Archives - Artistes - Accueil - Liens


10 février 2003


Révélation

Pour moi, le meilleur nouveau groupe de ce début d'année s'appelle Overhead, la mélancolie a pour nom The Delgados et Erasure revisite à sa manière les 50 dernières années.



Overhead : Silent Witness

Titres

Innerself
You call it love
Air
As stolen
Waterproof
Monkeys for the people
The sky lit up
Let us be
Silent witness
Melodrame
Letter to a friend



Pour moi, la première écoute de " Silent Witness " a été un vrai choc, une véritable révélation. Je venais d'écouter un groupe en état de grâce. Ai je écouté un des meilleurs albums depuis longtemps ? Je ne sais pas, j'ai été tellement impressionné par les chansons d'Overhead que je n'arrive pas à être objectif. Le fait qu'en plus ils soient français ne fait qu'ajouter à mon plaisir. Il est tellement rare d'avoir une vraie bonne surprise et un vrai coup de cœur pour un groupe de chez nous… La dernière fois, ce devait être pour le premier album de Miossec, ça remonte à un bon nombre d'années maintenant.
Les raisons pour lesquelles j'ai adoré cet album sont multiples. Tout d'abord cette impression d'aisance et de fluidité incroyable. Leur musique est évidente, elle coule de source, comme si s'était forcément toujours le bon moment pour l'écouter. Ensuite, il y a le style de musique pratiqué, une sorte de pont tendu entre les deux rives habituellement éloignées du Rock et du Jazz. Le chaînon manquant qui peut permettre de réconcilier les deux genres. Et puis il y a cette voix, celle de Nicolas Leroux, le chanteur. Une voix miraculeuse qu'on ne peut s'empêcher de comparer à Jeff Buckley, suprême compliment.
Voilà livrées en vrac toutes les raisons qui m'ont fait aimer ce disque. En soi, ça me paraît déjà largement suffisant pour acheter " Silent Witness ". Mais en plus de tout ça, il y a le plaisir. Le plaisir immense pris à l'écoute de ces 11 morceaux. Préparez vous à un grand et beau voyage lorsque vous insérerez le CD dans le lecteur. Un voyage tout en douceur dans un monde sans nuages. Ce disque respire la paix et la sérénité. La plupart des morceaux reposent sur un tempo lent, la batterie est effleurée, les guitares sont légères, le piano diffus et la voix incroyablement aérienne. " Waterproof ", que j'écoute au moment où j'écris ces lignes est un vrai régal et là encore on ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec l'immense Jeff Buckley. Même façon de travailler sa voix, mêmes envolées, même envoûtement. Les morceaux se succèdent avec un égal bonheur dans la sérénité, seuls quelques morceaux comme " Air " ou " Monkey For The People " cassent un peu ce calme ambiant par l'utilisation de guitares saturées. Mais la encore, pas trop, juste ce qu'il faut pour relancer l'attention, à la manière d'un coup de théâtre dans un bon roman. J'ai du mal à faire ressortir un morceau plutôt qu'un autre dans ce disque. N'en citer que quelques uns me paraîtrait insulter la grâce des autres. Alors je n'essayerai pas. Je vous dirais simplement, et encore une fois, que je crois qu'on tient là un vrai petit chef d'œuvre. Et le côté parfait de l'objet se poursuit même par la pochette, dont la photo et le titre sont en parfaite harmonie avec la musique. Je m'imagine en effet très bien dans un train, regardant par la fenêtre et laissant Overhead me raconter le paysage et l'horizon qui défile silencieusement sous mes yeux. Overhead crée une musique faite pour rêver, pour partir et voyager, immobile, alors que le monde continue de tourner.
Bref, vous l'aurez compris, j'ai adoré ce disque. La question qui se pose est : ce disque sera-t-il capable de franchir les années et rester aussi frais, agréable et enthousiasmant. Je suis persuadé que oui. D'une part, parce que c'est un grand album, d'autre part, parce qu'il est hors des modes et donc intemporel.
Overhead s'est déjà fait une bonne réputation en France et je pense qu'il y a de fortes chances pour que cet album marche bien aussi à l'étranger, c'est en tout cas tout le mal que je leur souhaite. Alors découvrez les maintenant, tant qu'ils sont encore chez nous, ils le méritent amplement.






