15 septembre 2003
Nouvel arrivage tout frais cette semaine, avec le magnifique dernier album des américains de Grandaddy, la joie de vivre en version musicale des espagnols de Celtas Cortos et le dernier opus de Frank Black épaulé par ses Catholics.
Grandaddy : Sumday
Titres
Now It's On
I'm On Standby
The Go In The Go-For-It
The Group Who Couldn't Say
Lost On Yer Merry Way
El Caminos In The West
Yeah Is What We Had
Saddest Vacant Lot In All The World
Stray Dog And The Chocolate Shake
O.K. With My Decay
The Warming Sun
The Final Push To The Sum
Ceux là, si jamais vous veniez à les croiser dans une rue quelconque de leur port d’attache, jamais vous ne pourriez imaginer qu’ils sont les auteurs de ce disque. Prenez les deux barbus de ZZ Top, faites leur porter de vieux jeans fatigués et les inusables chemises à carreaux d’usage chez l’américain moyen, ajoutez leur quelques dizaines de kilos chacun et vous obtiendrez approximativement le look de quelques uns des membres de Grandaddy. Et pourtant, la musique qu’ils produisent n’a absolument rien à voir, ni avec ZZ Top, ni avec la Country à laquelle on pourrait s’attendre en les voyant. Grandaddy produit depuis un bon moment déjà des disques moelleux à souhait. Une sorte de Pop aérienne et délicatement produite. Une sorte de musique vieille d’une trentaine d‘année (on pense notamment aux Beatles, Alan Parson Project, la liste étant bien sûr non exhaustive) mais sans les rides, intelligemment remise au goût du jour par l’utilisation discrète mais omniprésente des synthés.
On sent d’ailleurs sur ce disque l’importance de la production, calculée, soupesée au gramme prêt. Chaque son est à sa place et pas ailleurs. Ca donne aux chansons une impression de plénitude carrément impressionnante. Des atmosphères en apesanteur. Si on ferme les yeux, on a l’impression de planer tranquille, au dessus des nuages et des soucis. C’est vraiment surprenant. La voix douce et mélancolique de Jason Lytle ne fait qu’ajouter au charme de ce disque. Je viens de découvrir Grandaddy et je dois avouer que je suis tombé sous le charme. D’un coup et tout entier. J’ai lu que l’album précédent, The Sophtware Slump, était une pure merveille et que celui ci est dans la même lignée, mais moins bon. Qu’est ce que ça doit être ! Si vous connaissez ce disque, merci de me donner votre avis.
En tout cas, Sumday me comble déjà amplement. Il y a sur ce disque une qualité mélodique incroyable. Chaque chanson est un petit bijou d’harmonie. La seule chose qu’on pourrait reprocher au groupe est d’évoluer en permanence dans une sorte de tempo moyen. Aucune saute d’humeur, aucune cassure de rythme. Ca pourrait lasser, mais étant donné la qualité des chansons, ce n’est pas le cas. Ca participe même au côté assez zen de l’album. Dès le premier morceau, on est happé par l’atmosphère de l’album et on n’en sort pas. Les morceaux se succèdent avec un égal bonheur. On a un peu l’impression d’être confortablement installé dans un train et de regarder le paysage défiler tranquillement sous nos yeux. C’est bien sûr un paysage vert tendre aux reliefs doux. Les plus beaux paysages de ce voyage ont pour noms I’m On Standby, Lost On Your Merry Way, Stray Dog And The Chocolate et son synthé intelligemment utilisé, OK With My Decay, et une mention toute spéciale au stratosphérique Yeah Is What We Want.
En un mot comme en cent, cet album respire la quiétude, la tranquillité et la beauté. On ressort de son écoute totalement apaisé, calme et souriant. Idéal après une sale journée de boulot. En fait, je crois que cet album est capable de rendre heureux, pendant un moment. C’est déjà énorme.
