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12 mai 2003


Les extrèmes se croisent cette semaine. En effet, quoi de commun en la Pop délicate de Venus, le Rock racé de Sign Of 4 et le nouveau White Stripes ? Musicalement, pas grand chose. Mais pourtant, ils ont un point commun : leurs albums sont réussis.




Venus : Vertigone

Titres

Happiness
Beautiful Day
Wanda Wultz
Million Miles Away
Sand Dollar
Asia
Daystar
Kallenovsky
Little Hotel
Vertigone
Running At Full Speed
Navajo Dream
Big Waste Ground



En 1999 sortait Welcome To The Modern Dance Hall, premier album étonnant des belges de Venus. C’était un album surprenant à plus d’un titre. Leur musique était truffée d’instruments divers mais tous acoustiques, leurs chansons vous semblaient toutes familières au premier abord pour ensuite vous désarçonner totalement au premier virage. Une sorte de rodéo acoustique en quelque sorte. Mais la musique de Venus, malgré leur façon très personnelle de torturer leurs instruments, n’est pas seulement surprenante. Elle est aussi, et avant toute autre chose, belle. Je la qualifierais même de romantique.
Leur récent deuxième disque, Vertigone est la suite logique de Welcome To The Modern Dance Hall. Le style reste identique à ce qu’on a connu, mais en moins volontairement dérangeant.Ils savent toujours aussi bien sortir le meilleur de leurs instruments acoustiques, mais en les brusquant moins. Ils savent toujours construire des chansons qui ressemblent à des puzzles sonores, mais ils sont moins complexes et plus abordables. Mais une fois encore, chaque chose est exactement à sa place et si une seule pièce venait à manquer, l’ensemble ne serait plus aussi convainquant.
Les paysages traversés nous font visiter toutes les nuances pastels. Aucune teinte criarde ici. Venus ne fait pas dans le clinquant. Leur musique n’est que discrétion et tranquillité. Elle est paisible et coule comme coulent les rivières en été, paisiblement. Happiness est une chanson parfaite pour aborder cet album, et donc pour commencer à connaître Venus. C’est calme, paisible et beau. L’harmonie entre les instruments et la voix est parfaite. Beautiful Days est une pop song parfaite. Vous aurez peut être remarqué les titres volontairement optimistes des deux premiers morceaux de ce disque. C’est le sentiment ressenti à leur écoute. Ils vous communiquent un sentiment de bien être et d’harmonie mêlé à un soupçon de tristesse. Vous aurez obligatoirement aux lèvres le sourire un peu triste que seuls savent nous donner les bons souvenirs ou les belles choses un peu oubliées. Le titre même de ce disque vous donne la clé de leur univers, une sorte de doux mélange entre le vertige et l’éloignement, le manque. Million Miles Away par exemple, chanson qui parle d’éloignement et d’exil est exactement dans cet esprit. La très belle ballade Sand Dollar vous envoûtera forcément. Tout l’album baigne dans cette ambiance douce amère, dans cette sorte de bien être un peu nostalgique. Comme dans le premier album, on trouve tout de même encore quelques chansons un peu plus complexes, quelques passages où les sonorités sont plus incisives, comme dans Asia par exemple, ou dans Running At Full Speed, synthèse étrange, mais très réussie, entre quatuor à corde classique, chorale et chanson pop.
Mais pour moi, la plus parfaite synthèse de ce qu’est capable de produire Venus a pour titre Kallenovsky. Mélodie magnifique, voix qui s’entrecroisent, instruments qui portent le tout très, très haut. C’est du grand art et un morceau superbe. Leur Navajo Dream, seule chanson ou on peut entendre une guitare électrique est du même niveau.
En fait, par certains côtés, cet album me rappelle le dernier disque des Delgados, chroniqué ici il y a quelques mois. Même univers, mêmes couleurs, mêmes thèmes. Venus est un peu l’équivalent continental de ces écossais, le côté musicalement aventureux en plus. Une chose est sûre, si vous aimez l’un vous aimerez l’autre. Alors ne vous privez ni de l’un, ni de l’autre.


