20 juin 2005
Deux groupes qui doivent aujourd'hui assurer après des succès commerciaux marquants. Et les deux nous prouvent qu'ils ont encore des idées et ils nous offrent deux disques majeurs de 2005.
Mickey 3D : Matador
Titres
Rodéo
Matador
Le Sixième Sens
Réveille-Toi
La Mort Du Peuple
Quand On Avait 7 Ou 8 Ans
Il Faut Toujours Viser La Tête
Sparadrap
Compte Pas Sur Moi
Les Mots
Le Tube De L'Eté
La Chasse A La Vipère
Les Lumières Dans La Plaine
Une Nuit A Terre-Plate
Matador est
l’album de l’après carton commercial. Et contrairement à pas mal d’autres, les
Mickey 3D semblaient prêts pour ça. Pas grillés par le succès, toujours aussi
calmes et détachés aujourd’hui qu’hier. Toujours plus proches de leur chez eux et
de leurs racines que des lumières de Paris. Toujours les pieds profondément
plantés sur terre. Pas le genre à péter un plomb sous le prétexte qu’on les
invite partout, qu’ils vendent leurs disques comme des petits pains. On s’en
doutait déjà après leur live enregistré à Saint Etienne plutôt que dans la
capitale par exemple. Par ce que Saint Etienne ça fait peut être encore rêver
les footeux et ceux qui y sont nés, mais à part ça… Mickey 3D est né là bas et
continuera à vivre là bas. Ils continueront à préférer la campagne à la ville
et le calme à l’urgence. Et c’est tant mieux. Parce qu’en plus ça se ressent
dans leur musique. Un single aussi simple et calme que Johnny Rep n’aurait franchement pas pu naître dans l’agitation
d’une grande ville.
Alors quand on sait que ce Matador a été écrit dans les mêmes conditions que les précédents
albums, sans pression excessive, on a tout pour être rassuré et ne pas trop
craindre le dérapage ou le grand ratage qui suit parfois le succès. Et on a
raison de leur faire confiance, parce que ce Matador est un régal. Un régal de
simplicité. Simplicité et évidence des mélodies. Simplicité de la production et
du son. Simplicité du propos et de la façon de parler des choses. Bref, Matador est le digne successeur de Tu Vas Pas Mourir De Rire, leur album
post 11 septembre. Et même si Michaël Furnon dit que ce nouvel album est une
sorte de contre-pied optimiste au pessimisme de Vas Pas Mourir De Rire, on ne baigne toujours pas dans la franche
rigolade pour autant. Et ça aussi c’est une bonne nouvelle. Les Mickey 3D
continuent à voir le monde avec un œil toujours aussi critique et décalé. Mais
c’est vrai aussi que le ton d’ensemble de ce disque est tout de même moins
sombre. Une chanson aussi délicieuse et légère que Quand On Avait 7 ou 8 Ans n’aurait pas eu sa place dans le
précédent album. Ici elle illumine. Mais ce genre de chanson sait aujourd’hui cohabiter
avec un très noir et lancinant Il Faut
Toujours Viser La Tête. Ce qui donne un album nettement plus varié que le
précédent. L’album de la maturité pour un groupe qui sait aujourd’hui faire la
part des choses et laisser ses émotions, toutes ses émotions, prendre le
pouvoir.
A la première écoute, il ne faut pas se laisser distraire
par Rodéo qui rappelle un peu trop le
style de Tu Vas Pas Mourir De Rire. Comme
d’habitude, les thèmes abordés collent au plus près de l’actualité et forcément
sur ce premier morceau, c’est pas très gai. Et puis, tout de suite après, Matador fait office de premier ballon
d’oxygène, de première bulle de savon multicolore. Une vraie réussite. Et ce
n’est que la première, puisque la suite est carrément brillante, avec Le Sixième Sens, aussi imparable qu’un Respire, avec des paroles tout aussi marquantes :
« Moi je ne vois l’avenir que dans mes souvenirs et je crois que l’avenir
nous réserve le pire ». La Mort Du
Peuple est une autre pépite tendance Pop-Folk. Et comme je l’ai entendu
dire ici ou là, il y a effectivement un peu de Eels là dedans. Le même talent
mélodique sur des paroles tout aussi douces amères. Ce qui frappe le plus dans
ce nouvel album, c’est d’abord le ton, plus léger, mais surtout le son,
nettement plus Rock qu’avant. Les guitares sont plus électriques et les tempos
plus énervés (Compte Pas Sur Moi, Les
Mots). Les Mickey redeviennent le groupe de Rock qu’ils étaient au départ. Ce
qui ne les empêche pas de toujours nous offrir des petites ballades cabossées
fabriquées avec trois fois rien, comme ce Sparadrap,
genre d’hymne au détachement ou encore le délicieusement décalé Le Tube De L’été, histoire d’un type qui
a écrit le tube de l’été justement l’année où il n’y a pas d’été, où il neige
en juillet. Et puis, pour finir, le tempo se ralentit nettement pour nous
déposer au milieu du très beau et désabusé Les
Lumières Dans La Plaine. Et on se quitte sur quelques minutes du chant des
grillons enregistré Une Nuit A
Terre-Plate, comme pour bien confirmer que leur monde se situe là, bien
loin de l’agitation des villes.
