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20 février 2006


Certains essayent par tous les moyens d'inventer autre chose, d'explorer des endroits pas encore visitées, alors que d'autres ne changent rien à leur musique. Devinez qui est qui ?




Broken Social Scene : Broken Social Scene


Titres

Our Faces Split the Coast in Half
Ibi Dreams of Pavement (A Better Day)
7/4 (Shoreline)
Finish Your Collapse and Stay for Breakfast
Major Label Debut
Fire Eye'd Boy
Windsurfing Nation
Swimmers
Hotel
Handjobs For The Holidays
Superconnected
Bandwitch
Tremoloa Debut
It's All Gonna Break


Les collectifs de musiciens sont un truc plutôt tendance en ce moment. Au Canada peut être encore plus qu’ailleurs, notamment avec les précurseurs Godspeed You ! Black Emperor, Silver Mount Zion et consorts. C’est le genre de groupe tentaculaire, à géométrie variable, avec un personnel nombreux et mouvant. Aucun visage ni aucune personnalité auxquels se raccrocher, la seule chose importante est la musique. Le genre de rassemblement de musiciens où tout peut arriver, parce que chacun y va de sa petite idée, qui ajoutée à celle des autres peut parfois donner des choses magiques. Ou juste un énorme foutoir à peine écoutable.

Dans ce genre, en 2002 Broken Social Scene avait fait assez fort avec You Forgot it in People, beau succès critique, à défaut d’un vrai succès commercial. Mais avec ce genre de musique, le succès commercial n’est pas vraiment le but initial. C’est bien plus une aventure musicale, la tentation de créer quelque chose de vraiment nouveau en vivant et en créant la musique autrement. Aujourd’hui, les canadiens nous reviennent avec un nouvel album éponyme ou le mot « collectif » prend tout son sens, puisque dix sept musiciens sont crédités comme membres de Broken Social Scene. Et je ne compte pas les invités exceptionnels qui s’ajoutent encore au nombre (Feist, les excellents Stars, des membres de The Dears, etc…). Difficile d’imaginer comment autant de monde, autant d’idées mêlées, peut donner quelque chose d’écoutable. Et pourtant, le miracle Broken Social Scene, c’est ça. Non seulement c’est écoutable, mais bien plus que sur You Forgot it in People, le groupe a cette fois mis l’accent sur le côté Pop de sa musique. Ce qui fait que la plupart des chansons semblent faciles si on y jette une oreille distraite. Par contre, dès qu’on tend l’oreille, on perçoit la multitude d’instruments et de couches sonores qui composent ce disque. Et là c’est impressionnant. Tellement foisonnant, que deux oreilles n’y suffisent pas. Il faudrait presque se faire aider par quelqu’un qui se chargerait de l’enceinte de gauche pendant que vous vous chargez de celle de droite. J’exagère à peine. Pour une fois, je vois l’intérêt d’écouter de la musique en 5.1, avec des hauts parleurs partout. Broken Social Scene me parait être le disque idéal pour ça, tellement la surprise peut venir de partout.

Mais je me demande encore comment une telle communauté de musiciens, totalement démocratique (tout au moins en apparence) peut ne pas virer en un gros bordel. Comment tous ces gens arrivent à collaborer en harmonie, en tirant tous dans le même sens. Parce que ce disque là est le contraire de ce qu’on pourrait attendre d’une telle entreprise. Les idées foisonnent (chaque chanson semble en contenir plusieurs autres), les sons s’entrecroisent, s’empilent ou s’entrechoquent souvent avec bonheur, les thèmes et les genres semblent ne pas avoir de frontières, mais surtout chaque chanson est un rêve musical d’une densité incroyable, bourré d’intelligence. Le disque idéal pour tout amoureux ou curieux de musique un peu différente. D’autant que les chansons de ce disque sont faciles à écouter, complexes dans le fond, mais presque classiques dans leur forme. Broken Social Scene réussit l’exploit de créer une musique qui donne de la nourriture au cerveau tout en faisant bouger les jambes. Une musique qu’on n’aura aucun soucis à écouter encore dans plusieurs années, parce qu’on en aura toujours pas fait le tour. Avec ce genre d’album qui s’apprécient dans leur ensemble, je n’ai pas très envie de ressortir un titre plutôt qu’un autre, mais quand même, It's All Gonna Break, chanson peut être la plus classiquement Rock du lot (mais « classique » n’est sûrement pas le mot qui convienne le mieux quand une chanson vous secoue autant), est un monument qui laisse des étoiles dans la tête.

