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16 juin 2003


La sortie d'un nouvel album de Radiohead est forcément un évènement, mais quand en plus il s'agit d'une sorte de petit chef d'oeuvre, ça n'en est que plus important. Et quand dans la même semaine, on découvre une chanteuse à la voix extraordinaire, la vie est belle.




Radiohead : Hail To The Thief

Titres

2 + 2 = 5
Sit Down, Stand Up
Sail to the Moon
Backdrifts
Go to Sleep
Where I End and You Begin
We Suck Young Blood
The Gloaming
There There
I Will
A Punch-up at a Wedding
Myxamatosis
Scatterbrain
A Wolf at the Door



Radiohead est déjà un groupe majeur de la scène Pop Rock. Un des groupes qui comptent et qui marqueront l’histoire. C’est une évidence. En 1990, le single Creep les avait fait connaître au monde entier et leur façon totalement nouvelle de traiter la Pop traditionnelle, de la faire éclater en mille morceaux brillants pour les assembler autrement, a généré a sa suite toute une nuée de groupes qui se sont eux aussi essayer à créer du neuf avec du vieux. Mais personne n’a réussi ça mieux que Radiohead.
Vous avez sûrement encore tous en mémoire l’album OK Computer, chef d’œuvre absolu qui a marqué les mémoires. Karma Police a eu le succès mondial qu’on connaît. Après un tel monument, difficile de faire mieux, plus fort, plus haut. Là où Radiohead a fait très fort, c’est dans l’art de n’avoir surtout pas essayer de faire mieux, mais d’avoir volontairement voulu faire différent. Amnesiac et Kid A, les deux albums qui ont suivi dans un laps de temps de six mois, sont à mon avis ce qu’un groupe au sommet comme eux peut faire de plus courageux. Radiohead a délibérément prit le risque de tout chambouler, de ne surtout pas calculer et de créer une musique d’instinct, une musique jaillit directement de l’esprit, sans filtre ni édulcorant. Leur courage a été unanimement salué par la critique, ainsi que ces deux albums. Les avis divergent forcément sur ces deux albums : certains adorent, d’autres sont plus mitigés. D’après moi, ces deux albums n’atteignent jamais la beauté de OK Computer.
Mais aujourd’hui, après ces années d’expérimentations et de recherches, autant musicale qu’humaine, Radiohead change de cap. Hail To The Thief ne serait pas l’album qu’il est aujourd’hui sans les années qui l’ont précédé. Ce nouvel album est né de toutes leurs expériences passées et sonne comme une sorte de compromis parfait entre les différents ingrédients utilisés jusque là. L’expérimentation et les idées qui fusent de toutes parts sont toujours là, mais elles s’adossent cette fois sur une trame mélodique plus classique. Une sorte de OK Computer en liberté. Mais la musique de Radiohead, et c’est tant mieux, demande toujours ce petit effort pour entrer vraiment dans l’ambiance. Leur musique est toujours aussi mélancolique et grise, mais elle est aussi et surtout merveilleusement belle. I Will, par exemple, est un bijoux d’harmonies vocales qui demande a être vraiment écouté, pas seulement entendu. La nuance est importante. Ca vaut pour tout ce disque, il faut l’écouter pour pouvoir profiter de toute la profondeur de chacun des morceaux. Et le résultat est réellement fantastique. 2 + 2 = 5 contient en lui des éléments de styles toutes les périodes traversées par le groupe, comme si par ce premier morceau, Radiohead avait voulu nous faire comprendre quel serait le contenu du disque. Ouvert à toutes les idées, mais en n’ayant plus peur de se baser sur le socle solide de morceaux Pop au format classique. Sit Down, Stand Up démarre comme une chanson classique pour se terminer à la façon Kid A. Sail To The Moon démontre que la voix de Tom Yorke a pris une dimension cruciale dans le son du groupe et est maintenant devenue un instrument parmi les autres, au service de la mélodie. Magnifique. Backdrifts est un morceau purement Electro qui n’aurait pas pu exister avant Kid A / Amnesiac. Where I End And You Begin est certainement la chanson la plus classiquement Pop du disque mais bénéficie d’un traitement électronique qui la fait littéralement décoller. There There, premier single extrait du disque, est aussi un morceau facile d’accès et sans doute le plus proche de l’esprit de OK Computer. Il pourrait donc bien réussir à ramener les brebis égarées vers ce qui demeure un des plus grand groupe de Rock au monde.
Une fois encore, Radiohead continue à tordre le cou de la Pop actuelle, continue à la façonner autrement. Ils continuent à créer leur propre son, à se créer leur propre monde sonore. En cela, ils ne ressemblent à personne d’autre. Seuls les autres peuvent éventuellement essayer de leur ressembler. Je manque encore de recul pour pouvoir dire si Hail To The Thief est le meilleur album de Radiohead. Le temps le dira. Mais en tout cas, il me paraît au moins du niveau de OK Computer, ce qui rend d’emblée son achat urgent et surtout indispensable.