Pour plus d'nformations, un site perso bien à jour :
outofbreath
Et leur site officiel lié à leur ancienne maison de disque. On n'y parle donc pas de Vertigone. Mais c'est en français : venusf




Sign Of 4 : Dancing With St Peter

Titres

Overload
Driven
Dancing With St Peter
Song Keeps A Coming
Clap Hands
Beautiful Friend
Bad On Bad
After Glow
Falling Down
Las Meadows Sanctum Divine
Seems To Me



Je suppose qu’il vous arrive aussi parfois d’essayer de faire un peu le point sur les musiciens ou chanteurs qui ont vraiment comptés dans votre parcours musical. Ceux qui ont eu une plus grande importance que les autres. Ceux qui ont orientés ou réorientés vos goûts vers de nouveaux horizons. En ce qui me concernent, j’ai écouté des quantités de disques divers et variés, mais à bien y réfléchir, ceux qui ont été fondamentaux dans ma vie ne sont pas très nombreux. Une petite dizaine tout au plus. Et parmi eux on trouve UFO. C’est l’un des premiers groupes important pour moi. C’est par leur intermédiaire que je suis passé à une musique plus adulte, que j’ai commencé à connaître et à apprécier la guitare et les guitaristes. Leur Rock racé et élégant, à cent lieux des lourdes tentatives de la plupart des groupes de cette époque, m’a ouvert les yeux sur tout un pan du Rock qui m’était alors inconnu.
UFO était important à plus d’un titre : leur guitariste de l’époque, Michaël Schenker, reste l’un de mes musiciens préférés et Phil Mogg, leur chanteur de toujours, a un timbre de voix qui sonne pour moi comme celui d’un ami proche. Il a traversé toutes ces années et fait certainement partie des voix des plus familières à mes oreilles.
J’ai essayé pendant tout ce temps de suivre leurs carrières respectives, plutôt chaotiques, d’ailleurs. Je ne les ai jamais perdu de vue. Il y a eu évidemment des hauts et aussi pas mal de bas. Et aujourd’hui arrive Sign of 4, dernière expérience en date de Phil Mogg. En marge de UFO, il a créé un nouveau groupe à sa mesure, sans les contraintes liées à un groupe connu. Son nouveau groupe démarre de rien, avec à ses côtés des musiciens certes connus, mais encore assez peu reconnus. Phil Mogg a toujours eu un talent évident : celui de savoir s’entourer de guitaristes remarquables. Et l’expérience Sign Of 4 ne déroge pas à la règle. Jeff Kollman fait partie de ces guitaristes au style varié et touche à tout, capables de composer des morceaux à la fois teigneux, efficaces et mélodiques. Des morceaux où la voix de Phil Mogg trouve facilement sa place. Ajoutez à cela un Shane Gaalaas lui aussi plutôt éclectique à la batterie et vous obtenez quelque chose de fort interressant.
Et ce nouveau groupe est bien mieux qu’un simple album de plus dans la carrière déjà plus que fournie de Phil Mogg. Voilà un album totalement réussi. Sign Of 4 s’éloigne un peu du Hard Rock pur et dur pratiqué habituellement par UFO, pour aller vagabonder dans des contrées plus variées. Ce disque est une vraie fête pour tous les amateurs de Phil Mogg, qui a mon avis n’a pas chanté aussi bien depuis longtemps, mais aussi pour tous les amateurs de Rock à guitares. Dancing With St Peter est sûrement ce que Phil Mogg a enregistré de meilleur depuis longtemps, bien supérieur au dernier UFO, en tous cas.
Cette réussite tient en grande partie à la parfaite cohésion entre les compositions de Jeff Kollman et Shane Gaallaas et le chant de Phil Mogg. Ces trois là ont plaisir à faire de la musique ensemble et ça s’entend. Ca se ressent au travers de chaque morceau. Driven, par exemple est un véritable feu d’artifice de Rock mélodique. La chanson Dancing With St Peter est une merveille de ballade Rock avec en tête la voix chaude de Phil Mogg. On a même droit à une reprise de Clap Hands, reprise aussi surprenante que réussie d’un morceau de Tom Waits. Un morceau comme After Glow, permet aux trois compères de s’éclater en s’éloignant de leurs terrains de jeux habituels. On flirterait même presque avec le Jazz Rock. Las Meadows Sanctum Divine, morceau qui voyage lui aussi entre les genres et les frontières, est aussi une réussite.
Vous l’aurez compris, je suis enthousiasmé par ce disque. Retrouver quelqu’un qu’on apprécie depuis longtemps est déjà en soit un plaisir, mais le retrouver en pleine forme et au sommet de son art est une joie encore plus grande. Le seul soucis avec ce disque est le moyen de se le procurer en France. Il faut savoir que Dancing With St Peter est sorti en octobre 2002. J’ai essayé pendant des mois de le trouver ici, sans résultat. Le seul moyen de l’avoir a été de le commander directement à leur maison de disque par internet. Là, pas de soucis. C’est sérieux. Pour info, leur maison de disque est un petit label indépendant nommé Track Records, le même que Big Country, autre groupe qui compte énormément pour moi. Comme quoi, si le hasard n’existe pas, il doit y avoir sinon une logique, tout au moins une filiation entre les groupes que j’aime le plus.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.signof4fans.com
Et leur maison de disque : Track Records




