17 novembre 2008
Islands : Arm's Way
Titres
The Arm
Pieces Of You
J'Aime Vous Voir Quitter
Abominable Snow
Creeper
Kids Don'T Know Shit
Life In Jail
In The Rushes
We Swim
To A Bond
I Feel Evil Creeping In
Vertigo (If It'S A Crime)
Quand je pense que j'ai failli passer
à côté de ce disque, ça me met en rogne. Voilà un des albums qui pourrait
fort bien terminer parmi les meilleurs de l'année en ce qui me concerne,
et je suis tombé dessus par hasard. Pour être franc, c'est en cherchant
des informations sur un autre groupe nommé The Isles que j'ai fait la
connaissance de Islands, par ricochet en quelque sorte. Sorti avant l'été,
voilà un disque que j'avais totalement zappé. Facteur aggravant, Arm's
Way est le deuxième opus de ces Montréalais que je découvre seulement
aujourd'hui. Alors même si il n'est plus tout frais du jour, il n'est
pas trop tard pour profiter de ce diamant.
Que dire de cet album ? Je ne sais
pas trop par où commencer, tellement Arm's Way m'a remué. Essayez
d'imaginer un groupe qui contiendrait à la fois la ferveur d'Arcade Fire,
les talents de mélodistes novateurs de XTC, des guitares joyeuses tantôt
caribéennes ou 80's, plus l'inventivité débridée des Talking Heads. Vous
voyez le genre ? Non ? C'est normal, rien de ce que vous avez pu écouter
avant ne peut préparer à l'écoute de cet album là. Et pourtant, quand
on l'écoute pour la première fois, Arm's Way ne surprend pas
vraiment. Il est instantanément agréable et familier, comme si on le connaissait
déjà. Et pourtant aucun nom de vient à l'esprit, aucun souvenir ne s'impose.
Et par la suite, au fil des nombreuses écoutes suivantes on découvre vraiment
de quoi sont faites ces chansons, leur richesse extrême, ces arrangements
élaborés et pourtant faciles à écouter. Un peu à l'image des Cold War
Kids sur Loyalty To Loyalty ou de XTC bien avant eux, les six
acolytes de Islands ont ce rare talent qui permet à certains de rendre
abordables des chansons riches. Ce qui chez d'autres serait pompeux ou
difficile à digérer ressemble chez eux à un apéritif délicat et léger.
Le genre qui mets en appétit sans jamais rassasier totalement.
La première moitié de l'album est
un délice de sensations étonnamment variées. On saute du coq à l'âne,
on change de style et de braquet à chaque chanson, souvent même à l'intérieur
d'une même chanson. On est surpris au détour de chaque refrain, mais la
surprise est toujours agréable, elle côtoie à chaque fois le plaisir de
la découverte. Rapidement, on ne s'étonne même plus d'avoir le sourire
devant tant d'audaces et d'inventivité. Mais le plus fort, c'est que tout
ça reste avant tout extrêmement Pop et charmeur, ce qui fait une grande
part de leur originalité. Ils savent trousser des petites mélodies au
charme fou, comme le single Creeper, très orienté 80's et finalement
assez trompeur car très différent du reste de l'album. De plus, c'est
à mon avis un des titres les plus conventionnel et moins intéressant de
l'album, c'est dire…Je lui préfère nettement des chansons virevoltantes
comme The Arm et son canevas guitare/violon ou surtout J'aime
Vous Voir Quitter qui s'autorise toutes les audaces tout en étant
une vraie bombe mélodique. Il est d'ailleurs assez difficile d'enfermer
Islands dans une case précise, tellement ils partent dans toutes mes directions.
En ce sens, ils sont les dignes héritiers de tous les défricheurs canadiens
nés ces dernières années. Tous ceux qui ont essayés de repenser le fonctionnement
d'un collectif musical ou la façon de structurer ou déstructurer une chanson.
Même s'il est difficile à classifier, on pourrait quand même découper
l'album en deux faces distinctes, comme au bon vieux temps des vinyles.
Une face A solaire, très Pop et dansante, qui ose et explose, celle qu'on
aurait envie de se repasser en boucle perpétuellement dans la journée.
