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11 février 2008



The Do : A Mouthful


Titres

Playground Hustle
At Last !
On My Shoulders
Song For Lovers
The Bridge Is Broken
Stay (Just A Little Bit More)
Unissasi Laulelet
Tammie
Queen Dot Kong
Coda
Searching Gold
When Was I Last Home ?
Travel Light
Aha
In My Box


Pour une fois qu'il existe un buzz autour d'un groupe français, on est forcément encore un peu plus curieux de savoir de quoi on parle. Avec comme d'habitude le secret espoir de tomber sur la perle rare. Et avec The do, les critiques et spécialistes de tous poils avançaient en rangs serrés, comme un seul homme, avec tous le même commentaire : ce groupe est aussi bon qu'il est inventif. Quoi ? Un bon groupe chez nous on veut bien y croire, mais un groupe inventif, on est déjà plus sceptique. J'avais eu beau aller jeter un œil et une oreille sur leur page Myspace, les quelques extraits vus et entendus m'avaient parus plutôt frais et agréables, mais pas franchement révolutionnaires. Et puis A Mouthful est arrivé. Autant dire qu'il ne faisait pas partie de mes priorités d'achat, mais je me suis quand même lancé, juste pour ne pas rater le train en marche, au cas où…

Après une première écoute que je qualifierai de distraite, ma première impression sur The do (ne pas prononcer à l'anglaise, mais comme la note do) restait à peu près la même. Une impression de bric à brac agréable, mais forcément pas de quoi vibrer. Et puis sont arrivées les écoutes suivantes, plus attentives. Et là, j'ai pris en pleine poire ce que pas mal d'autres avaient déjà compris depuis un moment : The do est pourri de talent. Ca en deviendrait presque vexant pour les autres. J'en conviens, pour une fois le buzz avait raison.

Pour les quelques (forcément rares) lecteurs qui n'auraient pas entendu parler de ce duo là, quelques présentations s'imposent. Par galanterie, je commencerai pas Olivia B.Merilahti, finlandaise et voix du groupe. J'écrirais volontiers voix(x) au pluriel si ça existait en français, tellement elle est caméléon. L'autre, c'est Dan Levy, multi instrumentiste français venu du Jazz, jusque là plus habitué aux musiques de film. Ils ont la même envie d'essayer de faire une musique populaire autrement, en ne se fixant aucune contrainte. Ca finira par donner A Mouthful, petit chef d'œuvre d'invention et de joyeux papillonnage. Première règle : aucune chanson ne doit ressembler à la précédente. Deuxième règle : toute idée est bonne et il faut toujours la pousser dans ses derniers retranchements plutôt que de l'abandonner. Résultat : un feu d'artifice multicolore totalement irrésistible.

En fait, si on débarque dans leur musique sans être averti, la première écoute est assez déstabilisante, avec ces chansons qui se barrent dans tous les sens sans ordre apparent, sans aucune discipline. Déjà, Playground Hustle, placé en tête de l'album pour mettre tout de suite les choses au point, est certainement un des titres les plus barrés de l'album. Pas facile comme début, mais ensuite, si on oublie ses à priori et si on désapprend tout le conformisme musical auquel on est habitué, A Mouthful est un immense bol d'air vivifiant. Chaque chanson est une petite sculpture qui ne ressemble jamais à la suivante, on change de rythme à chaque titre, on devine toute une foule d'instruments divers et inhabituels en fond sonore, on se régale de ces mélodies toutes plus fines les unes que les autres et puis surtout, on reste béat d'admiration devant le travail vocal de Olivia B.Merilahti. Un peu comme une autre Olivia (Ruiz), elle est capable d'habiter chaque chanson de manière différente, de lui donner une vie propre. Vous connaissez probablement déjà les singles caramélisés que sont On My Shoulders et The Bridge Is Broken. Ils ne sont qu'un faible avant goût de tout ce qu'on peut trouver dans cet album. On se régale d'être surpris au détour de chaque refrain, de redécouvrir chaque nouvelle chanson au fil des écoutes, chaque nouvelle trouvaille sonore cachée derrière les apparences. On a même droit à un Unissasi Laulelet qui semble tout droit sorti du folklore finlandais ou un Queen Dot Kong, délire Hip Hop digne de The Go! Team.

