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18 juillet 2005


Une nouvelle perle de Pop belge et la troisième et dernière pierre de la trilogie primitive des Cure. Bonne vacances. Rendez vous le 22 août.




Mud Flow : A Life On Standby



Titres

The Sense Of Me
Chemicals
Today
Debbie And Charlie
Tribal Dance
How I Got Depressed And Started A War
Unfinished Relief
Debbie And Charlie (The True Story)
Five Against Six
Song 1
New Eve


J’ai comme l’impression qu’il y a une sorte d’école belge de la Pop. Un peu comme il y a eu une école belge pour la BD. Une sorte de référence dans un style donné. Pour la BD, la ligne claire a inspiré suffisamment de dessinateurs de BD pour créer un véritablement mouvement. C’est un peu la même chose au niveau musical, avec une Pop qu’on pourrait aussi qualifier de « ligne claire », elle aussi. Comme pour la BD, ça donne quelque chose de simple, clair, aéré et immédiatement identifiable. Franchement depuis quelques années, les groupes belges intéressants se bousculent au portillon. On a quand même eu droit à des petits bijoux comme dEUS, Arid, Venus, Girls In Hawaii. Et j’en oublie forcément d’autres. Belle brochette de talentueux artisans d’une Pop toujours élégante et souvent inventive. Ca aurait même tendance à rendre jaloux, à force de voir qu’un petit pays comme la Belgique arrive à sortir régulièrement de si beaux groupes. Et apparemment, on ne les a pas encore tous entendus. Il en reste d’autres à découvrir, comme ce Mud Flow. Pas des petits nouveaux, eux. Ils ont déjà quelques albums derrière eux, que je n’ai pas l’honneur de connaître, mais qui apparemment sont d’un style assez différent, nettement plus Rock. Ce A Life On Standby semble être leur premier essai dans la ligne classique de la Pop belge. Et franchement, ils auraient eu tort de se priver. Et on aurait tort de passer à côté. A Life On Standby est réellement au niveau des groupes cités plus haut.
Dès The Sense Of Me qui ouvre l’album, on est immédiatement séduit par ce climat à la fois tendu et tellement mélodique. Cette harmonie entre arpèges de guitares et cordes n’a certes rien de nouveau, mais c’est tellement génial quand c’est fait avec doigté et élégance. Et c’est le cas ici. Mais le morceau qui vous remue les sens et vous devient indispensable dès la première écoute, c’est le suivant. Chemicals est un chef d’œuvre de ce genre musical. Ici, on touche à la perfection. Les guitares flottent doucement au dessus de nappes de cordes discrètes et la voix douce caresse dans le sens du poil. Mélodie fragile et arrangements délicats, c’est simplement magique, vraiment. Rien que pour ce titre là, l’achat de A Life On Standby se justifie. Mais il faut quand même se calmer. On ne trouve pas deux morceaux de ce niveau là sur cet album. La suite est aussi très réussie, mais on ne touche plus au génie entrevu et c’en est presque décevant. Et pourtant, on trouve quand même sur A Life On Standby une belle quantité de chansons qui feraient pâlir d’envie beaucoup d’autres. Today est une excellente Popsong basée sur un piano jovial, les guitares de Tribal Dance grattent plus qu’elles ne caressent mais c’est pourtant tout aussi bon, le Folk-Pop de How I Got Depressed And Started A War et Unfinished Relief est digne du meilleur Turin Brakes, Five Against Six explore d’autres pistes moins linéaires et plus Rock qui donnent surtout envie d’en entendre plus, tout comme New Eve qui clôture l’album.
Ce disque laisse vraiment une belle impression d’ensemble et positionne Mud Flow parmi les groupes belges qui comptent. Et surtout, il contient Chemicals, chanson rare et donc indispensable, comme on en entend peu. A découvrir impérativement.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.mudflow.com



The Cure : Pornography (Deluxe Edition)


Titres

CD 1
One Hundred Years
A Short Term Effect
The Hanging Garden
Siamese Twins
The Figurehead
A Strange Day
Cold
Pornography

CD 2
Break (Group Home Instrumental Demo 11/81)
Demise (Rhino Studio Instrumental Demo 12/81)
Temptation (Rhino Studio Instrumental Demo 12/81)
The Figurehead (Rhino Studio Demo 12/81)
The Hanging Garden (Rhino Studio Demo 12/81)
One Hundred Years (Rhino Studio Demo 12/81)
Airlock - The Soundtrack (3/82)
Cold (Live In The Hammersmith Odeon 5/82)
A Strange Day (Live In The Hammersmith Odeon 5/82)
Pornography (Live In The Hammersmith Odeon 5/82)
All Mine (Live In The Hammersmith Odeon 5/82)
A Short Term Effect(Live In Brussels 6 / 82)
Siamese Twins (Live In Brussels 6/82)
Temptation Two (Aka Lgtb - Rs Studio Demo 7/82)



