Archives - Artistes - Accueil - Liens


13 janvier 2003


Le calme avant la tempête...

Je ne sais pas encore de quoi la chronique de la semaine prochaine sera faite, mais cette semaine j'ai décidé de faire une pause. Un petit break dans l'agitation ambiante. Un peu de calme avant une suite qui le sera peut être moins. Trois albums très différents les uns des autres, mais trois façons identique de faire une musique intimiste qui vous prend par les sentiments et ne vous lâche plus.



Coldplay : A Rush Of Blood To The Head

Titres

Politik
In my place
Got put a smile upon your face
The scientist
Clocks
Dayligth
Greeen eyes
Warning sign
A whisper
A rush of blood to the head
Amsterdam



Mon premier contact avec Coldplay a été une sorte de coup de foudre instantané. J'étais chez moi, et comme souvent, la télévision était allumée sur une chaîne musicale en fond sonore. Je n'y prêtais pas particulièrement attention. Et puis, comme cela arrive parfois, un son, une mélodie, sont venus chatouiller mon oreille. Jamais entendus auparavant. A coup sûr, c'était de la pop anglaise, nostalgique comme je l'aime. Une mélodie qui entre dans votre esprit et n'en sort plus. Un morceau pop quasi parfait. A l'image, on voyait un jeune type (le chanteur, Chris Martin) marcher sur une plage sombre, battue par le vent et une pluie apparemment glaciale. Un visuel qui collait parfaitement à l'ambiance du morceau. Ce morceau, c'était " Yellow ", impérial premier single du groupe, qui précédait l'album " Parachutes ", que je suis bien sûr aller acheter d'urgence. Pour moi, dès cet album, Coldplay m'a semblé être le groupe le prometteur de la pop anglaise. En attendant la suite…
La suite est arrivée fin 2002 et elle a pour nom " A Rush Of Blood To The Head ". Et elle mérite largement qu'on y prête une oreille. Autant " Parachutes ", premier album d'un groupe encore en devenir, avait quelques faiblesses, quelques baisses de rythme, autant celui ci est l'œuvre de musiciens déjà matures. Ils ont dépassé l'âge des promesses pour devenir dores et déjà un groupe majeur. Ce disque a la carrure pour devenir un classique. Carrément. Il a cette magie immédiate, cette faculté à vous emporter ailleurs et surtout, au retour du voyage, à vous déposer en douceur, le sourire au lèvre, plus heureux qu'avant. Comment une musique aussi ouvertement peu joyeuse que celle ci peut elle produire cet effet ? Mystère. Dans le genre album triste mais incroyablement beau, ce disque n'est pas sans me rappeler le Cure période " Seventeen Seconds ". Je choisi volontairement une comparaison haut de gamme car je me répète, ce disque fera date.
Et pourtant ce disque a failli ne jamais voir le jour, en tout cas pas sous sa forme actuelle. En effet, au moment d'entrer en studio pour l'enregistrer ils se sont rendus compte que les chansons écrites depuis un an n'étaient pas du niveau espéré. Ils ont failli tout laisser tomber, pour ensuite décider de jeter aux ordures les morceaux prévus et d'écrire dans l'urgence la quasi totalité de l'album directement dans le studio, en quelques semaines. Et d'après Chris Martin, le fait de s'être retrouvé dos au mur a réveillé leur créativité et a accouché du grand album que voilà.
La différence majeure par rapport à l'album précédent est l'épaisseur nouvelle qu'ont pris leurs chansons. Auparavant un peu diaphanes, leurs chansons ont pris de la consistance et des couleurs nouvelles. Outre la beauté des mélodies, c'est aussi la douceur et la fragilité apparente du chant de Chris Martin qui ressort et charme le plus. Par moment, sa voix fait un peu penser à celle de Richard Ashcroft ou Ian McCulloch de Echo & The Bunnymen. Et encore une fois la comparaison n'est pas fortuite, car même s'il n'est crédité d'aucun texte ou d'aucune musique, Ian a été présent tout au long de l'enregistrement, tel un grand frère qui aide à suivre la bonne direction. Et l'esprit de Ian McCulloch flotte en permanence sur ces chansons, par la voix, par le phrasé, par quelques sons ou mélodies qui rappellent Echo. Mais aucun plagiat la dedans. Coldplay n'a pas copié par dessus l'épaule de son illustre aîné. Coldplay a fait un album imprégné de l'esprit. Tout le reste leur appartient en propre. Leur talent évident fait le reste. A l'écoute de " In My Place ", 1er single tiré du disque, on ne peut qu'en être convaincu. " The Scientist ", mon préféré sur ce disque et dernier single en date est une merveille d'harmonie a découvrir d'urgence.
En fait, Coldplay a toutes les qualités pour devenir le groupe énorme de demain. Alors découvrez les maintenant, pendant qu'ils sont encore abordables et pas encore surmédiatisés.


