16 avril 2007
Do Make Say Think : You, You're A History In Rust
Titres
Bound to Be That Way
With Living
The Universe !
Tender History In Rust
Herstory Of Glory
You, You're Awesome
Executioner Blues
In Mind
J’ai
toujours de l’admiration pour les musiciens qui tournent volontairement le dos
à la facilité et essayent de bousculer les habitudes. Et dans ce genre là, Do
Make Say Think se pose en référence. You,
You’re A History In Rust est déjà le cinquième album de ce collectif
canadien qui nous vient encore du label Constellation. Après une carrière déjà
si longue, on pourrait craindre une usure ou en tout cas une sorte de routine
qui mènerait à l’auto plagiat. C’est arrivé à beaucoup d’autres (le dernier
album des américains d’Explosions In The Sky par exemple,
ne dégage qu’une routine fatigante). Mais pour eux, on n’en est pas encore là. Loin
de là.
La formule
du collectif de musiciens qui entrent ou qui sortent en permanence du cadre
d’une chanson ou d’un album est sûrement la raison de ce bouillonnement d’idées
en tous genres. Parce qu’une fois encore, ce qui domine sur ce nouvel album,
c’est ce foisonnement de sons, de rythmes. Comme d’habitude, on a l’impression
que ça ne mènera à rien, que tout ce fourbi instrumental et ces enchevêtrements
rythmiques ne donneront jamais une architecture solide. Et comme d’habitude, on
est sidéré devant cette maîtrise qui permet au groupe de toujours retomber sur
ses pattes et de nous éblouir à chaque fois. Ca me fait un peu penser à ces films
où on saute en permanence d'un personnage à un autre, d'un lieu à l'autre,
sans aucun lien apparent entre eux, jusqu'à ce que les pièces du puzzles se mettent
en place et qu'on découvre la logique qui se cachait derrière tout ça.
Cette fois ci, on tient encore une
paire de grands moments musicaux. Bound
To Be That Way ne nous laisse pas le temps de nous installer qu’on se
retrouve déjà sous le feu de tous ces instruments qui finissent par vous
emmener dans une sorte de nirvana improbable et comme toujours, inattendu . Et
que dire de The Universe !, ce
titre là, au premier abord presque assourdissant et désordonné se termine en
apothéose pyrotechnique. Du vrai grand art.
Avec Do
Make Say Think, on peut encore parler de Post Rock. Oui, mais pas seulement,
tellement ce You, You’re A History In
Rust explore et ose. On n’a plus de nouvelles des fabuleux Godspeed depuis
des lustres et on pourrait être tenté de dire que dans ce genre là, tout a déjà
été dit et qu’on en a fait le tour. Mais heureusement, leurs cousins de label
continuent, eux, à creuser ce sillon pour voir quelles fleurs étranges
pourraient bien finir par y pousser. Et à en juger par ce disque là, il reste
encore des merveilles à découvrir.
Ce nouvel
album mélange encore une fois tous les genres, toutes les influences et tous
les instruments. Souvent, au sein d’un même morceau. Les titres sont d’une
incroyable variété (mention spéciale au génial A Tender History In Rust, sorte de Folk où duel de guitares et
chants désincarnés se croisent). Tout ici est débordant d’idées et on se
retrouve surpris à chaque instant. You,
You’re A History In Rust n’est pas un simple disque, c’est un voyage
musical à faire les yeux et les oreilles grands ouverts, juste histoire de ne
rater aucun détail. Le genre d’album capable de vous ouvrir l’esprit et de donner
l’impression que l’univers n’a pas de limites.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.domakesaythink.com
Gérald Genty : Le Plus Grand Chanteur De Tout l'Etang
Titres
Mon Prénom C'est Gérald, Pas Gérard
L'Hopital
Plaire
Un Très Mauvais Steward
Istanbul
C'est Pour Décorer, Hein ?
L'Avion
Du Yoyo Dans L'Ohio
Le Métro
Licence To Kill
Les Instruments
Y'm Reste Plus Qu'un Jour
Caïman
Ferrari Sim
Un P'Tit Film D'Erreurs (Bonus)
Cette
semaine, je continue mon coming out musical. Oui, j’écoute aussi Gérald Genty.
Et j’aime ça. Avec ce garçon là, on est à des années
lumières du Rock. On est plutôt dans le sillage de ce qu’on appelle la nouvelle
chanson française, celle des Delerm et consorts, que je n’aime pas et que je
trouve à peu près tous aussi insignifiants que prétentieux. Alors il y a
forcément une différence entre Gérald Genty et les autres. En fait elle est
énorme ; ça s’appelle l’humour et l’auto dérision, ce petit truc qui
change tout. Parce que finalement, Gérald Genty n’est pas un meilleur chanteur
que les autres et pas non plus un meilleur musicien. Pour ça, il ressemble aux
autres. Son truc à lui, c’est qu’il ne se prend surtout pas au sérieux. Et
qu’il manie et joue avec les mots d’une façon assez unique.
