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13 juin 2005


Contrastes cette semaine, avec un groupe dont on n'attend surtout pas qu'il change et un autre dont on espère tout, sauf la routine.




Turin Brakes : Jack In A Box



Titres

They Can't Buy The Sunshine
Red Moon
Forever
Asleep With The Fireflies
Fishing For A Dream
Road To Nowhere
Over And Over
Last Clown
Above The Clouds
Building Wraps Round Me
Jack In A Box
Come And Go


La musique des Turin Brakes fait partie de ces musiques dont on n’attend pas qu’elles se renouvellent, dont on n’attend surtout aucune surprise. Donc forcément, on se fait à l’idée de retrouver à chaque disque le même son et le même plaisir. Parce que depuis leur premier album, j’ai toujours un vrai plaisir à retrouver la musique de ces deux anglais là. Leur Pop matinée de Folk est ce qui ce fait de plus harmonieux, de plus gracieux et beau dans le genre. Les voix de Olly Knights et Gale Paridjanian s’accordent toujours aussi bien. Les duos de chanteurs sont assez rares et quand en plus les deux voix semblent être nées pour se marier, c’est forcément encore plus beau. C’est simple, depuis Simon et Garfunkel (dans un genre différent quand même), je n’ai pas le souvenir d’avoir entendu plus parfait accord. Parce que ce qui frappe toujours à l’écoute des Turin Brakes, c’est la beauté et la complémentarité des voix, encore plus que leur musique, pourtant très belle elle aussi.
Jack In A Box est donc la troisième occasion de croiser la route de ce duo qui ne ressemble à personne d’autre. Et comme prévu (et attendu), rien n’a vraiment changé. Si évolution il y a, elle n’apparaît que par petites touches, que par doses homéopathiques. En fait, Jack In A Box est très proche de The Optimist Lp, leur tout premier album. Disque pour lequel j’avais eu un coup de foudre immédiat et durable. On retrouve ici les mêmes harmonies à tomber par terre, cette même sérénité, ce même bonheur d’être là, eux en train de jouer leur musique et nous en train de les écouter. Turin Brakes c’est aussi simple que ça. Mais si le fond de leur musique n’a pas changée (toujours ces mêmes guitares claires), la forme a quand même évoluée. Les orchestrations sont souvent plus ambitieuses, plus travaillées que par le passé. Et on trouve aussi quelques échappées vers le Rock. Et ils sont tout aussi à l’aise quand le tempo s’accélère. Mais ici tout commence par un nouveau classique des Turin Brakes, They Can’t By The Sunshine est un éclat de soleil. Un pur moment de bonheur. Il y a quelques semaines, je vous disais que les Sunday Drivers devaient être votre album de l’été. J’y ajouterai aujourd’hui les Turin Brakes, tellement cette musique là sent la joie de vivre et vous donne le sourire. Et Red Moon, première échappée très réussie vers le Rock est bien le genre de chanson à écouter les cheveux au vent sous le soleil. Une sorte de Surf Folk ( ?) du plus bel effet où les voix vous caressent dans le sens du poil. Et puis arrive ensuite une autre spécialité des deux potes, la ballade acoustique qui vous remue le coeur. Forever est un autre moment magique, simple, gracieux. Là où les autres s’embourbent dans les larmes, eux s’en sortent avec les honneurs et les félicitations du jury. Asleep With The Fireflies est de ces morceaux où on sent que le groupe évolue par petites touches. Cette chanson là est probablement ce que le groupe a produit de plus décalé par rapport à ce qu’on attend d’eux. Aussi étonnant que ça puisse paraître, ici on n’est vraiment pas loin d’un Jamiroquai quasi acoustique. Et là encore, ça passe tout seul, sans heurts.
Et puis à partir de ce moment là, les Turin Brakes semblent avoir fait le tour de leurs innovations. Fishing For A Dream et les chansons suivantes sont bien dans la lignée de ce qu’on connaît déjà d’eux, ce qui n’est surtout pas un reproche. C’est juste qu’à l’écoute des premiers titres du disque, on s’était pris au jeu et on avait commencé à aimer ce Turin Brakes un peu plus aventureux. Les morceaux forts existent toujours, comme ce Last Clown aux vocaux funambules ou ce Jack In A Box où on sent les deux guitaristes s’éclater. Jack In A Box est donc un excellent retour et surtout un beau retour aux sources de ce duo, puisqu’il ressemble à une suite directe de The Optimist Lp. J’ai lu que contrairement à Ether Song, cette fois ils n’avaient pas essayés de changer à tout prix, mais juste de faire la musique qui leur venait au bout des doigts, sans préméditation. Et ça donne une musique tellement belle, lumineuse et précieuse, qu’on n’a vraiment aucune envie de leur en demander plus. Pas la peine de demander la lune à un groupe qui nous offre déjà le soleil et les étoiles en prime.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.turinbrakes.com



