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17 mars 2003


Trois destinations cette semaines : les iles sauvages de l'ouest écossais avec Mull Historical Society, le sud des Etats Unis avec Calexico et enfin le centre de la France avec Kaolin. Bons voyages.



Mull Historical Society : Us

Titres

The Final Arrears
Am I Wrong
Oh Mother
Asylum
Live Like The Automatics
Don’t Take Your Love Away From Me
Minister For Genetics And Insurance Mp
5 More Minutes
Gravity
Can
The Supermarket Strikes Back
Clones
Her Is You
Us



Et encore un groupe écossais. Ou plus exactement un musicien écossais, multi-instrumentiste, compositeur et chanteur, Colin MacIntyre se cache derrière ce nom de groupe pour le moins surprenant, épaulé par le bassiste Alan Malloy. Je ne sais pas si vous êtes familiers de la géographie locale, mais l'île de Mull est une des plus grandes des Hebrides, au large de la côte Ouest de l'Ecosse. Colin MacIntyre est né et a grandit là bas. Il a ensuite logiquement migré vers Glasgow, la métropole la plus proche pour y poursuivre ses études et accessoirement y jouer dans divers petits groupes. De ses multiples expériences est né Mull Historical Society (nom qui vient d'une association visant à préserver les traditions locales de l'île) et son premier album " Loss ", fin 2001. Déjà un bel album.
Son deuxième album, " Us " vient tout juste de sortir. Et il est largement du niveau du précédent. " Us " contient tous les doutes et toutes les interrogations de Colin MacIntyre, et il en a quelques uns, mais il contient aussi toutes ses influences musicales, et la aussi, il en a beaucoup. Ce qui donne forcément un disque aux multiples reflets et à la géographie variée. On pense notamment à Belle And Sebastian ou Mercury Rev, voire même à Divine Comedy. Comme eux, Mull Historical Society fait une pop intimiste et belle. Comme eux, il n'hésite pas a partager ses sentiments, je dirais même qu'il en fait sa source d'inspiration et son thème principal. La musique de cet album venant directement de l'âme et du cœur, l'ensemble est donc forcément beau et touchant. On ne peut en tout cas pas lui reprocher un quelconque manque d'authenticité.
Le revers de la médaille, lorsqu'on se livre à cœur ouvert comme le fait Colin MacIntyre, peut être de paraître un peu mièvre, voire un peu exhibitionniste. " Us " n'échappe pas totalement à cette critique sur quelques rares morceaux, mais dans l'ensemble, on adhère totalement à sa démarche et on tombe dans le piège de cet album. La grande majorité des chansons est faite de parfaites chansons Pop à la mélancolie à fleur de peau. " The Final Arrears " au charme très XTC nous met immédiatement dans l'ambiance, suivi par " Am I Wrong " (Ai je Tort ?), dernier single en date, dont le seul titre traduit tous les doutes et tous les tourments de son compositeur.
Cet album, globalement excellent, contient de vrais perles, comme " Live Like The Automatics " ou " Gravity ", assez atypiques du style général de l'album, puisque plus proches d'un Nada Surf que de la Pop classique, ou " Don't Take Your Love Away From Me " et surtout " Her Is You ", joyaux romantiques de ce disque. " The Supermarket Strikes Back ", quand à lui, m'évoque même REM. Mais toutes ces références ne sont jamais que des échos lointains dans l'univers de Mull Historical Society qui possède réellement son propre style et son identité propre. S'il est clair qu'aujourd'hui on n'invente plus rien, mais qu'on ne fait que recycler et adapter ce qui a déjà été fait, pour en tirer quelque chose de neuf, voilà un album qui trouve sa source dans beaucoup de sonorités très fréquentables. A l'écoute de " Us ", on n'a vraiment pas l'impression d'entendre un album formaté ou calculé pour vendre ou pour bien fonctionner en radio. On a ici le résultat du travail d'un authentique artiste qui crée ses chansons de façon totalement sincère et sans calcul. Ca, c'est son affaire. Qu'un album aussi vrai que celui là puisse se vendre, ça, c'est notre affaire.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.mullhistoricalsociety.com





Calexico : Feast Of Wire

Titres

Sunken Waltz
Quattro (World Drifts In)
Stucco
Black Heart
Pepito
Not Even Stevie Nicks
Close Behind
Woven Birds
The Book And The Canal
Attack El Robot! Attack!
Across The Wire (Widescreen)
Dub Latina
Guero Canelo
Whipping The Horses Eye
Crumble
No Doze