The Delgados : Hate

Titres

The Light Before We Land
All You Need Is Hate
Woke From Dreaming
The Drowning Years
Coming In From The Cold
Child Killers
Favours
All Rise
Never Look At The Sun
If This Is A Plan



J'ai lu quelque part que les Delgados était le groupe qui mettait le mieux la mélancolie en musique. J'ai donc naturellement eu envie d'entendre ce que ça pouvait donner. Je ne vous cacherai donc pas que je viens de les découvrir. Pourtant, ce sont loin d'être des débutants, mais une fois encore, ils font partie de ces musiciens non médiatisés. Mais d'après ce que j'ai pu apprendre sur eux, c'est dû en partie à un choix de leur part. En effet, voilà un groupe (écossais, encore…) qui se bat depuis des années contre la mainmise des multinationales du disque sur les choix et les goûts du grand public. Le pot de terre contre le pot de fer en quelque sorte. Car que peut bien peser des musiciens comme eux, aussi talentueux soient ils, face à de grands groupes internationaux ? Rien ou pas grand chose, ce qui rend leur combat encore plus beau et courageux.
Toujours est il, pour en revenir à ce qui m'a attiré chez eux de prime abord, qu'ils sont réellement le groupe mettant le mieux en musique ce sentiment fragile qu'est la mélancolie. Vous savez, ce sentiment où on aime parfois se perdre, ni gai ni triste, lorsqu'on se rappelle un moment agréable qui ne reviendra jamais. Si le sentiment est difficile à cerner, leur musique l'est tout autant. On a affaire ici à une musique à la fois légère, aérienne et en même temps sérieuse et profonde. Une musique qui donne envie de fermer les yeux pour mieux y plonger et s'y noyer. " The Light Before We Land ", le premier morceau de l'album est typique des morceaux qui vont suivre : une impressionnante maîtrise, une atmosphère belle comme le jour et une voix aérienne pour couronner le tout. Les morceaux sont tour à tour chantés pour la voix féminine par Emma Pollock ou par Alun Woodward pour la voix masculine, ce qui permet aux différentes chansons d'avoir deux timbres et deux ambiance différentes, toutes les deux aussi réussis.
The Delgados (dont le nom vient paraît il du patronyme d'un ancien coureur cycliste espagnol) ont des dons de mélodistes évidents. Les idées foisonnent et les morceaux contiennent des ruptures de rythmes, des envolés magnifiques. On est vraiment aspiré par la magie de leurs chansons : " The Drowning Years ", " Coming In From The Cold ", " Favours " et surtout " Never Look At The Sun " sont de véritables bijoux de mélodies. Je pourrais en citer d'autre, tous même, tellement cet album est beau de bout en bout. Je me surprend à le passer en boucle ces temps ci. Et nul besoin d'être dans une période nostalgique pour apprécier leur musique. Elle est universelle et vous emplit de bonheur, vraiment. Vous ressortez de l'écoute de ce disque avec le sourire au lèvre et des mélodies plein la tête. La seule chose qui dénote un peu dans ce disque c'est son titre " Hate ", un titre totalement à l'opposé des impressions éprouvées.
Alors encore une fois, je vais me répéter, mais il est vraiment plus que dommage que des gens comme eux n'aient pas ou peu accès aux média et que seul le bouche à oreille ou d'éventuelles bonnes critiques leur permette de vendre des disques. Alors voilà, je vous en ai parlé. Maintenant, à votre tour, faites passer…


Pour plus d'nformations, leur site officiel :
www.chemikal.co.uk/delgados.html





Erasure : Other People's Songs

Titres

Solsbury Hill
Everybody's Got To Learn Sometime
Make Me Smile (come Up And See Me)
Everyday
When Will I See You Again
Walking In The Rain
True Love Ways
Ebb Tide
Can't Help Falling In Love
You've Lost That Lovin' Feelin'
Goodnight
Video Killed The Radio Star



