19 juin 2006
Grandaddy a décidé de quitter définitivement la scène musicale. Dommage. Blackwater a décidé de continuer à inventer son propre univers à partir de la musique Irlandaise. Bonne nouvelle.
Blackwater : Dead & Breakfast
Titres
And You Know / What It Means
Come Back To Me
Ten Days Drinking, One Hangover / The Forefar Hunt / My Love Is In America
The Seven Crows
Gaëlic Song
Struggle
Cranial Chromaticism / The Twirly Haired Girl
Cabin Boy
Nitin
Dead And Breakfast
Metalkid Is Back
Johnny's Tune
C’est
vraiment un plaisir de retrouver la musique de Blackwater. Ce petit vent frais
tout droit venu d’Irlande fait toujours beaucoup de bien au moral. Même si il
vient en fait de Franche Comté, puisque le groupe est basé à Besançon. Mais
franchement, il suffit de fermer les yeux pour sentir le vent dans les cheveux,
voir les lacs et les landes infinies qui débouchent toujours sur l’océan. Sans
parler du parfum des pubs et de la Guinness qui va avec. Mais bon, passons sur
toutes ces images, parce que Blackwater est bien loin de se résumer à une sorte
de carte postale musicale.
La
musique de Blackwater fait voyager comme peu d’autres savent le faire chez
nous. Mais les portes entrouvertes sur le précédent Don’t relax, Do It font maintenant partie du paysage. Le chanteur
Jo Macera, qui apporte tellement de nouvelles couleurs à la musique de
Blackwater, fait maintenant partie des meubles et les échappés vers des
contrées moins vertes que l’Irlande sont toujours là. Sans parler de l'arrivée du batteur David Rougeot
qui donne encore plus de nerfs et de possibilités.
Et
puis sur cet album, il y a une autre belle surprise qui me fait chaud au coeur.
Si vous êtes habitués de ces chroniques, vous n’êtes pas sans savoir que mon
groupe préféré s’appelle Big Country et que Stuart Adamson est pour moi un des tout
meilleurs songwriters. Et justement, Blackwater a choisi
d’inclure une reprise de ce groupe là dans son album. Et quelle reprise ! Come Back To Me, tiré de l’album Steeltown est une merveille, sachant
garder la trame mélodique de la chanson d’origine en la réinventant pourtant
totalement. Un grand bravo pour ça.
Mais
à part ce coup de cœur, on trouve tout un tas d’autres beaux moments dans ce
disque, toujours aussi habité par les duels entre le uillean pipe de Gaël
Rutkowski et l’accordéon chromatique de Sébastien Lagrange. Dans ce genre là,
le triptyque Ten days drinking, one
hangover / The forefar hunt / My love is in America est assez mémorable. Mais
comme je le disais plus haut, il existe d’autres échappés, comme And you know / What it means où l’harmonica et la flûte
donnent des couleurs radicalement différentes. Dans un autre genre qui
marierait l’Irlande et un autre chose qui pourrait être une sorte d'orient fantasmé,
Nitin
est aussi étonnant qu’impressionnant. Il suffit de fermer les yeux. C’est pour moi une des grandes réussites
de ce Dead & Breakfast. On trouve
aussi un traditionnel à fleur de peau nommé Gaëlic
song (et chanté en gaëlique), Struggle,
une chanson Folk signée Woody Guthrie mais réhabillée pour l’occasion par les
Blackwater. On trouve même un Metalkid is
back plus proche du Rock, qui associe superbement instruments traditionnels
et grosses guitares. Mais ce qui continue à faire la grande force du groupe,
c’est bien ces morceaux où le tempo s’emballe et où les instruments s’entremêlent
dans des jigs ou des reels à l’irlandaise (Cranial
chromaticism / The twirly haired girl, Dead
and breakfast).
Ce Dead & Breakfast ne fait que
confirmer que la direction prise par Blackwater est bien la bonne. En mariant de
plus en plus intimement musique traditionnelle et Rock acoustique,
compositions personnelles et thèmes traditionnels, les
Blackwater nous offrent ici leur album le plus varié et sûrement le plus
prometteur. Du coup, on en redemande et on rêve déjà d’entendre la suite de l’aventure.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
ww.lesonotone.com/blackwater
Grandaddy : Just Like The Fambly Cat
Titres
What Happened...
