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20 septembre 2004


Deux disques que j'attendais avec autant d'impatience que d'inquiétude. Ces deux groupes là restaient chacun sur un dernier album mémorable et un single intermédiaire plutôt raté. Heureusement, ils ont su tous les deux redresser la barre.




Radio 4 : Stealing Of A Nation



Titres

CD1
Party Crashers
Transmission
State Of Alert
Fra Type 1 & 2
Death Of American Radio
Nation
No Reaction
Absolute Affirmation
(Give Me All Your) Money
Shake The Foundation
Dismiss The Sound
Coming Up Empty

CD2
Party Crashers (Headman Voc Remix)
Party Crashers (Ashley Beedle's NY After Dark Instrumental)
Absolute Affirmation (Si Begg's Vocal Mix)
Absolute Affirmation (Si Begg's Fragmented Mix)
Absolute Affirmation (Tom Middleton's Cosmos Dub Mix)


Depuis sa sortie en 2002, Gotham !, le précédent album des Radio 4 fait partie de ma discothèque idéale. Il ne se passe jamais trop de temps entre deux écoutes de ce disque là. Inutile de vous dire que j’attendais avec une grande impatience la suite de leurs aventures. En préambule à ce Stealing Of A Nation, on avait eut droit il y a quelques mois à un single précurseur nommé Party Crashers. Ma première impression avait été plutôt mitigée. L’impression que le groupe essayait d’user jusqu’à la corde une recette déjà éprouvée était la plus forte. Un air de déjà entendu, mais sans la pêche, ni la fraîcheur indispensable. Un ersatz de Radio 4 assez décevant. Le changement de producteur (on passe de DFA à Max Heyes) y est sans doute pour quelque chose. Alors l’arrivée de ce 3ème album était presque plus inquiétante qu’autre chose.
La première écoute de Stealing Of A Nation s’est donc faite dans des conditions pas forcément idéales. J’attendais le piège, l’arnaque et la grosse faute de goût. Et puis finalement, après une écoute, les Radio 4 ne sont décidément pas morts, ni brutalement devenus mauvais. Ils ont simplement évolués. Et je persiste à dire que Party Crashers est un très mauvais single, sûrement un des moins bons morceaux du disque. Alors, pour tous ceux que ce single a fait fuir, ne jetez pas Radio 4 aux orties, Stealing Of A Nation est un excellent album !
Le changement de producteur a radicalement changé le son du groupe. On passe d’un son brut et râpeux à quelque chose de beaucoup plus rond et aguicheur. C’est surtout net au niveau de la basse d’Anthony Roman, toujours aussi colossale et omniprésente, mais aujourd’hui fondue dans l’ensemble. Fini le temps des réminiscences façon Clash, sauf en de très rares occasions, aujourd’hui Radio 4 sonne beaucoup plus comme un croisement entre New Order pour le côté dansant et les Happy Mondays pour le côté chantant. Pas mal non plus me direz vous, surtout que le groupe a su garder son style propre. Le changement extérieur n’a changé ni l’âme ni le moteur du groupe, resté toujours aussi politiquement engagé et toujours aussi revendicatif. Le titre Stealing Of A Nation, vous vous en doutez peut être, fait allusion à la façon étrange dont Mister W a été élu président et aux conséquences qui ont suivis. Le groupe est résolument anti-Bush et il tient à ce que ça se sache. L’évolution dans le son n’est pas seulement l’œuvre de leur nouveau producteur, mais aussi à l’apport de sang neuf en provenance de deux nouveaux membres, un clavier et un percussionniste qui apportent un plus au niveau de la fraîcheur du son. Et s’il y a une chose que ces deux nouveaux acolytes apportent, c’est un plus évident pour le côté dansant du groupe. C’était déjà leur atout principal me direz vous ? Et bien c’est encore plus fort maintenant. Ca tourne même parfois à l’obsession ou à la recette trop facile. Mais la, c’est mon côté raleur qui parle. Là, ils utilisent souvent une rythmique un peu trop systématiquement disco-ïde à mon goût. Mais bon, c’est juste pour trouver un défaut, parce que pour le reste, c’est parfait. Si on passe vite sur Party Crashers, Transmission est exactement dans la lignée Rock à danser qui est devenue la spécialité du groupe. Ce morceau là aurait pu été un beau single. Et puis ensuite on se demande pourquoi choisir plus Transmission que State Of Alert, qui est au moins aussi bon. Et ainsi de suite, au fur et à mesure des écoutes où on découvre de plus en plus de pépites. Un morceau comme Fra Type I & II est sûrement celui qui personnifie le mieux le nouveau son de Radio 4, et qui met en lumière l’apport des claviers et de l’électronique en général. La trame de la chanson est du Radio 4 pur jus, mais le groupe y est presque méconnaissable. Le revendicatif Nation utilise le Dub façon Clash pour essayer de faire passer son message, Shake The Foundation nous fait découvrir le travail du nouveau percussionniste, alors que Absolute Affirmation sonne presque comme à la belle époque de Gotham !, c'est-à-dire plus brut et à mon sens encore plus efficace.
Au final, ce disque que j’avais fini par supposer décevant est presque au dessus de mes espérances. La danse qui était déjà leur point fort est maintenant décuplée et les refrains qui tuent sont encore plus aiguisés que par le passé : (Give Me All Your) Money est totalement imparable dans le genre Disco Rock. Leur son a résolument changé. Pour ma part, je préférais le son de Gotham ! plus incisif, plus Rock et à mon sens plus proche de ce qu’ils sont vraiment, mais ce n’est qu’un avis personnel. Pour le reste, Stealing Of A Nation est une superbe machine à danser et à chanter. Sur ce point là, les Radio 4 n’ont pas changé.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.r4ny.com




