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14 juillet 2003


Cette semaine, voici Tindersticks, une certaine idée du spleen romantique à l'anglaise, et Tryo, une certaine idée du Reggae revendicatif à la française.




Tindersticks : Waiting For The Moon

Titres

Until The Morning Comes
Say Goodbye To The City
Sweet Memory
4:48 Psychosis
Waiting For The Moon
Trying To Find A Home
Sometimes It Hurts
My Oblivion
Just A Dog
Running Wild



Ca fait déjà dix ans que les Tindersticks nous enchantent avec des albums tous aussi beaux dans leur inimitable style romantico-dépressifs. Le timbre de voix bas, profond et caressant du chanteur Stuart Staples y étant pour beaucoup. Si vous ne les connaissez pas encore, vous les avez peut être entendu malgré vous dans deux films de Claire Denis, dont ils ont réalisés la BO : Nénette et Boni, puis Trouble Every Day. Waiting For The Moon est le sixième album studio de ces anglais.
Pour vous les situer, ils se trouvent musicalement aux alentours de gens comme Leonard Cohen (surtout pour le timbre de voix profond), Divine Comedy, Nick Cave ou encore le dernier Bashung. Leur style est fait de morceaux aux tempos lents, langoureux et pour tout dire, carrément prenants. Le son est essentiellement composé d’instruments acoustiques : pianos, guitares et surtout de cordes en tous genres, violons, violoncelles, alto, etc… Ce qui ne fait qu’ajouter à l’atmosphère romantique et caressante de leurs musiques. Ajoutez à ça la belle voix de Stuart Staples et vous obtenez une sorte d’archétype de ce qu’on pourrait qualifier de musique romantique. C’est en tout cas comme ça que je me l’imagine. Je me trompe peut être.
Il y a en tous cas une chose sur laquelle je ne me trompe pas, c’est sur la qualité des albums des Tindersticks, réguliers et tous excellents. Celui ci confirme la règle établie depuis leurs débuts : on n’est pas déçu. On pourra éventuellement leur reprocher un certain immobilisme et un certain manque d’audace, mais qui penserait à demander à un groupe qu’il aime de changer quoi que soit ? Pas moi en tous cas. Je les apprécie tels qu’ils sont depuis leur premier album, même si on peut écouter ce premier album éponyme et Waiting For The Moon l’un derrière l’autre sans arriver à distinguer lequel a déjà 10 ans d’âge. Pour certains, ça peut être un défaut, mais en tous cas, ça prouve que leur musique passe tranquillement les années sans prendre la moindre ride.
Waiting For The Moon est encore une fois un disque plein de chansons délicates, magnifiquement produites et orchestrées, mais surtout une suite de morceaux emplit d’émotion, capables de vous arracher des frissons. Commençons par le commencement avec Until The Morning Comes, qui ouvre justement l’album dans un registre gorgé d’émotions. Say Good Bye To The City nous plonge dans un univers plus noir, très proche de Nick Cave. Sweet Memory est bien dans la lignée de ce qu’on connaît des Tindersticks, une chanson plus écrite et composée avec le cœur et les tripes qu’avec la tête. Le charme des chansons des Tindersticks est palpable plus par les pores de la peau que par le cerveau. C’est viscéral. Ils ont cette façon unique d’écrire des chansons qui vous touchent directement sans passer par la case analyse ou réflexion. 4 :48 Psychosis avec ses guitares saturées et son violon, est le seul morceau sortant des tempos lents qui tapissent la quasi totalité de ce disque. La chanson Waiting For The Moon et My Oblivion nous ramènent dans des contrés plus profondes et à nouveau très mélancoliques. Assurément les deux sommets de cet album. Sometimes It Hurts, en duo avec la chanteuse Lhasa De Sela est une autre grande réussite, tout comme Running Wild, sortant carrément des recoins sombres pour bondir enfin vers la lumière. Quand les Tindersticks se laissent aller à sourire (juste un peu), c’est magnifique.
Ce sixième album confirme donc le talent de ce groupe, dont on ne doutait déjà plus depuis longtemps. Waiting For The Moon est parfait pour découvrir les Tinderstincks. Il est beau et facile. Moins sombre et certainement plus varié que certains de ces prédécesseurs, il permet de découvrir le groupe sous son meilleur jour sans pour autant lasser les habitués. Ce disque me paraît être une bande son très appropriée pour les belles nuit d’été passées à regarder les étoiles.