Pour plus d'nformations, leur site officiel :
www.coldplay.com





Beth Gibbons & Rustin Man : Out Of Season

Titres

Mysteries
Tom The Model
Show
Romance
Sand River
Spider Monkey
Resolve
Drake
Funny Time Of Year
Rustin Man



Je suis sûr que le nom " Portishead " vous évoque quelque chose. De beaux souvenirs qui remontent à quelques années déjà. Un album majeur, " Dummy ", un single qu'on n'oubliera pas de sitôt " Glory Box " et surtout une voix d'une chaleur incroyable. La voix de Beth Gibbons.
" Talk Talk ", ça doit aussi rappeler des choses à certains d'entre vous. Le nom de Paul Webb ne vous dit peut être pas grand chose, mais c'est celui de l'ancien bassiste de ce groupe phare des 80's. Le Rustin Man de l'album, c'est lui.
Cet album est le résultat de la collaboration de ces deux personnages. Et ça nous donne un recueil de chansons intimes et acoustiques à souhait. Très peu d'instruments électriques dans les 10 morceaux proposés ici, juste la basse peut être et quelques bruitages électroniques ici ou là. Juste divers pianos, guitares, harmonicas, batteries effleurées et quelques cuivres. Ca n'a donc pas grand chose à voir avec le Trip Hop de Portishead. On a ici des morceaux beaucoup plus introspectifs et sombres. D'accord l'ambiance n'est pas à la franche gaieté, mais le résultat est carrément sublime. Et je mâche mes mots. Les ambiances musicales simples et calmes sont idéales pour porter et magnifier la voix de Beth, on a déjà pu s'en rendre compte avec Portishead. Là, le dépouillement extrême des morceaux ne fait qu'accentuer la chose. La voix devient le principal instrument, le plus beau, le plus dangereux aussi. En écoutant chanter Beth Gibbons, on a en effet toujours l'impression qu'elle est une équilibriste à la recherche permanente du point de rupture. Sa voix habitée dégage une tension d'une intensité rare. Elle dégage également une beauté envoûtante, hypnotisante. A vous donner le frisson.
Ecoutez donc " Mysteries " pour vous en convaincre. Un simple arpège de guitare ultra-sobre, quelques chœurs discrets et une voix . C'est à tomber par terre tellement c'est beau. Dans la même veine, il y a "Show" (c'est l'extrait de cette semaine), avec ses quelques notes de piano et de contrebasse et la voix jazzy de Beth. Les trois premiers titres ne sont qu'une suite de purs moments de grâce. Tout l'album est à l'avenant, dans ce style un peu triste et dépouillé. On dit qu'on ne raconte pas d'histoire intéressante en parlant du bonheur des gens. Dans le même ordre d'idée, j'ai toujours été persuadé que les plus belles chansons étaient des chansons tristes ou tout au moins des chansons écrites dans des périodes de doute ou de blues. En tout cas, les morceaux qui me touchent le plus sont presque invariablement des chansons d'humeur plutôt noire. Ce disque ne fait que me conforter dans cette opinion. Le spleen est plus que magnifique quand il est mis en musique de cette façon là et avec ce talent là.
Alors précipitez vous sur " Out Of Season ", c'est un bijou. Un vrai. Vous l'écouterez longtemps, car hors des modes aujourd'hui, il le sera encore dans dix ans. Indémodable et donc inusable.
Tentez l'expérience : dans un canapé confortable, baissez les lumières, posez " Out Of Season " dans le lecteur et fermez les yeux. Frissons garantis.