Je viens tout juste de découvrir Calexico. Suite à la pluie d'éloges qui s'est abattue sur " Feast Of Wire ", j'ai fini par décider d'y jeter une oreille. Et je me suis retrouvé littéralement scotché à l'écoute de cet album. Je comprends maintenant bien mieux pourquoi on en dit actuellement autant de bien. Calexico fait une musique unique, qui sent à plein nez le sud des Etats Unis, le Mexique et les bons vieux westerns d'antan. Calexico ne serait il pas par hasard un mélange de California et Mexico ? Si vous fermez les yeux, vous voyez le désert, les plaines immenses écrasées de soleil, traversées par quelques héros à la peau tannée sur leurs pur sangs. Vous êtes dans un de ces saloons enfumés en train de siroter un whisky, l'inamovible mexicain endormi sous son sombrero près de la porte d'entrée. Calexico, c'est exactement ça, mais attention, aucune réminiscence à la Enio Morricone la dedans, leur son est totalement nouveau et unique.
N'étant absolument pas un spécialiste de ce genre de musique, je ne me hasarderais donc pas à faire des comparaisons. Tout ce que je peux dire, c'est que leur style n'a vraiment rien à voir avec la Country à l'américaine telle qu'on la connaît habituellement. Mais pourtant, leur musique me donne bien plus l'impression d'être la vrai musique du sud des Etats Unis, celle des racines, que tous les musiciens de Country réunis.
Avec ce " Feast Of Wire ", on fait un magnifique voyage. J'ai rarement entendu une musique non traditionnelle coller aussi parfaitement aux paysages dont elle est originaire. N'étant jamais allé aux Etats Unis, il est vrai que j'en ai peut être une vision un peu fantasmée, venue des westerns qui ont nourris mon enfance. Si vous connaissez le sud des Etats Unis ou le Mexique, peut être pourrez vous me dire si je délire ou pas. En tout cas, cet album m'a ébloui, dans tous les sens du terme, tellement il est lumineux et tellement il est réussi.
Ca commence par " Sunken Waltz ", une valse lente au style un peu Cajun, qui met immédiatement dans l'ambiance de l'album, définitivement proche des racines, puis vient " Quattro ", subtil mélange entre blues et cuivres mexicains. Si après ces deux morceaux vous n'êtes pas encore convaincu, " Black Heart " arrive. Sommet de l'album, ce morceau lent et écrasé de soleil, s'immisce en vous pour ne plus vous lâcher. Magique.
Et la suite est du même tonneau, navigant entre les genres et entre les frontières. Les cuivres mexicains sont omniprésents et donnent à l'album une couleur chaude et veloutée et la qualité des compositions termine de nous asseoir, au sens propre cette fois. Quand arrivent " Dub Latina " et " Guero Canelo ", on dépose définitivement les armes, on met de côté ses dernières réserves, on écoute, on ferme les yeux et on y est. Il fait chaud, très chaud, l'ambiance est moite alors on ne bouge plus. Pas grave, on a tout le temps devant soi. On peut déguster tranquille. Tranquille…


Pour plus d'nformations, leur site officiel :
www.casadecalexico.com





Kaolin : Allez

Titres

Histoire De Dire
Pour Le Peu
Laisse
Que Tout Se Passe
Devant Ce Site
Quand Laetitia C...!
Le Haut Est Essentiel
Oublier Encore
Sous Ce Pli
Quelques Mots
Calme
Les Nageuses



Ca commence par un son de slide-guitar trompeur. Non, rien à voir ici avec la musique Country. Viennent ensuite les arpèges de guitare et la voix belle et aérienne de Guillaume Cantillon. Et dès " Histoire De Dire ", premier morceau du disque, on est séduit. Voilà encore un nouveau groupe français qui sait nous plaire. Et si le son nous rappelle quelque chose, dans les arrangements de clavier surtout, ce n'est pas par hasard. En effet, on retrouve les Valentins à la production de " Allez ", premier disque de ce jeune groupe venu de Montluçon. Si les Valentins sont assez rares au niveau discographique, ils sont en revanche très actif en tant que producteurs. Et incontestablement, on reconnaît leur patte sur cet album, ce qui est plutôt une qualité à mon avis.
Belle production donc, mais aussi belles chansons. Les quatre de Kaolin font une musique au romantisme à fleur de peau, belle et aérienne. A l'écoute de leurs morceaux, on se prend à penser à Muse, pour la voix et les ruptures de rythme, ou à Coldplay pour l'ambiance générale baignée de mélancolie. Comme points de repères, on peut trouver pire. Mais à mon sens, ce qui fait la spécificité de Kaolin, c'est la construction de leurs morceaux, qui démarrent en général dans la sérénité pour doucement, insidieusement, monter en puissance pour finalement décoller dans un bouquet final plus que convainquant. Kaolin construit des chansons au charme insidieux qui commencent par vous charmer par des caresses pour ensuite vous capturer et ne plus vous lâcher. " Pour Le Peu ", premier single tiré de cet album reflète bien cette façon de faire. Lorsque les guitares noisy arrivent pour contrebalancer la douceur de la voix de Guillaume Cantillon, il est déjà trop tard, on adhère totalement.
Le petit plus de Kaolin, c'est le romantisme qui se dégage de la plupart des chansons. Voilà donc un groupe qui sait naviguer entre douceur et violence, entre ciel bleu et ciel d'orage. Mieux que ça, un groupe qui se nourrit de ces extrêmes et en fait son style propre. Ecoutez " Que Tout Se Fasse ", exercice de style vocal à la façon de Mattew Bellamy de Muse. Vous comprendrez ce que Kaolin a dans le ventre et surtout ce que son chanteur a dans les cordes vocales. Pour une fois qu'un groupe de chez nous possède en son sein une vrai belle voix, autant ne pas passer à côté.
Les bonnes chansons se succèdent à un rythme soutenu sur ce disque. Outres les morceaux précédemment cités, on en trouve encore d'autres qui sortent du lot, comme " Devant Ce Site ", Sous Ce Pli " ou " Le Haut Est Essentiel ", chanson à la beauté discrète, ma préféré sur cet album. Si on a la patience d'attendre la toute fin du disque, on a droit en récompense à un morceau bonus qui clôture ce premier album de belle façon. Au petit jeu des comparaisons, cette fois je dirais que ce dernier morceau me fait penser aux Turin Brakes chroniqués ici la semaine dernière. Encore une belle référence.
Vous l'aurez compris, voici encore un nouveau groupe français plein d'avenir. Bien sûr, cet album n'échappe pas totalement aux pièges d'une première œuvre, mais il mérite assurément le détour. Et tout porte à croire qu'ils ont en eux les qualités pour donner une belle suite à ces promesses.


Pour plus d'nformations, leur site officiel :
kaolin-lesite




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