Pour plus d'informations, le site officiel :
www.grandaddylandscape.com
Celtas Cortos : C'est La Vie
Titres
C'est La Vie
Y Despues Qué ?
Baila
Soledad En Construccion
Como Saber
Archivoulouse
Alicia
Sin Papeles
Unos Dicen
Gaia
El Sueno Del Mono
Soy Lo Que Soy
C'est La Vie (Version Française)
Saviez vous qu’une partie de l’Espagne était une terre Celte ? La Galice et les Asturies, au nord-ouest de l’Espagne ont depuis longtemps une foule de groupes qui jouent de la musique celtique sous toutes ses formes, plus ou moins métissées. Les Celtas Cortos, originaires de Valladolid, font partie de ce petit monde depuis déjà de nombreuses années. Comme leur nom l’indique bien mieux qu’un long discours, leur musique est faite de la rencontre de deux cultures : celle des musiques celtes et celle de leurs racines espagnoles. Et aussi improbable que ça puisse paraître, le choc des deux cultures vu par les Celtas Cortos donne un bien beau résultat. Pour se représenter leur musique, il faut essayer d’imaginer une rencontre entre Manu Chao et les Pogues. Tout ce qu’il faut pour faire la fête, donc…
Durant leur 15 ans de carrière, ils ont eu le temps de nous offrir de nombreux albums. Et durant cette longue période, on a vu le style du groupe évoluer, notamment ces derniers temps où le style général est doucement passé du côté Celtas au versant Cortos. En un mot, les racines espagnoles prédominent. Mais il reste toujours largement assez d’étincelles celtes pour justifier leur nom. Pour preuve, le single C’est La Vie, que vous avez peut être entendu sur les radios, en version espagnole ou française (chantée par Pierre Le Bourdonnec du groupe Merzhin, invité sur ce disque et chroniqué sur ce site il y a quelques mois) est une sorte d’hymne à la Manu Chao. On ne peut pas s’y tromper, c’est bien d’Espagne dont il s’agit ici. Dès Y Despuès Qué ?, le deuxième morceau, c’est direction Cuba. Puis arrive Baila, le genre de chanson que les Pogues auraient pu composer. En bref, on voyage pas mal sur ce disque, mais tout ça sans pour autant jouer à saute-mouton entre les genres. Le groupe a suffisamment d’expérience pour arriver à mixer tout ça sans lourdeur.
Une chose frappe immédiatement à l’écoute de ce disque, c’est le don de ce groupe pour composer des mélodies qui restent en tête. Le genre que vous ne pouvez pas vous empêcher d’essayer de chanter. Et si comme moi vous ne parlez pas un mot d’espagnol, ça donne quelque chose d’assez minable. Mais bon, c’est pas grave, l’essentiel c’est de participer. Soledad En Construccion et Como Saber font partie de ces chansons où Espagne et musique celte savent cohabiter parfaitement pour nous donner un énorme bol d’air frais. Archivoulouse est un instrumental, comme je les aime, sachant parfaitement assembler grosse guitare et instruments traditionnels. C’est parfait.
L’ensemble du disque penche ainsi tantôt vers un genre ou l’autre avec facilité. Un autre constat est la qualité des chansons. Aucun remplissage ici, aucune chanson inutile, tout est du même niveau. C’est de plus en plus rare par les temps qui courent. Sin Papeles nous emmène du côté du Mexique, alors que Gaia arrive même à me rappeler certains morceaux de Johnny Clegg et que El Sueno Del Mono est un instrumental qui nous évoque les landes d’Irlande. C’est La Vie est un beau moyen de voyager pour pas cher. Avec les Celtas Cortos, vous êtes sûr de voir du pays. Des pays plein de lumière et emplis à ras bord de convivialité.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.celtascortos.net
Frank Black & The Catholics : Show Me your Tears
Titres
Nadine
Everything Is New
My Favorite Kiss
Jaina Blues
New House Of The Pope
Horrible Day
Massif Centrale
When Will Happiness Find Me Again ?
