Titres
Trouble's What You're In
This Is The Thing
If Only
Blueberry Pancakes
Get Your Share
Under The Same Stars
So Many Roads
Make It Good
Little Blue Mailbox
Le parcours de Fink est quand même
assez étonnant. Ancien DJ, l'homme s'est brutalement tourné vers le Folk.
Avec le plus grand bonheur, comme le prouvait déjà le premier Biscuits
for breakfast. Du coup, en changeant son fusil d'épaule il devenait
par la force des choses la première signature Folk de son label Ninja
Tune, jusque là exclusivement Electro. Ce genre de changement de cap aussi
brutal qu'inattendu est déjà assez rare pour retenir l'attention, mais
quand en plus le résultat est brillant, ça fait deux excellentes raisons
de se pencher sur la question.
C'est clair, au premier abord le
Folk détonne pas mal avec l'image de ce label full Electro (qui héberge
des gens comme Bonobo, Coldcut, Amon Tobin, entre autres…), mais si on
y regarde de plus prêt, ce n'est plus si sûr. Parce que Fink, en reprenant
sa guitare n'a pas pour autant coupé totalement les ponts avec l'électronique.
Sa musique est en fait une sorte de version Folk et épurée à l'extrème
de ce que Morcheeba pouvait proposer à ses débuts, un subtil et délicat
dosage entre Pop et Electro. Une sorte de Folk qui vous fait voyager loin
rien qu'en fermant les yeux. Une sorte de Trip Hop Folk en quelque sorte.
Et le résultat, peu importe quel nom on lui donne, est des plus réussi.
La voix de Fink, douce et embrumée y est évidemment pour beaucoup, mais
dans ce genre ultra épuré, si les chansons ne sont pas assez fortes on
s'ennuie ferme. Sur Distance And Time, la magie opère et on part
pour un voyage délicieux de bout en bout. Les mélodies subtiles sont de
sortie et le timbre de voix intimiste de Fink fait merveille, comme sur
Trouble's What You're In ou This Is The Thing. Les textes
ne sont pas en reste, qui racontent tous des histoires de rêves et d'amours brisées
avec des mots simples et précis comme des lames bien aiguisées. Et même
quand le tempo s'accélère un peu et qu'une batterie fait même son apparition
sur le génial Blueberry Pancakes, le résultat est assez impressionnant. Fink
maitrise son sujet à la perfection, jouant avec notre corde sensible comme
il joue de celles de sa guitare. Le maître mot de cet album semble être
l'émotion, à fleur de peau. Ici rien n'est superflu, chaque chanson semble
indispensable. On trouve sur ce disque quelques perles assez
marquantes, comme ce Make It Good qui colle le frisson. Les mélodies
sont toutes ciselées à la perfection, le moindre détail a son importance
comme sur le final de This Is The Thing où le son de la guitare,
juste grattée plus nerveusement, change totalement la couleur de la chanson
pour passer du pastel au rouge sombre et torride. Dans un autre genre,
la boucle de basse bourdonnante de Get Your Share donne une profondeur
étonnante à une chanson qui sinon aurait ressemblé à un Blues fort classique.
Le final de Little Blue Mailbox se rapprocherait presque du son d'Archive,
prouvant que Fink semble capable d'être à l'aise partout. On l'imagine facilement
changer encore de style dans le futur, en continuant son exploration de la
musique du 21ème siècle.
