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10 décembre 2002


Retour Aux Racines


Wolfstone : Almost An Island

Titres
The Piper and the Shrew
Elav the Terrible
Where the Summers Go
La Grand Nuit du Port de Peche
The Queen of Argyll
The Knockard Elf
5/4 Madness
Davies Last Reel
Jericho
All Our Dreams
The Panda



Vous l'aurez sûrement déjà remarqué, j'ai un petit faible pour les musiques traditionnelles européennes. Cette semaine je vais vous parler de trois groupes dont la musique est basée sur des racines traditionnelles bien vivantes mais pas fossilisées. Ils utilisent leurs racines comme base de départ pour dépasser les limites du genre. L'un est écossais, l'autre portugais et le dernier breton.
On commence par " Almost An Island ", huitième album des écossais de Wolfstone. Ce groupe fait partie de ma petite musique de fond depuis un bon moment déjà. Ils n'ont jamais fait un album vraiment exceptionnel, jamais un tube intemporel, mais leurs disques sont tous d'une qualité égale et surtout ils résistent au temps qui passe. On se surprend facilement à réécouter " Unleashed ", leur premier album de 1991, sans imaginer que cet album a déjà plus de 10 ans. Cela vient du fait que leur musique est basée sur une musique traditionnelle par définition intemporelle, mais mêlée de sonorités beaucoup plus contemporaines. Wolfstone, c'est avant tout un groupe de Rock, avec guitares, basse, batterie, mais aussi et surtout des instruments comme la cornemuse, omniprésente, le violon, la flûte ou encore l'accordéon. Mais ce qui les caractérise le mieux, c'est la dualité permanente entre la guitare et la cornemuse.
Je sais que le son de la cornemuse a tendance à faire fuir la majorité des gens. Chez moi, c'est l'inverse. Je n'ai pourtant à ma connaissance ni ascendance bretonne, ni ascendance celte d'aucune sorte, mais ce style de musique et le son de la cornemuse en particulier me font dresser l'oreille et me remue les tripes. C'est comme ça. C'est aussi pour ça que j'insiste pour vous inciter à essayer de découvrir des musiciens dans le genre de Wolfstone. On ne sait jamais, vous pourriez même y prendre goût.
Cet Album ne déroge pas à une règle établie sur les albums précédents : c'est du Rock Celtique. De haut niveau.
Ce style de musique a été brièvement à la mode chez nous, rappelez vous Matmatah ou Manau pour ne citer que les plus connus. Et comme toujours dans ces cas là, il y a eu profusion de groupes du même genre et très vite overdose de médiocrité. Le mouvement s'est essoufflé de lui même et les gens sont vite passés à autre chose, comme d'habitude. Par contre, ceux qui aiment cette musique aux racines celte continuent à en écouter les valeurs sûres ou à essayer de découvrir de nouveaux talents. Pour moi, Wolfstone fait partie des valeurs sûres depuis longtemps. Cet album le confirme une nouvelle fois.
C'est encore une fois une brillante démonstration de ce que le mélange musique traditionnelle / Rock peut avoir de naturel quand il est fait par des musiciens honnêtes dans leur démarche. C'est à dire par des musiciens dont ce sont les vrais racines et qui ne recherchent pas forcément le tube à tout prix, à grand coup de collages et de juxtapositions de styles hétéroclites. Le disque ouvre par " The Piper and the Shrew " et " Elav the Terrible ", deux superbe duels instrumentaux entre cornemuse et guitare, qui résument à eux seul le style du groupe. Wolfstone a toujours eu une petite préférence pour les morceaux instrumentaux, c'est encore le cas ici, où les morceaux chantés sont en minorité. Du côté des morceaux chantés, on remarque surtout " The Queen Of Argyll ", le contemplatif " All Our Dreams " et surtout le très réussi " Jericho " et son violon au style presque Cajun. Dans le style instrumental, outre les deux morceaux qui ouvrent cet album, " 5/4 Madness " et son violon et surtout " The Panda " vous donnerons une furieuse envie de danser.
Car je crois que c'est aussi ça Wolfstone, une musique faite pour vous donner envie de danser, de voyager dans ce bout de l'Europe qu'est l'Ecosse. Et pour ça, cet album tient toutes ses promesses.