Gorillaz : Demon Days


Titres

Intro
Last Living Souls
Kids With Guns
O Green World
Dirty Harry
Feel Good Inc.
El Manana
Every Planet We Reach Is Dead
November Has Come
All Alone
White Light
Dare
Fire Coming Out Of The Monkey'S Head
Don'T Get Lost In Heaven
Demon Days



Jeu de mots ou pas jeu de mots ? Parce que ce groupe là à beau être le plus virtuel de tous, sans visage et sans chair, on sait pourtant bien qui se cache derrière les personnages tendance mangas de la pochette du disque (œuvres de Jamie Hewlett). Gorillaz n’était peut être au départ qu’un moment sympathique partagé avec d’autres musiciens et producteurs. Rien de plus qu’une expérience un peu défouloir. Mais tout le monde y a pris tellement de plaisir, que ça devient une affaire qui dure. Ce qui ressemblait trait pour trait à des vacances musicales entre amis est apparemment devenu un projet solide. Sinon, ce deuxième album n’aurait jamais existé. En fait, c’est surtout devenu le side-project de Damon Albarn. Il a cette fois ci changé de copain de jeu, en changeant de producteur. Et du coup, la différence qui saute aux oreilles est que ce Demon Days est vraiment la chose du leader de Blur, tellement son style et sa voix sont présents. Ca ne ressemble plus trop à un divertissement entre amis.
Il faut dire que le succès colossal du premier Gorillaz a surpris vraiment tout le monde, à commencer par Damon Albarn lui même. Alors quand on a réussi à créer un si beau jouet, il est toujours dommage de le jeter aux orties après une seule utilisation. D’où l’envie de faire une suite. Et puis surtout, bien que Blur se soit éloigné des rivages Brit’ Pop de sa jeunesse pour devenir un groupe bouillonnant d’idées (cf le génial Think Tank), il reste malgré tout une sorte de carcan, des règles et un format à respecter. Ca doit quand même toujours ressembler à du Blur…Connaissant la boulimie et la curiosité musicale de Damon Albarn, Gorillaz est donc l’outil idéal pour reculer les limites et partir dans toutes les directions. Peu d’artistes rencontrent un jour l’opportunité de laisser libre cours à toutes leurs envies. Damon Albarn connaît ce luxe là. Et en plus, la notoriété de Gorillaz lui assure presque le succès par avance. La vie est belle.
Maintenant, il y avait aussi des raisons d’attendre ce deuxième opus au tournant. La fraîcheur et la liberté de ton du premier album n’allaient elles pas avoir disparues ? La bonne nouvelle, c’est que non. Demon Days est tout aussi novateur et enthousiasmant que son prédécesseur. Et surtout, encore plus que sur le premier album, il apparaît évident que Damon Albarn est à la recherche de la synthèse idéale, celle qui rassemblerait tous les courants musicaux actuels sans les noyer dans la masse. Une sorte de Pop-Groove universel capable de plaire à tout le monde, de votre petite sœur à votre père. Et tout ça, sans laisser de côté les vrais fous de musique que nous sommes. Bel objectif. Pas loin d’être atteint en plus. Demon Days est un festin musical comme on en entend peu. On apéro, on a droit à quelques petits uppercuts (White Light), quelques hors d’œuvres légers plus tard (Dare, Last Living Souls, Kids With Guns), on attaque les plats principaux avec quelques morceaux de bravoures qui empruntent tantôt à la meilleure Pop (O Green World, Dirty Harry, Feel Good Inc.), tantôt au groove le plus moite (Every Planet We Reach Is Dead, November As Come, All Alone). Et même si ce Demon Days est nettement plus orienté Pop que son prédécesseur, on trouve toujours dans les chansons de Gorillaz ce mélange des genres qui semble devenir une marque de fabrique. L’invention est partout, l’imagination est au pouvoir. Et c’est un régal permanant. Le Think Tank de Blur faisait partie des meilleurs et des plus passionnants albums de 2003, le Demon Days de Gorillaz suivra le même chemin en 2005.
Doucement mais sûrement, Damon Albarn est en train de devenir un des défricheurs sonores les plus indispensables de son temps. Définitivement, le jeu de mots existe : on peut facilement remplacer Demon Days par Damon Days, parce que vraiment, l’avenir lui appartient.


Pour plus d'nformations, le site officiel, absolument génial et aussi inventif que le CD :
www.gorillaz.com



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