12 mai 2008
Rodolphe Burger : No Sport
Titres
Avance
Lover Dose
Elle Est Pas Belle Ma Chérie ?
Rattlesnake
Vicky
Je Tourne
Arabécédaire
Ensemble
J'erre
Marie
Blue Skies
Ski-Doo
Avec Toi
Un Nid ?
Il reste encore des gens qui se
contrefoutent des règles commerciales, du business musical et de la bonne
vieille règle contractuelle qui dit qu'il faut sortir un album par an,
qu'on ait quelque chose à dire ou pas. Heureusement, il reste des gens
comme ça. Forcément ils sont rares et donc peu audibles. Et puisqu'ils
se foutent de tout le cirque commercial des majors et des médias en général,
leur récompense est en général un mépris royal. Parfois, il arrive que
contre toute logique commerciale, un album dans ce genre là arrive quand
même à s'imposer. Parce qu'il est magique, parce que le public le découvre
et l'impose avant que les médias s'en emparent. Ca a été le cas pour le
Crêve Cœur de Daniel Darc, autre artiste qui vie depuis longtemps
hors des sentiers battus. Mais en général, pour ces artistes là, tout
se passe dans la discrétion. Dans le plaisir aussi de mener sa barque
comme on veut, quand on veut, quand on a quelque chose à dire. Rodolphe
Burger est évidemment de ceux là. Ca faisait dix ans qu'on n'avait plus
entendu de nouvel album de notre alsacien, depuis Meteor Show
en 1998. Seulement trois albums en solo pendant et après Kat Onoma, c'est
forcément trop peu.
Ce n'est pas que Rodolphe Burger
n'avait plus rien à dire. C'est qu'il n'avait plus forcément envie de
le dire lui-même, mais plutôt de le dire au travers de rencontres et de
collaborations. Il a notamment créé son propre festival où les arts se
mélangent (http://www.cestdanslavallee.com/). Le principal dans tout ça,
c'est que Rodolphe ait de nouveau des choses à nous dire. Je dois bien
avouer que j'avais été sceptique à la sortie de Meteor Show,
album où la sensibilité de Rodolphe Burger croisait l'électronique de
Doctor L. Même si l'expérience paraissait intéressante sur le papier,
elle ne m'avait pas convaincue. No Sport repart pourtant sur
les mêmes bases, puisque Doctor L. est toujours là. Mais cette fois il
n'est plus là pour muscler le son, mais plutôt pour l'arrondir, l'adoucir,
l'enrober. Son travail est magnifique.
Le nouvel album de Rodolphe Burger
renoue avec la sensibilité, la poésie si particulière qui commençait déjà
à pointer sur les derniers albums de Kat Onoma. Il renoue aussi avec cette
façon si personnelle de traiter le Blues. Parce que finalement, que ce
soit sous le nom de Kat Onoma où sous son propre nom, il a toujours tourné
autour de cette musique là, celle qu'il aime le plus. Mais il a toujours
su mieux que personne (non, aucun rapport avec un certain Paul du même
nom qui fait du Blues) garder uniquement l'esprit en s'éloignant de la
lettre. Sur No Sport, on trouve quelques chansons comme ça (Rattlesnake,
Elle Est Pas Belle Ma Chérie ?, Marie, Blue Skies, Avec Toi) où la
voix profonde s'alanguie sur un Blues paresseux à la guitare caressante.
Et quand le rythme s'accélère et que la saturation des guitares gagne,
ça donne J'erre, puissant et digne du meilleur Kat Onoma. Ensemble
a des airs de suite du single Egal Zero, déjà avec Doctor L.
Egal Zero tapait sur Le Pen, Ensemble se charge de régler
son compte à un certain président de la république, avec toujours la subtilité
des mots pour faire passer le message " Ensemble non. Ensemble, tout n'est
pas possible. Ensemble oui. Mais sans toi, si possible ".
Dans son exploration de la musique
des mots, Rodolphe Burger va même jusqu'à décortiquer les sonorités de
la langue arabe en compagnie de l'inévitable Rachid Taha dans un Arabécédaire
aussi hypnotique que réussi. No Sport est le genre d'album qui
s'écoute allongé, les yeux fermés, pour pouvoir mieux voir défiler les
images. Parce que comme à chaque fois, pour peu qu'on prenne le temps
de se laisser faire, la musique de Rodolphe Burger s'impose à tout le
reste. Ca tient en grande partie au timbre de voix du bonhomme (on pense
parfois à Bashung ou Gainsbourg), qui a tendance à s'immiscer lentement
en vous. Et comme cette fois les orchestrations sont aussi diverses que
subtiles, en particulier le travail tout en délicatesse du batteur Liam
Farrell derrière ses fûts, on ne peut que succomber sous cette avalanche
d'harmonies.
