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13 février 2006


Quand Coldcut pense juste à écrire des chansons, ça donne un des tout meilleurs albums Electro de ce début d'année pendant que certains autres, comme Sylvain Chauveaux enlèvent la couche éléctronique et l'électricité pour ne garder que l'essentiel.




Coldcut : Sound Mirrors


Titres

Man in a garage
True Skool
Just For The Kick
Walk A Mile In My Shoes
Mr Nichols
A Whistle And A Prayer
Everything Is Under Control
Boogieman
Aid Dealer
This Island Earth
Colours The Soul
Sound Mirrors


Le duo Coldcut (alias Jonathan Moore et Matt Black, fondateurs du label Ninja Tunes) a toujours eu un train d’avance sur le reste de la troupe. Un don de visionnaire, du genre qui devine avant tout le monde a quoi va ressembler la musique de demain. Et qui en plus arrive à la créer en même temps qu’ils l’imaginent. A tel point que c’est parfois difficile à suivre sur le moment. Un nouvel opus de Coldcut est donc forcément un grand moment. Pas un disque de plus, mais une petite fenêtre qui s’ouvre sur l’avenir. Juste avant la sortie de ce Sound Mirrors, j’en ai profité pour réécouter Let Us Play sorti en 1997, juste pour me remettre dans l’ambiance et pour vérifier tout ça. Et j’ai tout de suite regretté de ne pas avoir écouté ce CD plus souvent, tellement chaque morceau est inventif et frais, tellement les idées fusent dans tous les sens et inventent de nouveaux mondes musicaux. Un disque tellement frais qu’il semble avoir été écrit hier. Et puis surtout, il y a sur cet album un titre appelé Timber, qui pour moi reste encore aujourd’hui ce qui a été fait de mieux dans l’art de sampler les sons, de les réinventer pour leur donner un autre rôle et une autre dimension. Une sorte de mètre étalon dans le genre. Dix ans d’avance sur le reste du monde.

Oui mais voilà, Sound Mirrors n’est pas de cette race là. Cette fois, Coldcut a construit un album très consensuel, truffé d’invités prestigieux dont les voix collent parfaitement aux morceaux qui leur ont été choisis. Un disque capable de vraiment plaire à tout le monde ou plutôt un disque où tout le monde pourra trouver son bonheur. Cette fois, Coldcut s’est contenté d’écrire des chansons et de créer des ambiances « abordables ». Ici, pas de collages expérimentaux, pas de bricolages risqués. Ou pour être plus exact, dans Sound Mirrors, les collages sont toujours là, toujours aussi inventifs et magnifiquement réussis, mais ils ne sont plus mis en avant, ils sont là pour être au service des chansons, en toile de fond. Ce qui donne à chaque chanson une couleur vraiment à part. Cette fois si, Coldcut n’a peut être plus 10 ans d’avance, mais quel régal ! Quand ce duo là décide d’être abordable et « commercial », ça donne simplement un des tous meilleurs albums de l’année. La non plus, ils ne risquent pas d’être rattrapés par les autres.

Ce Sound Mirrors est une sorte de supermarché musical. On y trouve de tout, pour tous les goûts. Il n’y a qu’à tendre la main pour piocher ce qu’on aime. On visite les extrêmes, du Rock (avec Jon Spencer) sur Everything Is Under Control au mélange Trip Hop / R'n'B (avec Robert Owens) sur Walk A Mile In My Shoes, en passant par le Hip Hop avec True Skool (avec la voix de Roots Manuva). La liste est loin d’être exhaustive. Et tout ça avec une élégance et une classe impressionnante. C’est bien simple, sur Everything Is Under Control  et This Island Earth, Coldcut en arriverait presque à me faire aimer le R’n’B, c’est dire ! Le plus grand talent de Coldcut sur cet album est justement d’avoir réussi à faire passer au second plan son inventivité et ses idées nouvelles (ou plutôt de les avoir rendues faciles d’accès) et de s’être « contenté » d’écrire des chansons. L’écoute de Sound Mirrors est un plaisir à chaque fois renouvelé. Man In A garage est une merveille de délicatesse Electro-Pop, Mr Nichols est un des moments de grâce de cet album, avec son texte dit par Saul Williams, juste posé sur des volutes électroniques. Génial, carrément. Tout comme le titre Sound Mirrors, autre moment rare, un des quelques morceaux purement Electro, sans voix invitée. Là, on retrouve tout le talent d’inventeur musical de Coldcut, sans camouflage.

