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10 novembre 2008



The Cure : 4:13 Dream


Titres

Underneath the Stars
The Only One
Reasons Why
Freakshow
Sirensong
Real Snow White
Hungry Ghost
Switch
The Perfect Boy
This, Here and Now, With You
Sleep When I'm Dead
Scream
It's Over


Si vous lisez mes chroniques depuis assez longtemps, vous savez déjà que Robert Smith et sa musique compte pour moi un peu plus que la moyenne. Beaucoup plus, pour être franc. Et l'air de rien, ça fait déjà quatre ans que rien de nouveau n'était apparu sous le soleil. Et comme avec Robert Smith on n'est jamais sûr de rien, il n'était même pas évident qu'on voit un jour arriver une suite à l'album de 2004. Pour preuve, la genèse de ce 4 :13 Dream a été des plus compliquée et l'accouchement ne s'est pas fait sans douleur.

Pour commencer, le personnel a une nouvelle fois changé. De la précédente formation, il ne reste que le fidèle Simon Gallup à la basse et le batteur Jason Cooper. Autant dire qu'après une longue période assez stable au niveau du line up, c'est un Cure new look qui nous revient. D'autant plus que Porl Thompson, le guitariste / claviériste de la grande époque des années '90 (The Head on the Door, Kiss Me Kiss Me Kiss Me, Disintegration et Wish) fait ici son retour. Ce qui nous fait une formation resserrée, à quatre. Ensuite, ce disque a été plusieurs fois repoussé sans véritable explication (initialement, il aurait du sortir il y a plus d'un an). Ce devait d'abord être un double album, puis tout était arrêté, puis une nouvelle info disait qu'il devait sortir sous forme d'un CD simple, mais aucune date de sortie n'était annoncée. Bref, on ne savait plus. Il y a eu ensuite cette avalanche de singles depuis 6 mois. On a ainsi eu droit à Freakshow, Sleep When I'm Dead, The Only One, The Perfect Boy et les remix du Hypnagogic States EP pour finir. Excusez du peu ! Mais surtout, malgré ou peut être à cause de cette abondance, aucun des nouveaux morceaux n'était suffisamment digne d'intérêt pour marquer les mémoires. On n'y trouvait pas LE single, celui capable de mettre tout le monde d'accord. Mais à bien y regarder, ça fait des années que Robert Smith s'est éloigné de ça, de ces chansons faciles et immédiatement efficaces. Depuis un moment, il se concentre sur les chansons de ses albums, sans penser aux singles qui pourraient en être issus. Bref, on ne pouvait même pas en tirer une quelconque conclusion. Mais tous ces indices me poussaient quand même à croire que ce nouvel album tant fantasmé pourrait être moins bon qu'espéré. J'avais peur d'un second Wild Mood Swing, d'un disque sans idée directrice, sans colonne vertébrale. Un ratage. Mais voilà, je viens enfin d'écouter 4 :13 Dream et la plupart de mes doutes ont fondus. Mais pas tous.

Quand on met l'album dans la platine, le premier contact se nomme Underneath The Stars et il fait partie des grands morceaux d'ouverture, à l'égal des Plainsong ou Open. Ca devient presque une marque de fabrique. Chaque album commence par un titre ample et beau et se termine par un autre morceau souvent marquant. Avec ce morceau, on baigne dans une ambiance proche de Disintegration. On est à des années lumières de ce qu'on pouvait craindre. Et quand on retombe sur le single The Only One, sorte de reprise diaphane de Just Like Heaven, on en arrive même à tomber (enfin) sous le charme discret de cette chanson. La suite voit alterner les franches réussites et les moments moins brillants, avec en première ligne le catastrophique Freakshow qui à mon sens ne méritait même pas de figurer en tant que B-side. Une caricature de Robert Smith qui singe une caricature de chanson de Cure. Heureusement, il existe de bien meilleurs moments dans 4 :13 Dream, surtout vers le milieu du disque. Notamment Real Snow White qui tranche avec les compositions habituelles de Robert Smith. Guitares affutées et son plus Rock, chant à la hauteur sur une mélodie directe qui décolle enfin, ce titre est un des meilleurs de l'album. Hungry Ghost est une autre belle surprise, une chanson solide qui en impose, tout juste suivie par un Switch déchainé, toutes guitares et pédales d'effets dehors. Bruyant et presque brouillon, mais plutôt réussi. Puis vient The Perfect Boy, un autre des singles réarrangé pour l'album. Ils ont d'ailleurs tous subit un lifting pour mieux s'intégrer dans le style général de l'album, ce qui leur fait généralement du bien. Le cas le plus flagrant étant Sleep When I'm Dead qui devient nettement plus accrocheur.

