17 mai 2005
Un retour inattendu pour Morcheeba et le troisième album des Doves, groupe qui voyage entre deux eaux.
Morcheeba : The Antidote
Titres
Wonders Never Cease
Ten Men
Everybody Loves A Loser
A Military Coup
Living Hell
People Carrier
Lighten Up
Daylight Robbery
Antidote
God Bless And Goodbye
Je croyais Morcheeba mort et
enterré. Comme tout le monde, je pensais que Charango serait leur dernier album, puisque la séparation de la
divine Skye Edwards et des deux frères Godfrey était officielle. Oui mais
voilà, les deux frangins ne l’entendait pas comme ça. Pour eux, Morcheeba est
leur bébé et Skye n’en était que la chanteuse, certes excellente, mais juste
une voix. Oui, mais pour le public, Morcheeba c’était surtout la voix et la
grâce de Skye. Parce que franchement, qui connaît la tête des deux hommes de
l’ombre qui écrivent les musiques et les arrangements ? Alors pour
continuer l’aventure Morcheeba, il ne restait donc qu’à trouver une autre
chanteuse. Sacrilège, crieront tous les vrais fans du groupe, pour qui Skye
Edwards était l’icône unique et irremplaçable du trio. C’est sûr, on ne
remplace pas aussi facilement une chanteuse de ce calibre là. Je n’aurais
d’ailleurs pas aimé être à la place des deux frangins au moment de choisir
l’heureuse élue. Et l’élue a pour nom Daisy Martey, (ex Noonday Underground).
Et je dois dire qu’à la première écoute du premier
morceau, Wonders Never Cease, si on n’est pas prévenu, on peut penser que
c’est toujours Skye Edwards qui chante. Sur ce morceau au tempo plutôt calme, le
timbre de voix est presque identique. Mais surtout, dès les premières notes, on
sait qu’on écoute le nouveau Morcheeba. On retrouve les mêmes rythmes
mid-tempo, ce même son, ces mêmes arrangements de cordes et guitares qui nous
font fondre depuis le tout premier album. Et puis doucement, au fur et à mesure
que les morceaux défilent, on découvre la voix de Daisy Martey. En fait, avec
elle, Morcheeba a gagné en volume et en virtuosité vocale ce qu’il a perdu en
douceur et en délicatesse. Attention, quand je parle de volume et de technique,
on n’est pas encore dans les excès de gosiers façon star ac’. Daisy Martey est
une chanteuse sensible qui sait aussi faire passer des émotions.
Personnellement, elle ne me donnera jamais les mêmes frissons que Skye Edwards,
mais c’est quand même du beau boulot. En fait, Skye Edwards m’a toujours donné
l’impression de chanter en permanence avec le sourire. Ca s’entendait sur les
disques. Et ça changeait tout.
Alors il faut bien se faire
une raison, elle n’est plus là, mais Morcheeba vit toujours. Et cet Antidote est quand même une belle
réponse à tous ceux qui comme moi, pensaient que le groupe ne survivrait pas. Wonders Never Cease est du même tonneau
qu’un Part Of The Process par
exemple. Bel ouvrage proprement irrésistible, typique du style Morcheeba, cool
et charmeur. Mais dès le très Rock Ten
Men, on change de genre et on découvre mieux la voix de Daisy Martey et
cette puissance inconnue jusque là dans ce groupe qui n’était que douceur. Du
coup, avec cet atout vocal supplémentaire, le groupe s’autorise des escapades
vers des rivages plus variées que par le passé. Morcheeba n’avait encore jamais
fait un morceau aussi remplit de guitares rageuses. Mais pas de panique, les
deux frères n’ont pas cassé leur si beau jouet, ils lui ont juste ajouté de
nouveaux habits tous neufs. On en a la confirmation avec un Everybody Loves A Loser tout plein de
cuivres à nouveau caressants et au refrain apte à terrasser les plus réticents.
Assez Rythm’n’Blues, Living Hell
explore aussi de nouveaux horizons, nettement plus énervés que par le passé,
comme ce Daylight Robbery aux allures
très Soul. Il y a encore d’autres belles perles très Morcheeba dans l’âme,
comme Lighten Up, lumineux comme à la
meilleure époque du groupe (Big Calm
en ce qui me concerne). La diversité continue avec The Antidote qui n’hésite pas à mélanger les genres pour aller
jusqu’à flirter avec les cuivres façon big band.
