Massive Attack : 100th Window
Titres
Future Proof
What Your Soul Sings
Everywhen
Special Cases
Butterfly Caught
A Prayer For England
Small Time Shot Away
Name Taken
Antistar
Quatre ans. Quatre années sont passées entre " Mezzanine ", le précédent album de Massive Attack et celui ci. Une bien longue attente pour les fans du groupe, dont je fais partie, mais c'est finalement à peu près la durée moyenne entre deux de leurs albums. Quatre disques en 12 ans, c'est peu. Mais chaque album de Massive Attack, chaque chanson, chaque son, sont étudiés, élaborés, soupesés, évalués avant d'être publiés. Ceci explique cela. Les rivalités musicales entre les membres du groupe n'ont jamais non plus aidé à accélérer les choses. Mais pour ce quatrième album, plus de rivalité possible. Il ne reste en effet aux commandes du vaisseau Massive Attack que le dénommé Robert Del Naja, alias 3D. Les deux autres membres historiques du groupe ayant quittés le navire. De ce fait, un nouveau problème s'est posé, en l'absence d'émulation et de conflits, quelle nouvelle direction prendre et comment trouver la motivation. D'après ce que j'ai pu lire par ailleurs, les fausses pistes ont été nombreuses avant d'en arriver au " 100th Window " qu'on peut entendre aujourd'hui.
Maintenant, la question est : que vaut cet album tant attendu par rapport à ses illustres prédécesseurs. Pour ma part, j'attendais ce disque avec impatience. En effet, ce groupe fait partie des créateurs du mouvement Trip Hop, (terme journalistiques qu'ils détestent d'ailleurs) et ont par conséquent participés à la création d'un nouveau style de musique à l'aube des années '90. Une musique électronique faite de longues séquences aux ambiances aériennes très cinématographiques plaquées sur des rythmiques Hip Hop ralenties et des boucles de basse hypnotiques. Une musique qui fait voyager, comme son nom l'indique. " Blue Lines ", leur premier album, est pour moi l'un des albums essentiels des années '90, un tournant crucial pour la musique électronique : le mélange des genres pour en créer un totalement nouveau, sans barrières et sans limites.
La grande force de Massive Attack a toujours été la qualité de ses sons, hyper travaillés, ainsi que la construction de ses rythmes et de ses morceaux, imparables. L'autre atout a été de savoir s'entourer dès le début de voix très typées et diverses. Pour les voix féminines, il y en a eu une différente par album, Shara Nelson pour le 1er album, pour l'inoubliable " Unfinished Sympathy ", Tracy Thorn de Everything But The Girl sur le 2ème album, Liz Fraser des Cocteau Twins sur le 3ème . Pour les voix masculines, on a jonglé entre les voix des trois acolytes du groupe, plus Horace Andy, fil rouge sur tous les albums.
Pour " 100th Window ", on ne déroge pas à la règle. Horace Andy est toujours présent et la voix féminine est assurée par Sinead O'Connor. A priori, on se trouve donc en terrain connu. Mais à la première écoute, on est assez surpris, voire décontenancé par cet album. La grande nouveauté est le côté très linéaire des morceaux, mais surtout l'impression de raideur, de froideur qui se dégage de l'ensemble. " 100th Window " ne respire pas la joie de vivre, pas plus que son prédécesseur " Mezzanine ", mais cette fois, l'ambiance est carrément glaciale, on peut même dire glaçante. Même les voix de Sinead O'Connor et de Horace Andy, qu'on ne peut pourtant pas habituellement qualifier de froide, sont au diapason. Mais il ne faut surtout pas s'arrêter, ni à cette première écoute, ni à cette première impression dérangeante. C'est vrai, les sons chauds et ronds des deux premiers albums ont totalement disparus, mais " Mezzanine ", album charnière, avait préparé notre oreille aux nouvelles sonorités à venir. C'est vrai, ce disque est peut être plus difficile d'accès que ses prédécesseurs, mais il mérite vraiment d'être découvert. Il faut savoir entrer dans ces ambiances polaires pour en découvrir toute les nuances et les beautés. Chaque morceau est un véritable univers à lui seul, où les sonorités sont toujours aussi précises et belles, et où la moindre nuance, la moindre inflexion, a son importance. On a presque l'impression de se trouver face à des tableaux abstraits dont il faudrait découvrir petit à petit le sens et la beauté.
Malgré son côté moins immédiat, cet album vaut assurément le détour et soutient la comparaison avec les trois précédents. Massive Attack a, depuis ses débuts, toujours été un groupe précurseur, visionnaire du futur de la musique électronique. Dans quelques temps, je suis persuadé qu'il fera lui aussi partie des grands classiques à avoir absolument dans sa discothèque. Foncez donc vous le procurer, c'est la parfaite bande son des frimas et du givre de saison.