En plus, Rodolphe Burger garde le
meilleur pour la fin avec Un Nid ? totalement étonnant. Entre
les sonorités Electro paradisiaques et les paroles étonnantes du vieux
complice Olivier Cadiot, on tient là une des chansons les plus fortes
du bonhomme. On nage entre onirisme, écologie rêvée, poésie pure et c'est
magnifique. Pour résumer, c'est bien simple : No Sport est totalement
envoûtant. Accessoirement, il est aussi le plus bel album de Rodolphe
Burger.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.rodolpheburger.fr
Et profitez en pour revoir les vidéos de Kat Onoma : Animals
ICI The Radio
LA La Chambre
ET LA
MGMT : Oracular Spectacular
Titres
Time To Pretend
Weekend Wars
The Youth
Electric Feel
Kids
4th Dimensional Transition
Pieces Of What
Of Moons, Birds & Monsters
The Handshake
Future Reflections
Electric Feel (Video)
MGMT est comme ces produits frais
à consommer rapidement. Oracular Spectacular est à la musique
ce qu'est le jus de fruit frais par rapport aux jus pasteurisés. On ne
l'achète pas pour le conserver longtemps, mais pour en profiter maintenant,
tout de suite, avant que le buzz s'éteigne et change de cible dans une
semaine ou deux. Ce qui nous laissera quand même le temps de profiter
de quelques belles heures de bonheur éléctro-psychédélique sans équivalent.
MGMT est un nouvel exemple de buzz
qui vient d'atteindre son paroxysme avec la sortie de cet album. Il y
en a eu pas mal d'autres avant eux, dont la plupart ont fait pschitt,
mais certains ont quand même survécus quelques semaines après la sortie
de l'album. C'est tout le mal qu'on peut souhaiter à MGMT. Ce n'est pas
que Oracular Spectacular soit un chef d'œuvre ou l'album de l'année,
on n'en est pas encore là. Mais il contient les graines de quelque chose
de nouveau, qu'on sent prêt à germer. Et aussi et surtout quelques chansons
qui vont marquer l'année 2008.
Comme toujours dans ces cas de bourrage
de crâne intensif, on entend tout un tas de louanges et de superlatifs
assez incroyables. Pour moi, la chose est retenir, c'est que ces deux
gamins tiennent de l'or entre leurs mains. Pour l'instant, il est encore
brut, il ne brille pas encore vraiment. Mais quand ils auront réussi à
le polir comme il faut pour le faire vraiment scintiller, ils mettront
vraiment tout le monde à genou, c'est une certitude. En attendant, Oracular
Spectacular jouera son rôle de parfait amuse gueule. Le genre qui
met en appétit et prépare pour le grand festin à venir. Tous ceux qui
ont entendu Time To Pretend savent déjà que ce titre là est très
certainement le meilleur single Rock de 2008. Le son faussement crade
et totalement actuel, la mélodie simple et solaire, l'atmosphère fumeuse
qui rappelle fortement le Bowie période Ziggy Stardust. Absolument tout
est là. On pourrait en dire autant de Kids, l'autre single, irrésistible
dans son costume 80's. Je ne sais pas si Andrew Vanwyngarden and Ben Goldwasser,
les deux têtes pensantes de MGMT (prononcer Management, mais ça vous le
savez forcément déjà) abusent de la chimie autant que leur musique le
laisse supposer, mais il y a longtemps qu'on n'avait plus entendu une
musique aussi fumeuse. Bien souvent, on pense au David Bowie des 70's,
mais dans une version électronisée et actualisée (The Youth).
On passe aussi par le Disco de la fin des mêmes 70's (Electric Feel),
la New Wave électronique des 80's (Kids). On revisite même quelque
chose qui pourrait presque ressembler à du Oasis, mais dans une version
intensément allumée (Peaces Of What). Mais tout ça nous arrive
masqué par un énorme écran de fumée hallucinogène qui nous ferait presque
oublier nos bons vieux souvenirs. On en arriverait presque à croire que
MGMT à inventé tout ça, tout seul, avec ses petites mains. En fait, ils
sont surtout les plus brillants pilleurs de tombes entendus depuis des
lustres. Leur réinterprétation de la musique des 40 dernières années est
toujours brillantes, parfois même géniale sur des titres majeurs comme
Time To Pretend ou Kids qu'on a l'impression de pouvoir
écouter des centaines de fois sans fatigue.
Tout n'est évidemment pas parfait
sur Oracular Spectacular dont la deuxième moitié est plus faible
que la première. On y trouve même vers le milieu quelques titres qui frisent
le vide total. Mais au final, même pas de quoi ternir vraiment le tableau,
tellement ce disque là dégage une fraîcheur et une liberté intense. Oracular
Spectacular est le genre d'album tellement différent de ce qu'on
entend habituellement qu'on a nettement plus envie de le porter aux nues
que de le descendre. En ce qui me concerne, je vais me dépêcher d'écouter
en boucle Time To Pretend et Kids. Avant que le vent
tourne.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.whoismgmt.com
Et la video de Time To Pretend :
ICI et Kids :
LA
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