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20 avril 2009
Titres Certains albums sont difficiles à
ranger dans une catégorie bien précise. Ils peuvent être soit à la frontière
entre plusieurs mondes ou bien encore innover et inventer une musique sans
équivalent. Le résultat peut être passionnant, bouleversant. Ou chiant.
Toutes les hypothèses sont possibles. Tous ces disques ont au moins une
chose en commun, c'est qu'ils sont toujours faits par des gens curieux et
inventifs. Des gens qui osent prendre des risques. Et puis il y a encore
une autre catégorie, plus rare. Celle des OVNI musicaux. Des disques qui
non seulement ne ressemblent à rien de connu, qui cassent tous les codes
connus, mais qui en plus donnent l'impression de créer quelque chose d'évident,
qui coule de source. Une chose dont on se demande bien pourquoi personne
n'y avait pensé avant. Un peu comme l'invention de la roue ou ce genre de
chose. A la base, Fredo Viola (Alfredo de
son vrai prénom) n'est pas un musicien, mais un réalisateur de films publicitaires.
Les premiers films L'Oreal période "parce que je le vaux bien", c'est lui.
Activité fort rémunératrice mais aussi bien trop castratrice pour lui qui
ne souhaitait que créer en liberté. Un jour pas fait comme les autres, notre
Fredo largue cette vie là et commence à bricoler des sons dans son coin,
en enregistrant des séquences sonores sur son PC. Puis en les assemblant,
en tentant des choses, des associations, des superpositions, des collages.
Comme il est tout seul pour chanter, Alfredo Viola enregistre sa voix de
façon multiple puis fusionne tout ça. Pendant des années il peaufine ses
chansons étranges, évidentes à l'écoute mais qui sont pourtant souvent de
complexes assemblages. Fredo Viola n'a pas vraiment de port d'attache musical,
il écoute de tout, du classique au Rock en passant par le chant lyrique ou par la musique expérimentale,
aime tout sans restrictions et sans barrières. La musique qu'il invente
aujourd'hui est issue de ça, de cet éventail de goût aussi large que la
musique elle-même. Le ranger dans une catégorie est totalement impossible.
Aimer sa musique est par contre une évidence. Parmi toutes les gens qu'il admire,
on trouve par exemple le groupe Animal Collective, qui eux aussi cherchent
à trouver de nouveaux angles pour inventer une autre musique. Autant je
ne suis pas forcément toujours convaincu par le travail d'Animal Collective,
que je trouve parfois trop alambiqué ou trop arty, autant la musique de
Fredo Viola est d'une limpidité incroyable. Animal Collective base tout
sur la technique des studios. A l'inverse, Fredo Viola n'utilise aucun artifice.
Il utilise juste quelques idées nouvelles. Ses chansons sont avant tout
basées sur des mélodies vocales qui se superposent. A tel point qu'on ne
sait plus vraiment si les sons qu'on entend sont issus d'instruments ou
de la voix humaine. Le premier morceau qu'on découvre en écoutant l'album
se nomme The Turn (A Pagan Lament) et comme beaucoup de celles
qui suivent, c'est une chanson presque entièrement a capella, avec juste
quelques sons et rythmiques forts discrets en accompagnement. Quand on écoute
cette musique, on devine qu'elle est au départ basée sur des harmonies qui
viennent tout droit du chant classique, mais auxquelles viennent s'ajouter
des idées venues de la Pop. Avec en premier lieu les Beach Boys, toujours
eux, comme référence première. Au niveau vocal, Fredo Viola arrive à atteindre
cette même perfection. Je ne rentrerai pas dans le détail
des titres de The Turn, il suffit juste de savoir que ce disque
est un bijou et que chaque chanson est totalement unique en son genre, qu'elle
impose de nouvelles règles, qu'elle ouvre de nouveaux espaces. En plus du
CD, on trouve aussi un DVD qui contient des petits films vidéo avec lesquels
on comprend un peu mieux comment Fredo Viola s'y prend pour construire son
univers unique. Ces vidéos sont construites comme les chansons. Elles collent
côte à côte ou superposent plusieurs petits films qui restituent chacun
une partie vocale de la chanson. On a parfois l'impression d'avoir affaire
à une bande de clones chantants, mais ces petits films sont totalement cohérents
avec l'univers musical et sont indispensables pour mieux comprendre le travail
de Fredo Viola. Ce premier album est ce ceux qui marquent
leur époque. Pour au moins deux raisons à mon avis. La première est que
Fredo Viola prouve à la terre entière que la surenchère ne sert à rien,
qu'il suffit de peu de choses, de peu de moyens financiers, pour faire un
grand album. Qu'il suffit avant tout d'avoir de l'imagination et des idées.
La deuxième est que je n'arrive plus à me séparer de ces chansons et The
Turn tourne en boucle chez moi ou sur mon iPod. Et quand je n'écoute
pas ces chansons, les mélodies sublimes de The Turn (A Pagan Lament)
ou The Sad Song me trottent dans la tête. Ca en devient presque
obsessionnel. Mais cette musique dégage une telle beauté, une telle plénitude,
que c'est un bonheur de l'avoir toujours avec soi. The Turn est
un album unique et indispensable.