Suivie à partir de Life In Jail par une face B nettement plus
introvertie mais tout aussi surprenante (les ponts improbables dans Life
In Jail ou In The Rushes), qu'on aurait plus envie d'écouter
le soir. D'autres auraient forcément mélangé les deus mondes, histoire
de construire un album homogène. Eux ont volontairement fait l'inverse.
Juste histoire de chercher une façon différente de présenter les choses,
de ne pas faire comme tout le monde, ce qui semble être leur obsession.
On aurait pu croire la source montréalaise
un peu tarie, à force de nous avoir offert tant de groupes mémorables
ou même indispensables pour certains, mais Islands prouve brillamment
qu'il n'en est rien. Arm's Way, avec ces chansons à tiroirs dans
lesquelles on trouve plein de petits bonheurs est tout simplement un des
albums les plus réjouissants de l'année. Foncez.
Pour plus d'nformations, leur page Myspace :
ICI
Et la video de Creep :
ICI
The Acorn : Glory Hope Mountain
Titres
Hold Your Breath
Flood Part One
Even While You're Sleeping
Crooked Legs
Glory
Oh Napoleon
Low Gravity
Sister Margaret
Antenna
Plateau Ramble
Flood Part Two
Lullaby Mountain
Après l'excellent Arm's Way de
Islands, je continue ma semaine canadienne. Ce pays ressemble quand même
de plus en plus à un bouillon de cultures musicales. Comme si une improbable
émulation poussait chacun à prendre une guitare ou tout autre instrument
qui se trouve là pour s'essayer à faire au moins aussi bien que le voisin.
On en arriverait même à croire qu'il existe un exode massif de musiciens
du monde entier, tous attirés par ce qui ressemble au dernier eldorado
de la création musicale. Pour une fois, ce n'est pas vers le Québec
qu'on regardera, aujourd'hui on tournera plutôt le regard vers l'Ouest,
vers Ottawa, à l'autre bout du pays. Et à la frontière entre la ville
et la forêt, on pourra découvrir The Acorn, une des révélations majeures
de l'année.
Je ne sais pas trop pour quelle
raison, The Acorn me fait irrésistiblement penser à The Album Leaf. L'écart
entre les deux groupes est immense dans la forme, l'un étant totalement
électronique, l'autre nettement plus classique et proche du Folk, mais
pourtant je leur trouve beaucoup de points communs sur le fond. Avec en
premier lieu cette impression permanente de recherche de la plénitude,
d'une certaine harmonie. Chez The Album Leaf, on a l'impression d'entendre
un cœur qui bat au ralenti, en solitaire. Chez The Acorn on a presque
l'impression que la musique a été enregistrée entre amis au coin du feu,
tellement on est persuadé d'entendre ici où là une bûche craquer dans
la cheminée. Ce n'est peut même pas une illusion d'ailleurs. Quand on
écoute Hold Your Breath pour la première fois, on aurait presque
envie de prendre le titre au mot et de retenir son souffle pendant toute
la durée de la chanson, juste histoire de ne pas déranger, pour ne pas
risquer de briser cette incroyable harmonie. Et puis tout de suite, dès
Flood Part One, on est embarqué dans une sarabande qui rappelle
à la fois Islands pour les guitares caraïbes et Beirut pour le côté live
et habité. Au bout de deux chansons seulement, tellement différentes l'une
de l'autre, on ne peut que se retrouver sous le charme de Rolf Klausener,
le leader de la troupe. Et pourtant, on est encore loin d'avoir tout vu,
tout entendu, des talents immenses de ce nouveau venu. Que ce soit l'intimiste
Even While You'Re Sleeping ou le magnifique Crooked Legs
avec sa rythmique caribéenne, l'incroyablement beau Glory, tout
ici sonne avec une justesse rare. Avec cette impression sûrement vraie,
que la musique et les textes de Rolf Klausener ne se cachent derrière
aucun paravent, qu'ils viennent droit du cœur. Cet album raconte l'histoire
de la mère de Rolf Klausener, voilà peut être l'explication.
