20 mars 2006
Faire un parallèle entre ces deux groupes là est tentant. Parce qu'ils ont tous les deux une dizaine d'année d'existence et
qu'ils se retrouvent à un tournant de leur carrière. A quoi doit ressembler le cinquième album ? Les deux groupes ont choisis la même réponse :
un concentré de leurs qualités. Et c'est beau à entendre.
Mogwai : Mr Beast
Titres
Auto Rock
Glasgow Mega Snake
Acid Food
Travel Is Dangerous
Team Handed
Friend Of The Night
Emergency Trap
Folk Death 95
I Chose Horses
We're No Here
Les
albums de Mogwai ont toujours été des expériences hors normes. Peu de groupes
sont capables de créer une musique aussi visuelle, qui repose plus sur les
sensations brutes que sur la réflexion. A son meilleur, le Post Rock de Mogwai
peut ressembler à un concentré d’émotions instinctives. Des émotions souvent
contradictoires tellement le groupe sait jouer aussi bien avec le froid qu’avec
le chaud. Le feu qui couve sous la glace, le chaos d’ou finit par naître la
beauté et la paix, le choc des contraires, c’est leur spécialité. Leur musique
m’a toujours fait penser à la bande son d’un monde en train de naître, au
moment où les volcans crachent, au moment où les plaques s’entrechoquent et les
montagnes sortent du sol, où les terres s’effondrent pour créer les océans.
Mr Beast n’échappe pas à la règle. Mieux que ça, cet album
ressemble à une sorte de concentré de toutes les expériences soniques que
Mogwai nous a fait traverser jusque là. Pour résumer, ceux qui suivent déjà le
groupe depuis longtemps n’auront pas l’occasion d’être surpris par ce nouvel
album, tous les autres auront ici une belle vue d’ensemble de ce que ces
écossais sont capables d’offrir. Et sur Mr
Beast, ils offrent beaucoup. A commencer par Auto Rock qui démarre par un piano tranquille pour se terminer sous
les martèlements implacables de la batterie au dessus de nappes de guitares
bruitistes. Tout ça juste suivi par un Glasgow
Mega Snake aux accents métalliques. Là aussi, ce morceau ressemble à une
avancée inexorable, comme une coulée de lave que rien ne peut arrêter. Je sais,
je fais encore allusion au volcan et au magma, mais leur musique me fait
toujours penser à ces images d’un flot rouge qui avance lentement. Encore une
fois, c’est le côté visuel et cinématographique de leur musique qui l’emporte.
Les
voix sont rares sur Mr Beast, elles
sont ici utilisées comme une couche supplémentaire du mille feuilles sonore. Une
seule exception sur le très contemplatif I
Chose Horses où Tetsuya Fukagawa du groupe Envy vient poser des mots en
japonais sur des nappes musicales juste esquissées. Un très beau moment de paix
et de sérénité. Et un des moments forts de l’album. La plupart des titres sont
donc instrumentaux, avec toujours ces montées en puissance et ces chutes de
tensions brutales. L’exemple à mon sens le plus réussi est Friend Of The Night où le piano mène la danse, tantôt presque fragile
et solitaire ou carrément soulevé par un mur de guitares tournoyantes et noisy.
Du grand art façon Mogwai et une réussite totale. Les autres beaux moments
s’appellent Emergency Trap où on
éprouve la sensation de doucement s’envoler, We’re No Here terrassant final où les guitares saturées se croisent
sans fin.
Ecouter Mr Beast, c’est partir pour un voyage musical
impressionnant qu’on n’oublie pas de sitôt. Mogwai ne nous surprend peut être
plus autant qu’avant, mais sur cet album, les écossais tirent la quintessence
de leur propre univers et de leur propre son. Et c’est vraiment énorme.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.mogwai.co.uk
Placebo : Meds
Titres
Meds
Infra-Red
Drag
Space Monkey
Follow The Cops Back Home
Post Blue
Because I Want You
Blind
Pierrot The Clown
Broken Promise
One Of A Kind
In The Cold Light Of Morning
Song To Say Goodbye
Chaque
nouvel album de Placebo est devenu un petit évènement. Parce que doucement mais
sûrement, ce groupe là est devenu énorme chez nous. Et que les valeurs sûres
dans son genre ne sont finalement pas très nombreuses. Si on regarde leurs
albums passés, on peut choisir n’importe lequel, on se rend compte qu’ils ne nous
ont jamais déçus et qu’ils ont toujours donnés l’impression de progresser.
Leurs quatre albums précédents ont chacun leur personnalité propre, on aime
plus l’un et un peu moins les autres, c’est une affaire de goût, mais on
n’échangerait pas son Placebo contre un vrai médicament, même d’une grande
marque. Ca ressemble fort à une consécration quand on s’appelle Placebo !
La
rumeur disait cet album plus Rock et plus direct que Sleeping With Ghosts
qui lui, explorait d’autres pistes. Une
sorte de retour aux sources musicales du groupe, à l’époque de Teenage Angst
et de décharges
d’adrénaline du même genre. Et la rumeur avait raison : Meds est un
concentré de Placebo. On retrouve sur ce disque tout ce que le groupe sait
faire, mais dans une version plus urgente et plus maîtrisée que jamais. C’est
donc le retour du Rock tendu et des ballades sombres. Et c’est peut être
justement quand le tempo se ralenti que les progrès de Placebo sont les plus
flagrants, comme sur ce Space Monkey
où l’ambiance triste et pesante cohabite avec un refrain aérien. C’est encore
la tristesse qui domine sur le très beau Follow
The Cops Back Home, mais elle est cette fois teintée de fatigue et de
désillusion. Dans le même genre, Pierrot
The Clown dégage un charme étrange, comme ces vieilles photos en noir et
blanc un peu passées.
Du
côté des brûlots Rock, il y en a évidemment partout. Et ils sonnent comme du
Placebo pur jus, c'est-à-dire vifs et mélodiques, toujours. Parce que ce groupe
là a toujours su et voulu mettre de la Pop dans son Rock et c’est encore un une
fois très réussi. La Production au cordeau de Dimitri Tikovoi (qui avait déjà
travaillé avec eux sur diverses B-sides et reprises) fait ressortir les angles
plutôt que de les gommer, donnant aux chansons un côté à la fois fluide et costaud.
Dès la première écoute, certains titres s’imposent immédiatement et pourtant, on
pourra toujours les écouter dans quelques mois sans en être lassés. C’est une
part de la magie de ce groupe là, d’être tout de suite accessible sans être forcément
très commercial. A la première écoute, Meds
et surtout Infra-Red sortent tout de
suite du lot, comme Post Blue et
le nouveau single Because I Want You. Mais
la chanson qui marque peut être le plus les esprits, c’est Song To Say Goodbye, d’un style plus
ambitieux et plus orchestral que les autres titres, relégué en toute fin d’album.
Cette chanson a vraiment tout pour elle et donne une furieuse envie de se
repasser l’album.
Sur Meds,
on trouve aussi deux invités de marque : VV des Kills sur Meds et Michael Stipe des REM sur Broken Promise, mais curieusement leurs
voix sont plutôt mal exploités ou en tout cas pas vraiment mises en avant.
Dommage quand on sait ce que ces deux là sont capables de faire. Mais c’est
finalement le seul reproche que je pourrais faire à cet album là. Et ça ne
m’empêchera surtout pas de l’écouter en boucle dans les semaines qui
viennent.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.placeboworld.co.uk
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