Archives - Artistes - Accueil - Liens


14 novembre 2005


Cette semaine sur Why Not, vous avez droit au poison et à son antidote, à l'excitant et son calmant, à l'accélérateur et au frein. Bref, à tout et à son contraire.




Boards Of Canada : The Campfire Headphase



Titres

Into The Rainbow Vein
Chromakey Dreamcoat
Satellite Anthem Icarus
Peacock Tail
Dayvan Cowboy
A Moment Of Clarity
'84 Pontiac Dream
Sherbet Head
Oscar See Through Red Eye
Ataronchronon
Hey Saturday Sun
Constants Are Changing
Slow This Bird Down
Tears From The Compound Eye
Farewell Fire


Certains musiciens sont rares parce qu’ils font une musique tellement personnelle qu’elle en devient essentielle. D’autres musiciens sont rares parce qu’ils sortent peu de disques. Les écossais de Boards Of Canada font partie de ces deux catégories à la fois. Parce que leur Electro tellement belle et travaillée a influencé un paquet de gens (à commencer par Thom Yorke de Radiohead lui même) et parce que The Campfire Headphase n’est que leur troisième véritable album en 10 ans d’existence.
Autant dire qu’il était attendu par tous ceux qui étaient tombés amoureux de cette musique hors du temps et au-delà des genres. Et l’attente vaut le détour, parce que ce troisième album est une belle réussite. The Campfire Headphase n’est peut être pas aussi novateur que ses prédécesseurs (on n’est jamais vraiment surpris ni étonné), mais il dégage ces ambiances typiques du duo, qui font qu’on est incapable de classer cette musique, mais qu’on l’aime tout de suite. Et pourtant, la musique de Boards Of Canada a quand même pris le temps d’évoluer, peut être pas dans le ton, mais plutôt dans la texture des sons. Cette fois, les sons sont moins synthétiques. Au premier abord en tous cas, puisque les sons de guitares sont partout et semblent prendre toute la place. Mais des sons de guitares, retravaillés, triturés, repensés et réinventés. Chromakey Dreamcoat joue avec les limites d’une guitare presque désaccordée et Dayvan Cowboy contient tellement d’effets et de reverb que l’instrument en devient presque méconnaissable. Et ce ne sont que deux exemples pris au hasard du travail des deux acolytes. Encore une fois, leur génie d’inventeurs de sons et de créateurs d’ambiances est bien là. The Campfire Headphase nous entraîne dans un nouveau voyage à faire les yeux fermés, pour mieux apprécier ses paysages intérieurs. Leur musique est toujours aussi introvertie, aussi visuelle et cinématographique. Ca ressemble toujours autant à la BO d’un film que chacun de nous devra s’inventer en fonction de son humeur du moment. En ça, la musique de Boards Of Canada est passionnante, parce qu’on ne la ressent pas forcément de la même façon deux fois de suite.
Les tempos sont toujours lents et même lancinants parfois. On se retrouve souvent en train de flotter entre deux eaux ou entre deux courants aériens, selon son humeur du moment. Et puis surtout, on est toujours aussi admiratifs devant ces sons qu’on connaît déjà mais qui semblent toujours venus d’ailleurs, devant cette production qui tient parfois du miracle. Allez, prenons un morceau au hasard pour tenter d’expliquer la chose et de comprendre comment tout ça fonctionne : '84 Pontiac Dream fera bien l‘affaire. Le rythme pourrait être celui d’un morceau de Trip Hop, sauf qu’il est irrégulier, haché. L’ensemble repose sur des nappes de claviers classiques, mais au dessus de tout ça, on trouve une multitude de sonorités différentes qui s’entrecroisent, assemblées avec autant de délicatesse que de talent. Et c’est ça qui fait toute la différence et qui rend ce groupe si différent des autres. C’est cet art qui fait ressembler leur musique à de l’orfèvrerie musicale. Boards Of Canada est le roi de l’assemblage minutieux des sons et des climats. Je les imagine passer un temps fou à peaufiner un son, à essayer de changer un détail, puis un autre jusqu’à trouver l’équilibre parfait.
Tout ça pour dire que quand l’album sort, il n’est surtout pas le fruit du hasard, ni quelque chose d’approximatif. Et ce The Campfire Headphase est exactement comme ça. Et le plus beau, c’est que la complexité des morceaux fait que chaque écoute vous fait découvrir de nouveaux détails, de nouvelles couleurs que vous n’aviez pas forcément vues la fois précédente. Le genre de disque qui parait réellement inusable, parce qu’on n’arrive jamais à en faire le tour. A (re)écouter les yeux fermés, juste pour le plaisir de la (re)découverte.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.boardsofcanada.com