Pour plus d'nformations, leur site officiel :
www.wolfstone.co.uk





Madredeus : Euforia

Titres

CD 1
Os dias sao a noite
Oxala
O labirinto parado
Anseio
Afinal a minha cançao
Ecos na catedral
Nao muitto distante
O olhar
A lira-solidao no oceano
Palpitaçao

CD 2
Ergue te ao sol
A tempestade
Un raio de luz ardente
A capa negra (mano mano)
Vida boa
Graça a ultima ciencia
O segredo do futuro
A quimera
Tarde por favor
Vozes no mar
Vem
Alfama
Os foliolès
Haja o que houver



J'ai croisé la route de Madredeus en 1995. C'était dans un film de Wim Wenders, passé assez inaperçu : Lisbon Story. Je m'apprêtais à regarder distraitement à la télévision ce film qui était à priori plus une ballade dans Lisbonne qu'un film au sens strict. Quand le film a commencé, plus moyen de détacher mon attention de l'écran. Les images de Lisbonne, ville apparemment superbe, avaient captées mon attention, mais surtout, il y avait une musique, une voix et un visage. La musique de Madredeus, la voix et le visage de Teresa Salgueiro.
En fait, ce film était plus un prétexte à découvrir les membres de Madredeus au travers de leur ville, Lisbonne. Et j'ai eu immédiatement le coup de foudre pour cette voix et ces mélodies nostalgiques et belles.
La musique de Madredeus, c'est avant tout le Fado, musique traditionnelle portugaise. En tous cas, le versant lent et un peu triste du Fado. Et c'est justement ce côté là qui m'a accroché dès les premières images du film. Ces sonorités et ces ambiances d'une tristesse infinie, comme seuls les régions ou pays maritimes semblent capables d'en produire. Je me suis bien sûr précipité dès le lendemain pour me procurer la BO du film. C'était tout aussi magique sans les images de Wim Wenders. L'album contenant la musique du film s'appelle " Ainda " et je vous la conseille plus que vivement. J'ai appris ensuite que cet album était en fait des chutes de studio de l'album qu'ils enregistraient au moment ou Wim Wenders a tourné le film. Quel était donc ce groupe qui pouvait se permettre de mettre de côté de tels bijoux ? J'ai donc acheté d'autres albums, pour entendre de quoi ils étaient capables. Et j'ai entendu…
Madredeus est un groupe immense, composé de musiciens brillant et d'une chanteuse à la voix d'une pureté magique. On est bien loin ici des groupes de Rock que je chronique habituellement. Pas de Rock ici, pas de fureur, pas de bruit, juste de l'harmonie. Voilà un style de musique que j'étais loin d'imaginer pouvoir aimer ou écouter un jour, et puis voilà, le miracle de la musique a encore frappé, là où je ne l'attendais. Ce qui est fabuleux avec le monde de la musique, c'est que si on garde l'esprit et les oreilles ouvertes, il peut nous tomber du ciel des petits miracles comme Madredeus.
Depuis cette époque, j'ai donc suivi ce groupe. Et aujourd'hui sort cet album :Euforia. Un album live pour un groupe à la musique très intimiste. Mais pas un album live comme les autres. Ce disque est le fruit de la collaboration étroite de Madredeus et d'un orchestre symphonique belge. Ce projet est né de l'estime réciproque que se portaient Madredeus et cet orchestre depuis de nombreuses années. Le travail demandé pour accorder ces deux mondes à priori aux antipodes l'un de l'autre a du être énorme, mais quel résultat ! On aurait pu craindre que la musique acoustique de Madredeus soit étouffée par cet orchestre, il n'en est rien. L'accord entre la fragilité de leur musique et l'ampleur d'un ensemble de cette taille est parfait. Leur morceaux y gagnent en profondeur. L'orchestre ne prend jamais le dessus sur la musique de Madredeus, au contraire, il en souligne les moindres nuances pour leur donner plus de couleur. C'est beau, encore plus beau que leurs albums studio.
Je ne vais même pas essayer de ressortir de ce double album un morceau plutôt qu'un autre. Ca ne servirait à rien, tellement l'ensemble forme un tout. Un tout que je ne suis pas prêt de ranger de sitôt. Maintenant, à vous de vous laisser surprendre par leur musique, et vous verrez, vous serez à Lisbonne, au Portugal, le paysage défilant devant vos yeux fermés.


