Martin L. Gore : Counterfeit²

Titres

In My Time Of Dying
Stardust
I Cast A Lonesome Shadow
In My Other World
Loverman
By This River
Lost In The Stars
Oh My Love
Das Lied Vom Einsamen Mädchen
Tiny Girls
Candy Says

Bénabar a un talent d’écriture évident. Ca vous saute aux tympans dès la première écoute, dès que vous prenez le temps de tendre un peu l’oreille pour écouter ces drôles de paroles ou bien ces paroles drôles, ça dépend de la chanson. Je l’avais déjà remarqué avec son album intitulé Bénabar, sorti en 2001. Les Risques Du Métier confirme largement ce qu’on pressentait : Bénabar a tout pour faire partie des futurs grands chanteurs français.
Bénabar fait partie de ces chanteurs dit « à texte », dans le sens où l’important pour lui, c’est à l’évidence les textes. Ce n’est pas qu’il délaisse ou prête moins d’attention à la musique, mais on sent un plaisir tellement évident chez lui à manipuler et assembler les mots, que c’est ce qu’on entend et retient en premier. C’est en plus sa principale qualité. Sa façon de nous raconter ces petites histoires simples qui parlent de nous est assez unique. Son don d’observation et sa vision à la fois tendre et acerbe de nos travers est tout simplement réjouissante. Il est impossible de ne pas reconnaître un de ses proches dans ses chansons. Au détour d’un refrain on se prend à se dire que ça nous rappelle untel ou qu’on a déjà vécu cette histoire. Ses chansons sont un peu la bande son de notre vie à tous. Bénabar ne fait que nous observer, prendre des notes, pour finir par les mettre en musique. Une sorte de journaliste musical. Un ethnologue qui compose plutôt que d’écrire des livres.
Dis-lui Oui, qui nous raconte la démarche d’un type à bout qui décide d’aller relancer l’ex copine de son ami pour qu’ils essayent de recoller les morceaux, est un vrai régal : « Dis lui oui, depuis que tu l’as quitté, il habite chez moi, je ne peux plus le supporter, Muriel aide moi ! ». Je Suis De Celles qui nous parle d’une de ces filles utilisée mais jamais aimée, fait partie de l’autre versant du talent de Bénabar, celle des chansons tendres et touchantes, qui plutôt que de nous inciter à sourire, nous poussent à réfléchir sur nos propres lâchetés et nous touchent là ou ça fait le plus mal. Un vrai petit chef d’œuvre. Mais une bonne moitié des chansons de ce disque fait partie de l’autre côté, celui du sourire. A l’écoute de ses paroles, on a souvent l’impression que Bénabar nous fait un clin d’œil, comme pour nous dire « Et ça, ça te rappelles rien ? ». Et évidemment, ça nous touche parce ça parle de nous. Les thèmes abordés ne mettent pas vraiment l’Etre Humain en valeur, mais la façon légère qu’il a d’en parler et surtout l’énorme affection pour ses personnages et leurs histoires, et à travers eux pour les gens en général, fait tout passer en douceur. Et bien évidemment, quand Bénabar se moque un peu de quelqu’un, c’est forcément de quelqu’un de notre connaissance. Et si par hasard il venait à parler directement de nous, il n’y aurait qu’à faire semblant de ne pas remarquer.
Sac A Main raconte l’histoire d’un homme qui visite le sac à main de sa copine pour voir un peu tout ce qu’elle peut bien y entasser. Bien sur, ce qu’il va y trouver le fera regretter d’avoir été trop curieux. La coquette nous parle avec une sensibilité rare d’une femme qui après avoir été belle doit faire face à la vieillesse : « Elle dit que les années écrivent sur les visages, et que les ratures encombrent la page, profitons du beau temps avant l’averse, elle tue le temps avant l’inverse ». Quand je vous dis qu’il écrit bien… Les Mots d’Amour aborde la difficulté de passer des mots gentils aux vrais mots d’amour, alors que Monsieur René nous conte l’histoire d’un homme qui, contraint et forcé, la mort dans l’âme, doit partir en retraite. Une sorte de mort avant l’heure : « Monsieur René finit sa course sans s’échapper du peloton, à son âge on ne fait plus de courses, on fait les commissions ». J’allai oublier le CD single offert en bonus avec l’album : Le Slow (enregistré en public à l’Olympia) mérite presque à lui seul l’achat du disque. C’est un pur moment de rigolade musicale à ne surtout pas prendre au sérieux.
Je m’aperçois que je n’ai pas encore parlé de la musique, pourtant fort réussie elle aussi. Les risques du métiers baigne dans une ambiance acoustique, un peu dans le genre Mano Solo, ou dans l’esprit de gens comme La Tordue, Les Hurlements d’Léo ou Les Têtes Raides. Encore une fois, que du bon. C’est sûr et certain, ce n’est qu’une question de temps avant que Bénabar soit reconnu par le grand public. Et ça ne devrait pas être très long.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.benabar.com
Et un autre site non officiel : www.benabar.net