10 octobre 2005
Une belle semaine avec deux albums au dessus du lot. Et donc indispensables.
Echo And The Bunnymen : Siberia
Titres
Stormy Weather
All Because Of You Days
Parthenon Drive
In The Margins
Of A Life
Make Us Blind
Everything Kills You
Siberia
Sideways Eight
Scissors In The Sand
What If We Are?
Je ne vous referai pas le couplet sur les grands tandems
chanteur/compositeurs de l’histoire du Rock qui se sont un jour séparés, souvent
pour cause de fortes personnalités et de vraies rivalités, elle en est pleine. Mais
il est rare que le travail d’un seul des membres de ces « duos » soit
au niveau de ce que peut offrir leur complémentarité. Ca laisse des regrets à
tout le monde. Au final, il faut juste laisser le temps faire son œuvre et
attendre que les egos se calment. La raison (parfois) ou le tiroir caisse
(souvent) les poussent à se reformer. C’est ce qui s’est finalement produit
avec un duo que j’apprécie tout particulièrement, McCulloch/Sergeant, fondateurs
de Echo And The Bunnymen. Leur album Ocean
Rain fait partie des 20 plus beaux albums de ma discothèque et surtout un
des plus marquants des années ‘80. Leur reformation en 1999 avait été pour moi
un vrai bonheur, parce que non seulement le tandem se reformait après de
nombreuses années de brouille, mais surtout il avait encore de belles choses à dire,
ce qui n’est finalement pas si courant. Les deux albums Evergreen et What Are You
Going to Do with Your Life? signaient un retour brillant, plus Pop et moins
glacé que par le passé mais tout aussi intéressant. Flowers, le suivant sorti en 2001, était un ton en dessous et sentait
à nouveau l’usure. A tel point que je pensais le groupe à nouveau séparé.
Mais voilà que Siberia
se trouve dans les bacs, après 4 ans de silence qui ont en tous cas permis aux
deux acolytes de se ressourcer, de prendre l’air et tenter de retrouver la
magie qu’ils étaient capables de créer. Mais voilà que le groupe se met à crier
sur tous les toits que Siberia est un
vrai retour au source, un album du niveau de Ocean Rain. Alors là, on peut déjà se demander ce qui a bien pu leur
passer par la tête et puis surtout, on peut avoir de gros doutes, même si on
aime vraiment ce groupe là. Je navigue donc entre grands espoirs et grosse
crainte avant d’écouter ce disque. Et au final, je suis soulagé, parce qu’autant
le dire tout de suite, Siberia donne
bien l’impression d’être le meilleur album depuis leur reformation. Sûrement
pas l’égal du chef d’œuvre Ocean Rain,
mais un très bel album quand même. Entre le cristal des guitares de Will
Sergeant et la voix de plus en plus désespérément humaine de Ian McCulloch, la
musique de Echo And The Bunnymen n’avait plus été aussi touchante depuis
longtemps.
C’est vrai que cet album sonne un peu comme un retour aux
sources, déjà parce que le groupe a remis Hugh Jones à la production, lui qui
s’était chargé de Heaven Up Here en
1981. Ca fait forcément vintage et ça rappelle de bons souvenirs à tout le
monde. Mais en plus, c’est efficace, parce que le son de Siberia est une réussite et que les atmosphères cotonneuses et
frisquettes sont de retour. D’où le titre Siberia
peut être ? En fait, ce nouvel album ressemble à un parfait compromis
entre la Pop si communicative et géniale de Evergreen
et les climats plus complexes de leur première vie. Et donc de Ocean Rain. Tout passe à nouveau par
cette alchimie rare entre les guitares de plus en plus délicates de Will
Sergeant et la voix de plus en plus profonde de Ian McCulloch. Une voix qui a
vécue, si vous voyez ce que je veux dire. C’est bien simple, ces deux là ont
tellement changés depuis leurs débuts qu’ils seraient bien incapables aujourd’hui
de ressembler au groupe qu’ils étaient dans les années ’80. Par contre, cette évolution
donne des bijoux au charme immédiat, mais pourtant profonds comme l’océan (on
n’en sort pas). Stormy Weather est
comme ça, tout de suite accrocheur mais aussi plein de recoins et de beautés
cachées dont on se régale par avance. All
Because Of You Days sera du genre à faire passer des frissons de plaisirs à
tous les vieux fans du groupe.
Sur Siberia, on
retrouve aussi des sons qu’on croyait définitivement rangés au rayon des
souvenirs, comme sur Parthenon Drive avec
cette basse si caractéristique, comme au bon vieux temps de Porcupine. Et puis ensuite, il y a In The Margins et son refrain qui coupe
le souffle, comme un bon direct au plexus. Et ça continue comme ça jusqu’à la
fin d’un disque qui respire autant la classe que le simple bonheur d’être
encore là plus de 20 ans après. Jusqu’à un What
If We Are ? où la voix de plus en plus belle et profonde de McCulloch
vous donne des frissons dans le dos.
