15 novembre 2004
Deux groupes musicalement aux antipodes l'un de l'autre, mais qui ont décidé au même moment de changer leur fusil d'épaule et de prendre des risques.
Death In Vegas : Satan's Circus
Titres
CD1
Ein Fur Die Damen
Zugaga
Heil Xanax
Black Lead
Sons Of Rother
Candie Mckenzie
Reigen
Kontroll
Anita Berber
Head
Come Over To Our Side Softly Softly
CD2 (Bonus Live)
Natja
Leather
Girls
Death Threat
Rekkit
Blood Yawning
23 Lies
Flying
Dirge
Help Yourself
Scorpio Rising
Hands Around My Throat
Il arrive qu’au cours d’une carrière, certains artistes se
répètent à l’infini, jusqu’au ras le bol généralisé, le leur et le nôtre.
D’autres cassent délibérément le moule pour explorer de nouvelles pistes. U2
par exemple, qu’on aime ou pas ce qu’ils font aujourd’hui, ont eu ce courage
là. Ils ont arrêté d’un seul coup d’exploiter un filon doré pour tenter autre
chose, au risque que leur public ne les suive pas. Radiohead a aussi osé ça,
avec le brillant résultat que l’on sait.
Les Death In vegas, pour en revenir à ceux qui nous
intéressent aujourd’hui, commençaient doucement à s’installer dans leur rôle de
groupe Electro aux frontières du Rock, allant de plus en plus chercher ses voix
et ses thèmes dans l’univers du Rock. A tel point que le petit dernier, le très
réussi Scorpio Rising, ressemblait
trait pour trait à un album de Rock des plus classique dans sa forme. Les Death
In Vegas se sont ils rendus compte qu’ils s’installaient dans un monde qui
n’est pas vraiment le leur ? Ou bien ont-ils eu peur de finir par tourner
en rond dans ces chansons, fort rémunératrices, mais au format de plus en plus
standardisé ? Toujours est il que Satan’s
Circus ressemble a un bon gros pavé dans la mare. Richard Fearless et Tim
Holmes ont aussi eu le courage d’envoyer balader la recette de leurs succès
passés. Pour moi qui aimais ce groupe justement pour sa musique Electro à la
dégaine Rock, le choc a été brutal. J’ai acheté ce disque les yeux fermés comme
les précédents, sans avoir rien entendu ni rien lu à son sujet, sûr d’y
retrouver ces mêmes perles. Ein Fur Die
Damen est un bon morceau Electro, sympa et plutôt agréable, typique d’un
instrumental de Death In Vegas. Passé ce premier titre, en toute logique,
j’attendais dans les morceaux suivants de retrouver le son et le style des
précédents. Rien de tout ça ! Pas un seul morceau chanté, peu de guitares
(noyées dans la trame sonore). Satan’s
Circus n’a que très peu de points communs avec ses prédécesseurs. Je dois
bien avouer que la première écoute m’a déçue, justement parce que je
m’attendais à autre chose. Mais comme je déteste me tromper sur l’achat d’un
disque et surtout parce qu’un bon groupe ne peut pas devenir mauvais du jour au
lendemain, j’ai décidé d’insister et de réécouter ce disque avec des oreilles
neuves et de ne pas attendre du Death In Vegas pur jus. Et finalement, j’ai
bien fait.
En fait, Satan’s
Circus est un pur album Electro. Une musique électronique toujours bien dans
l’esprit Death In Vegas, toujours aussi sombre, toujours aussi dérangeant. Mais
ici dépouillée, brute et nue. Cet album n’est fait que de boucles basées sur
des sonorités très simples. Les sons sont basiques, linéaires et les morceaux
sont très répétitifs. Ici, la moindre nuance ou la moindre variation ont leur
importance. C’est à la fois le problème et le petit miracle de ce disque. Soit
on n’a pas le temps ou pas l’envie de se plonger dans ces ambiances là et on
jette l’album. Ce que j’ai faillit faire. Soit on prend le temps d’y entrer et
là le voyage est mémorable. Ces instrumentaux hypnotiques finissent alors par
vous capter entièrement. C’est clair, Satan’s
Circus est un album à écouter, pas un disque à entendre d’une oreille en
faisant autre chose. Aucun morceau ne sort vraiment du lot (sauf le superbe Head, mais c’est un avis très personnel),
aucun single ne se dégage. Cet album est un tout qui doit s’écouter d’une
traite. En fait, dans l’esprit, il se rapproche assez du dernier Massive
Attack, assez aride et difficile au premier abord, mais tellement captivant
quand on se donne la peine d’entrer dans cet univers là. Du coup, je
comprendrais très bien que la plupart des gens n’aiment pas ce disque, y
compris les fans du groupe. Comme ça a été le cas pour le 100th Window de Massive Attack.
