Titres
Fake Empire
Mistaken For Strangers
Brainy
Squalor Victoria
Green Gloves
Slow Show
Apartment Story
Start A War
Guest Room
Racing Like A Pro
Ada
Gospel
Il y a des jours où on n’a pas envie de tourner autour du
pot. Aujourd’hui, c’est ma dernière chronique avant les vacances, c’est donc un
bon jour pour ça. Alors voilà, Boxer
est un album qui tient du miracle, très proche de ce qu’on pourrait qualifier
de chef d’œuvre. Oui, je sais ce mot là a tellement été galvaudé ces derniers
temps qu’il a de plus en plus tendance à ne plus vouloir dire grand-chose. En
ce qui me concerne, il n’y a qu’à visiter mes pages pour se rendre compte que je
l’utilise rarement. Dans mon cas, il continue à avoir un sens. Et Boxer est de cette race des albums
d’exception. C’est le genre de disque que vous pourrez réécouter dans dix ans
avec le même bonheur et cette même impression de vivre quelque chose de rare. A
chaque écoute, cette mystérieuse alchimie se reproduit, celle qui passe par les
tympans, qui emprunte ensuite des chemins étranges et tortueux pour finir par ressortir
par tous les pores de la peau sous forme de frisson.
Il y a d’abord cette voix incroyable, qui rappelle tantôt
Nick Cave ou Stuart Ashton Staples des Tindersticks. Il y a chez Matt Berninger
cette même profondeur de champ (de chant ?), ce même genre de timbre détaché
et pourtant totalement vibrant. Et puis il y a ces chansons à l’apparence toute
simple. Elles le sont d’ailleurs, pour la plupart. Et c’est justement cette
simplicité qui les rend si uniques. Parce que quand on utilise peu de matière
pour construire quelque chose, il faut toujours essayer d’en tirer le maximum.
Et là, avec trois fois rien, aucun effet, aucun vernis, The National réussit à
faire des merveilles. Ca tient à chaque fois à pas grand-chose, à une batterie
à l’inventivité souvent cruciale (ce contretemps qui change tout sur Slow Show, ce roulement
de tambours au loin sur Start A War, ce
rythme rapide en complet décalage avec la mélodie lente de Squalor Victoria, entre autres). On a si souvent l’impression que
la batterie ne fait que suivre le rythme pour souligner une mélodie que là,
quand c’est celle de Bryan Devendorf qui mène la danse, on ressent franchement
la différence. En fait, tout est important dans les chansons de The National.
Chaque instrument et chaque détail compte, comme ce violon fondu et presque
inaudible sur Squalor Victoria, ces
cuivres qui croisent le piano sur Racing
Like A Pro ou encore cet accordéon solitaire sur Slow Show. Rien n’est là pour décorer, tout est indispensable. Ensuite,
c’est juste une question d’équilibre. Et quand on joue à l’équilibriste, on se
casse souvent la gueule. Boxer, lui,
ne risque pas ce genre de problème.
Ca commence par ce Fake
Empire où la voix de Matt Berninger nous scotche immédiatement. Sobre et
profonde, elle aurait presque tendance à faire oublier la musique qui
l’accompagne. Et c’est quand on écoute cette musique qu’on comprend peut être
un peu mieux la délicate alchimie de Boxer :
des mélodies finalement assez Pop et presque joyeuses où vient se greffer cette
voix mélancolique. C’est ce contraste qui fait une grande partie du charme de
ce disque. Et puis il y a ces mélodies haut de gamme qui vous touchent au plus
profond tellement elles semblent délicates et fragiles (divin Slow Show ou l’irrésistible Racing Like A Pro). Mais dans Boxer, on trouve aussi quelques popsongs
plus légères mais tout aussi mémorables, comme le single Mistaken For Strangers, Apartment Story ou Guest Room
qui rappellerait presque le son d’Interpol, mais avec des bulles colorées à
l’intérieur. Le genre de titre que je rêve d’entendre un jour sur nos radios
françaises.
Avec Boxer, les américains de The National nous
offrent un grand album. Un petit miracle comme on en entend évidemment trop
peu. Sans vouloir vous commander, vous savez ce qui vous reste à faire.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.americanmary.com
Et la vidéo de Mistaken For Strangers
ICI