En attandant la suite, Distance And Time
est un véritable hymne au dénuement. Avec ce disque, Fink nous prouve
une fois encore que les chansons qui nous marquent le plus sont celles
qui touchent le cœur. Bien sûr, on le sait tous depuis longtemps, mais
on l'oublie toujours trop vite. Voilà un disque qui remet les choses (et
certains chanteurs à paillettes) à leur juste place. Hors des modes (même
hors de la vague revival Folk actuelle) et hors du temps, Distance
And Time est un disque à ne surtout pas manquer.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.finkworld.co.uk
Et la vidéo de This Is The Thing :
ICI
Dave Gahan : Hourglass
Titres
Saw Something
Kingdom
Deeper And Deeper
21 Days
Miracles
Use You
Insoluble
Endless
A Little Lie
Down
Quand Dave Gahan a pris ses distances
avec Depeche Mode, il a peut être bien été le premier surpris de ce qu'il
était capable de faire. Jusque là bridé par l'omnipotent Martin Gore,
brillant songwriter qui s'occupe de tout, il n'avait aucune raison de
mettre son grain de sel dans l'écriture. Pour tout le monde, Dave Gahan
est juste le chanteur de Depeche Mode et chaque chose est bien rangée
à sa place. Les vacances prises pour l'enregistrement de Paper Monsters
lui ont sûrement ouvert les yeux sur des capacités qu'il ne soupçonnait
pas forcément posséder. Les quelques chansons écrites pour Playing
The Angel n'ont fait que confirmer que Dave Gahan avait aussi des
choses à dire et que Depeche Mode était plus que jamais une créature à
deux têtes.
Aujourd'hui, Dave Gahan se lance
même carrément dans le grand bain avec ce Hourglass écrit essentiellement
par lui-même, mais toujours en collaboration avec les mêmes acolytes que
sur Paper Monsters. Comme dans son précédent album, à l'écoute on pense
évidemment à Depeche Mode. Il pourrait faire le style de musique qu'il
veut, il a une voix tellement identifiable que ça lui collera à la peau
à vie, comme l'un de ses innombrables tatouages. Ensuite, les petites
différences et les petits écarts se font jour. Dave Gahan est en train
de découvrir son propre univers en même temps qu'il le crée.
Comme dans Paper Monsters, le son
de Dave Gahan en solo est assez proche de celui du Depeche Mode récent.
On y trouve ce même mix entre électronique et guitares. Par contre, l'esprit
parait encore plus sombre ici. La grande majorité des chansons est assez
lente et s'insinue doucement, les sonorités évoluent plutôt dans le registre
des basses et la voix de Dave Gahan vient encore ajouter de la profondeur.
Rien de flamboyant ou d'optimiste, Hourglass est avant tout une
affaire qui se passe entre gris et noir. Ca démarre d'ailleurs vraiment
fort avec un Saw Something assez captivant et intense, tout juste
suivi par le superbe single Kingdom. Deux franches réussites.
Deeper And Deeper explore même des terres encore plus sombres
et tordues, finalement pas très éloignées de l'univers de NIN. Il y a
dans ces trois premières chansons une atmosphère lourde et désabusée qui
colle parfaitement à l'univers du bonhomme tel qu'on se l'imagine. Malheureusement,
ça se gâte un peu ensuite et le milieu de l'album est un peu terne, avec
des chansons où les mélodies ont été un peu oubliées et où l'ambiance
sonore seule ne suffit pas à retenir l'attention. On s'ennuie un peu.
Et puis brutalement, ça repart brillamment avec un Endless à
l'atmosphère incroyablement pesante et prenante, puis un A Little
Lie assez époustouflant, le genre de chanson capable de vous prendre
aux tripes. Là, même Martin Gore doit baver devant une telle chanson.
Et Down clôture l'exercice d'une façon qui parait presque légère
ou en tous cas un peu moins sombre.
Ce nouvel Hourglass me
laisse finalement une impression un peu mitigée, un petit goût d'inachevé,
comme si l'album n'était pas totalement abouti. On pourra aussi regretter
que Dave Gahan ne se démarque pas assez franchement de ce que produit
Depeche Mode, mais là c'est un avis purement personnel. Pas encore parfait,
ce disque est une pierre de plus sur le chemin que Dave Gahan est en train
de construire. Espérons qu'à l'avenir ce chemin nous emmène un peu plus
loin des sentiers battus. Pour ça, il lui suffirait peut être d'oser.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.davegahan.com
Et la vidéo de Kingdom :
ICI
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