19 septembre 2005
Au milieu du déluge de sorties actuelles et des semainse à venir, en voici deux capturées au hasard. Un groupe qui se renouvelle totalement et un vieux chanteur attachant.
The Dandy Warhols : Odditorium Or Warlords Of Mars
Titres
Colder Than The Coldest Winter Was Cold
Love Is The New Feel Awful
Easy
All The Money Of The Simple Life Honey
The New Country
Holding Me Up
Did You Make A Song With Otis
Everyone Is Totally Insane
Smoke It
Down Like Disco
There Is Only This Time
A Loan Tonight
Je me suis précipité sur le nouveau Dandy Warhols comme un
mort de faim. J’avais tellement aimé les deux précédents albums que je ne
pouvais pas attendre plus longtemps avant de goûter à celui là. Un titre bien
bizarre, mais de toute façon on peut s’attendre à tout de la part d’un groupe
qui ose porter un nom comme celui là. Mais avant d’aller plus loin, il faut
savoir qu’il n’y a pas que le titre du disque qui surprend. La première écoute
aussi. Que tous ceux qui ont aimés les limpides popsongs 80’s de Welcome To The Monkey House peuvent
oublier. Cet Odditorium or warlords of
mars (Auditorium ou les maîtres de guerre martiens !?) n’a rien à voir
avec son prédécesseur. Mais alors, rien du tout. La machine a remonter les
temps des Dandy a encore fonctionné pour franchir une bonne grosse dizaine
d’années vers le passé. C’est en tout cas la première impression.
Cette fois, l’atmosphère est plus brumeuse. Non, fumeuse
plutôt. Les morceaux sont longs, répétitifs, noyés d’effets, parfois carrément étranges
(les deux derniers titres There Is Only This Time et A Loan Tonight).
Bref, rien à voir avec le Rock claquant de Welcome To The Monkey House.
Mais ça je l’ai déjà dit. Cette fois, le groupe a créé
des climats flottants, les voix sont voilées, les guitares lancinantes. Les
mélodies et la pêche qu’on leur connaissait sont toujours là, mais noyés dans
ces lambeaux de brumes et de fumées hallucinogènes. Ca donne des morceaux au
charme étrangement insidieux, rampant. On est à la fois dans les 70’s
(on pense forcément au David Bowie de Ziggy
Stardust) et dans un futur hypothétique, dans des ambiances proches de la
science fiction. Tout le talent des Dandy Warhols (parce qu’ils en ont, il va
quand même bien falloir s’en rendre compte un jour) est d’avoir réussi à créer un
climat et un style musical qui ne ressemble à rien d’autre. Ils s’éloignent à
grand pas de la musique facile et commerciale pour plonger dans une musique
nettement plus ambitieuse, torturée et orchestrale. Ca donne de véritables pièces sonores à plusieurs
vitesses et autant de niveaux d’écoute, comme ce Love Is The New Feel Awful
qui commence comme un Rock 70’s assez classique
pour atterrir dans un final grandiloquent et inquiétant. Même ce
Easy à la basse ronde et si rassurante se
retrouve étonnamment décalé dès que la voix arrive. Pour finir dans un déluge
de guitares et de cuivres qui donne encore une autre impression. Le moins qu’on
puisse dire est que les Dandy Warhols nous prennent totalement à contre-pied. Déboussolé,
c’est le mot qui convient le mieux pour décrire l’impression que laisse le
début de ce disque. Mais arrive enfin une branche qui ressemble à quelque chose
de connu, quelque chose à quoi se raccrocher. All The Money Of The Simple Life Honey
est une chanson Pop irrésistible
comme ils savant si bien les faire. Une petite chanson géniale qui vous oblige
à taper du pied. Une chanson encore maquillée 70’s, mais le moteur est celui
qu’on connaissait. Ouf, on respire ! Et paf,
le morceau suivant est carrément Country !!! Mais une
Country réinventée et si ludique qu’on n’y résiste pas.
Ce disque me fait penser à une malle au trésor comme on ne peut
en découvrir que dans un vieux grenier quand on est enfant. Au fur et à mesure
des fouilles on va de surprises en surprises. Et au bout du compte, on se
retrouve émerveillé devant tout ce bric à brac. Ici aussi, on saute du coq à
l’âne, mais avec toujours le vrai bonheur et l’impatience de découvrir la
surprise suivante, comme le Folk lancinant de Holding Me Up, la Pop noisy et futuro-passéiste de
Everyone Is Totally Insane ou le Rock
simplement joyeux du single Smoke It.
