17 décembre 2002
Start, Stop, Play
Eiffel : Le 1/4 d'Heure Des Ahuris
Titres
Il Pleut Des Cordes
Au Néant
Sombre
Les Yeux Fermés
T'as Tout, Tu Profites De Rien
Off
En Déviances
Dim Sum/le Plus Grand Nombre/l'aurore
Sanguine
Dans Le Vague
Tu Vois Loin
Ne Respire Pas
Les quatre de Eiffel forment l'un des groupes français les plus prometteurs. Le problème avec les groupes français, c'est que, soit ils sont sympathiques et plutôt bons, mais on sait dès le départ que ça n'ira pas beaucoup plus loin, soit ils sont brillants et ils marcheront bien ici, mais leur statut de musicien francophone leur interdit une carrière réellement internationale, là où la langue anglaise est reine. Depuis l'arrivée des musiques électroniques, genre musical où les mots sont de peu d'importance, les français se retrouvent enfin à armes égales avec les autres et on voit ce que ça donne : Daft Punk, Air, etc…
Eiffel ne fait pas partie de ce style musical. Il en est loin. Eiffel, c'est le retour du Rock à l'état brut. Mais Eiffel a un atout en plus : son nom. En effet, comment expliquer à la terre entière d'où on vient en peu de mots et sans parler aucune langue étrangère ? Et au moment où les groupes français ont plutôt la cote un peu partout dans le monde, c'est un atout non négligeable.
Mais en dehors de leur nom, ils ont bien d'autres atout. D'accord, on ne pourra pas s'empêcher de les comparer à Noir Désir, juste avant leur virage récent vers une musique moins urgente. La ressemblance est en effet frappante sur certains morceaux, mais Eiffel, ça n'est pas que ça. Il y a dans ce groupe des qualités mélodiques évidentes et leur fougue juvénile fait le reste. Un peu à la manière de Bertrand Cantat de Noir Désir, maitre en la matière, la langue française est ici adaptée, taillée au rythme Rock et ça passe remarquablement bien. On peut prendre en exemple, les premiers mots de cet album : " "Il pleut des cordes, c'est à se pendre/C'est à se tordre et à tout rendre.".
L'album mêle habilement leurs diverses influences : morceaux rageurs comme " Au Néant ", " Ne respire Pas " ou les somptueux " Sombre " et " T'as Tout, Tu Profites De Rien " (seraient ils des apôtres de l'anti mondialisation ?), deux morceaux parmi mes favoris, ou petits bijoux plus mélodiques comme " Dans Le Vague " qui fait un peu penser à Saez, " Les Yeux Fermés " et son refrain qui reste en tête ou " Tu Vois Loin ".
Cet album est leur deuxième et il marque déjà une maturité musicale certaine, chose assez rare chez les groupes de chez nous. Je suis curieux de voir ce que ces morceaux à l'évidence taillés pour le live pourront donner sur scène. Le groupe ayant une excellente réputation à ce niveau, ça devrait valoir le déplacement. Pour moi, ils font d'ores et déjà partie des vrais espoirs pour les années à venir. A suivre de prêt et à écouter d'urgence pour voir de quoi demain sera fait.
En tout cas, eux voient déjà loin, comme dans la chanson du même nom : " Les éclairs de tes yeux crachent à l'infini / On ne peut les contempler sans être ébloui / Fluide comme l'air d'un tout nouveau pays / De la lumière à en déchirer la nuit / Tu vois loin ".
Pour plus d'nformations, le site de leur maison de disque :
www.labels.tm.fr
Par ailleurs, ce site est vraiment excellent : quantité de morceaux à écouter, clips en pagaille à regarder (mais cable ou ADSL indispensable pour un confort minimum)... Profitez en pour découvrir leur énorme catalogue. Enjoy !