Goodbye Lorraine
This Old Heartache
The Snake
Coastline
Manitoba
J’ai toujours beaucoup de mal a parler objectivement de Frank Black en solo ou avec ses Catholics. Pour moi planera toujours l’ombre des Pixies. Une ombre tellement encombrante qu’elle finit toujours par cacher les éclats d’aujourd’hui, aussi brillants soient ils. Je dois avouer que je n’ai pas toujours suivi assidûment les album du bonhomme. La séparation des Pixies a correspondu pour moi à l’arrêt de mort d’un des meilleurs groupes de Rock de tous les temps. Tout simplement. Sûrement l’un des plus inventifs et imaginatifs qui soit. Le groupe qui en l’espace de quelques albums a réussi l’exploit de réinventer le Rock à guitares. Un groupe sans lequel Nirvana ou Radiohead, pour n’en citer que deux, n’auraient pas été ce qu’il ont été. Le talent du groupe était évident. Celui de Frank Black, qui se faisait encore appeler Black Francis à l’époque vous sautait au visage.
Peu importe ce qui a conduit au split du groupe. La seule chose importante est la séparation de ses différents membres. On a vu Kim Deal s’en sortir plutôt bien avec ses Breeders et on a vu celui qui est devenu Frank Black partir dans des aventures en solo, claironnant à qui voulait l’entendre que les Pixies c’était lui, et qu’il était capable de faire aussi bien tout seul. On a vu. Teenager Of The Year est un grand album, mais à part ça, ce que j’ai pu en entendre depuis ne m’a jamais vraiment emballé. Pourtant, j’avais envie de croire que la magie des Pixies tenait toute entière dans cet homme là. Mais il faut bien se rendre à l’évidence, ce n’est pas le cas.
Je suis donc très partial lorsque je parle de Frank Black. En fait, ces albums solo, avec ou sans les Catholics sont tout à fait honnêtes (en tous cas pour ceux que je connais). Chaque album contient son lot de pépites. Mais le temps de la prise de risque et du génie est bien révolue. Frank Black est un songwriter toujours aussi habile. Mais il ne nous offre plus maintenant que cette habileté.
Nouvelle tentative avec le petit dernier Show Me Your Tears, toujours avec les fidèles Catholics. Ca commence fort bien avec Nadine, sorte de Rockabilly tordu et sombre, suivi de près par Everything Is New, archétype de la chanson à la Frank Black, belle ballade qui saura vous émouvoir. Du beau boulot classique pour commencer. Tout comme le très Country My Favourite Kiss. On sort un peu des sentiers battus avec le nerveux Jaina Blues pour passer ensuite à New House Of The Pope, un vrai beau blues à l’ancienne. Retour vers la Country avec Horrible Day. Enfin un éclair, comme une réminiscence des Pixies avec Massif Centrale, pièce maîtresse et centrale (comme son titre semble l’indiquer) de ce disque. Ca me réconcilierait presque avec l’ami Frank. Par contre, la suite m’emballe nettement moins, avec notamment Goodbye Lorraine, sorte de Country à papa à oublier au plus vite. Heureusement, le très tordu This Old Heartache vient de nouveau souffler le chaud, tout comme le tubesque The Snake, beau petit missile Pop-Rock.. Coastline ressemble à du Neil Young pur jus, alors que Manitoba, que ne renieraient pas les Pogues, est là pour nous laisser au final une assez belle impression.
Frank Black a énormément mûri et évolué depuis les Pixies. Il ne sera jamais les Pixies à lui tout seul. Je pense qu’il s’est fait une raison depuis longtemps, menant plutôt bien sa barque discographique depuis la séparation. Dans l’absolu, Show Me Your Tears est un bon album un peu touche à tout, mais trop éloigné de ce que je souhaite entendre aujourd’hui pour avoir envie de m’y attarder plus longtemps. A vous de voir.
Pour plus d'nformations, le site d'un fan :
www.frankblack.net
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