C’est vrai, Odditorium or warlords of mars
est bien loin de ce que les Dandy Warhols nous avaient
proposés jusqu’ici. Il est déstabilisant, voire même étrange par certains aspects, mais il est passionnant
du début à la fin. Et surtout il confirme que ce groupe là déborde d’envie et
d’imagination, qu’il ne se laissera pas enfermer dans un genre particulier et
que chaque nouveau disque sera différent du précédent. Celui là est juste radicalement
différent.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.dandywarhols.com
Arno : Live In Brussels
Titres
Ratata
You Got To Move
Les Yeux De Ma Mère
Il Est Tombé Du Ciel
Lola, Etc
Meet The Freaks
40 Ans
With You
La Vie Est Une Partouze
Mother'S Little Helper
Chic Et Pas Cher
Françoise
Bathroom Singer
Bye Bye Till The Next Time
Oh La La La!
Vide
Arno est un des derniers vrais bluesmen du vieux continent.
Ca fait déjà une éternité qu’il écume les scènes européennes en traînant sa
dégaine de vieux Rocker fatigué. Et ce n’est pas parce qu’il s’est essayé (avec
bonheur) à la chanson à la française qu’il n’est plus le bluesman qu’il a
toujours été. Même à l’époque de TC Matic, c’était sa voix si particulière qui donnait
une couleur spéciale à ce groupe qui explorait plutôt une New Wave teintée de
couleurs Indus.
Ca fait un bail que je suis de près ce que fait Arno, sans
pour autant toujours apprécier ces diverses expériences ou collaborations. Mais
il faut quand même reconnaître que le bonhomme aime tenter des expériences. Il
me fait un peu penser à une sorte de Jean Pierre Mocky musical, toujours en ébullition,
capable de sortir plusieurs disques par an en suivant avant tout ses envies. Sans
calculer. Alors forcément, il y a du déchet de temps en temps. Mais on peut au
moins lui reconnaître à chaque fois le mérite de l’authenticité. C’est pas
toujours suffisant, mais c’est quand même à chaque fois respectable. Avec sa
personnalité si attachante et toujours hors des modes, ce type là n’est
définitivement pas comme les autres. Je crois qu’on appelle ça un artiste.
Pour avoir eu l'occasion de le voir plusieurs fois sur
scène, je peux confirmer que ces concerts sont en général de grands moments de
convivialité. Le genre de concert où on passe autant de temps à sourire à son
voisin ou sa voisine qu’à regarder la scène.
On y éprouve parfois même (quand il est en forme et nous aussi) de vrais
grands frissons. Alors la sortie d’un live qui mêle les différentes époques de
sa carrière, et pas seulement sa période française, est une bonne nouvelle. Et
franchement celui-ci est réussi. Parce qu’il mélange tous les styles qu’Arno a
exploré et que le groupe qui l’accompagne est capable de sauter d’un genre à
l’autre sans lourdeur ou grosse faute de goût, ce qui n’a pas toujours été le
cas lors des tournées précédentes. Et franchement, ca ne doit pas forcément être
évident de passer des Yeux De Ma Mère
toujours aussi intimistes à un Bye Bye
Till The Next Time déglingué comme aux plus beaux jours de TC Matic. Et ce
Live In Brussels enregistré sur ses terres est comme ça, passant d’un Ratata et d’un You Got To Move gorgés de Blues à un Lola, Etc ou 40 Ans, teintés
de chanson réaliste ou des With You et Bathroom Singer très orientés 80’s.
On retrouve évidemment les chansons qui ont le plus marqués
ces dernières années (Les Yeux De Ma
Mère, La Vie Est Une Partouze, Chic Et Pas Cher, Françoise) mais aussi
beaucoup d’autres, moins médiatisées, mais
plutôt bien choisies (Il Est Tombé Du
Ciel qui fait monter la sauce, superbe Mother's
Little Helper où les musiciens sont exemplaires de sobriété, un Meet The Freaks déjanté et torride où la
voix d’Arno fait merveille, un Oh La La
La! pas entendu depuis très longtemps). Vide
est la dernière chanson de ce disque. Pas forcément la chanson la plus facile
pour finir un concert, puisque c’est sûrement une des plus tristes de tout son
répertoire. Mais que c’est beau. Il manque aussi pas mal d’autres chansons
qu’on aurait aimé entendre. Pour ma part, j’aurai aimé entendre Elle Adore Le noir, sûrement ma
préférée, ou aussi Lonesome Zorro
,Vive Ma Liberté ou Jive To The Beat. Bref, plein d'autres.
Mais là, c’est toujours comme ça dans un concert. Et c’est surtout une affaire
de goûts… Je regrette aussi qu’on n’entende aucun commentaire d’Arno entre les
chansons, ce qui rend ce disque un peu plus froid que la normale, mais c’est
plutôt un détail.
Ce Live In
Brussels est un disque qui ressemble finalement bien à Arno tel qu’il est
aujourd’hui, mélangeant avec bonheur le côté cœur des chansons en français, la
chaleur des titres plus Blues sans oublier l’impact toujours aussi forts des
morceaux de la période TC Matic. Et ils ne sont pas si nombreux les artistes
qui peuvent se retourner sur 25 ans de carrières sans avoir une seule fois à
rougir de leurs choix.
Pour plus d'nformations, le(s) site(s) officiel(s) :
www.arno.be
et
www.hintjens.be
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