La vidéo de The Sad Song
Titres Quand j'ai appris la future sortie
de ce troisième album des new-yorkais, le précédent Show Your Bones
m'est revenu en mémoire. Et je l'ai réécouté pour l'occasion en relisant
ce que j'avais écrit à son sujet. Et je ne peux que confirmer ce que j'en
disais à l'époque. Ce disque là m'a beaucoup plu sur le moment, mais sa
durée de vie a finalement été assez réduite. Et depuis, il faut bien dire
que je l'avais un peu oublié sur son étagère. Pourtant, le réécouter aujourd'hui
redonne ce même plaisir immédiat, cette même sensation d'excitation. Suffisant
pour attendre le petit nouveau avec une certaine curiosité. Un dernier né
qui risque de surprendre les amoureux de la première heure. Déjà, Show Your Bones voyait
le groupe commencer à se discipliner, sans pour autant renier quoi que se
soit à ce côté sauvage et sexy qui fait une grande partie de son charme.
On peut déjà dire que It's Blitz ! continue dans la même direction,
celle d'une sorte d'uniformisation, de gommage des différences. Aujourd'hui,
quand on écoute ce nouvel album, il faut faire un sacré effort d'imagination
pour se souvenir des débuts du groupe, quand il avait encore tout à prouver
et se foutait comme de sa première culotte de la politesse et du savoir
vivre. Les Yeah Yeah Yeahs sont presque méconnaissables, même Karen O. dont
la voix si chaude (pour rester poli) était l'étendard du groupe est aujourd'hui
rentrée dans le rang. Elle a apprit la politesse et même la douceur (si,
si). Là, forcément, si vous connaissez les précédents opus du groupe, vous
vous dite que It's Blitz ! ressemble à une grosse catastrophe,
à un accident industriel. Et bien pas du tout. Les Yeah Yeah Yeahs ont mûrement réfléchi
leur coup. Sur Show Your Bones, ils commençaient à écrire des chansons
carrées et efficaces. Sur It's Blitz ! c'est encore plus flagrant.
L'autre évolution majeure se situe au niveau du son. Oubliez les guitares
râpeuses et bricolo. Aujourd'hui, c'est porte ouverte à l'électronique sous
toutes ses formes. Forcément, on pourrait crier à la trahison, mais quand
on prend la peine d'écouter le résultat pour ce qu'il est, sans penser trop
au passé, It's Blitz ! est une réussite totale, un album brillant.
D'accord leur musique d'aujourd'hui est infiniment plus commerciale qu'à
leurs débuts. Ceux qui considèrent le terme " commercial " comme un gros
mot n'aimeront pas ce nouvel album pour cette simple et unique raison. Les
autres, tous ceux qui prendront la peine d'écouter la musique, seront forcément
convaincus que les Yeah Yeah Yeahs tiennent là leur meilleur album. Pour
vous donner une idée de la transformation, j'aurai presque envie de comparer
les Yeah Yeah Yeahs cru 2009 aux défunts Garbage. C'est vrai aussi bien
au niveau du son, très produit et très puissant, qu'au niveau du chant qui
se fait plus charmeur qu'incendiaire. Comme si la place laissée vacante
par Garbage était à prendre et que le trio avait sauté sur l'occasion. Et
il faut bien dire qu'ils s'y entendent plutôt bien pour nous faire gigoter
en chantant ces refrains pour la plupart ultra-efficaces. Zero
frappe déjà un grand coup, mais Heads Will Rolls, nettement plus
orienté Dance est encore plus éblouissant et maitrisé. Le groupe crée ici
une sorte de Rock à danser digne des New Order. On jurerait presque entendre
au loin la basse de Peter Hook. Mais il y a un autre domaine ou les Yeah
Yeah Yeahs ont progressés à pas de géants, c'est celui des tempos plus lents,
là où la voix de Karen O. se fait délicieusement proche et complice, comme
sur Soft Shock le bien nommé ou les jolis Skeletons et
Runaway. Et j'ai une affection particulière pour Little Shadow,
autre ballade douce qui fait l"effet d"une caresse. Sur la version française de cet album,
on a droit en bonus à quatre titres dans des versions acoustiques. Ca peut
paraitre un peu redondant, mais finalement c'est sûrement sur ces quatre
titres supplémentaires qu'on peut mesurer tout le chemin parcouru par le
groupe. Je n'aurai jamais cru que les chansons des Yeah Yeah Yeahs pourraient
un jour paraitre fragiles. Mais c'est pourtant le cas ici et ce mélange
de délicatesse et de douceur est un vrai délice, notamment Hysteric
qui donnerait presque des frissons dans cette version nue. It's Blitz!
est une belle réussite, un album au potentiel assez énorme. Contrairement
à Show Your Bones, je sais déjà que ce troisième album n'est pas
prêt de moisir sur une étagère.
La vidéo de Kingdom Of Rust
© Copyright 2009 Why Not ?
The Turn (A Pagan Lament)
The Sad Song
Friendship Is...
Red States
The Original Man
Risa
Robinson Crusoe
K Thru 6
Moon After Berceuse
Puss
Death Of A Son
Umbrellas
The Sad Song (Dvd)
The Turn (Dvd)
Silent Night (Dvd)
Moon After Berceuse (Dvd)
The Turn Ghost Cluster (Dvd)
Test Of Friendship (Dvd)
Puss (Dvd)
Moon After Berceuse (Hall) (Dvd)
Pour plus d'nformations, sa page Myspace :
Et celle de The Turn
Yeah Yeah Yeahs : It's Blitz
Zero
Heads Will Roll
Soft Shock
Skeletons
Dull Life
Shame And Fortune
Runaway
Dragon Queen
Hysteric
Little Shadow
Soft Shock (acoustic)
Skeletons (acoustic)
Hysteric (acoustic)
Little Shadow (acoustic)
Pour plus d'nformations, le site officiel :