Pour tous ceux qui hésiteraient encore, sachez que
ce CD à tirage limité contient un autre disque qui justifierait presque à lui
seul l’achat de Satan’s Circus. Il
s’agit d’un enregistrement live capturé à Brixton qui contient une grosse
partie des meilleurs morceaux du duo, dont le désormais très connu Hands Around My Throat, utilisé dans une
pub récente pour un téléphone mobile. Un vrai régal, idéal pour faire le lien entre
le Death In Vegas qu’on connaissait et ce Satan’s
Circus.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
deathinvegas.co.uk
Green Day : American Idiot
Titres
American Idiot
Jesus Of Suburbia
Holiday
Boulevard Of Broken Dreams
Are We The Waiting
St Jimmy
Give Me Novacaine
She's a Rebel
Extraordinary Girl
Letterbomb
Wake Me Up When September Ends
Homecoming
Whatsername
Ce qui me fait rire depuis longtemps dans ce qu’on appelle
le Punk-Rock chez nos voisins d’outre atlantique, c’est le mot Punk. La plupart
de ces groupes là sont indéniablement Rock, mais ils ne sont pas plus Punk que
moi. C’est pas parce qu’on a une crête sur la tête qu’on peut se comparer à Sid
Vicious… Comme souvent là bas, tout est affaire de look, de forme. Le fond
importe peu. Le principal restant d’être juste assez provoquant pour réussir à
vendre des disques aux gamins sans trop froisser les parents qui leur donnent
leur argent de poche. Après tout faut bien vivre…
Depuis un bon paquet d’années Green Day fait partie de ce
mouvement là, au même titre que les Blink 182,
Limp Bizkit ou autres Offspring. Une musique facile, simple, rendre
dedans et à la pêche communicative. Bref, une musique agréable et facile
d’accès, capable de rassembler les foules sans faire réellement peur à
personne. Et puis voilà qu’arrive ce American
Idiot. Mais qu’est ce qui a bien pu passer par la tête de Green Day pour
nous pondre ça ? Un concept album en version Punk-Rock, vous imaginez
ça ? En tous cas, ils ont au moins le mérite d’être les premiers à avoir
eu l’idée. Alors forcément, American Idiot est le disque dont on parle partout en ce moment.
Bien sûr, dès qu’on parle de concept album, on a tous en mémoire de
pompeux et pénibles exercices de styles censés nous en mettre plein la vue et
qui finalement ne faisaient que nous gonfler. Que ceux qui aiment Green Day
depuis un bon moment se rassurent. On n’en est pas là. Et même si Billie Joe
Armstrong et sa bande ont un peu arrondis les angles et adoucis leur son sur
certains morceaux, American Idiot est
bel et bien le premier concept album Punk-Rock. Et franchement il fallait oser.
American
Idiot est l’histoire de trois personnages, rebelles évidemment,
qui servent surtout de prétexte à une critique (ou à une vision lucide, selon
le côté où on se place) de leur Amérique telle qu’ils la vivent aujourd’hui. Je
sais, c’est à la mode en ce moment, mais le fait d’avoir bossé puis accouché
d’un album aussi ambitieux que celui là permet de leur accorder au moins le
bénéfice du doute et de les imaginer réellement sincères. Et puis finalement
j’aurai presque envie de dire que ça importe assez peu. Le plus important ne
serait il pas par hasard que cet album soit bon ? Et bon, il l’est vraiment.
American Idiot ressemble à ce que
j’ai entendu de plus intéressant dans le Punk-rock made in USA depuis
longtemps. Outre le single American Idiot,
typique du style Green Day, association réussie de l’énergie et de
l’intelligence mélodique, on trouve dans ce disque d’autres perles Punk-rock du
meilleur cru (Holiday). Mais ce qui fait la différence et qui rend cet album
bien plus ambitieux que ses prédécesseurs, c’est un morceau comme Jesus Of Suburbia, chanson à tiroirs de
plus de 9 minutes. Ce morceau très ambitieux contient pas moins de 5 thèmes
différents qui s’emboîtent parfaitement pour former une superbe pièce musicale.
Pas une seconde d’ennuie, rien d’évident ou d’attendu. Ce morceau est une vraie
réussite. Et on peut aussi y découvrir les prémices q’une nouvelle facette de
Green Day, peut être pas forcément celle qu’on préfèrerait, plus proche de
Oasis que du Punk-rock. Boulevard Of
Broken Dreams ressemble à mon goût un peu trop au Wonderwall des frères
Gallagher. Bon morceau dans l’absolu, mais qui donne une fâcheuse impression de
déjà entendu ailleurs. Dans le même esprit Pop-Rock, Give Me Novocaine est bien plus personnel et réussi. Heureusement,
il y a toujours des bombes Punk dans le genre de St Jimmy, She’s A Rebel qu’on
ne peut surtout pas soupçonner de la moindre concession. Ce mélange des genres
donne un album très varié et absolument pas monotone. Mais surtout, l’atout
maître de ce American Idiot reste la
faculté de Green Day à écrire des mélodies qui restent en tête pour un bon
moment. Prenez Letterbomb, passez là
sur votre lecteur et vous comprendrez.
On trouve ensuite Homecoming plus loin sur le disque, un deuxième morceau plus
complexe aux thèmes variés qui dépasse lui aussi les 9 minutes (ça fait
forcément un peu long pour un morceau Punk). L’album se termine par un Whatsername qui pourrait à lui seul
résumer le son et le style de ce disque, début sans surprise, rythme standard
et agréable qui se termine en un crescendo sonique (sans jamais oublier la
mélodie) des plus réussis. En ce qui me concerne, il n’y a aucun doute, American Idiot est le meilleur album de
Green Day. Et par la même occasion un des très bons albums de l’année.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.greenday.com
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