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10 mai 2004


Semaine anglaise, avec le magnifique album Pop de Haven à découvrir d'urgence, suivi par les (ré)inventeurs modernes The Zutons.

Haven : All For A Reason

Titres

Change Direction
Have No Fear
All For A Reason
The First Time
Wouldn't Change A Thing
Something Moved Me
What Love Is
Together's Better
Don't Say A Word
Getaway

Il y a en ce moment une sorte de lame de fond qui fait renaître la Pop anglaise. Après la Brit Pop des années ‘90, on découvre aujourd’hui une nouvelle sorte de Pop mélodique, toujours un peu dépressive (sinon elle ne serait pas anglaise), mais aussi plus touche à tout et aventureuse. En un mot, un peu moins nombriliste. Dans ce genre là, c’est Coldplay et Travis qui ont touchés le jackpot. Mais ce sont vraiment les deux arbres qui cachent la forêt. J’ai chroniqué ici beaucoup de groupes dans la même lignée, dont certains que je continue à considérer comme indispensables (I Am Kloot, Death Cab For Cutie, The Veils). Le dernier bijoux en date s’appelle Haven et il soutient facilement la comparaison avec les meilleurs du genre. All For A Reason est leur deuxième album et c’est un petit chef d’œuvre. Dans ce disque, absolument tout est beau. Pas une seule faute de goût, que ce soit la magnifique pochette ou les dix chansons qui habitent à l’intérieur.
En plus des références dont je viens de parler, la musique de Haven a tendance à me rappeler un autre groupe que j’adore, les écossais toujours aussi méconnus de Del Amitri. Il y a chez eux cette même classe, cette même propension à faire dans la mélodie évidente, dans la chanson confondante de simplicité. Pas besoin de grand chose pour réussir un grand morceau. Quelques belles idées saupoudrées de quelques pincées de talent suffisent largement. Le reste n’est finalement que de l’habillage. Et comme chez Del Amitri, les chansons de Haven ont tendance à sonner immédiatement comme des classiques inusables. Together’s Better semble même carrément avoir été écrit par Del Amitri.
Pour ce disque, il est presque inutile d’essayer de vous décrire chaque morceau, tant tout est réussi. J’ai évidemment mes préférés, mais ils sont au nombre de dix, comme le nombre de titres total du disque. Allez, quand même, je peux essayer de vous décrire l’ambiance de ce disque. Haven pourrait être une version un peu musclée (mais pas trop gonflée) de Coldplay. On oscille entre ballades Pops et Rocks souples. Aucun angle vif, rien qui gratte ou qui agresse. Dans All For A reason, tout est simplement doux et beau. Un peu dépressif, comme il se doit, mais avec en plus ce petite sourire moqueur au coin des lèvres, pour montrer qu’on ne se prend pas complètement au sérieux. Alors parmi ce bain de jouvence auditif, il y a bien sûr des chansons qui arrivent encore à surpasser les autres : dans le genre ballades, Have No Fear et The First Time ont une grâce toute simple qui fait forcément mouche. What Love Is, seul morceau réellement Rock du disque, montre que le groupe est aussi capable de frapper fort et d’être redoutable dans ce style là aussi. Comme pour tous les groupes sûrs de leur force et de leur talent, les membres de Haven savent qu’ils n’ont pas besoin d’exhiber leurs biceps pour convaincre. Leur genre de prédilection à eux, c’est assurément la Pop. Don’t Say A Word les éloignent un peu de la simplicité des autres chansons, avec ses nappes de claviers et ses cordes du plus bel effet.
All For A Reason a toute les qualités pour être présent dans la liste de mes meilleurs albums de l’année 2004. On verra ça en fin d’année. En attendant, essayez de ne passer pas à côté de ce très beau disque.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.haven-online.com