Nine Black Alps : Everything Is


Titres

Get Your Guns
Cosmopolitan
Not Everyone
Unsatisfied
Headlights
Behind Your Eyes
Ironside
Shot Down
Just Friends
Intermission
Southern Cross



L’avalanche du renouveau Rock continue. On a droit à tout, le pire comme le meilleur. Et comme d’habitude, on assiste à une bagarre transatlantique pour savoir qui de l’Angleterre ou des Etats-Unis va gagner la bataille. Et nous, on compte les points. Et pour être franc, l’Angleterre vient de marquer un point. Peut être pas un point décisif, mais un point qui vaut quand même son pesant de cacahuètes.
Parce que dans le genre qui aplatit l’auditeur, Nine Black Alps fait partie des meilleurs. Pas compliquée, leur musique va droit au but. Un minimum d’accords, un minimum de complications, mais un maximum d’efficacité. C’est un peu comme ça qu’on pourrait résumer la musique de ce nouveau groupe anglais. Get Your Guns suit tout droit la route tracée par un album nommé Nevermind, avec la même urgence et le même pouvoir de séduction. Cosmopolitan et Not Everyone ne font qu’enfoncer un clou qui pourtant ne demandait déjà plus rien. Dire que ce Everything Is est prometteur serait un peu léger. Il sonne déjà comme une confirmation. Et puis, comme il faut quand même un peu lever le pied de temps en temps, sinon ça risque d’être l’excès de vitesse, les Nine Black Alps se calment un peu avec un Unsatisfied qui résonne comme l’hymne Pop-Rock qu’un groupe comme Oasis cherche désespérément à écrire depuis un bon moment déjà. C’est limpide, évident et brillant. Ils disent eux même que tout ce qu’ils veulent, c’est faire des chansons qui font le plus de boucan possible, juste histoire de se faire entendre et de rompre un peu avec le Rock actuel qu’ils trouvent plus poseur qu’intéressant. A l’évidence c’est gagné sur ce terrain là. Mais pas seulement, parce que ces gamins là savent aussi faire dans la délicatesse comme Behind Your Eyes et surtout le brillant Intermission le prouvent. Pour l’instant, on a un peu l’impression que ces moments d’accalmie ne sont pas trop leur tasse de thé et qu’ils forcent un peu leur nature, juste pour aérer un peu leur musique. Mais un morceau comme Intermission laisse entrevoir des possibilités nouvelles que leur obsession actuelle pour les décibels pourrait cacher.
L’ombre de Nirvana plane évidemment sur ce Everything Is, mais c’est une ombre bienveillante et protectrice. Parce que les Nine Black Alps revisitent leur univers, pas comme des pilleurs de tombe, mais plutôt comme des enfants spirituels, respectueux, mais surtout morts de faim. Ils perpétuent l’histoire comme d’autres ont essayés de le faire avant eux, mais sans jamais vraiment réussir à garder la flamme intacte (The Vines et Serafin notamment). Cette fois, les étincelles crépitent de partout et la fraîcheur juvénile de chansons comme Ironside ou Just Friends, lancées à 100 à l’heure, abat tous les doutes. Et quand on sait que le groupe n’existe que depuis fin 2003, on ne peut vraiment pas dire que ce disque là soit calculé ou formaté. Les 4 de Nine Black Alps n’ont pas pris le temps de planifier quoi que soit. Ou plutôt on ne leur en a pas laissé le temps. Comme beaucoup d’autres avant eux, ils ont été trop vite dépassés par leur réputation naissante et les tonnes d’encre qui leur étaient consacrées dans la presse British. Everything Is est uniquement une affaire d’enthousiasme et l’album de quelques gamins plus doués que la moyenne. Alors comme à chaque fois, on peut se poser la question de savoir si l’histoire n’ira pas trop vite pour eux et si ils ont la tête suffisamment bien accrochée sur les épaules. Mais pour l’instant, puisque l’histoire des Nine Black Alps ne repose que sur l’urgence, courrez écouter ce Rock tout en puissance et en mélodie.

Voir la video de Not Eveyone avec RealOne Player
ici



Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.nineblackalps.net


© Copyright 2005 Why Not ?