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18 octobre 2004


Le dernier groupe dont on attend beaucoup outre Manche s'appelle Bloc Party et Rammstein ne fait que confirmer qu'il est devenu un groupe important.




Bloc Party : Bloc Party EP



Titres

Banquet
Staying Fat
She's Hearing Voices
The Marshals Are Dead
The Answer
Banquet (Phones Disco Edit)


On est heureusement habitué aux cris d’extases et aux éternelles exagérations de la presse musicale Britannique. A force, on fini presque par ne plus y faire attention et à lire cette presse là d’un œil détaché. A force de s’entendre dire que le futur du Rock, c’est ce groupe là, que celui de la semaine dernière est déjà bon a jeter, on apprend à relativiser. Et puis surtout, que ce soit à travers le bombardement radio, télé ou presse, il nous reste toujours notre capacité à juger par nous même si ça vaut vraiment le détour.
Vous avez déjà compris que Bloc Party est l’un des derniers jeunes groupes sur lequel l’Angleterre est en train de s’émerveiller. Alors, comme d’habitude, le plus urgent, c’est de prendre son temps et d’écouter ça pour se faire une idée. Ce Bloc Party EP est en fait la compilation de morceaux de leurs deux premiers singles agrémentée d’un remix. A la première écoute, les références affluent et la machine à remonter le temps fonctionne à fond. Entre la voix du chanteur Kele Okereke, étonnamment proche d’un Robert Smith juvénile, les guitares qui tombent drues (genre 10 :15 Saturday Night) et la rythmique fière et sèche comme aux meilleures heures des Smiths, on beigne en plein dans les bons souvenirs. Le son est brut et sans fioritures, la production est minimale, comme sur les premiers albums des groupes cités ici. Et ça leur va plutôt bien.
Mais en général, les souvenirs restent bons tant qu’on n’essaye pas de les ressusciter. Et pourtant, Banquet est une petite merveille de chanson, entre les Franz Ferdinand (en plus débridé) et Interpol (en moins cérébral), pour citer des références plus actuelles. Staying Fat, dans le même genre, mais en nettement plus énervé est pas mal non plus. Comme tout le reste de ce mini album, avec une mention particulière pour The Answer qui se termine dans une belle apothéose volcanique de guitares claires. Seul le remix final de Bloc Party est assez oubliable. Cet EP nous permet surtout de faire connaissance avec un nouveau groupe très prometteur. Ils ont depuis sorti un autre single, Little Thoughts, tout aussi réussi et entêtant que les précédents. Bloc Party ne sera peut être pas le futur grand groupe que la presse anglaise attend depuis longtemps maintenant, mais il semble avoir toutes les qualités pour nous offrir bientôt un bon premier album qui est prévu pour le début de l’année prochaine. Ils ont un gros potentiel, c’est une évidence. Et j’ai comme l’impression que Bloc Party pourrait bien nous refaire le même coup que les Franz Ferdinand cette année, en jouant à la fois sur la corde sensible de nos souvenirs, tout en y ajoutant cette touche de modernité et cette fraîcheur qui font toute la différence. Affaire à suivre de près tout en patientant en écoutant en boucle le génial Banquet.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.blocparty.com




Rammstein : Reise Reise

Titres

Reise, Reise
Mein Teil
Dalai Lama
Keine Lust
Los
Amerika
Moskau
Morgenstern
Stein Um Stein
Ohne Dich
Amour



Mutter a marqué un tournant décisif dans la carrière de Rammstein. Cet album leur a permis de franchir un cap, de devenir un groupe au style unique et immédiatement identifiable. En un mot, Rammstein, groupe déjà culte et adoré par beaucoup est devenu un monument. Et ce n’est pas ce Reise Reise qui va nous faire changer d’avis. On passera volontiers sur toutes les faciles allusions guerrières ou militaires associées à ce groupe, mais il faut quand même bien dire que leur musique est définitivement énorme. Mutter avait déjà marqué leur territoire et nos esprits par la même occasion. Ce disque avait vraiment fait l’effet d’un fer chauffé au rouge, en laissant des traces indélébiles. Rammstein avait trouvé son style, cette sorte de musique Indus sombre bardée de métal et de vocaux aussi puissants qu’inquiétants.
Reise Reise est donc une suite logique pour ce groupe qui a trouvé son parfait équilibre dans cette musique lourde, sombre et oppressante. Encore une fois, on se retrouve prisonniers volontaires d’un étau sonore assez impressionnant. Leur technique a d’ailleurs encore progressée. Cette fois, ils arrivent à nous faire croire que la pression peut parfois s’alléger (les sons légers au milieu du superbe Dalai Lama ,le début paisible de Stein Um Stein), mais c’est pour mieux nous piéger avec le morceau suivant. Cet album est une nasse dont on ne sort pas indemne. Et dont on ne peut pas s’échapper non plus. Il y a un autre domaine où le groupe a changé, c’était déjà évident au travers d’un morceau comme Sonne sur l’album précédent, mais le groupe s’ouvre de plus en plus aux mélodies, comme dans le somptueusement mélodique Ohne Dich (si, si je vous assure), Keine Lust ou Amerika et son refrain irrésistible. Un morceau qui pourrait presque devenir un tube radio (rendez vous compte !) si le chant de Till Lindemann n’avait pas autant tendance à faire fuir les oreilles délicates, plus habituées aux sucreries courantes. Attention, il faut relativiser. Rammstein ne fera jamais ni dans la dentelle, ni dans la Pop sucrée. Mais Till Lindemann ose de plus en plus chanter. Ca à même l’air de parfois l’amuser (dans Amerika notamment) et ça aussi c’est nouveau. Musicalement aussi, le groupe s’ouvre vers d’autres choses, comme dans Los qui pourrait presque ressembler à une sorte de version passablement écorchée et chlostrophobique du Personal Jesus de Depeche Mode. L’instrumentation et le style en sont finalement assez proches.
Au fur et à mesure de l’écoute, on s’aperçoit que cet album est beaucoup moins monolithique que son prédécesseur, j’en veux pour preuve une association assez incongrue avec les russes de T.A.T.U. dans un Moskau finalement pas désagréable, le contraste entre les voix sucrées des deux russes et la voix d’outre tombe de Till Lindemann assurant le spectacle. C’est vous dire si Rammstein s’ouvre sur l’extérieur et tente des expériences nouvelles. Mais que les fans de Mutter se rassurent, les morceaux où guitares métal et envolées symphoniques s’entremêlent sont toujours là, comme dans le Reise, Reise d’ouverture ou dans Morgenstern où des chœurs magnifiques finissent de nous asseoir.
Rammstein a choisi pour cet album un titre finalement très adapté à son contenu. Par sa diversité, Reise Reise est un appel au voyage musical, à la découverte et à l’ouverture. Qui aurait cru ça possible de la part de ce groupe là ? Tout ça en ne dénaturant ni son propos, ni son style musical qui reste toujours aussi unique et encore plus impressionnant, parce maintenant capable de se nourrir de la musique des autres pour réinventer la sienne. Je ne vois vraiment pas ce qui pourrait maintenant arrêter Rammstein.


Pour plus d'informations, le site officiel :
www.rammstein.com



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