Titres
Black Mirror
Keep The Car Running
Neon Bible
Intervention
Black Wave/Bad Vibrations
Ocean Of Noise
The Well & The Lighthouse
(Antichrist Television Blues)
Windowsill
No Cars Go
My Body Is A Cage
Rarement
j’ai attendu un album avec autant d’impatience. Funeral est pour moi un des plus grands albums de l’histoire du
Rock et un de ceux qui comptent le plus pour moi. Je n’avais plus ressenti ce
grand frisson depuis des albums du niveau de Unknown Pleasures de Joy Division ou 17 Seconds de Cure, pour ne citer que les deux premiers qui me
viennent à l’esprit.
Mais
quand on aime un album à ce point là (je crois qu’il ne s’est pas passé une
seule semaine sans que je l’écoute depuis sa sortie), quand un album vous
marque autant que celui là, on n’imagine pas vraiment que la suite puisse être
du même niveau. On en rêve forcément, mais sans y croire plus que ça. Et
pourtant, la découverte il y a quelques semaines de Intervention, premier titre tiré de Neon Bible faisait de nouveau ressentir ce frisson que seule la
musique de ce groupe là est capable de donner. J’avais essayé de suivre la
création de l’album à travers les rares messages de Win Butler sur le site du
groupe et les divers bruits qui flottaient sur le net. Je savais que le groupe
enregistrait dans une église, seul endroit où Win Butler avait réussi à trouver
le son qu’il avait en tête, un son ample et puissant qu’aucun artifice de
studio n’arrivait à rendre. Et quand on écoute Intervention, on comprend enfin ce que le groupe cherchait. Ce son
d’orgue incroyable qui vous prend aux tripes, ce chant qui semble toujours
aussi désespéré et cette mélodie qu’on n’oubliera jamais. Tout est là. Le
Arcade Fire nouveau est enfin arrivé et il est au-delà de toutes mes
espérances. Moins brut et instinctif que Funeral,
Neon Bible est l’album de la maturité. Cette fois, le groupe a pris le temps de
construire patiemment son puzzle, de construire ses chansons. Ca aurait pu
étouffer cette créativité débridée qu’on aimait tant sur le premier album. Au
contraire, cette recherche de la perfection sur chacune des chansons ne gâche
rien. Les chansons sont toujours aussi belles, les ambiances toujours aussi
tendues. Ce qui a changé, c’est l’habillage, les orchestrations plus travaillées.
Et puis il y a ce son d’une ampleur et d’une profondeur surprenante qui donne
un côté presque mystique.
Et
ce nouveau son, on le ressent dés Black
Mirror, chanson très sombre aux cordes triomphantes. La suivante, Keep The Car Running ressemble plus au
Arcade Fire qu’on connaissait, avec ce mélange d’instruments en tous genres
(ici on a droit à une vielle à roue jouée par Régine Chassagne) sur une
rythmique qui s’emballe. Arrive ensuite le titre le plus sombre et personnel de
l’album. Neon Bible ne ressembla pas
vraiment à ce que le groupe nous offre d’habitude. Il fait presque froid dans
le dos. J’ai déjà parlé de Intervention,
mais j’en rajoute encore une couche pour vous dire que cette chanson me parait vraiment
énorme. Quand à Black Wave/Bad Vibrations,
elle a deux visages, un premier presque mystique chanté par Régine avec
toujours quelques phrases en français et l’autre qu’on pourra qualifier de
« classique », chanté par Win. Beau, très beau. Un des grands moments
de l’album. Tout juste suivi par un autre pur chef d’œuvre : Ocean Of Noise, une mélodie dépouillée à
la beauté intemporelle qui se termine sur une superbe mer de cuivres. Et c’est
encore une fois l’occasion de se rendre compte que la musique d’Arcade Fire
semble ne rien devoir à personne et qu’elle se nourrit d’elle même. Il est
toujours aussi impossible d’évoquer une référence ou de trouver quelle est sa
source. Pour moi, c’est ce qui en fait un groupe réellement important. Un
groupe tout aussi capable de vous émouvoir aux larmes que de vous éblouir avec le
magistral The Well & The Lighthouse,
un des singles potentiels les plus étincelants de l’année. (Antichrist Television Blues) pourrait presque être une chanson
Country quasiment ordinaire, si elle n’était pas habité (je dirai presque
hantée) par la voix de Win Butler, ce qui change définitivement le résultat
final. Windowstill est une autre de
ces chansons qui rappellent l’univers de Funeral,
avec encore ce divin mélange de cuivres et de cordes. On retrouve ensuite No Cars Go, titre déjà présent sur leur
premier EP, mais complètement réorchestré. La chanson s’en trouve totalement
changée et en devient une véritablement bombe de Pop Indie qui file comme le
vent. Et comme cet album est définitivement parfait de bout en bout, Arcade
Fire nous réserve un énorme moment avant de nous laisser retourner dans le
monde réel. My Body Is A Cage est
sans doute ce que le groupe a écrit de plus sublime depuis ses débuts. Une
chanson qui vous chavire le cœur tout en vous retournant le cerveau, avec une
lente montée en régime qui se termine en apothéose, portée encore par cet orgue
qui emplit tout l’espace.