Les frères Godfrey n’ont vraiment pas perdu la main pendant leur absence
de 3 ans. Et ce disque est sûrement ce qu’ils ont produit de plus varié depuis
leurs débuts. Alors même si The Antidote
n’égale pas un Big Calm par exemple,
c’est un album très honnête avec quelques chansons fort réussies, qui ne fera
pas tâche dans la discographie du groupe. Reste à s’habituer à cette nouvelle
voix, pleine de qualités, mais qui n'a pas ce petit supplément de douce magie
qui rendait Morcheeba si unique.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.morcheeba.net
Et un site non officiel français :
www.fragmentsofmorcheeba.t2u.com
Doves : Some Cities
Titres
Some Cities
Black And White Town
Almost Forgot Myself
Snowden
The Storm
Walk In Fire
One Of These Days
Someday Soon
Shadows Of Salford
Sky Starts Falling
Ambition
Il y a des groupes dont on se
dit qu’ils pourraient faire des albums tous les ans pendants 20 ans sans jamais
décrocher le jackpot, sans jamais sortir de cette sorte de notoriété qui restera
toujours cantonnée à une grosse poignée de fans fidèles (essentiellement basés
en Angleterre et surtout autour de Manchester, en ce qui les concerne). Doves
fait partie de ces gens là. Some Cities
est leur troisième album et il donne cette impression là. L’impression que le
groupe peut se débattre autant qu’il veut, qu’il n’arrivera jamais à faire
mieux et plus que ce qu’il fait aujourd’hui, que son aura ne sera jamais plus
grande. Qu’il ne décrochera jamais la timbale. Ce n’est pas que leur musique
soit mauvaise, c’est plutôt que leur musique n’a pas d’identité forte, qu’elle
ne se démarque pas et n’est peut être pas assez vendeuse non plus.
Leurs deux premiers albums
étaient assez recommandables. Et celui là l’est aussi, puisqu’il reprend les
mêmes arguments et possède les mêmes qualités. A savoir, un talent certain pour
construire tantôt des hymnes lyriques (Black
And White Town, Snowden, Walk In Fire) dans le genre The Verve, tantôt des
morceaux plus délicats, voire même carrément planants (The Storm, Shadows Of Salford, ambition). Mais avec toujours cette
patte personnelle, qui finalement ressemble ce qu’on pourrait peut être appeler
un style. Un style qui ne se renouvelle pas (ou peu) sur ce disque. Ceux qui
ont aimé les deux disques précédents retrouveront facilement leur chemin sur Some Cities. Peut être trop facilement
d’ailleurs. On aurait peut être aimé un peu plus de surprises et de chemins de
traverse ou de fausses pistes, mais bon on ne fera pas la fine bouche. Parce
que finalement l’impression d’ensemble qui ressort à l’écoute de ce disque est assez
agréable. Entre un Black And White Town
aux accents de Tears For Fears, un Snowden
aux parfums de single délicat, un The
Storm rêveur, un Walk In Fire
entêtant et un One Of This Days qui
donne envie de chanter autour d’un feu de camp, on se retrouve en bonne
compagnie, au milieu de chansons aussi efficaces que bien foutus. On a quand
même droit à une grosse approximation, avec ce Some Cities d’ouverture, tendance gros sabots, presque aussi
agaçant qu’un mauvais Oasis et surtout très trompeur par rapport au style
d’ensemble de l’album. Mais pour moi, en plus de l’excellent Snowden, le meilleur morceau du disque
et celui qui me parait aussi le plus personnel est Almost Forgot Myself, parfaite Pop song aux légères réminiscences
60’s, ni trop bête ni trop facile et pourtant assez entêtante.
Mais pour en revenir à ce que je disais au début, il reste toujours
cette impression (mais je me trompe peut être) que malgré les qualités des
chansons de ce disque, malgré leurs indéniables qualités de mélodistes, ça ne
suffise pas à faire décoller le groupe. Peut être la musique des Doves est elle
trop intimiste pour ceux qui sont attirés par la Pop lyrique (en ce moment,
pour eux, il y a Keane) ou alors trop expansive pour une musique qui se voudrait
aussi délicate (pour ceux là, il y a Mercury Rev). A force de nager entre deux
eaux sans choisir leur camp, les Doves risquent peut être de ne pas rencontrer
le public qu’ils mériteraient. Et pourtant, c’est peut être justement ça leur
première qualité ; cet entêtement qu’ils ont à essayer de créer une
musique qui soit une sorte de pont tendu entre pas mal de musiques anglaises
entendues ces 30 dernières années. Et bien que cet album soit très agréable à
écouter, au final l’impression qui nous reste est celle d’un « je ne sais
quoi » qui manque, un peu comme un plat pas assez salé ou un gâteau pas
assez sucré. En gros, ça manque juste un peu de saveur pour être vraiment mémorable.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.doves.net
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