Pour plus d'informations, le site officiel :
www.tindersticks.co.uk




Tryo : Grain De Sable

Titres

G8
Sortez-Les
Comme Les Journées Sont Longues
Pompafric
Si La Vie M'a Mis Là
Dans Les Nuages
Monsieur Bibendum
Serre-Moi
Ta Réalité
Récréaction
Ballade En Forêt
Désolé Pour Hier Soir
Apocalypticodramatic
J'ai Un But



Troisième album pour ce quatuor baptisé Tryo. Ils s’étaient fait remarquer en 1999 avec leur premier album intitulé Mamagubida. Un album au ton nouveau dans le paysage musical français. Un ton basé sur un Reggae totalement acoustique, chanté en français et à trois (belles) voix. Mais en plus du style musical, se sont les textes, incisifs et engagés qui avaient finis de convaincre que Tryo était un groupe à suivre de prêt. Ils ont ensuite enfoncé le clou en sillonnant le pays en tous sens, donnant des centaines de concerts. La scène étant l’endroit où ils sont le plus à l’aise, leur réputation a rapidement franchi les frontières de la confidentialité pour carrément exploser grâce au bouche à oreille qui a suivi. Faut qu’ils s’activent, leur deuxième album les avait vu se diversifier, visiter d’autres genres musicaux tout en gardant leur qualité principale, celle qui leur permet de balancer leurs idées aux travers de refrains à la bonne humeur communicative. Grain de sable est dans la lignée de ce deuxième album. La diversification et les expériences musicales continuent, les revendications et la bonne humeur restent.
Ce qui frappe en tout premier lorsqu’on écoute Tryo, c’est la qualité du chant. Les voix des trois chanteurs du groupes se marient ou s’entrecroisent idéalement. Quand en plus, ces voix sont posées sur de bonnes musiques, c’est forcément bon. Les textes sont toujours aussi revendicatifs et tranchants, mais ils étendent leur terrain de chasse en passant de la vie de tous les jours à des sujets plus universels. G8 est un bon coup de pied dans la réunion du même nom. Sortez Les tape sur la télé, reine de l’abrutissement de masse. Pompafric s’attaque en direct aux divers dérapages français dans nos ex colonies africaines. Comme je vous le disais, les thèmes abordés sont très divers, mais toujours revendicatifs. Vous avez l’impression que Tryo tape un peu sur tout ce qui bouge, sans distinction, la seule chose importante étant de taper. C’est un peu vrai, mais ce qui les sauve, c’est le ton distancié avec lequel ils parlent de tout ça, c’est l’humour omniprésent sur toutes les chansons ou presque. En plus, ils donnent l’impression de croire à ce qu’ils disent, et ils le disent bien, alors ça passe facilement et le message est reçu cinq sur cinq. L’impression ressentie après avoir écouté ce disque est un sentiment d’insouciance et de légèreté, en un mot, l’exact contraire du contenu des paroles. C’est dans cet équilibre difficile, mais qu’ils maîtrisent à merveille, que se trouve l’originalité et la force de Tryo.
Les morceaux sont pour la plupart basés sur ce bon vieux Reggae, mais pas seulement. Depuis Mamagubida, le quatuor s’est ouvert vers l’extérieur et a su enrichir sa musique. Je trouve le résultat de cette évolution plutôt réussi dans l’ensemble, même si on s’approche parfois dangereusement de la variété à la française, comme dans Monsieur Bibendum qui me donne l’impression d’entendre un vieux morceau de Pow Wow. Certes, vocalement c’est parfait, mais bon… Mais à part ça, l’album baigne dans une belle ambiance, avec en tête la chanson Désolé Pour Hier Soir, l’une des rares à ne pas aborder un sujet grave. C’est une véritable bombe. Un bon Reggae avec des paroles à hurler de rire et à reprendre en chœur autour d’un feu de camp. Rien que pour ce morceau, Grain De Sable vaut le détour. Pour la petite histoire, il paraît même que c’est comme ça que le groupe s’est rencontré, autour d’un feu de camp avec quelques guitares. Constatant que leurs goûts musicaux allaient dans le même sens et que leurs voix s’accordaient plutôt mieux que la moyenne, ils ont décidé de tenter l’expérience Tryo. Bien leur en a pris.
En fait, Tryo ne ressemble a personne d’autre dans la scène musicale française. Ils ont créés leur propre style musical et leur talent d’écriture éclate vraiment sur chaque morceau. Tout ça devrait leur permettre d’aller encore plus loin. En attendant, gouttez donc à cet album et essayer de les voir sur scène, c’est apparemment là que se trouve leur habitat naturel.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.tryo.com





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