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16 juillet 2007



The National : Boxer


Titres

Fake Empire
Mistaken For Strangers
Brainy
Squalor Victoria
Green Gloves
Slow Show
Apartment Story
Start A War
Guest Room
Racing Like A Pro
Ada
Gospel


Il y a des jours où on n’a pas envie de tourner autour du pot. Aujourd’hui, c’est ma dernière chronique avant les vacances, c’est donc un bon jour pour ça. Alors voilà, Boxer est un album qui tient du miracle, très proche de ce qu’on pourrait qualifier de chef d’œuvre. Oui, je sais ce mot là a tellement été galvaudé ces derniers temps qu’il a de plus en plus tendance à ne plus vouloir dire grand-chose. En ce qui me concerne, il n’y a qu’à visiter mes pages pour se rendre compte que je l’utilise rarement. Dans mon cas, il continue à avoir un sens. Et Boxer est de cette race des albums d’exception. C’est le genre de disque que vous pourrez réécouter dans dix ans avec le même bonheur et cette même impression de vivre quelque chose de rare. A chaque écoute, cette mystérieuse alchimie se reproduit, celle qui passe par les tympans, qui emprunte ensuite des chemins étranges et tortueux pour finir par ressortir par tous les pores de la peau sous forme de frisson.

Il y a d’abord cette voix incroyable, qui rappelle tantôt Nick Cave ou Stuart Ashton Staples des Tindersticks. Il y a chez Matt Berninger cette même profondeur de champ (de chant ?), ce même genre de timbre détaché et pourtant totalement vibrant. Et puis il y a ces chansons à l’apparence toute simple. Elles le sont d’ailleurs, pour la plupart. Et c’est justement cette simplicité qui les rend si uniques. Parce que quand on utilise peu de matière pour construire quelque chose, il faut toujours essayer d’en tirer le maximum. Et là, avec trois fois rien, aucun effet, aucun vernis, The National réussit à faire des merveilles. Ca tient à chaque fois à pas grand-chose, à une batterie à l’inventivité souvent cruciale (ce contretemps qui change tout sur Slow Show, ce roulement de tambours au loin sur Start A War, ce rythme rapide en complet décalage avec la mélodie lente de Squalor Victoria, entre autres). On a si souvent l’impression que la batterie ne fait que suivre le rythme pour souligner une mélodie que là, quand c’est celle de Bryan Devendorf qui mène la danse, on ressent franchement la différence. En fait, tout est important dans les chansons de The National. Chaque instrument et chaque détail compte, comme ce violon fondu et presque inaudible sur Squalor Victoria, ces cuivres qui croisent le piano sur Racing Like A Pro ou encore cet accordéon solitaire sur Slow Show. Rien n’est là pour décorer, tout est indispensable. Ensuite, c’est juste une question d’équilibre. Et quand on joue à l’équilibriste, on se casse souvent la gueule. Boxer, lui, ne risque pas ce genre de problème.

Ca commence par ce Fake Empire où la voix de Matt Berninger nous scotche immédiatement. Sobre et profonde, elle aurait presque tendance à faire oublier la musique qui l’accompagne. Et c’est quand on écoute cette musique qu’on comprend peut être un peu mieux la délicate alchimie de Boxer : des mélodies finalement assez Pop et presque joyeuses où vient se greffer cette voix mélancolique. C’est ce contraste qui fait une grande partie du charme de ce disque. Et puis il y a ces mélodies haut de gamme qui vous touchent au plus profond tellement elles semblent délicates et fragiles (divin Slow Show ou l’irrésistible Racing Like A Pro). Mais dans Boxer, on trouve aussi quelques popsongs plus légères mais tout aussi mémorables, comme le single Mistaken For Strangers, Apartment Story ou Guest Room qui rappellerait presque le son d’Interpol, mais avec des bulles colorées à l’intérieur. Le genre de titre que je rêve d’entendre un jour sur nos radios françaises.

Avec Boxer, les américains de The National nous offrent un grand album. Un petit miracle comme on en entend évidemment trop peu. Sans vouloir vous commander, vous savez ce qui vous reste à faire.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.americanmary.com

Et la vidéo de Mistaken For Strangers ICI



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