En France, qui connaît Erasure ? Ou plutôt, qui se souvient d'eux ? En effet, ils ont eu leur heure de gloire chez nous en 1987 avec un morceau titré " Oh l'Amour ", mais depuis c'est le désert quasi total. Pourtant, chez nos voisins Britanniques, ça marche toujours aussi fort depuis 15 ans. L'explication la plus probable est que le style de musique qu'ils pratiquent, et qu'ils ont toujours pratiqués d'ailleurs, est très anglais et a du mal à s'exporter. Erasure fait une sorte d'Electro-Pop légère, voire très légère, et que certains n'hésitent pas à qualifier d'inconsistante.
Pour vous les situer, je crois qu'un bref historique s'impose. Au tout début, il y avait Depeche Mode (là ça doit commencer à vous dire quelque chose) et leur tout premier album " Speak And Spell ", dont faisait partie Vince Clarke, alors compositeur du groupe. Vince Clarke quitte Depeche Mode et fonde dans la foulée un duo baptisé Yazoo avec la chanteuse Alison Moyet. Là, normalement ça doit forcément vous rappeler des souvenirs, en tout cas pour les moins jeunes d'entre vous. " Don't Go " fut un tube plus qu'énorme, suivi par " The Other Side Of Love " et " Nobody's Diary ". Le temps de faire deux albums et Vince Clarke change de nouveau d'horizon et fonde Erasure en compagnie du chanteur Andy Bell. Depuis, plus rien n'a changé pour Vince Clarke. Et quand je dis que rien n'a changé, je veux dire par là que sa musique n'a pas changé d'un iota. Le son de Yazoo est le même que le son d'Erasure et réciproquement. Seule la voix a changée.
Alors on pourra reprocher à Erasure de ne pas évoluer d'un album à l'autre, de nous resservir toujours le même plat. C'est un peu vrai. Mais à l'inverse, quoi de plus agréable que de retrouver sur chaque album ce qu'on a aimé sur les précédents. En tous cas, je suis chaque album depuis leurs débuts et j'ai toujours plaisir à les retrouver égaux à eux même. C'est un peu comme retrouver un ami qu'on ne verrait qu'une fois par an mais qu'on ne perdrait jamais vraiment de vue. Un ami qui ne vieillirait pas. En effet, les sons des synthés d'Erasure viennent tout droit des années '80, les sonorités des boites à rythme également, ce qui rend leur son immédiatement identifiable et unique aujourd'hui.
Comme le titre de cet album l'indique, on a ici une collection de reprises d'autres musiciens et chanteurs. On a l'occasion ici de faire une petite visite guidée de leurs goûts musicaux, forts éclectiques d'ailleurs. On commence avec une reprise d'un morceau de Peter Gabriel, pour passer ensuite aux Korgis (ce nom ne vous rappelle peut être rien, mais là aussi " Everybody Got To Learn Sometime " a été un énorme tube en son temps), à Buddy Holly, The Righteous Brothers, Elvis Presley et pour finir les Buggles (souvenez vous de " Video Killed The Radio Star ") et j'en oublie des moins connus. Varié je vous dis. Mais ce qui est surprenant, c'est que tous ces morceaux d'origines et de styles très différents, une fois passés à la moulinette Erasure, ont tous une unité de son et de ton qui fait un album qui tient vraiment la route. Ces morceaux donnent l'impression d'avoir été écrits par eux. Prenez par exemple, " Falling In Love With You ", morceau d'Elvis Presley, univers et son totalement différents de l'idée qu'on se fait d'Erasure. Et bien, dans cette version Electro, chantée par la voix androgyne d'Andy Bell, c'est une nouvelle chanson. On reconnaît parfaitement la mélodie, mais tout le reste est méconnaissable. Et c'est une vrai réussite. Même chose pour la quasi totalité des morceaux de ce disque.
Alors, si vous voulez découvrir ce groupe, commencer par " Other People's Songs " est une bonne idée. Vous réentendrez des chansons que vous connaissez déjà mais habillées sur mesure par Erasure. Et ils ne sont pas les plus mauvais tailleurs.


Pour plus d'nformations, leur site officiel :
www.erasure.com






© Copyright 2003 Why Not ?