A l'heure où Fred Chichin nous quitte, The do me fait vraiment penser à des Rita Mitsouko des temps modernes, aussi curieux de tout, autant à la marge tout en étant pourtant "grand public " au sens noble du terme. Jamais faciles ou racoleuses, les chansons de The do sont pourtant toujours immédiatement abordables et agréables. Une seule chose est sûre avec ce disque, c'est son pouvoir de séduction totalement hors norme. L'écouter c'est en tomber amoureux. A vous de voir si ça vous tente.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.thedo.info

Et la video de On My Shoulders : ICI




And Also The Trees : (Listen For) The Rag And Bone Man

Titres

Domed
The Beautiful Silence
Rive Droite
Mary Of The Woods
Where The Land Lies
The Legend Of Mucklow
Untitled
Candace
Stay Away From The Accordion Girl
The Saracen's Head
On This Day
A Man With A Drum
Under The Stars


C'est bien simple, il y a encore 15 jours je ne savais pas que And Also The Trees existait encore. Je dois bien avouer que ce groupe là était sorti de ma mémoire depuis un bon bout de temps. Personnellement, j'en étais resté à un album nommé The Millpond Years, sorti il y a… tout juste 20 ans. Et en essayant de classer un peu le gros foutoir qu'est devenue ma discothèque, je suis retombé sur ce disque là. Dans mon souvenir, And Also The Trees faisait une musique intrigante, plutôt lente, sinueuse et surtout fortement romantique. Une sorte de Pop brumeuse au ralenti. Le genre de musique qui ne pouvait trouver sa source qu'en Angleterre. Et réécouter ce disque m'a replongé des années en arrière, avec un bonheur que je n'imaginais pas. En cherchant un peu sur la toile, j'ai découvert que le groupe existait encore et qu'en plus il venait de sortir un nouvel album.

Voilà un groupe qui a 25 ans de carrière derrière lui. Saviez vous seulement qu'il existait ? J'ai bien l'impression que pendant toutes ces années, leur carrière est restée toujours aussi discrète et confidentielle. Comme leur musique finalement. L'écoute de (Listen For) The Rag And Bone Man donne la curieuse impression que rien n'a changé, que la musique de ce groupe là est restée figée dans le temps. Ce disque là aurait pu être enregistré il y a 20 ans, comme The Millpond Years. Hors des modes et hors du temps, And Also The Trees semble avoir continué à suivre sa propre route. Une route très personnelle. Mais une route qui semble avoir fait quand même quelques émules entre temps, si on en juge par le son et les ambiances du dernier opus de Iliketrains qui explore les mêmes landes brumeuses.

Ce nouvel album de And Also The Trees, tout à fait imprévu pour moi, est en tous cas une très belle surprise. D'abord parce que le style n'a pas changé, mais aussi parce que depuis tout ce temps, le groupe a eu le temps de peaufiner sa recette. Les approximations du passé sont devenues les forces d'aujourd'hui. Le romantisme un peu forcé est devenu plus sombre et plus profond. L'hédonisme a laissé la place à une musique qui prend en compte la dure réalité du monde qui nous entoure. Le groupe semble ne plus vivre isolé dans sa bulle. Si un disque de And Also The Trees s'écoute toujours mieux les yeux fermés, aujourd'hui on garde quand même les sens en alerte. Certains titres de l'album dégagent une noirceur et une menace qui n'existait pas dans le passé (The Legend Of Mucklow ou Rive Droite). La palette du groupe s'est élargie, pour leur permettre de croiser parfois des paysages proches des Tindersticks (Candace). L'apport du violoncelle est énorme, il apporte plus de profondeur et joue sur toutes les nuances des graves. Le tempo n'est plus aussi monocorde, il lui arrive maintenant de s'accélérer pour se rapprocher du Rock (A Man With A Drum, Stay Away From the Accordion Girl). Par contre, toujours pas l'ombre de ce qui pourrait s'apparenter à un single digne de ce nom. And Also The trees est le prototype du groupe anti single. Leur musique n'a rien à faire sur les radios, hors du contexte de l'album. Ou alors, très tard le soir, quand l'écoute est différente. Là, on peut apprécier à sa juste valeur un titre aussi envoutant que ce Domed d'ouverture. Entre ce violoncelle qui joue le rôle du cœur qui bat, ces fines toiles de guitares pleines d'échos et cette voix d'une profondeur intense, on ne peut que tomber sous le charme. J'étais loin d'imaginer un jour retrouver ce groupe là avec autant de plaisir. Et encore plus loin d'imaginer que And Also The Trees, après 25 ans d'existence, était capable d'offrir un album aussi envoûtant que ce (Listen For) The Rag And Bone Man.

Ce n'est toujours pas avec ce (Listen For) The Rag And Bone Man que le groupe remplira les stades mais leur but n'est évidemment pas là. Eux, ils sont là pour remplir notre imaginaire, pour nous mettre dans cet état d'esprit si particulier qu'on appelle la nostalgie, la mélancolie, le spleen, ou peu importe le nom qu'on lui donne. Cet état entre sourire et larme, entre joie et tristesse, cet état indéfinissable dans lequel il est parfois si délicieux de s'abandonner.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.andalsothetrees.co.uk

Et le teaser vidéo pour la sortie de l'album : ICI





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