La nouveauté, qui n'en est pas vraiment une, est que le retour de Porl Thompson a fortement changé le son du groupe. Je n'ai jamais été un fan de son jeu de guitare que j'ai toujours trouvé brouillon et trop envahissant, mais ici Robert Smith semble lui avoir donné quartier libre. Du coup, il s'en donne à cœur joie, ce qui n'est pas toujours bénéfique, comme sur Switch qui frise la sortie de route ou sur It's Over qui clôt l'album de façon plus bruyante qu'efficace à mon avis. Une autre particularité de 4 :13 Dream est la variété des chansons qui le composent. A ce titre, il fait partie des albums que je qualifie de " libres ", c'est-à-dire sans direction musicale précise (Kiss Me, Kiss Me, The Head On The Door, le précédent The Cure) à l'inverse des albums " conceptuels " (Pornography, Disintegration ou Bloodflowers). Ce qui donne à l'album un aspect très varié et un peu brouillon, malgré des chansons souvent solides. Ce nouvel album de The Cure risque une nouvelle fois de diviser les fans, comme le précédent opus l'avait déjà fait avant lui. Les autres passeront forcément à côté pour cause de manque d'attrait commercial. Comme toujours, on en trouvera pour dire que c'était mieux avant et d'autres pour continuer à croire que Robert Smith a encore des choses à dire. Pour ma part, je trouve cet album très réussi dans l'ensemble, même s'il est sûrement un des plus difficiles à apprivoiser de toute leur discographie. Moins bien élevé que ces prédécesseurs, moins lisse, avec des chansons plus complexes et surtout très différentes les unes des autres, il demande de nombreuses écoutes avant de se livrer. En fait, il est comme le bon vin, si on ne se précipite pas et si on sait l'attendre, on y découvre ensuite des qualités insoupçonnées.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.thecure.com

Et la video de The Perfect Boy : ICI


Travis : Ode To J. Smith

Titres

Chinese Blues
J. Smith
Something Anything
Long Way Down
Broken Mirror
Last Words
Quite Free
Get Up
Friends
Song To Self
Before You Were Young


On connait tous Travis, ce groupe qui par la grâce d'une chanson nommée Sing, est brutalement sorti d'une carrière discrète et relativement anonyme chez nous. Depuis, il faut bien avouer que la discrétion naturelle de ces quatre écossais a rapidement repris le dessus, à tel point que leurs albums suivants sont passés totalement inaperçus ici. Décidément, en matière de musique encore plus qu'ailleurs, on a vraiment la mémoire courte. Je crois qu'il est temps de vous rappeler que ce groupe existe toujours et que Ode To J. Smith mérite le détour.

Vous vous demandez peut être qui est ce J. Smith à qui est dédié cet album. Si les Travis étaient français, cet album aurait pu s'appeler " Ode à Jean Dupont " ou " Ode à Pierre Dubois ". En clair, John Smith, c'est monsieur tout le monde. C'est vous, c'est moi, c'est nous. Génial, on n'en demandait pas tant, mais pour une fois qu'un disque s'adresse directement à nous et nous rend hommage, autant y jeter une oreille pour entendre ce qu'on dit de nous. Depuis un moment, un bruit habilement orchestré par leur maison de disque courait sur la toile : le nouveau Travis marquerait un vrai tournant musical. Le son du groupe allait radicalement changer, en s'orientant pour la première fois vers un Rock plus charnu en délaissant sa Pop fragile, les guitares électriques allaient sortir de leurs fourreaux. Bref, avec Ode To J. Smith, on allait être surpris et forcément conquis. Oui, bon, il faut quand même relativiser tout ça.