Pour plus d'nformations sur Beth Gibbons, son site personnel :
www.bethgibbons.com
Et le site officiel de Portishead : www.portishead.co.uk





Sigur Ros : ( )

Titres

( )



Cet album de Sigur Ros est un bel objet, mais un objet plutôt étrange. Sigur Ros ne ressemble à rien d'autre. Les surprises commencent avec l'emballage : un coffret non siglé (pas de nom, pas de titre), juste une sorte de photo volontairement non identifiable pour pochette. On en est réduit à titrer l'album avec le seul signe étrange présent sur le boîtier : ( ). Lorsqu'on ouvre, on a droit à un livret composé entièrement de pages translucides, vierges ou presque. Le CD est à l'avenant, blanc, neutre à l'extrême. Aucun titre de morceau, aucune indication sur le nombre de chansons (pour information, il y en a huit). Sigur Ros suit une règle de conduite stricte : discrétion et transparence. Si ils ne voulaient pas vendre de disques, ils ne s'y prendraient pas autrement. Et pourtant, aussi étrange que ça puisse paraitre, ils en vendent beaucoup...
Si cet album est une sorte d'ovni au niveau du packaging, il l'est tout autant au niveau musical. Sigur Ros ne ressemble à rien de connu, à part peut être à un Radiohead, période " Amnesiac " ou " Kid A ", et encore, c'est juste pour trouver quelque chose d'approchant.
En fait, cet album est la deuxième œuvre à ce jour de ces mystérieux islandais. En effet, tout comme Bjork, ils sont originaires de cette petite île de l'atlantique nord. En 2000 était déjà sorti " Agaetis Byrjun ", album tout aussi inclassable. Maîtrisant assez mal l'islandais, je ne m'aventurerai pas a essayer de traduire, ni le nom du groupe, ni le titre de ce premier opus. Tout ce que je peux vous dire, c'est que déjà à l'époque j'avais succombé aux charmes multiples de leur musique sans rien savoir d'eux. Apparemment, ils se complaisent volontiers dans le mystère. Ils donnent pas ou peu d'interview. Même chose pour les concerts. Mais peu importe, aujourd'hui, c'est exactement la même chose : je ne sais toujours rien d'eux ou presque et je craque une nouvelle fois. De la même façon, emporté par les mêmes émotions et les mêmes rêves.
Sigur Ros fait une musique aussi mystérieuse pour nous que peut l'être leur île natale. Une musique faite d'échos lointains, d'harmonies diffuses et de chants lents et étranges. Une sorte de Pop planante, aérienne, atmosphérique. Si les nuages qui défilent dans le ciel produisaient un son, je pense que ça se rapprocherai assez du leur. Leur musique est à écouter, pas à entendre. En fait, si vous écoutez leur musique en vaquant à vos occupations, laissez tomber, vous n'avez aucune chance d'entrer dans leur univers. Par contre si vous prenez un peu plus d'une heure de votre de temps pour vraiment écouter ce disque, sans rien faire d'autre, vous n'êtes pas prêt de décrocher. Comme moi, vous deviendrez totalement accro à leur musique. Essayer de décrire leur style par des mots est totalement illusoire, par manque de référence et de point de comparaison d'abord, et surtout par manque d'envie, tout simplement. Je pourrais employer tous les qualificatifs et superlatifs possibles, ça ne les décrirait pas. Leur musique se vit, elle ne s'explique pas. Elle vous enveloppe totalement, puis vous emporte, loin, très loin, comme très peu de groupes en ont le pouvoir. Sachez simplement que ce qu'ils font est tout simplement magique et hors norme.
C'est vrai, j'en conviens, leur musique n'est pas vraiment des plus facile au premier abord, mais une fois l'étape de la première écoute franchie, la magie opère à coup sûr. Et vous serez vous aussi étonnés que de simples chansons puissent vous emmener si loin.


Pour plus d'nformations, leur site, aussi étrange que leur musique... :
sigur-ros.com






© Copyright 2003 Why Not ?