Pornography est la suite et la fin de l’une des trilogies les plus cruciales de l’histoire du Rock. Pour Robert Smith , si on se réfère à son DVD Trilogy, sa trilogie à lui n’est pas celle là, puisqu’elle englobe des albums bien plus récents. Par contre, pour le fan des débuts, la trilogie qui change tout est bien Seventeen Seconds, Faith et Pornography. D’ailleurs, après ces trois albums là, The Cure a explosé. Simon Gallup et Robert Smith ont décidés de couper les ponts. Comme si après ces trois albums, tout avait déjà été dit. Comme si il était inutile de continuer. Et la suite du groupe (la période des singles Let’s Go To Bed et autres Lovecats) prouve bien que Robert Smith ne savait plus trop vers quoi s’orienter après des albums aussi forts et marquants que ceux là. Non seulement il était sûr de ne pas réussir à reproduire une musique de ce niveau là mais surtout il ne devait pas avoir vraiment envie de se retrouver dans le même état d’esprit qu’à cette époque là (déprime, chaos, excès en tous genre…). Le désir de Robert Smith, en ces temps troublés où l’alcool et la chimie prenaient le pas sur tout le reste, était de construire un album ultime, sorte de bouquet final nihiliste et auto destructeur. Après ça, The Cure pourrait enfin disparaître. En fait, l’enregistrement de Pornography a carrément ressemblé à un chaos musical et humain, Robert Smith essayant de rendre le son du groupe aussi repoussant et inécoutable que possible et les deux autres membres du groupe ne comprenant pas vraiment où  tout ça allait déboucher.
On connaît le résultat. Pornography est sans doute un des albums les plus sombres, noirs et malsains de l’histoire du Rock. A son écoute, on se retrouve totalement laminé et assez déboussolé. Rarement on aura l’occasion d’entendre une musique aussi étouffante que celle là. Un album qui commence par One Hundred Years est forcément différent des autres. Un album qui commence par les mots « It doesn’t matter if we all die » (Ca n’a aucune importance si nous mourons tous) est forcément hors norme. La puissance de cette seule chanson vous met les nerfs en pelote et vous met d’un coup dans une ambiance à la fois attirante et repoussante. Tout le poids de ce disque réside dans cette dualité qui tantôt attire irrésistiblement, tantôt repousse violemment. Soit il y a rejet immédiat, soit on a envie d’en savoir plus et on plonge dans ce bain de noirceur, avec tous les risques que ça comporte. En fait, Pornography est une suite évidente à Faith. Comme si la logique de Faith avait été poussée dans ces derniers retranchements, comme si la déprime funéraire avait simplement fait place à la folie. On va jusqu’au bout de la logique. Après la déprime vient le vrai pétage de plomb. Et ça fait mal. Ca donne des titres aussi angoissants que The Hanging Garden, Siamese Twins ou The Figurehead, avec leur rythmique raide et plombée et leurs guitares déchirées et lourdes. Je ne parle même pas des paroles aussi délirantes qu’alambiquées. Ca donne surtout une des œuvres majeures de l’histoire du Rock. On ne sort pas intact d’un album comme celui là. Le groupe n’en est carrément pas ressorti du tout, puisqu’après une tournée chaotique, avec en final une baston entre Robert Smith et Simon Gallup à Strasbourg  (je n’invente rien !), le groupe se sépare définitivement. Avant de renaître plus tard, comme on le sait aujourd’hui, mais sous une autre forme bien moins auto destructrice et apaisée.
Comme pour les deux autres albums de la trilogie, cette réédition de Pornography est remasterisée et là aussi la différence sonore vaut le détour. Robert Smith c'est une nouvelle chargé de la sélection des raretés et le livret contient pas mal de photos totalement inédites et des commentaires franchement intéressant pour tout fan du groupe. On trouve sur le deuxième CD toute une foule de raretés et d’inédits. Ici, ce sont les live qui sont les plus intéressants, très différents des versions studios. Au travers d’un pont musical oublié, au travers d’une boite à rythme qui remplace un batteur apparemment absent, on en arriverait presque à ressentir l’ambiance délétère qui régnait au sain du groupe à cette époque. En tous cas, les morceaux en live sonnent encore plus sombres et inquiétants que les versions studio.
Pour moi, ce disque fait partie des plus marquants de son époque, parce qu’il explore des territoires que personnes n’avaient encore eu l’idée ou le désir de visiter. Et parce qu’il pousse un style musical jusqu’à ses propres limites. Et même au-delà. Je reste même persuadé qu’avec ce disque, Robert Smith est même allé plus loin qu’il ne l’imaginait au départ. Pornography est certainement un des albums les plus difficiles du groupe, en tous cas l’un des moins « vendeurs ». Je veux dire par là que ce disque semble avoir été écrit dans le seul et unique but de repousser l’auditeur ou en tous cas de l’obliger à faire des efforts pour accepter cette musique si différente. Ou plutôt, comme le dit Robert Smith dans le livret d’accompagnement du CD, ce disque a été écrit sans jamais penser aux futurs auditeurs. Il ressemble juste à l’obsession d’un homme qui rêvait de dépasser ses propres limites pour aller voir plus loin. Et en touchant à ces limites, il marque aussi la fin d’une époque.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.thecure.com



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