L'autre grande qualité de The Acorn,
vient de la façon dont les musiciens du groupe embellissent les chansons
de Rolf Klausener. Tout ici est affaire de doigté, de délicatesse. Tout
est dans le soucis du détail, dans l'assemblage méticuleux de chaque son
et de chaque rythme. Les chansons sont peut être écrites par un seul homme,
mais elles sont ici l'œuvre d'un vrai groupe où chacun apporte ses idées
et ses qualités propres. Et je dois avouer que j'ai eu un vrai coup de
foudre pour le travail phénoménal du batteur, qui arrive toujours à allier
finesse et complexité tout en restant toujours au service de la chanson,
c'est à dire discret. Mais je le répète, ici, on entend chacun apporter
le meilleur de lui-même à chaque instant. C'est aussi en grande partie
grâce à ça que Glory Hope Mountain est finalement un disque si
exceptionnel.
Sur Glory Hope Mountain,
les occasions de s'émerveiller sont aussi nombreuses que le nombre de
chansons. Rares sont les disques qui atteignent un tel équilibre et une
telle beauté intérieure. Glory Hope Mountain est un classique.
Pour plus d'nformations, leur page Myspace :
ICI
Et la vidéo de Flood Part One
ICI
Noir Désir : Gagnants-Perdants
Titres
Gagnants-Perdants
Le Temps Des Cerises
Ce n'était pas prévu au programme
de cette semaine, mais ce sera ma cerise sur le gâteau d'une semaine qui
m'a déjà vu chroniquer deux albums qui sortent franchement de l'ordinaire.
Je suppose que vous êtes déjà tous au courant, mais malgré ça il fallait
que j'en parle. Parce que c'est important. Parce que le cœur de Noir Désir
bat encore. Et par conséquent le cœur du Rock en France bat un peu plus
fort aussi. Dire qu'ils nous ont manqués est un euphémisme. Sans eux,
le Rock d'ici parait bien frêle et bien trop fragile. D'accord, au niveau
Electro ça marche fort, mais au niveau du Rock, celui à guitares, on n'en
dira pas autant. Il y a bien eu une cohorte de fils spirituels qui ont
essayés de prendre la place, mais sincèrement, personne pour leur arriver
à la cheville. Voilà pourquoi je fais cette mini chronique aujourd'hui.
Juste pour essayer de faire partager mon bonheur de savoir que le quatuor
existe encore et que Bertrand Cantat a osé reprendre le micro. Ce qui
ne coulait pas forcément de source.
Leur retour se fait donc sous la
forme de deux titres enregistrés dans l'urgence, parce qu'il fallait que
le message passe là, maintenant, tout de suite. Parce que s'ils avaient
attendus, ces chansons n'auraient sûrement jamais été enregistrées. Et
quelles chansons. Je sais bien que le bonheur d'entendre de nouveaux morceaux
de Noir Désir a forcément tendance à obscurcir mon esprit critique, mais
quand même. Gagnants-Perdants qui fait évidemment référence à
la célèbre petite phrase entendue en permanence pendant la dernière campagne
présidentielle est du grand Noir Désir. Et c'est une chanson poignante,
magnifique, un peu dans la même veine que Septembre En attendant.
Et là on redécouvre les textes de Bertrand Cantat, qu'on devine couchés
en quelques heures sur le papier. Des textes forts. On avait presque oublié
à quel point ce type sait faire vivre les mots plus vite et plus fort
que les autres. L'autre morceau est une reprise librement inspirée du
Temps Des Cerises. Une version plus Punk que Rock, une version
crachée, enregistrée avec les moyens du bord et avec les gens qui étaient
là sur le moment (Bertrand Cantat, Serge Teyssot-Gay plus Estelle et Romain
Humeau du groupe Eiffel). Une chanson elle aussi indispensable, tellement
elle personnifie ce que devrait toujours être le Rock, une musique urgente,
intense et surtout, toujours rebelle.
Je ne sais pas de quoi l'avenir
de Noir Désir sera fait, mais le simple fait de savoir qu'un futur est
possible est déjà énorme. Et surtout, en écoutant ces deux chansons, je
me rends compte à quel point ce groupe m'a manqué pendant tout ce temps.
Les deux chansons sont en téléchargement libre sur le site du groupe
ICI. Pour ceux
qui ne l'auraient pas déjà fait…
© Copyright 2008 Why Not ?