Pour plus d'nformations, leur site officiel :
www.madredeus.net/




Wig A Wag : Sarah Ha Safar

Titres
Serjeant Major
Son Lakota
Son El Menfi
C'est Une Jeune Fille
Liviou Lou
Satori Breizh
Den An Ti All
Moal Enez Izel
Miltamm
Gwerz Jenovefa



Avec Wig A Wag, voici encore un bel exemple de mélange des genres. A la base, ce groupe originaire de Tours, puise son inspiration dans la musique bretonne. A la base seulement, car la diversité des musiciens qui le compose sont d'origines et d'influences très diverses, et apportent chacun leur son et leur couleur. Evidemment, le fait de chanter en breton, d'utiliser des instruments comme la bombarde incitent à penser qu'ils font une musique à classer dans le traditionnel breton. C'est vrai et faux à la fois.
La première impression en écoutant Wig A Wag, c'est qu'on a bien affaire à un groupe breton, mais dès l'arrivée de percussions et d'un violon aux sonorités berbères, ou d'un accordéon au style tzigane d'Europe Centrale, on ne sait plus où on se trouve. En fait l'ensemble donne une impression de nouveauté totale. Leur son ne ressemble à aucun autre. C'est le mélange de nombreuses influences venant de diverses traditions européennes, mais aussi du jazz. Leur musique est un véritable tourbillon de références, au sens littéral du terme, puisque leurs morceaux reposent souvent sur des rythmes rapides. A l'intérieur d'un même morceau, on retrouve des petites touches de tous ces styles qui font le style Wig A Wag, mais aucun genre ne ressort plus que les autres. Leurs chansons ne sont pas une juxtaposition de styles divers, mais bien l'addition de tous. C'est unique et brillant.
Ce qui fait la force de Wig A Wag, c'est d'abord sa section rythmique, avec une basse puissante et très présente qui s'appuie sur des percussions pleines d'imagination. Sur cette base solide, les autres musiciens viennent faire tournoyer leurs instruments. Leur musique est presque exclusivement acoustique et pourtant elle dégage un volume surprenant. A leur propos, j'emploie volontairement les mots " tournoyer " ou " tourbillon ", car c'est bien de ça dont il s'agit. Leur musique tourne et vous fait tourner la tête. Et comme si ça ne suffisait pas, Loïc Chavigny vient ajouter sa voix magnifique, elle aussi pleine de volutes et de boucles.
Dans mes morceaux préférés, on trouve le très breton " Son Lakota ", " Son El Menfi " et son côté arabe, " Liviou Lou " la grande réussite de l'album qui se termine sur un instrumental ou le duel basse / tambour est à tomber par terre. Je pourrais aussi citer " Moal Enez Izel " ou la voix hypnotique de Loïc Chavigny prend là toute sa place ou bien l'instrumental " Miltamm ", exemple parfait du mélange des genres qui fait leur force. Il y a aussi l'envoûtant " Gwerz Jenovefa " qui nous emmène très loin dans leurs rêves.
Que dire de plus, si ce n'est que Wig A Wag est pour moi l'un des meilleurs groupes de musique dite " traditionnelle ", bien que leur musique n'ai finalement pas grand chose de traditionnel. Elle s'appuie sur la tradition pour rebondir plus haut et voyager bien plus loin. Voici encore une preuve concrète que le replis sur soi et les divers intégrismes musicaux (spécialement dans la musique traditionnelle) ne seront jamais la solution et que l'ouverture sur le monde et sur les autres nous fait grandir.


Pour en savoir plus, le site de leur maison de disque :
www.patchb.com/






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