groupe qui se nourrit des années ’80, mais de la partie la plus immergée et la plus sous marine de l’iceberg. Et ce qu’il réussit à en retirer est enthousiasmant. Prenez House Of Jealous Lovers et vous aurez un superbe exemple de ce que peut donner un mariage réussi entre Electro et Rock à guitares. Echoes est un album qui ouvre de nouveaux horizons au Rock underground et même au Rock en général.
Pour plus d'informations, le site officiel :
www.therapturemusic.com
Travis : 12 Memories
Titres
Quicksand
The Beautiful Occupation
Re-Offender
Peace the Fuck Out
How Many Hearts
Paperclips
Somewhere Else
Love Will Come Through
Mid-Life Krysis
Happy to Hang Around
Walking Down the Hill
Après un succès planétaire comme celui de The Invisible Band, ça ne doit être ni particulièrement évident, ni très confortable de travailler sur l’album suivant. Ca doit mettre une sacrée pression sur les épaules, et pas seulement commerciale. Mais à en croire le titre de ce dernier disque, tout va bien, le groupe nous la joue vieux briscards et voudrait nous faire croire qu’il est plus vieux qu’ils ne l’est vraiment. Ils en sont déjà à nous raconter leurs mémoires. Et en plus, ils voudraient aussi nous faire avaler qu’il y en a 12, alors que le disque ne contient que 11 morceaux ? Heureusement, il y a un douzième morceau (très peu) caché.
Mais bon, à part ça, ce disque ne trompera les nombreux fans du groupe. 12 Memories, c’est du pur Travis comme on en a déjà pris l’habitude. C’est toujours cette même Pop légère et quasi acoustique, mélodieuse et caressante à souhait. La révolte n’est toujours pas leur truc. Eux, leur registre, c’est le romantisme. Alors, d’ores et déjà vous savez que si vous avez apprécié les albums précédents, pas de problème avec celui là. Dans le cas contraire, ce n’est pas celui là qui vous fera changer d’avis sur leur compte. Ce qu’on peut reprocher à Travis, c’est de surfer sur la vague du succès sans essayer le moins du monde de faire évoluer sa musique. Mais ce reproche là, on peut aussi à pas mal d’autres qui nous ont perpétuellement ressorti à peu près le même disque pendant des années. Jusqu’à se qu’on finisse par s’en apercevoir, puis par se lasser, pour finalement les délaisser. Et c’est peut être bien ce qui pend au nez de Travis. Car si une chose est sûre, c’est que ce qui n’évolue pas finit immanquablement par disparaître. Et Travis n’évolue pas.
C’est sûr, leur musique est toujours aussi délicieuse, leurs chansons toujours aussi élégantes et agréables à écouter. Mais aucune surprise ne vient mettre un peu de piment sur tout ça. Re-offender fait un beau premier single, tout à fait dans la lignée de son prédécesseur Sing, qui avait tout écrasé sur son passage. Tout comme Quicksand, qui fera aussi un single fort acceptable dans les mois qui viennet. Mais cette fois, il manque la part de magie liée à la nouveauté pour qu’on arrive à s’enthousiasmer de la même façon. Good Feeling, leur premier album était le disque approximatif d’un jeune groupe débutant. The Man Who était le premier pas de Travis vers une musique plus adulte, et c’est à mon sens leur meilleur album. Le disque suivant, The Invisible Band, ne marquait aucune évolution notable, ni aucune prise de risque. Mais voilà, il y avait Sing. Le genre de morceau qui doit sacrément vous changer la vie quand vous êtes un groupe jusque là peu connu au niveau international. Alors évidemment, après ça, on ne doit sûrement pas avoir envie de casser un si beau jouet. Et quand vient l’heure de créer une suite, je suppose qu’on a naturellement tendance à repartir sur les mêmes bases et avec les mêmes recettes.
Mais je le dis et je le répète, tous ceux qui ont apprécié les albums précédents trouveront tout de même leur dose de mélodies Pop romantico-nostalgiques dans celui là aussi. La surprise et l’attrait de la nouveauté en moins. Et je me rend compte que ça compte finalement pas mal. Ce n’est pas que cet album soit moins bon que ceux qui l’ont précédé, mais la magie n’agit plus sur moi aujourd’hui. Pour moi, c’est agréable à écouter, mais c’est tout. Cet album a tout de même son lot de mélodies imparables qui vous restent en tête, mais rien qui possède vraiment la carrure de Sing. Le miracle ne devrait donc pas se reproduire cette fois ci. Outre les deux morceaux cités plus haut, dans le genre belle ballade acoustique, on trouve aussi How Many Hearts, Love Will Come Through ou Happy To Hang Around. Et finalement, et c’est tout un symbole, un des morceaux qui me plaît le plus sur ce disque est le 12ème morceau caché, belle chanson au piano qui rompt un peu avec le style habituel du groupe. Un peu comme si Travis avait si peur de changer qu’il en arrivait même à cacher en toute fin d’album l’une de ses rares tentatives d’évolutions sans même lui donner un titre. Ce que j’espère, pour eux comme pour nous, c’est qu’ils parviennent dans l’avenir à renouveler un peu leur style. Ce 12ème souvenir caché préfigure peut être des lendemains qui chantent à nouveau.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.travisonline.com
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