Après une première écoute de l'album, que les puristes se rassurent, on reste encore bien loin du gros son d'Oasis et consorts. Si Travis a ajouté un peu d'électricité, il l'a fait avec parcimonie. Avec délicatesse, comme dans tout ce qu'il fait d'ailleurs. C'est à croire que ce groupe là ne sait décidément pas brusquer les choses. Mais c'est avant tout pour ça qu'on l'apprécie, parce qu'on sait qu'avec eux on retrouvera à chaque fois notre dose de finesse et de douceur. Au risque parfois de friser l'insignifiance ou la platitude, comme le précédent opus qui ne laissait que bien peu de traces dans les mémoires. L'idée d'ajouter un petit coup d'accélérateur pour relancer la machine était donc forcément intéressante. Et il faut bien reconnaître que ce soupçon d'énergie supplémentaire est franchement bienvenue. Les mélodies sont toujours aussi délicieuses, aussi entêtantes devrais je dire. Pour ça, les Travis n'ont rien perdu de leur talent principal. Il parait que pour la première fois de leur carrière, la majorité des chansons ont été composées à la guitare électrique et pas seulement avec une guitare acoustique. Et même si au premier abord ce changement parait insignifiant, voire même gadget, il faut bien reconnaître qu'il s'entend immédiatement. Les chansons y gagnent en nervosité et en intérêt. On ne risque plus la somnolence à l'écoute d'un album entier de Travis. Dès Chinese Blues, on sait qu'on écoute du Travis et pas du… Coldplay, au hasard. La voix si caractéristique de Francis Healy est toujours là pour donner le cap, mais le son est effectivement un peu plus touffu et électrique. Mais c'est sur le deuxième titre qu'on en prend vraiment plein la vue. J. Smith est une merveille de chanson qui démarre de façon classique juste avant d'être brutalement interrompue par un solo de guitare rageur (oui, un solo !!!), bientôt rejoint par un chœur de voix mâles digne des moments les plus épiques du Seigneur des Anneaux. Tout ça sur fond de guitares incendiaires. Une chanson pleine d'invention et hallucinante de maîtrise, un peu à la manière du If This Hat Is Missing I Have Gone Hunting de Get Well Soon. Franchement, j'étais loin d'imaginer que les Travis avaient ça dans le ventre. Un vrai petit chef d'œuvre en tous cas. Something Anything qui lui emboîte le pas est bien plus classique, mais c'est un Rock nettement plus électrique que d'habitude. Décidément, le Travis nouveau me plait vraiment beaucoup.

Mais la suite de l'album ne suit pas vraiment la même direction. Petit à petit, le tempo se ralenti, les guitares acoustiques ressortent de sous le lit et on retrouve lentement mais sûrement le Travis habituel, celui de The Man Who ou The Invisible Band. On trouve pourtant encore un Get Up étonnant, électrisé et carrément dansant qui tranche définitivement avec le passé. Ensuite, les mélodies sont toujours aussi jouissives, la voix de Francis Healy toujours aussi enveloppante et à son meilleur ça donne Last Words qui possède un potentiel commercial assez énorme. Le groupe s'égare même un peu sur un Before You Were Young final vraiment addictif, mais qui ressemble fortement à du Coldplay. Finalement, les quatre écossais donnent la curieuse impression d'avoir vraiment voulu révolutionner leur petit nid douillet mais de s'être arrêtés en cours de route. Ce qui donne un Ode To J. Smith entre deux eaux. Mais attention, ce n'est absolument pas une critique. Ce nouvel album est certainement ce que le groupe a produit de plus ambitieux et de plus varié depuis longtemps, tout en n'oubliant jamais l'essentiel : les chansons. Le meilleur album de Travis ? Sans hésiter, je réponds oui.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.travisonline.com

Et la vidéo de J. Smith ICI



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