Comme semble l’indiquer le graphisme de la pochette de leur premier album, les Zutons ont l’air de vouloir faire dans la série Z. Vous connaissez tous ce genre de films fantastiques ou pseudo catastrophes réalisés avec des budgets misérables et des acteurs souvent tous plus mauvais les uns que les autres. En général pas vraiment mémorables, mais parfois l’abondance d’idées et une réutilisation inventive de tous les poncifs et recettes déjà éprouvées ailleurs fait que le film sort du lot. Essayez de voir Bad Taste par exemple, premier film délirant et totalement autorevendiqué série Z de Peter Jackson (vous savez, celui qui a réalisé Le Seigneur…). Le film porte très bien son titre (mauvais goût), mais c’est l’exemple idéal d’une série Z réussie.
Vous êtes sûrement en train de vous demander pourquoi je vous parle de cinéma. En fait, il y a de vrais liens entre ce genre de film et les Zutons. 1 / leur nom : ridicule. 2 / La pochette : qui rappelle inévitablement le genre de film dont je parlais. 3 / Le livret intérieur : dans le même esprit que la pochette, c’est une sorte de BD au style graphique très 50’s. 4 / La musique : une sorte de réutilisation de tous les ingrédients et de tous les poncifs qui leur sont tombés sous la main. Et le pire, c’est que ça donne quelque chose de largement recommandable et très écoutable. Ces anglais là (ils viennent de Liverpool) piquent des idées dans le Ska, dans le Rythm & Blues, dans le Folk, dans la Pop, dans le Funk. En gros, partout où c’est possible. Et à la manière d’un film de série Z, ils réassemblent tous ces petits morceaux d’idées déjà entendues ailleurs avec suffisamment d’inventivité et d’imagination pour que ça marche. A tel point que les Zutons en arrivent même par moments à ne ressembler à personne d’autre. Ils en deviennent inclassables et uniques. Très fort, vraiment. Who Killed The Zutons est un premier album, avec tous les défauts de jeunesse et les tâtonnements qui vont avec. Alors on les excusera volontiers de parfois s’égarer un peu. Mais comme dans la plupart des premiers albums, on trouve aussi sur celui là une énergie et une débauche d’idées jetées en vrac, qu’on retrouve rarement sur les opus suivants. Alors profitons de l’instant.
Comme d’habitude quand quelque chose de nouveau et d’un peu original voit le jour en Angleterre, le NME se jette dessus pour en faire le nouveau héros national. Quitte à le jeter aux orties un mois après. Mais remettons les choses à leur place, les gamins de The Zutons ne sont pas des génies. Ils ne vont pas révolutionner le Rock. Ils sont simplement un excellent groupe de Rock très éclectique qui semble capable de s’inventer un style unique et reconnaissable entre mille. Et c’est déjà beaucoup. Si vous voulez comprendre à quoi ressemble ce groupe, écoutez Zuton Fever qui ouvre l’album, habile mélange de cuivres qui nous rappellent un peu le Ska et d’une mélodie qui ratisse large. Pressure Point est dans le même genre, qui rappelle plein de choses entremêlées, mais qui finalement ressemble uniquement à du Zutons. You Will You Won’t est déjà un peu moins personnel. Rythm & Blues assez classique dans sa forme, il nous éloigne déjà de l’originalité ressentie au départ. Avec Confusion on aborde un autre versant de la montagne Zutons. Changement radical de style et direction le Pop-Folk joyeux de The Corals (d’ailleurs justement remerciés dans les crédits de l’album) ou des illustres aïeux The La’s. On passe donc un peu du coq à l’âne, mais sans que ce soit réellement gênant ou désagréable, la personnalité du groupe étant déjà assez forte pour faire passer ça. La qualité de chansons comme Havana Gang Brawl, Long time Coming, Remember Me (qui ressemble à un clonage de leurs copains The Coral) et le très personnel Dirty Dancehall font de ce disque un premier album plutôt réussi. Mais ce que je retiens le plus de ce disque, c’est que si les Zutons ne s’égarent pas en chemin et ne perdent pas leur inventivité, ils ont déjà tout ce qu’il faut pour se préparer un beau futur.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.thezutons.co.uk