The White Stripes : Elephant

Titres

Seven Nation Army
Black Math
There's No Home For You Here
I Just Don't Know What To Do With Myself
In The Cold Cold Night
I Want To Be The Boy To Warm Your Mother's Heart
You've Got Her In Your Pocket
Ball And Biscuit
Hardest Button To Button
Little Acorns
Hypnotise
Air Near My Fingers
Girl You Have No Faith In Medicine
Well It's True That We Love One Another



Si vous connaissez les White Stripes, vous ne serez pas surpris si je vous dis qu’ils sont capables d’enregistrer des albums d’anthologie. White Blood Cells, leur précédent disque, celui qui leur a donné la célébrité, était déjà de cette trempe là. Ils n’ont peut être pas inventés le Rock’N’Roll, mais ils ont grandement participé à le réinventer et ils ont aussi initié le revival d’aujourd’hui qui voit fleurir des groupes comme The Kills, The Libertines, Radio 4 (tous chroniqués ici ces derniers mois) et encore beaucoup d’autres. Le Blues a permis au Rock’N’Roll d’exister. Les White Stripes se l’approprie à nouveau, comme tous leurs illustres aînés l’ont fait avant eux. Et ils en prennent possession d’une façon unique et plus que convaincante. Ils dépoussièrent et remettent en lumière des décennies de musique, lui donne l’éclat de la nouveauté.
Si White Blood Cells était une totale réussite, que dire d’Elephant ? En choisissant ce titre, peut être ont ils voulu nous indiquer que ce nouvel album faisait partie des poids lourds. C’est le cas. Les White Stripes n’ont pas changé leur musique d’un iota. Ils ne font toujours pas dans la dentelle, pas plus que dans la porcelaine. C’est toujours aussi râpeux, basique et proche des racines. Prenez une base de morceau de Blues quelconque, mettez le entre leurs mains, il en ressortira toujours quelque chose d’impressionnant. Sans aucun artifice, avec une économie de moyens devenue rare (deux guitares, une batterie, une voix, pas d’effets de studio), ils sont capables d’enregistrer des morceaux qui ont tout de classiques. Pour enregistrer ce disque, ils se sont enfermés dans un studio anglais dépourvu de tout matériel électronique ou numérique, de façon à faire une musique qui soit réellement authentique et aussi proche que possible de l’idée qu’ils se font du Rock’N’Roll. Et cette fois ils ont pris le temps de peaufiner l’ensemble, contrairement à leurs disques précédents qui avaient pris 3 jours de studio chacun, ils se sont royalement autorisés 10 jours pour celui ci ! Pas de quoi endetter leur maison de disque.
Alors, lorsqu’un groupe se fixe de telles limites techniques, il faut forcément que ses chansons soient vraiment très fortes. Suffisamment fortes pour se suffirent à elles même. C’est le cas ici. Il y a bien peu de choses à jeter de ce disque de pur Rock’N’Roll. Leur musique repose comme toujours majoritairement sur un Rock teigneux issu du Blues le plus minimal. Un Rock qui s’autorise parfois des dérapages contrôlés vers le Hard-Rock, comme dans Little Acorns ou vers des ballades Bluesy, comme le superbe I Want To Be The Boy To Warm Your Mother’s Heart ou l’acoustique You’ve Got Her In Your Pocket. Une succession sans faille de petits bijoux d’énergie et d’inventivité. Et l’invention n’est vraiment pas ce qui leur manque. On sent fuser les idées à la pelle parmi les 14 chansons de ce disque. Aucune monotonie ici, une diversité de ton, de son, de style, assez impressionnante entre chaque morceau, comme si la peur de se répéter avait été un de leurs principaux moteurs lors de l’enregistrement.
A l’heure ou le renouveau du Rock fait un vrai retour en force, les White Stripes confirment qu’ils sont toujours au dessus du lot et que les autres vont devoir travailler dur pour enchaîner les morceaux et les albums comme ce couple / duo le fait depuis quatre disques maintenant. Elephant est vraiment l’énorme album qu’on était en droit d’espérer d’eux.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.whitestripes.com




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