Big Country : The John Wayne's Dream
Titres
Driving To Damascus
Dive In To Me
See You
Perfect World
Somebody Else
Fragile Thing
The President Slipped And Fell
Devil In The Eye
Trouble The Waters
Bella
Your Spirit To Me
Grace
Loserville
This Blood's For You
I Get Hurt
John Wayne's Dream
Encore une fois, je vais vous parler de Big Country. Ce ne sera pas la dernière, c'est certain. Mon envie de faire découvrir leur musique est telle que je ne suis pas prêt d'abandonner. C'est d'autant plus facile en ce moment, car depuis la mort de Stuart Adamson, les albums rares, les rééditions ou les inédits fleurissent de partout. Leur maison de disque a notamment décidé de ressortir l'intégralité de leurs singles en 4 coffrets CD, reprenant les pochettes d'origines sortis à l'époque uniquement sur vinyle. Les deux premiers sont déjà sortis. Le résultat est magnifique et Big Country ayant toujours été un groupe très prolifique, les faces B regorgent d'inédits tous plus intéressants les uns que les autres. Un DVD contenant l'intégralité de leurs clips vidéo vient de sortir sous le titre " The Ultimate Collection ". Et pour finir avec les nouveautés, au début de l'année prochaine sortira un album de raretés et d'inédits dont je vous parlerai sûrement.
Pour l'heure, c'est l'album " The John Wayne's Dream que j'ai entre les mains. Nouvel album ? Non. C'est en fait l'édition américaine de l'album " Driving To Damascus " sorti en 2000. Cet album n'étant jamais sorti Outre Atlantique, c'est maintenant chose faite. L'intérêt de cet album réside dans le fait qu'il n'est pas tout à fait identique à " Driving To Damascus ". En premier lieu, la pochette est différente et environ la moitié des morceaux sont des mix différents. Certes, les différences sont mineures et étant donné la difficulté à se procurer l'objet (merci Internet), l'achat de ce CD n'est recommandé que pour les fans dans mon genre. Rabattez vous plutôt sur " Driving To Damascus ", beaucoup plus facile à trouver. En fait, je trouve là l'occasion de chroniquer ce qui restera le dernier album studio du groupe.
Cet album est arrivé cinq ans après " Why The Long Face ", le précédent. Une bien longue attente, essentiellement due au fait que Stuart Adamson est parti s'installer aux Etats Unis, à Nashville. Je suppose qu'à cette époque, la distance aidant, les membres du groupe se sont un peu perdus de vue. De plus, Stuart souhaitait trouver une nouvelle direction musicale pour le groupe. C'est pourquoi, au contact des Etats Unis, ils ont livrés leur album au son le plus américain. Attention, ce n'est pas un album de Rock FM américain, c'est toujours du Big Country, et on retrouve le style inimitable des compositions de Stuart, mais l'ambiance générale est passée du Rock au réminiscences celtes au Rock aux sonorités un peu plus Blues ou Country.
Le ton général est aussi un peu plus mélancolique qu'a l'accoutumée, un peu plus désabusé. Si Big Country s'est inspiré des Etats Unis sur cet album, c'est l'autre côté du rêve américain qu'ils ont décidé de visiter. L'Amérique profonde, l'Amérique désenchantée des petits, des sans grade. Les textes de Stuart n'ont jamais été si beau ni aussi sombres que sur ce disque. Pour exemple, " Fragile Thing ", pour moi la meilleure chanson de l'album ou on entend : " Love Is A Small And Fragile Thing / I Spend A Lot Of Cold Nights Missing You / Keep It In Your Hands / Or Let It Take Wing " (L'amour est une chose petite et fragile / Tu m'as manqué pendant tant de nuits froides / Prends le dans tes mains / Ou laisse le s'envoler), ou " Dive Into Me " : " Dive Into Me, Into The Raging Sea / Follow Your Heart, Down Where It's Deep / And It's Dark " (Plonge en moi, dans les flots déchainés / Suis ton cœur, là bas tout au fond / Ou il fait sombre). Outre les deux morceaux précédemment cités, " Perfect World ", " Bella ", " I Get Hurt ", " Loserville " et " John Wayne's Dream " font partie des grosses réussites de cet album.
