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19 novembre 2007



Joe Henry : Civilians


Titres

Civilians
Parker'S Mood
Civil War
Time Is A Lion
You Can'T Fail Me Now
Scare Me To Death
Our Song
Wave
Love Is Enough
I Will Write My Book
Shut Me Up
God Only Knows


Comme je le disais déjà en chroniquant le précédent Tiny Voices en 2003, écouter les chansons de Joe Henry c'est un peu comme discuter tranquillement avec un ami de longue date. Du genre qui part souvent en voyage dans des contrées lointaines et qu'on ne voit pas souvent. En l'occurrence, ça faisait quatre ans qu'on n'avait pas de nouvelles. Mais on ne s'inquiète pas, parce qu'avec les types comme lui, on sait que pas de nouvelles veut dire bonnes nouvelles. Et puis finalement, un jour quelqu'un sonne à la porte, on ouvre et on se retrouve nez à nez avec la bonne tête de Joe Henry et son nouveau Civilians. Alors on s'installe de nouveau confortablement, on baisse les lumières, on sort un verre, on prend son temps et on écoute tout ce qu'il a à raconter. Et il en a à nous raconter !

Si Joe Henry ne passe pas plus souvent, c'est qu'il ne se déplace jamais pour rien. Seulement quand il a des choses importantes à raconter. Si seulement tout le monde pouvait en faire autant, on aurait moins souvent l'impression de se faire arnaquer en achetant à intervalle régulier d'un an des disques qui fleurent bon le remplissage ou le manque d'idées. A l'heure où la musique se vend si mal, il faudrait peut être aussi réfléchir à ça. Enfin, moi ce que j'en dis…

En tous cas, avec Civilians, une chose est sure : il n'y a pas tromperie sur la marchandise et on en a pour son argent. Ce nouvel album suit les traces de Tiny Voices. On y retrouve son lot de chansons intimes, ces orchestrations qui sentent bon l'artisanat et la patine à l'ancienne. Quand on prenait encore le temps de polir une chanson jusqu'à ce qu'elle prenne la bonne couleur, le ton exact. Jusqu'à ce qu'elle soit parfaite. Comme sur Tiny Voices, Joe Henry a su s'entourer de musiciens qui savent mettre en valeur ses chansons. On sent presque physiquement les doigts glisser sur les cordes, on ressent le plus petit battement sur les fûts. On retrouve ces mêmes ambiances à la fois douce et poignantes, ces histoires d'amour tristes ou désabusées, on replonge dans cette intimité avec le même délice. La musique de Joe Henry navigue (tangue) toujours entre Folk fragile, Blues d'antan et incursions Jazz. Elle respire à plein nez l'ambiance des bars enfumés tard dans la nuit ou au petit matin, quand le jour commence à se lever et que les paupières sont lourdes et l'esprit embrumé. Le pianiste continue à jouer tranquille et la voix de crooner fatigué de Joe Henry l'accompagne.

Aucun intérêt d'essayer de ressortir une chanson plus qu'une autre. Civilians est le genre de disque anti single par excellence, une sorte de contre culture qui n'existe plus guère. Un album de Joe Henry s'écoute forcément de bout en bout, dans son intégralité. Et quand le bout arrive, on est triste que l'histoire s'arrête déjà parce qu'on en aurait bien repris encore une rasade. Juste pour la route. Mais bon, quand même, une chanson me troue le cœur encore plus que les autres et peut être parce que c'est la dernière, elle laisse encore plus de traces. God Only Knows est une chanson que je trouve bouleversante, d'une délicatesse et d'une élégance folle. Un vieux piano fatigué tout juste effleuré, une batterie simplement caressée et cette voix qui semble être celle d'un homme qui a traversé toutes les épreuves pour pouvoir enfin venir nous les raconter. Là, on touche à quelque chose de rare, un truc qui s'appelle la classe.

Parce que les disques d'une telle qualité sont rares, parce que des chansons d'une telle force intérieure et d'une telle beauté sont encore plus rares, Civilians s'impose comme un des plus beaux disques de 2007.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.joehenrylovesyoumadly.com

Et la vidéo de Time Is A Lion : ICI




Debout Sur Le Zinc : Récréations

Titres

Chloée
L'enterrement
Le tanticide
Vous avez dit bizarre
Un héros est mort
La mimounade
Le marin d'eau douce
Les déserteurs
Se dire adieu
Ta ta ta ta

 

En général, quand on veut faire une petite pause discographique sans trop se fatiguer, on sort un best of bien pèpère avec un ou deux inédits pour forcer l'achat. Ou alors on se fend d'un petit live, juste histoire d'occuper le terrain pendant qu'on vaque à d'autres occupations. Mais voilà, Debout Sur Le Zinc ne fait jamais comme tout le monde et il nous offre ce Récréations qui invente carrément un nouveau concept. Un nouvel album de vieilleries totalement inédites sur disque, qui est encore tout chaud car il vient d'être enregistré. Pour faire le point sur sa carrière déjà longue, Debout Sur Le Zinc a décidé de coucher sur CD des titres de leurs débuts ou d'autres souvent joués sur scène, mais qui n'avaient eu les honneurs des studios. Comme ils le disent eux même, Récréations est leur avant-premier album dix ans après. Pour ça, ils sont retournés enregistrer dans le studio de leurs débuts avec le producteur de l'époque. Je ne sais pas si ils sont allés jusqu'à ressortir leurs vieux instruments et les fringues qui allaient avec, mais en tout cas tout a été fait pour préserver ce côté vintage.

Ce nouvel-ancien album de Debout Sur Le Zinc est donc empli de chansons qui rappellent le style originel du groupe, totalement acoustique, comme à l'époque où ils jouaient encore uniquement dans les bars et dans les rues. On y retrouve beaucoup de violons et de sonorités slaves notamment. Il permet surtout de pouvoir enfin réécouter des chansons entendues et appréciées au détour d'un concert, mais jamais recroisées depuis. Evidemment, on trouve un peu de tout sur cet album. C'est assez disparate et ça part forcément un peu dans tous les sens. Ca va des instrumentaux slaves (Vous Avez Dit Bizarre), en passant par la fausse chanson de marin (Le Marin d'Eau Douce), le Rock en pseudo yaourt (Chloée), les valses (Se Dire Adieu) ou les gigues sautillantes (Le Tanticide, La Mimounade) comme ils savent si bien les faire. Ca ressemble en tous points à la compilation de vieilles bandes qu'on aurait exhumées du tiroir secret d'une vieille armoire oubliée au fond du grenier. Pour ça, le but recherché est parfaitement atteint, Récréations a le goût et l'odeur des vieux trésors oubliés qui finissent un jour par être exhumés pour retrouver enfin la lumière du jour. Et puis on sent à chaque note le plaisir qu'ils ont pris à s'offrir cette petite récréation, en réinventant ces vieilles chansons.

C'est vrai, Récréations est un album qui peut sembler un peu anecdotique au premier abord, dédié avant tout aux fans durs de durs, à tous ceux qui ne peuvent pas supporter de ne pas tout avoir, de tout connaître. Mais ce disque dégage un parfum finalement assez plaisant, capable de plaire à un public tout aussi large que leurs " vrais " albums. Pas indispensable mais fort agréable.


Pour plus d'nformations, le site officiel avec une longue video de présentation de l'album et pleins d'extraits acoustiques :
www.dslz.org



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