Big Country : Rarities III
Titres
Ages of a man
Hardly a mountain
What about peace
Time for leaving
You lose your dreams
1000 yard stare
Golden boy loves golden girl
I am a small republic
Everything I need
Mary
Send you
In your homeland
Troubled man
Peace in our time
Après la disparition de Stuart Adamson, les membres restant de Big Country continuent de manière assidue l'exploration des archives du groupe. Et chose étonnante, ils continuent à dénicher des morceaux totalement inédits ou des démos tout aussi rares. Des chutes de studio précieuses comme l'or pour qui aime ce groupe comme moi, c'est à dire de façon totalement déraisonnable. Je suis prêt à toutes les bassesses ou à dépenser des sommes impressionnantes pour pouvoir posséder la rareté ou le morceau inédit. Ce qui me réconforte, c'est que je sais que je ne suis pas le seul dans ce cas. J'en ai croisé d'autres aussi atteints que moi. Ce n'est pas forcément très rassurant, mais ça permet en tout cas de se sentir moins seul.
Comme je vous en avais prévenu, me voici donc de retour avec un album de Big Country. A peine plus d'un an après la mort de Stuart Adamson. Un vrai nouvel album, dans le sens ou il contient suffisamment de morceaux réellement inédits pour pouvoir être qualifié de " nouveauté ". Il échappe ainsi au côté pompe à fric de ce genre d'opération lorsqu'elle n'est basée que sur le seul critère marketing. Rien que pour cela, les membres du groupe et leur manager de toujours Ian Grant, méritent un grand merci. Bien sûr les chansons de ce disque ne datent pas d'hier et sont même pour certaines très anciennes. Elles viennent de périodes différentes du groupe, mais malgré cela, elle forme un bien bel album qui ne ressemble en aucune façon à un assemblage hétéroclite de pièces de musée.
Ce disque contient surtout des morceaux provenant de deux périodes charnières de l'histoire du groupe : la période précédent l'enregistrement de " Peace In Our Time " et les bandes enregistrées avant " Why The Long Face ". Deux importantes périodes de remise en question pour le groupe. Deux moments où l'avenir du groupe a été remis en question et ou l'attente entre les albums a été longue. Durant ces périodes sans albums, Big Country a pourtant continué à composer des chansons et à en coucher certaines sur bandes. Certaines ont été l'ébauche de morceaux repris sur les albums suivants, d'autres ont fait office de faces B de singles, d'autres encore ont été laissées de côté et oubliées. Jusqu'à aujourd'hui. La question que je me pose à chaque fois que j'entends des raretés exhumées, quel que soit le groupe d'ailleurs, est la suivante : qu'est ce qui fait qu'on peut décider que tel morceau fera partie de l'album et tel autre définitivement jeté aux oubliettes. Pour les morceaux vraiment mauvais, c'est clair : poubelle immédiatement. Mais comment décider entre un trop grand nombre de morceaux d'égale qualité. Comment un musicien peut il accepter de jeter aux orties une partie de son œuvre. C'est quelque chose qui m'a toujours échappé et que j'ai du mal à concevoir. Fort heureusement, dans les maisons de disque, rien n'est jamais vraiment définitivement perdu.
Là, en l'occurrence, une chose est claire, ce n'est pas le faible niveau des chansons qui les a précipitées dans le fond d'un tiroir, mais bien la surabondance de titres pour un seul album. Il y a dans cet album cinq véritables inédits, le reste étant soit des versions ébauchées de futur morceaux pour six d'entre eux (parfois très différents du résultat final, voire presque méconnaissables) ou des chansons ayant figurées sur d'anciens singles dans 3 cas.
En ce qui concerne les six démos, le fait de pouvoir entendre des morceaux que l'on connaît bien sous la forme de leur brouillon initial est quelque chose de passionnant. Un peu comme si on participait au processus de création à travers un trou de souris. Les trois morceaux rares, puisque ne figurant que sur des singles font partie des morceaux que j'affectionne tout particulièrement, surtout " Hardly A Mountain " qui pour moi fait partie de ce que le groupe a fait de meilleur. Sans oublier " Troubled Man ", chanson belle a pleurer.
Les inédits sont quand à eux bien plus que de simples chutes de studio. Ce sont de vrais chansons qui tiennent la route par elles même. Dans ce sens, " I Am A Small Republic " et "You Lose Your Dreams" me paraissent même être de totales réussites. Ce qui est étonnant, c'est de constater que certaines idées (solos de guitares, suite d'accords, chant) présentes dans ces morceaux ont été intégrées dans d'autres qui ont figurés sur les albums. Comme quoi, une bonne idée ne se perd jamais.
Maintenant, j'espère que les tiroirs ne sont toujours pas totalement vides et qu'il reste encore quelques pépites bien cachées, au chaud, attendant leur heure. Attendant la lumière.
Pour plus d'nformations, leur site officiel :