Inutile de vous dire que cet album compte beaucoup pour moi. Pas seulement parce qu'il est leur dernier album, mais aussi parce que c'est sûrement l'un des meilleurs, l'un des plus cohérents. C'était l'époque où Big Country redémarrait après cinq années de silence et aussi l'époque où tout semblait à nouveau possible pour eux.
La suite a montré que c'était finalement la fin de l'histoire. Comme dans toute fin, on espère une sortie digne. " John Wayne's Dream " est digne. Profondément.
Pour plus d'nformations, leur site officiel :
www.bigcountry.co.uk/
Suede : A New Morning
Titres
Positivity
Obsessions
Lonely Girls
Lost In Tv
Beautiful Loser
Streetlife
Astrogirl
Untitled...morning
One Hit To The Body
When The Rain Falls
"A New Morning " est leur cinquième album, leur sixième même, si on compte " Sci-Fi Lullaby ", l'album de B-sides comme un album studio. Un beau bout de chemin parcouru depuis leurs débuts en 1993, et une belle évolution également. Il est bien loin le temps des " Animal Nitrate " et autres " Metal Mickey " de leur premier album. Le rock agressif de leurs débuts a doucement fait place à une pop anglaise d'une élégance de plus en plus rare par les temps qui courent. Ils ont gagné le difficile pari de trouver l'équilibre entre une pop plutôt symphonique (les violons et le piano sont de plus en plus présents) et un rock plus carré. Ce n'est jamais, ni pompeux, ni vulgaire.
Ce qui caractérise le mieux Suede aujourd'hui, c'est cet équilibre qu'on sentait s'affiner d'album en album et qui trouve son aboutissement sur " A New Morning ". Le chant de Brett Anderson s'est épuré, débarrassé de tous ces petits tics qui pouvaient auparavant agacer et Richard Oakes a simplifié son jeu de guitare, suffisamment pour être plus facile d'accès sans pour autant perdre son style. L'un comme l'autre ont compris qu'il était inutile d'en faire des tonnes pour atteindre son but. Et aujourd'hui, leur musique atteint immédiatement son but : droit au cœur.
Si les morceaux de cet album nous touchent plus que les précédents, c'est parce que ce parti pris de simplicité nous les rend immédiatement plus proches, plus intimes. " Positivity ", leur 1er single, " Lonely Girls " et surtout " Lost In TV " et " Astrogirl ", guitares acoustiques et nappes de violons en avant, sont des preuves évidentes de cet équilibre parfait. Pourtant, Suede garde aussi son style de toujours, à travers des morceaux comme " Obsessions " ou encore " Beautiful Loser " et son refrain qui tue. Ils savent mieux que jamais vous cajoler, vous dorloter, avec des morceaux intimes pour ensuite vous planter leurs banderilles. C'est du grand art, c'est impossible de résister à un tel savoir faire.
La cohérence de cet album ne fait que confirmer ce qu'on devinait déjà dans " Coming Up ", leur précédent album : ils sont en train de se construire un style unique. Ce qui à mon sens qualifie le mieux Suede, c'est le côté racé de leurs morceaux et l'élégance de l'ensemble. Aujourd'hui, tout le monde peut arriver à aimer Suede, tout le monde peut y trouver son compte. Et ils sont arrivés à ce résultat sans aucune compromission, sans vendre leur âme, mais simplement en étant de plus en plus exigeants avec eux mêmes et leur musique. Cette exigence a un prix, celui de moins grandes retombées médiatiques. Quand on ne fait pas dans la facilité, on passe moins sur les radios. Mais peu importe, ceux qui, comme moi, continuent à suivre Suede les yeux fermés sont remerciés à travers chaque nouvel album. Et j'espère que cette chronique donnera envie à quelques uns d'entre vous d'aller faire un tour du côté de leur discographie. Ceux qui le feront ne le regretterons pas.
Pour plus d'nformations, leur site chez SonyMusic :
www.thelondonsuede.com
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