Pour plus d'informations, le site officiel :
www.radiohead.com




Evanescence : Fallen

Titres

Going under
Bring me to life
Everybody's fool
My immortal
Haunted
Tourniquet
Imaginary
Taking over me
Hello
My last breath
Whisper



Désolé, mais cette fois je vais vous parler d’un produit professionnellement calibré pour plaire. Habituellement, ce genre de disque a tout pour me faire fuir, mais là je me suis laissé prendre au piège. Evanescence a tout du coup commercial : une musique orientée Metal mais pas trop méchant, une chanteuse mignonne avec une belle voix et pour enfoncer le clou, deux morceaux de Fallen choisis pour la BO du film Daredevil. En un mot, si ça ne marche pas, c’est qu’il y a un gros problème de marketing.
En l’occurrence, pas de problème de marketing. L’album marche très bien. Ca démarre en France, mais vous pouvez être tranquille, ça va aussi faire un carton. Alors pourquoi s’intéresser à Evanescence plutôt qu’aux dizaines d’autre groupe clones de celui ci qui apparaissent toutes les semaines ? A vrai dire je n’en sais rien… Toujours est il que j’ai craqué pour ce disque. Est ce dû à la voix magnifique d’Amy Lee, assez proche de Tori Amos, à ce mélange Métal / Symphonique, à ces ballades belles à pleurer, à ces chansons construites comme autant d’hymnes ? Sûrement un peu de tout ça, car tous ces petits plus font d’Evanescence un groupe nettement au dessus du lot. Un groupe qui n’aurait probablement même pas eu besoin de tout ce plan marketing pour finir par éclater.
D’accord Fallen est un album commercial, fait pour ne surtout choquer personne et pour plaire au plus grand nombre. En un mot, un album fait pour vendre. Mais cette fois, le disque a de vrais bonnes raisons de se vendre : il est excellent. Le son d’Evanescence est basé sur une sorte de Nu Metal teinté de Gothique pas trop agressif, mais surtout il a un atout que les autres n’ont pas, Amy Lee, chanteuse à la voix incroyable, capable de transformer le plomb en or. Et elle ne s’en prive pas sur cet album. C’est vrai, les compositions ne sont pas particulièrement extraordinaires, mais plaquez y la voix d’Amy Lee et tout est transformé. Grâce à elle, chaque morceau de ce disque décolle littéralement pour atteindre des sommets. Par exemple, Going Under démarre comme n’importe quel morceau du genre, mais dès l’arrivée du refrain et l’envolée de la voix d’Amy Lee, on est dans les nuages. Evanescence produit le seul Rock à décollage vertical que je connaisse. En fait, cette chanteuse me fait un peu penser à Björk à l’époque des Sugarcubes, le groupe avec lequel elle a débuté. Le groupe aurait pu être composé de n’importe quel musicien, on entendait qu’elle et on devinait déjà qu‘elle allait faire cavalier seul. C’est un peu la même impression ici. Ce n’est pas que les musiciens d’Evanescence soit mauvais, loin de là, mais ils sont éclipsés, tout simplement. Bring Me To Life, qui est sur la BO de Daredevil, est du même niveau. La fusion des guitares Metal, du piano et des cordes y est impériale. Tourniquet et My Last Breath sont deux parfaits exemples de main de fer dans un gant de velours. My Immortal, deuxième morceau de cet album à faire partie de la même BO, ou Hello, sont deux ballades au piano qui rendent la ressemblance avec le timbre de voix de Tori Amos encore plus frappante.
En bref, prenez n’importe quel morceau de ce disque, vous ne pourrez pas être déçus. C’est vraiment du beau boulot. Certes, c’est un peu tape à l’œil et clinquant par moments, c’est fait pour plaire et pour vendre, mais l’ensemble plane bien haut au dessus de la mêlée. Si tous ceux qu’on essaye de nous imposer à grand renfort de publicités pouvaient faire des disques de ce niveau, ce serait le paradis.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.evanescence.com




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