Titres
Civilians
Parker'S Mood
Civil War
Time Is A Lion
You Can'T Fail Me Now
Scare Me To Death
Our Song
Wave
Love Is Enough
I Will Write My Book
Shut Me Up
God Only Knows
Comme je le disais déjà en chroniquant
le précédent Tiny Voices en 2003, écouter les chansons de Joe
Henry c'est un peu comme discuter tranquillement avec un ami de longue
date. Du genre qui part souvent en voyage dans des contrées lointaines
et qu'on ne voit pas souvent. En l'occurrence, ça faisait quatre ans qu'on
n'avait pas de nouvelles. Mais on ne s'inquiète pas, parce qu'avec les
types comme lui, on sait que pas de nouvelles veut dire bonnes nouvelles.
Et puis finalement, un jour quelqu'un sonne à la porte, on ouvre et on
se retrouve nez à nez avec la bonne tête de Joe Henry et son nouveau Civilians.
Alors on s'installe de nouveau confortablement, on baisse les lumières,
on sort un verre, on prend son temps et on écoute tout ce qu'il a à raconter.
Et il en a à nous raconter !
Si Joe Henry ne passe pas plus souvent,
c'est qu'il ne se déplace jamais pour rien. Seulement quand il a des choses
importantes à raconter. Si seulement tout le monde pouvait en faire autant,
on aurait moins souvent l'impression de se faire arnaquer en achetant
à intervalle régulier d'un an des disques qui fleurent bon le remplissage
ou le manque d'idées. A l'heure où la musique se vend si mal, il faudrait
peut être aussi réfléchir à ça. Enfin, moi ce que j'en dis…
En tous cas, avec Civilians,
une chose est sure : il n'y a pas tromperie sur la marchandise et on en
a pour son argent. Ce nouvel album suit les traces de Tiny Voices.
On y retrouve son lot de chansons intimes, ces orchestrations qui sentent
bon l'artisanat et la patine à l'ancienne. Quand on prenait encore le
temps de polir une chanson jusqu'à ce qu'elle prenne la bonne couleur,
le ton exact. Jusqu'à ce qu'elle soit parfaite. Comme sur Tiny Voices,
Joe Henry a su s'entourer de musiciens qui savent mettre en valeur ses
chansons. On sent presque physiquement les doigts glisser sur les cordes,
on ressent le plus petit battement sur les fûts. On retrouve ces mêmes
ambiances à la fois douce et poignantes, ces histoires d'amour tristes
ou désabusées, on replonge dans cette intimité avec le même délice. La
musique de Joe Henry navigue (tangue) toujours entre Folk fragile, Blues
d'antan et incursions Jazz. Elle respire à plein nez l'ambiance des bars
enfumés tard dans la nuit ou au petit matin, quand le jour commence à
se lever et que les paupières sont lourdes et l'esprit embrumé. Le pianiste
continue à jouer tranquille et la voix de crooner fatigué de Joe Henry
l'accompagne.
Aucun intérêt d'essayer de ressortir
une chanson plus qu'une autre. Civilians est le genre de disque
anti single par excellence, une sorte de contre culture qui n'existe plus
guère. Un album de Joe Henry s'écoute forcément de bout en bout, dans
son intégralité. Et quand le bout arrive, on est triste que l'histoire
s'arrête déjà parce qu'on en aurait bien repris encore une rasade. Juste
pour la route. Mais bon, quand même, une chanson me troue le cœur encore
plus que les autres et peut être parce que c'est la dernière, elle laisse
encore plus de traces. God Only Knows est une chanson que je
trouve bouleversante, d'une délicatesse et d'une élégance folle. Un vieux
piano fatigué tout juste effleuré, une batterie simplement caressée et
cette voix qui semble être celle d'un homme qui a traversé toutes les
épreuves pour pouvoir enfin venir nous les raconter. Là, on touche à quelque
chose de rare, un truc qui s'appelle la classe.
Parce que les disques d'une telle
qualité sont rares, parce que des chansons d'une telle force intérieure
et d'une telle beauté sont encore plus rares, Civilians s'impose
comme un des plus beaux disques de 2007.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.joehenrylovesyoumadly.com
Et la vidéo de Time Is A Lion :
ICI
Debout Sur Le Zinc : Récréations
Titres
Chloée
L'enterrement
Le tanticide
Vous avez dit bizarre
Un héros est mort
La mimounade
Le marin d'eau douce
Les déserteurs
Se dire adieu
Ta ta ta ta
En général, quand on veut faire
une petite pause discographique sans trop se fatiguer, on sort un best
of bien pèpère avec un ou deux inédits pour forcer l'achat. Ou alors on
se fend d'un petit live, juste histoire d'occuper le terrain pendant qu'on
vaque à d'autres occupations. Mais voilà, Debout Sur Le Zinc ne fait jamais
comme tout le monde et il nous offre ce Récréations qui invente
carrément un nouveau concept. Un nouvel album de vieilleries totalement
inédites sur disque, qui est encore tout chaud car il vient d'être enregistré.
Pour faire le point sur sa carrière déjà longue, Debout Sur Le Zinc a
décidé de coucher sur CD des titres de leurs débuts ou d'autres souvent
joués sur scène, mais qui n'avaient eu les honneurs des studios. Comme
ils le disent eux même, Récréations est leur avant-premier album
dix ans après. Pour ça, ils sont retournés enregistrer dans le studio
de leurs débuts avec le producteur de l'époque. Je ne sais pas si ils
sont allés jusqu'à ressortir leurs vieux instruments et les fringues qui
allaient avec, mais en tout cas tout a été fait pour préserver ce côté
vintage.
Ce nouvel-ancien album de Debout
Sur Le Zinc est donc empli de chansons qui rappellent le style originel
du groupe, totalement acoustique, comme à l'époque où ils jouaient encore
uniquement dans les bars et dans les rues. On y retrouve beaucoup de violons
et de sonorités slaves notamment. Il permet surtout de pouvoir enfin réécouter
des chansons entendues et appréciées au détour d'un concert, mais jamais
recroisées depuis. Evidemment, on trouve un peu de tout sur cet album.
C'est assez disparate et ça part forcément un peu dans tous les sens.
Ca va des instrumentaux slaves (Vous Avez Dit Bizarre), en passant
par la fausse chanson de marin (Le Marin d'Eau Douce), le Rock
en pseudo yaourt (Chloée), les valses (Se Dire Adieu)
ou les gigues sautillantes (Le Tanticide, La Mimounade) comme
ils savent si bien les faire. Ca ressemble en tous points à la compilation
de vieilles bandes qu'on aurait exhumées du tiroir secret d'une vieille
armoire oubliée au fond du grenier. Pour ça, le but recherché est parfaitement
atteint, Récréations a le goût et l'odeur des vieux trésors oubliés
qui finissent un jour par être exhumés pour retrouver enfin la lumière
du jour. Et puis on sent à chaque note le plaisir qu'ils ont pris à s'offrir
cette petite récréation, en réinventant ces vieilles chansons.
C'est vrai, Récréations
est un album qui peut sembler un peu anecdotique au premier abord, dédié
avant tout aux fans durs de durs, à tous ceux qui ne peuvent pas supporter
de ne pas tout avoir, de tout connaître. Mais ce disque dégage un parfum
finalement assez plaisant, capable de plaire à un public tout aussi large
que leurs " vrais " albums. Pas indispensable mais fort agréable.
Pour plus d'nformations, le site officiel avec une longue video de présentation de l'album et pleins d'extraits acoustiques :
www.dslz.org
© Copyright 2007 Why Not ?