J’ai
découvert Gérald Genty la première fois en live, sans jamais avoir entendu une
seule chanson de lui auparavant. C’était un concert gratuit en plein air. Le
genre où le public en tongs et en short vient par curiosité voir de plus prêt
la tête de ce type qui chante là bas sur la scène. Et là, j’ai été carrément
bluffé par le personnage, seul sur scène, il enregistrait en direct ses parties
de batteries et de basse sur un séquenceur avant de les passer en boucle et d’y
ajouter sa guitare. Les chansons prenaient vie en temps réel, au milieu de ses
petits sketches pince sans rire et de ses jeux de mots à deux balles. Ce type
là avait déjà un vrai univers et une vraie personnalité. Le public (toujours en
tongs) ne comprenait pas trop ce qui se passait, mais moi j’étais au anges,
avec l’impression de découvrir un vrai artiste complet. Dans la foulée, j’avais
acheté Humble Héros (encore un jeu de
mot pas cher…) et j’y avais retrouvé toute la fantaisie et ce même second degré
que dégageait le concert. Jusqu’à cette photo de pochette avec ce bonnet de
bain des plus valorisants… Pour avoir un peu discuté avec Gérald Genty après
son concert, contrairement aux apparences et à la photo de pochette du Plus Grand Chanteur De Tout L’étang
(n-ième jeux de mot facile), je peux vous confirmer qu’il ressemble un peu à la
Damon Albarn (ça c’est pour les filles) et qu’il est fort sympathique (ça c’est
pour tout le monde).
Voici
venir aujourd’hui Le Plus Grand Chanteur
De Tout L’étang, deuxième album. Et à la question de savoir si Gérald Genty
allait réussir à se renouveler ou pas, la réponse est largement positive. Les
différences avec le premier opus sont assez nombreuses. Pour commencer, Gérald
Genty a fait un bel effort sur les mélodies. Les mots sont toujours
aussi importants mais cette fois ci la musique est moins oubliée et on se
surprend à fredonner souvent quelques chansons de l’album. L’autre nouveauté,
c’est les thèmes abordés, moins potaches que sur le premier album. Le gaillard
a mûrit et traite maintenant de sujets sensibles qui lui donnent l’occasion
d’écrire des chansons au charme doux amer qui lui vont vraiment très bien (Istanbul et le rouleau compresseur de la
mondialisation, Licence To Kill et la
lutte contre le terrorisme qui permet de justifier tous les excès ou Plaire qui parle de l'obsession de la minceur
avec une sensibilité rare). Mais il n’oublie pas pour autant ces chansons marrantes,
tendance bricolo, bourrées de jeux de mots et de second degré qui faisaient son
charme. Dans le genre, Mon Prénom C’est
Gérald, Pas Gérard est un petit chef d’œuvre hilarant dans lequel Gérald
Genty passe son temps à expliquer à qui veut l’entendre qu’il s’appelle Gérald
(et pas Gérard). Je ne peux pas m’empêcher de vous citer quelques passages
même pas pris au hasard :
dans Un Très Mauvais Steward « Je
f’rais un très mauvais steward, aussi blanc que du lait, j’aurais parfois des
renvois, et c’est pas beau les rots d’steward » ou dans Les Instruments « La guitare de John
est à vendre au couvent, mais ma carte bancaire déconne, et d’après les nonnes,
ma carte n’est plus bonne ». Désolé, moi ça me fait marrer…
Ce
deuxième album ne fait que confirmer la singularité de l’univers de Gérald (pas
Gérard) Genty. D'ailleurs, comme il tente de l'expliquer à une
commerçante dans le petit film (fort sympathique lui aussi) qu'on trouve sur le CD,
il fait plutôt dans la chanson qui ressemble à... rien. Totalement hors norme,
il occupe un terrain que personne d’autre que lui n’ose plus visiter,
celui laissé en friche il y a une éternité par un Bobby Lapointe par exemple.
Le Plus Grand
Chanteur De Tout L’étang est un de ces albums qu’on écoute d’abord
distraitement la première fois, avant de
tendre l’oreille pour finir par l’écouter avec attention pour ne louper aucun
détail. Un de ces albums dont la fraîcheur et l’inventivité vous
mettent en joie.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.geraldgenty.com
Et un petit film enregistré lors de son passage à Strasbourg (je crois) :
Y'm Reste Plus Qu'un Jour
© Copyright 2007 Why Not ?