Le Matador des
Mickey 3D est un superbe album, remplis d’ombres et de lumières. Leurs émotions
sont aussi les nôtres. Alors comme d’habitude, ce disque est immédiatement
proche de nous et devient vite indispensable. Une certitude déjà : Matador
est un des meilleurs albums de Rock en français de l’année.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.mickey3d.com
Coldplay : X&Y
Titres
Square One
What If
White Shadows
Fix You
Talk
X&Y
Speed Of Sound
A Message
Low
The Hardest Part
Swallowed In The Sea
Twisted Logic
Bonus Track
L’accouchement de A
Rush Of Blood To The Head avait
déjà été difficile. Très difficile même, puisqu’il avait faillit ne jamais voir
le jour, une première version entièrement jetée à la poubelle puis entièrement réécrit.
Avec le bonheur et le succès que l’on sait. C’est à croire que ce groupe là ne
peut créer que dans la douleur. Et l’enregistrement de X&Y a connu les
mêmes affres. Le groupe a connu les mêmes doutes, sur la direction à suivre,
sur la qualité de ses chansons, sur sa propre capacité à donner un digne
successeur à A Rush Of Blood To The Head. Et puis, comme pour le
précédent, ils ont finis par se lancer et par graver des chansons définitives. Au
fond d’eux même, probablement même pas sûr que ce soient les bonnes.
Et comme pour A Rush
Of Blood To The Head, on se
demande bien comment ce groupe là peut avoir le moindre doute sur la qualité de
ses chansons, tellement elles brillent de mille feus. Encore une fois, on se
retrouve captif dans une sorte de brume grise et lumineuse, comme quand le
soleil essaye de percer. Et c’est une nouvelle fois irrésistible. Les chansons
de ce disque sont pour la plupart énormes. Pour ajouter à notre bonheur, Chris
Martin n’a jamais si bien chanté que sur ce disque. Sa voix est devenue
beaucoup aérienne. Le son, lui aussi est énorme. Il a prit un volume
impressionnant et sur X&Y, tout l’espace sonore est occupé. Au risque
parfois d’en faire trop et de noyer les mélodies sous des tonnes d’effets. On
est aujourd’hui bien loin des chansons aux lignes claires de Parachutes. La musique de Coldplay est devenue
bien plus ambitieuse. Aujourd’hui pleinement conscient des ses capacités, le
groupe peut se permettre de polir ses mélodies pour les rendre encore plus
belles. Sur X&Y, ça passe par
l’emploi de nappes de claviers qui enveloppent tout, à l’exception de la
dernière piste sans titre, totalement acoustique. Vous connaissez forcément
déjà le single Speed Of Sound qui
donne une bonne idée du style de l’album. Et bien figurez vous que ce morceau
est loin d’être le meilleur du disque. Loin de là. Les perles sont tellement
nombreuses que leur maison de disque a sûrement choisi le premier single plus
ou moins au hasard. Pas grave, les singles suivants se chargeront bien de
mettre en lumière les autres pépites du disques. Sans se creuser
particulièrement la tête, on peut tout de suite citer l’impressionnant Square One, le délicieux What If, chanson type de Coldplay qui
démarre par une petite mélodie fragile pour ensuite doucement décoller et nous
emmener toujours plus haut. White Shadows
(qui rappelle U2) est tout aussi implacable, mais fait partie, comme le superbe
Fix You, de ces chansons à deux
vitesses qui se terminent dans une apothéose sonore que le calme début ne
laissait pas prévoir. Et rien qu’avec ces morceaux là, on en arrive à la moitié
de ce qui ressemble quand même de très près à un grand album. Et même si la
deuxième moitié de X&Y est un peu moins impressionnante, elle reste quand
même d’un niveau que beaucoup de leurs contemporains pourraient envier. Comme
ce Low qui dévie un peu de la route
assez rectiligne de cet album pour aller visiter un peu les terres de New
Order. La fin de l’album se fait plus légère, plus proche de leurs deux
premiers albums, avec The Hardest Part ou
Swallowed In The Sea.
Si on adhère à cette direction qui privilégie la
superproduction sonore, on aimera X&Y.
Si on contraire on préférait la nudité mélodique de leurs enregistrements
passés, ce nouvel album risque d’être un peu indigeste. Parce que le moins que
l’on puisse dire est que le groupe a tout fait pour créer une sorte de mètre
étalon, de référence de la Pop nostalgique à l’anglaise. Et il est arrivé à ses
fins. Parce qu’on peut penser ce qu’on veut de la production voyante et parfois
encombrante de ce disque, l’essentiel est là avec des mélodies toujours aussi
inoubliables. Le fait qu’elles brillent plus aujourd’hui qu’hier est affaire de
goût, mais ça n’empêchera pas X&Y
d’être un grand disque de Pop. Aussi beau qu’on pouvait le rêver.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.coldplay.com
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