La musique du Echo And The Bunnymen 2005 est
certainement l’une des Pop les plus gracieuses et habitées qu’on puisse
entendre aujourd’hui. Je sais, comme d’habitude, ça ne suffira pas à remuer les
foules. Mais tous ceux qui jetteront une oreille sur Siberia sont sûr de chérir ce disque pendant longtemps encore.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.bunnymen.com
Franz Ferdinand : You Could Have It So Much Better
Titres
The Fallen
Do You Want To
This Boy
Walk Away
Evil And A Heathen
You'Re The Reason I'm Leaving
Eleanor Put Your Boots On
Well That Was Easy
What You Meant
I'm Your Villain
You Could Have It So Much Better
Fade Together
Outsiders
Je ne peux même pas dire qu’on attendait le nouveau Franz
Ferdinand au tournant. Ils ne nous ont même pas laissé le temps de les
attendre. Ce deuxième album arrive si tôt après le premier qu’on n’a même pas
eu le temps de se demander à quoi pourrait bien ressembler leur futur. Franz
Ferdinand, c’est un méga carton commercial et médiatique comme on en voit peu.
Tout le monde est d’accord : Franz Ferdinand fait un Rock suffisamment
efficace et fédérateur pour plaire au plus grand nombre, ils sont excellents sur
scène et en plus ils sont sympas comme tout. Alors que demande le peuple ?
En tout cas, leur pari pas si évident que ça au départ, de
faire à nouveau danser sur du Rock est devenu réalité. Eux qui voulaient juste faire
un disque pour faire danser les filles ont finalement vus des milliers de gens s’agiter
à chacun de leurs concerts. Et maintenant, voilà déjà la suite. Mais quand
on-t-ils trouvé le temps d’écrire de nouveaux morceaux ? On se le demande.
En tous cas, ils sont méchamment prolifiques puisque ce You Could Have It So Much Better contient 13 titres tout neufs. On
n’a pas eu le temps d’attendre ce disque et on n’a pas non plus le temps de se
demander si il est du niveau du précédent. Il suffit d’écouter The Fallen pour être immédiatement
convaincu que les Franz Ferdinand assurent au moins aussi bien qu’avant. Et
peut être mieux encore. Dans leur style tel qu’on le connaît déjà, ce premier
titre est colossal : puissant et lyrique avec ce petit gimmick de guitare
en plus. En un mot, il est déjà irrésistible. Le single Do You Want To est une nouvelle machine à danser comme on en trouve
peu. Brillant.
Dès le départ, You
Could Have It So Much Better a un gros air de famille avec son prédécesseur
sorti il y a un an à peine (hé oui !). This
Boy vous assomme comme les deux morceaux d’avant. Mais comment font ils
pour pondre des tubes en or massif avec une telle régularité et surtout une
telle facilité ? Walk Away
change un peu la donne. C’est le premier titre qui s’intéresse plus à la
mélodie qu’à l’efficacité pure. Et c’est fort réussi. Encore. Et juste
derrière, ça repart à 100 à l’heure avec Evil
And A Heathen, dans une ambiance brute et bouillante qui rappelle un peu
The The. Franchement, ce groupe m’impressionne. Parce que sincèrement, je n’en attendais
pas tant. En tout cas pas aussi rapidement. L’urgence qu’on sent chez ce groupe
là est assez rare pour être soulignée. Les Franz Ferdinand n’appliquent pas de
recette. Ils ne donnent pas l’impression de calculer, mais plutôt de laisser
sortir ce trop plein de créativité qu’ils ont en eux. Une créativité qui leur
permet d’innover et de commencer à sortir du carcan que pourraient devenir leurs
tubes à danser, à travers la belle ballade Eleanor
Put Your Boots On, toute entière teintée de Beatles.
Les faiblesses sont rares sur ce disque. On trouve bien un Well That Was Easy un peu anémique, mais
c’est peut être simplement par contraste avec les autres morceaux, tous
mémorables. Les guitares de Nick McCarthy sont toujours aussi incisives et il a
un vrai don pour trouver le petit détail qui fait toute la différence, comme
sur I’m Your Villain par exemple. Et
Alex Kapranos ose aussi plus dans son chant. Le groupe semble aussi avoir un
peu mûri en s’autorisant des chansons un peu plus adultes, comme le tonitruant You Could Have It So Much Better et sa
basse bourdonnante ou Fade Together,
l’autre ballade au piano. Mais quand même, c’est quand ils nous font bouger les
jambes que je les préfère. Et pour ça, ils restent les rois. Ecoutez donc Outsiders pour voir.
Je crois que j’ai rarement entendu un album contenant
autant de tubes en puissance. C’en est presque écoeurant pour tous les autres
groupes de suiveurs qui essayent de leur coller à la roue depuis un an. Cette
fois ci, ils sont tous définitivement largués. Le patron s’appelle Franz
Ferdinand et You Could Have It So Much
Better est un des grands albums de 2005.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.franzferdinand.co.uk
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