Ce disque là a un mérite immense, celui de rendre accessible à tout le monde la musique de Coldcut. Alors forcément, ceux qui adorent Coldcut depuis longtemps pour leur côté défricheur vont parler de trahison commerciale, de disque mineur, etc… Mais je persiste à dire que ce disque là est un de leurs meilleurs, parce que cette fois, ils ont su mettre leur talent et leurs idées au service des autres. Ce qui n’est pas forcément plus facile que d’essayer d’innover dans son coin. Et je continue aussi à penser qu’ils ont toujours quelques années d’avances sur les autres. Mais cette fois, c’est juste en terme de talent musical pur.



Pour plus d'nformations, le site officiel : www.coldcut.net




Sylvain Chauveau : Down To The Bone

Titres

Stripped
The Things You Said
Home
Policy Of Truth
Death's Door
(Enjoy) The Silence
In Your Room
Blasphemous Rumours
Freelove
Never Let Me Down Again
Enjoy The Silence


Depeche Mode est sûrement un des groupes qui croule le plus sous les hommages en tous genres, les albums tribute ou les reprises. Et tout ça est fait par les gens les plus divers et dans des styles musicaux aux antipodes les uns des autres. Preuve que la musique de ce groupe là a influencée énormément de musiciens actuels dans tous les courants du Rock et de la Pop. Le dernier en date est français et s’appelle Sylvain Chauveau.

Les fans du groupe auront reconnu cette petite phrase tirée de Stripped et qui donne son titre à cet album. Down To The Bone est un titre qui colle parfaitement avec l’entreprise de Sylvain Chauveau, avec ce qu’il a voulu faire. Contrairement à beaucoup d’autres albums du même genre, lui a décidé de déshabiller les chansons du groupe, de ne garder que l’essentiel. A savoir les mélodies superbes et les ambiances noires. Aucune percussion, aucun battement rythmique. Juste quelques instruments acoustiques et une voix nue pour continuer à faire battre le cœur des chansons. Et c’est magnifique. Triste aussi. Infiniment triste même, pour certains titres. Il faut croire que Sylvain Chauveau a été vraiment marqué par Depeche Mode, que ce groupe là a profondément influencé son adolescence et ses débuts musicaux. On ne fait pas un disque comme celui là sans une vraie et profonde admiration.

Les chansons choisies ici couvrent une large période de la vie du groupe, de 1984 à 2001 et sont pour la plupart assez connues, à part le plus rare Death'S Door. Une période où le style des chansons a profondément changé (écoutez donc les versions originales de Blasphemous Rumours et Policy Of Truth). Par son parti pris acoustique et son travail d’épure, Sylvain Chauveau a réussi à donner une parfaite cohérence à toutes ces chansons d’âges et de styles très différent. Les chansons d’origine, marquées par le style caractéristique d’une époque, deviennent ici complètement intemporelles. Et il ne reste que leur beauté propre. Quand il ne reste qu’une voix, quelques cordes et un piano, c’est forcément difficile de tomber dans le piège de la facilité. Ca ne laisse pas non plus de place à l’erreur. Avec si peu de matière, quand c’est raté, ça s’entend. Sur certains titres, la réinterprétation de Sylvain Chauveau donne carrément le frisson (The Things You Said et ses instruments qui donnent l’impression d’être juste effleurés, un Policy Of Truth léger comme une plume, In Your Room où le violoncelle donne une vision déchirante de cette chanson, un Blasphemous Rumours d’une délicatesse incroyable et un Never Let Me Down Again au piano solitaire qui donne la chair de poule), sur d’autres, on pourra trouver le tempo trop lent où l’orientation un peu superficielle (Freelove notamment). A trop vouloir fluidifier et dénuder, Sylvain Chauveau n’évite pas toujours le piège de la superficialité. Certains titres y perdent un peu de leurs qualités d’origine. Ils restent beaux, mais ils en deviennent presque transparents, sans la moelle originelle. Mais j’ai l’impression que c’est surtout une affaire de goût. La version de Enjoy The Silence ne m’emballe pas et pourtant j’en connais qui la trouve superbe. Mais la grande majorité des titres présents ici sont de vraies réussites qui semblent donner aux chansons encore plus d’épaisseur en leur faisant perdre du volume. J’allais oublier de parler de la voix de Sylvain Chauveau, parfaite et pile dans l’ambiance, avec un timbre qui se situe entre ceux de Martin Gore et Dave Gahan.

Down To The Bone est le disque hommage d’un vrai fan de Depeche Mode. Un disque qui ressemble à un cadeau fait à tous les autres fans du groupe. Et ça fait du monde.



Pour plus d'nformations, le site officiel : scnet.free.fr


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