Et pourtant, à la première écoute, cette densité sonore a tendance à agir comme un repoussoir. Broken Social Scene nous en met plein les oreilles et on n’est pas habitué à un tel régime musical. On frise l’indigestion. Et pourtant, quelle erreur se serait de passer à côté de ce disque énorme dans tous les sens du terme. Le rêve de ces musiciens est d’inventer une musique différente, nouvelle, mais qui reste accessible. Ils ne savent peut être pas eux-mêmes à quel point ils ont touchés en plein dans le mille.



Pour plus d'nformations, le site officiel : www.arts-crafts.ca/bss/




Richard Ashcroft : Keys To The World

Titres

Why Not Nothing ?
Music Is Power
Break The Night With Colour
Words Just Get In The Way
Keys To The World
Sweet Brother Malcolm
Cry Till The Morning
Why Do Lovers ?
Simple Song
World Keeps Turning


Je fais partie de ceux qui regrettent amèrement la fin de The Verve. Et je sais qu’on est nombreux dans ce cas. Ce n’est pas que je sous estime le talent de Richard Ashcroft, mais pour paraphraser l’autre : c’était mieux avant. Richard Ashcroft en solo, c’est bien, mais c’est moins bien que The Verve, comme Frank Black c’est moins bien que les Pixies. On peut trouver un tas d’autres exemples dans ce genre là. On n’y peut rien, c’est comme ça.

Et à chaque fois que j’écoute un disque de Richard Ashcroft, j’ai toujours en mémoire The Verve. J’aime assez ses albums solo, mais ça a quand même toujours un peu de mal à passer. Un peu comme s’il manquait quelque chose, trois fois rien. Et pourtant, les chansons du bonhomme sont excellentes dans le genre troubadour nostalgique, triste mais beau, si typiquement anglais. Je dois juste être bêtement passéiste. Parce que si on prend ce Keys To The World en exemple, c’est encore une belle pierre dans son jardin. On baigne toujours au milieu de ces mélodies un peu amères saupoudrées de cordes à tendance lacrymales, avec toujours cette voix sans équivalent. C’est toujours aussi agréable à écouter. Mais il manque quand même souvent le grand frisson qu’on est en droit d’attendre de quelqu’un comme lui. Parce qu’on sait qu’il peut nous le donner, s’il s’en donne la peine.

Depuis peu, Richard Ashcroft est papa et il dit partout que ça lui a changé la vie et qu’il voit aujourd’hui les choses sous un autre jour. Peut être. On est content pour lui, mais en tout cas ça n’a eu que peu d’influence sur sa musique. A première vue ça ne l’a pas rendu plus joyeux ou alors c’est très intérieur. Keys To The World est du Richard Ashcroft pur jus, comme on le connaît déjà, sans surprise. Et c’est peut être justement ça qui me bloque un peu, cette fois ci. On trouve comme d’habitude quelques incursions dans des directions un peu plus Rock (Why Not Nothing ? ) ou Soul à la manière de The Verve (l’optimiste Music Is Power et surtout le très réussi Keys To The World) et elles sont presque toutes en début d’album. Comme pour tromper l’ennemi et donner l’impression d’une évolution ? Le reste du disque est conforme à ce qu’on connaît déjà : des chansons tantôt amères, tantôt clairement grises. Et puis, il y a toujours cette voix qui devient indispensable dès qu’on l’entend. Comme d’habitude aussi, on trouve quelques petits bijoux. En première position, Break The Night With Colour, merveille de Pop triste. Juste suivi par un Words Just Get In The Way du même niveau. Pas à dire, quand il écrit des chansons comme celles là et qu’il les chante avec une âme comme celle là, c’est assez unique. C’est comme ça qu’on l’aime et on souhaite tant qu’il nous offre enfin un album remplit de chansons de ce calibre là. Mais c’est pas encore pour cette fois. Ensuite, dans la deuxième moitié de l’album, ça se gâte un peu. Richard Ashcroft use et abuse de sa veine de troubadour Folk porteur de mauvaises nouvelles. L’ambiance est pluvieuse, comme sur la photo de pochette. Et là, il fait son boulot, sans plus. Ca donne un Sweet Brother Malcolm dépouillé, mais qui tombe un peu à plat, un Cry Till The Morning qui sonne fin et délicat comme une ballade d’Oasis. Et j’en passe. Heureusement, le très beau Why Do Lovers ? vient nous réveiller un peu et nous mettre du baume au coeur. Mais en ce qui me concerne, l’ennuie a déjà gagné.

Le petit dernier de Richard Ashcroft (le disque, pas le bébé) est un disque assez honnête et agréable à écouter, mais jamais vraiment renversant, à deux ou trois exceptions près. Il lui manque la flamme et le frisson.



Pour plus d'nformations, le site officiel : www.richardashcroft.com


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