Prodigy : Always Outnumbered Never Outgunned

Titres

Spitfire
Girls
Memphis Bells
Get Up Get Off
Hot Ride
Wake Up Call
Action Radar
Medusa's Path
Phoenix
You'll Be Under My Wheels
The Way It Is
Shoot Down



The Fat Of The Land a été le carton commercial et critique que l’on sait. On en a peut être pas l’impression, mais c’était en 1997. Six ans sans rien sortir c’est longs. Enfin, quand je dis rien, j’oublie volontairement le single Baby’s Got A Temper, totalement tombé à plat, tellement il ressemblait à un pompage pur et simple de l’esprit de The Fat Of The Land. L’auto parodie guettait. Il y avait de quoi se demander où allait Prodigy et s’il y avait encore de l’essence dans le réservoir.
Liam Howlett a du se poser à peu près les mêmes questions puisqu’il a décidé de mettre temporairement en parenthèse la machine Prodigy, le temps de réfléchir un peu, de se ressourcer et de voir de quoi demain serait fait. Ca a simplement pris beaucoup plus de temps que prévu, mais maintenant on a la réponse à nos (à ses) questions à travers ce Always Outnumbered Never Outgunned.
De l’essence, il y en avait encore. Et des idées aussi. Il suffisait simplement de creuser assez pour les trouver et arriver à les faire jaillir. Et pour retrouver ce sang neuf, Liam Howlett a choisi une solution originale. Plutôt que de s’enfermer dans son studio high tech, il a choisi la compagnie d’un seul et unique ordinateur portable sur lequel il a composé la trame des morceaux de ce disque. Ne restait plus ensuite qu’à ajouter les éléments adéquats, notamment les voix, autour de cette trame. Liam Howlett a travaillé à son propre rythme, sans contrainte de temps et donc sans pression. L’ensemble de ce travail a forcément pris plus de temps que d’habitude.
Les habitués de Prodigy seront sûrement désappointés de constater que ni Keith ni Maxim, les deux chanteurs, ne sont présents sur ce disque. On savait que Prodigy était l’outil, la chose de Liam Howlett, c’est confirmé aujourd’hui. Mais il parait que les deux comparses font pourtant toujours partie du groupe et seront présents sur scène lors de la prochaine tournée. Pour les remplacer, Liam a fait appel à toute une pléiade de chanteurs et chanteuses divers. Mais toutes ces voix sont rarement utilisées en tant que chant classique. Les voix sont plutôt utilisées comme des samples, comme tout autre son ou instrument, destinés à se fondre dans le moule sonore. Il y a des voix partout, mais jamais de chansons au sens classique du terme. Par exemple, Spitfire nous scotche d’entrée, avec son beat monstrueux, ses guitares saturées et ses voix déchirées. D’entrée, on a affaire à du grand art, du grand Prodigy comme on l’aime. Le seul groupe à réussir si bien à créer un pont entre la Techno et l’esprit Punk. Une bonne façon de mettre les points sur les i de tous ceux qui pouvaient douter (dont je fais partie). Vous connaissez sûrement déjà Girls, le single qui mélange si habilement beat énorme, basse qui tue et sonorités presque House. Pas vraiment du Prodigy pur jus (un peu trop propre pour ça), mais pas mal non plus. La dernière partie de la trilogie d’ouverture s’appelle Memphis Bells, moins évidente, elle nous prépare au reste de l’album. Parce qu’il faut savoir que ce disque est nettement moins évident que The Fat Of The Land. Je n’ai pas dis moins bon, ça, seul le temps permettra de le dire. Always Outnumbered Never Outgunned est plus complexe et plus exploratoire. Autant The Fat Of The Land poussait la recette Prodigy à son sommet sans prendre vraiment de risques, autant le petit dernier semble un peu repartir aux sources du groupe, à l’époque des Experience et Music For The Jilted Generation. Dans le genre, un morceau comme Get Up Get Off, avec ses vocaux tordus est un bon exemple. Tout comme le très hypnotique Medusa's Path, belle recherche sonore et superbe ambiance. Le reproche qu’on pourra faire à ce disque est son relatif manque d’innovation et d’invention. C’est clair, ce n’est pas une copie des albums précédents, mais il n’y a la dedans rien de révolutionnaire non plus. En un mot, ça sonne immanquablement comme du Prodigy. Même le Thriller de Michael Jackson, ici samplé dans The Way It Is, devient du Prodigy.
Mais il reste quand même quelques morceaux à l’immédiateté bienvenue, comme Hot Ride, le seul morceau réellement chanté et belle machine chromée pleine de guitares du même métal. Ou comme Action Radar à la musique facile et aux vocaux ultra agressifs. Mais la majorité des morceaux demande un peu plus d’écoutes pour être appréciés. Et surtout, évitez absolument le dernier morceau du disque, proche de l’inécoutable, vraie faute de goût (en collaboration avec Liam Gallagher d'Oasis, que voulez vous...) et seule grosse bouse de ce disque.
En fait tous ceux qui ont appréciés The Fat Of The Land pour sa facilité d’écoute risquent fort d’être désorientés à la première écoute de ce dernier album. Ils risquent même franchement de ne pas aimer la plus grosse partie du disque. Mais pour ceux qui prendront la peine de faire juste un petit effort, ils y trouveront autant de plaisir que d’habitude avec ce groupe là.


Pour plus d'informations, le site officiel :
www.theprodigy.com



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