Dire que
j’ai aimé Neon Bible serait bien
faible. Arcade Fire a réussit l’exploit de nous offrir un second chef d’œuvre
après un premier opus déjà impérissable. Ce groupe est immense et je n’ai pas
fini de me plonger dans son univers. L’album de l’année. A coup sûr.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.arcadefire.com
Cold War Kids : Robbers & Cowards
Titres
We Used To Vacation
Hang Me Up To Dry
Tell Me In The Morning
Hair Down
Passing The Hat
Saint John
Robbers
Hospital Beds
Pregnant
Red Wine, Success!
God, Make Up Your Mind
Rubidoux
Encore
un nouveau groupe américain pour lequel la critique est carrément unanime. On
peut lire n’importe quel critique de ce Robbers
& Cowards, en provenance de n’importe quel pays, l’avis est à peu près
le même partout. Les Cold War Kids sont impressionnants. Inventifs et
maîtrisant parfaitement leur sujet, ils inventent une des Pop Indie les plus intéressante
du moment. Ca c’est pour le rayon critique des professionnels de la musique. Et
puis il y a nous, ceux qui ne vivent pas de la musique, mais qui en écoutent et
qui adorent ça. Et là, à mon avis ça se complique quand même un peu. En tous
cas, le tableau me parait un peu moins idyllique.
Ce
n’est pas que je ne suis pas d’accord avec toutes ces louanges. Ce groupe là
est techniquement brillant, ses compositions sont à la fois abordables et
pleines de surprises, de chausses trappes et de choix inattendus. Une musique
forcément passionnante pour tout amoureux de Pop qui ose sortir des sentiers
battus. Mais pour les autres, tous les autres, l’étalage technique de Robbers & Cowards sera juste décourageant.
Parce ce qu’avec ce disque là, l’auditeur ne peut pas franchement se contenter
d’être passif et d’écouter ça d’une oreille discrète. Il faut se forcer un peu
pour entrer dans ce labyrinthe mélodique et en apprécier enfin toutes les
nuances. Autant dire que ce ne sera pas le cas de tout le monde et que pas mal
de gens attirés par les critiques élogieuses risquent d’être déçus par la
première écoute de cet album pour le moins complexe et touffu. Robbers &
Cowards est typiquement le genre d’album qui risque de prendre la poussière sur
une étagère. Malgré toutes ses qualités. Et de ce côté-là il y en a vraiment à
revendre. Je comprend un peu tous ces critiques qui craquent devant ce disque
là, qui est un vrai travail d’esthètes de la Pop. mais en même temps je
continue à me placer dans la peau de l’auditeur lambda (que je suis aussi) et
je me dis que c’est quand même souvent un peu trop.
En
fait, j’ai l’impression que les Cold War Kids en rajoutent volontairement des
tonnes dans la complexité, juste histoire d’être sûr de surprendre et
d’étonner. Juste pour sortir des sentiers battus et ne pas ressembler aux
autres. Sur ce point, comme on le sait, l’objectif est largement atteint. Et
pourtant, j’ai comme l’impression que ce choix fait plus de mal que de bien aux
chansons de Cold War Kids. On sent dès la première écoute que ce groupe là possède
un potentiel énorme et pourrait faire vraiment l’unanimité. On s’en rend compte
à travers les titres les moins alambiqués (We
Used To Vacation, l’excellent Hang Me
Up To Dry qui rappellerait presque Arcade Fire ou Saint John qui sent bon les White Stripes). Le spectre musical des
Cold War Kids est immense. Il passe par tout ce qui a pu faire grandir le Rock
ou la Pop des quarante dernières années, avec en premier lieu, encore et
toujours les beatles. Pour le sens de la mélodie et pour l’inventivité permanente.
Parce que concernant les mélodies, ce groupe là est assez énorme (Robbers). Mais encore une fois, les
mélodies se retrouvent comme camouflées sous des couches expérimentales ou arty
à mon avis assez inutiles. Le talent est là, il saute aux yeux et aux oreilles.
Alors, comme dirait l’autre; c’est pas la peine d’en rajouter.
Robbers & Cowards est donc plus un
exercice de style brillant que l’album génial qu’on nous promet partout. Pas
une raison suffisante pour passer à côté, mais on pourra pourtant se contenter
d’attendre la suite de ce disque, en espérant que le groupe ait choisi entre
temps la voie de la simplicité. C’est ce qui pourrait leur arriver de mieux.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.coldwarkids.com
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