Jeff Buckley : Complete Live At Sin-é
Titres
CD1
Be Your Husband
Lover, You Should've Come Over
Mojo Pin
Monologue - Duane Eddy, Songs For Lovers
Grace
Monologue - Reverb, The Doors
Strange Fruit
Night Flight
If You Knew
Monologue - Fabulous Time For A Guinness
Unforgiven (Last Goodbye)
The Twelfth Of Never
Monologue - Cafe Days
Monologue - Eternal Life
Just Like A Woman
Monologue - False Start, Apology, Miles Davis
Calling You
CD2
Monologue - Nusrat, He's My Elvis
Yeh Jo Halka Saroor Hae
Monologue - I'm A Ridiculous Person
If You See Her, Say Hello
Monologue - Matt Dillon, Hollies, Classic Rock Radio
Dink's Song
Monologue - Musical Chairs
Drown In My Own Tears
Monologue - The Suckiest Water
The Way Young Lovers Do
Monologue - Walk Through Walls
Je N'en Connais Pas La Fin
I Shall Be Released
Sweet Thing
Monologue - Good Night Bill
Hallelujah
DVD
Interview With Jeff Buckley
The Way Young Lovers Do
Kick Out The Jams
New Year's Eve Prayer
Ca commence avec un Be Your Husband à capella, juste une voix plus les pieds et les mains de Jeff Buckley pour créer le rythme. Et dès ce morceau, on sent déjà le public suspendu à ses lèvres, et nous avec, entre ciel et terre, en totale apesanteur. Quelque part, pas très loin du paradis. Là où Jeff Buckley se trouve probablement aujourd’hui. Dès ce morceau, on ne peut qu’être émerveillé par le talent hors norme du bonhomme, par la magie qui sort de ses cordes vocales. Lover, You Should've Come Over voit arriver les premières notes de guitares pour épauler cette voix toujours aussi proche et belle.
Voilà ce qu’est Live At Sin-é. Juste une guitare et une voix qui semble sortir tout droit de l’âme. C’est tout et c’est immense. Ce disque a été enregistré avant la sortie de Grace, qui restera le seul et unique véritable album de Jeff Buckley. Grace , le bien nommé, est un chef d’œuvre absolu. Le disque d’un vrai artiste en état de grâce. Un des plus beaux albums que je connaisse. Ce Live At Sin-é capture les premiers élans live et nous présente les chansons qui vont nous arriver plus tard en version studio. Ici, l’émotion est brute. Sans aucunes fioritures, sans aucun artifice d’aucune sorte. Juste un homme seul sur scène, juste une guitare et une voix.
Je suis d’accord, la sortie d’un nouveau disque de Jeff Buckley ressemblait de plus en plus à une arnaque, ces derniers temps. Mme Guibert, la mère de Jeff Buckley a en effet repris les rênes et a décidé de faire fructifier l’héritage laissé par le défunt fiston. Certains (dont elle) diront que c’est dans le but de satisfaire les fans, d’autres y verront surtout une habile façon de se faire de l’argent. La frontière entre les deux est en effet très mince. On a déjà connu ça avec la charmante Yoko Ono, veuve du regretté John Lennon. Et ces derniers temps, les fonds de tiroir ressemblaient vraiment à un détroussage en règle du vrai fan. Mais surtout, ne vous y trompez pas, cet album vaut vraiment le détour et passer à côté serait vraiment impardonnable.
Pour ceux qui suivent Jeff Buckley, une autre version de ce Live At Sin-é était déjà sortie en 1994. C’était à l’époque un mini album ne contenant que 4 morceaux. La version qui vient de sortir n’a rien à voir avec ça, puisqu’on a droit cette fois à l’intégralité du concert. On a même en plus un petit DVD contenant un extrait filmé du concert et une interview. Ce double album contient déjà donc toutes les chansons qui composeront Grace quelques mois plus tard, plus de nombreuses reprises d’origines très variées, puisqu’on trouve ici un Strange Fruit à fleur de peau, chanté à l’origine par billie holiday, le déjà cité Be Your Husband et un superbe If You Knew de Nina Simone où il arrive presque à nous rappeler la voix de la version originale, une version très personnelle du Night Flight de Led Zeppelin, Just Like A Women, I Shall Be Released, If You See Her et Say Hello de Bob Dylan. Il y a notamment un moment génial dans ce disque, où il demande à son public si il connaît Nusrat Fateh Ali Khan, chanteur Pakistanais qu’il considère comme son Elvis à lui. Le public se marre. Jeff Buckley commence à chanter en pakistanais, trémolos orientaux y compris. Le public est hilare, avant de se rendre compte que ce n’est pas une blague. Ils vont avoir droit à une chanson en pakistanais dans le texte, écrite par un chanteur dont ils n’ont jamais entendu prononcer le nom. Résultat, le public est scotché. C’était ça Jeff Buckley, l’art de faire taire toute réticence, tout avis contradictoire, par la seule force de son charisme et de sa voix. On trouve aussi une reprise aussi magistrale que délirante du The Way Young Lovers Do de Van Morrison, ainsi qu’un morceau d’Edith Piaf, Je N’en Connais Pas La fin, tout aussi beau et réussi. La dernière chanson de ce concert magique est le grand et bel Hallelujah de Leonard Cohen qu’on retrouvera plus tard sur Grace.
Live At Sin-é nous permet de passer un moment de communion simple et touchante avec un artiste qui allait bientôt devenir une légende. Le chanteur à l’unique chef d’œuvre, qui comme toutes les légendes, est mort avant d’avoir eu le temps de devenir médiocre. C’est bientôt Noël, faites vous un magnifique cadeau : soit vous avez déjà Grace, et dans ce cas offrez vous ce disque, sinon offrez vous Grace et surtout, faites le connaître. Si l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus beau pouvait être mise en musique, c’est à Grace qu’elle ressemblerait.
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