Jeez Louise
Summer...It's Gone
Oxygen/Auxsend
Rear View Mirror
The Animal World
Skateboarding Saves Me Twice
Where I'm Anymore
50%
Guide Down Denied
Elevate Myself
Campershell Dreams
Disconnecty
This Is How It Always Starts
Bonus Track
Ca
fait tout drôle de se dire que ce qu’on écoute là est le dernier album de
Grandaddy. Pas seulement le plus récent, mais l’ultime, le bouquet final en
quelque sorte. Le groupe a décidé de raccrocher, d’arrêter les frais pour
prendre sa retraite ou passer à autre chose individuellement, allez savoir. Bien
qu’il promette le contraire, j’imagine assez mal Jason Lytle, le leader du
groupe, disparaître définitivement de la planète musicale. En tous cas,
l’annonce du split est intervenue avant la sortie de l’album. Il n’y aura même
pas une petite tournée pour sa promotion. L’histoire s’arrête là,
brutalement.
Pour
en revenir à nos oignons, Grandaddy aura quand même réussi en quelques albums à
marquer les esprits et à laisser une belle trace dans la petite histoire du
Rock. Celle d’un Rock atmosphérique sans jamais être réellement planant, d’un
Rock sublimement mélodique sans jamais être racoleur. Celle aussi d’un groupe
qui a suivi son chemin sans avoir de comptes à rendre à personne. Un groupe qui
nous laisse de petits chefs d’œuvres intemporels comme Sumday ou surtout The
Sophtware Slump. Alors finalement, Just
Like The Fambly Cat ressemble à quoi ? Pour être franc, il ressemble bien à une fin. A la fin d’un groupe qui a
fait le tour de la question de sa propre musique et qui ne se renouvelle plus
vraiment. Le petit dernier ne soutient pas vraiment la comparaison avec les
deux chefs d’oeuvres précédents. On attendait un bouquet final, une vraie fête,
finalement on aura un au revoir plutôt simple, la tête déjà ailleurs.
De
là à dire que Just Like The Fambly Cat
est raté, je n’irai pas jusque là. Parce que j’ai trop aimé leurs albums
précédents pour leur pardonner cette sortie là. Mais aussi parce que ce disque
contient encore (et comme toujours) des perles totalement indispensables. Et
parce que ce disque là nous présente le groupe sous un jour encore plus
mélancolique que d’habitude. Dire au revoir n’est jamais une chose facile, encore
moins quand on laisse derrière soi autant de beaux moments. En fait Just Like The Fambly Cat laisse une
impression étrange, assez décousue, parce qu’il se barre dans tous les sens
sans forcément prévenir et qu’il ne ressemble pas vraiment à ce qu’on
attendait. En ce sens, ce dernier album est une sorte de condensé de leur
carrière puisqu’on y retrouve un peu de tout ce qu’on a connu.
Ca
commence par un petit truc étrange au piano, agrémenté de bruits divers, avec
la voix d’une petite fille répétant « What happened to the fambly
cat ? ». On se retrouve tout de suite dans le monde si particulier de
Grandaddy. Et brutalement, avec Jeez
Louise, on est projetés dans ces ambiances vocales aériennes de Jason Lytle
qu’on n’est pas près d’oublier, qui survolent des guitares noisy et les éternelles
bidouilles électroniques. Ensuite, on se retrouve trimballés entre gentille
ballade à tendance Folk du 21ème siècle (Where I'm Anymore, This Is
How It Always Starts), Popsongs toutes en sucre candy (Disconnecty, Summer...It's Gone, l’instrumental Skateboarding Saves Me Twice tout
simplement magique) et voyages entre ciel et terre comme on les a tant aimés (Campershell Dreams, Rear View Mirror, magnifique
The Animal World). On passe même par
quelque chose que j’aurai presque envie d’appeler du Surf-Punk (50%).
Tout ça
ressemble à un survol de toute une carrière en quelques minutes. Il parait que
quand on va mourir on voit défiler sa vie à toute vitesse. Le testament Just Like The Fambly Cat donne un peu
cette impression là. Mais on a quand même le temps de s’apercevoir que cette
vie là a été vraiment belle. Et qu’elle va cruellement nous manquer.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.grandaddylandscape.com
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