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8 décembre 2003


Rien en commun, mais alors vraiment du tout, entre l'américano-mexicaine Lhasa De Sela, qui fait une musique destinée à nous toucher au coeur et les américains d'Electric Six qui vise plutôt du côté du ventre, voire même un peu plus bas. Deux disques fort différents mais à découvrir très vite.




Lhasa : The Living Road

Titres

Con Toda Palabra
La Marée Haute
Anywhere On This Road
Abro La Ventana
J'arrive à La Ville
La Frontera
La Confession
Small Song
My Name
Pa' Llegar A Tu Lado
Para El Fin Del Mundo O El Ano Nuevo
Soon This Space Will Be Too Small


En commençant cette chronique, je m’aperçois qu’il est aussi compliqué de parler de Lhasa que de sa musique. Aussi difficile de cerner la femme que d’essayer de mettre sa musique dans une petite case bien formatée et bien rassurante. Le personnage est aussi complexe que sa musique est multiple et métissée.
La vie d’enfant de Lhasa De Sela ne ressemble pas vraiment à la vie de mademoiselle tout le monde. Père mexicain, mère américaine. Des parents toujours en mouvement entre les deux pays. Lhasa a été baladée en voiture ou en minibus entre les Etats Unis, où elle est née et l’Amérique centrale. Son enfance a bien souvent dû se passer le nez collé à la vitre d’un quelconque moyen de transport, à regarder défiler le paysage. A rêver et imaginer les vies des gens aperçus, des villes traversées. Une enfance solitaire, passé à imaginer. Et aussi une enfance à écouter au cours des voyages, des musiques du nord et du sud. A apprendre à les aimer toutes. Lhasa a absorbé tout ça. Elle est tout ça. Elle vit aujourd’hui au Canada et est en train d’assimiler le français, en plus de ses langues maternelles que sont l’anglais et de l’espagnol.
The Living Road, deuxième album de Lhasa, est le résultat de tout ce vécu. Il mêle les trois langues et mélange les influences musicales des deux continents. La musique de Lhasa est une musique de voyage, alors on visite l’Argentine à travers le Tango, les Etats Unis avec le Blues et bien sûr le Mexique. Mais ce n’est pas un voyage touristique sous un beau ciel bleu que nous propose Lhasa. Elle nous fait partager sa vision du voyage, et au delà sa vision de notre monde. Il y a dans ce voyage beaucoup de cassures, de fêlures. Sa musique véhicule beaucoup de tristesse et de mélancolie. Je continue à penser que les sentiments les plus sombres permettent d’écrire les plus belles chansons. Ce n’est pas l’album de Lhasa qui me fera penser le contraire. The Living Road est peut être baigné d’une lumière crépusculaire, mais tellement belle. Cet album est capable de vous toucher directement à l’âme, là où ça fait le plus mal et là où s’en souvient le plus longtemps.
Le voyage commence en espagnol avec Con Todo Palabra, belle complainte adossée à un simple violoncelle. La Marée Haute, genre de Tango lent, là encore basé sur une harmonie de violoncelle, nous démontre que ses chansons en français sont au niveau des autres. Arrive ensuite Anywhere On This Road, la plus belle chanson du disque, sorte de Blues abyssal porté par la voix plus grave et profonde que jamais de Lhasa. C’est un moment de vraie magie. Il y a un vrai génie dans l’utilisation des percussions et dans cette trompette qui vous emmène bien plus loin qu’une simple chanson n’est sensé le faire. Les chansons de Lhasa n’ont jamais vraiment un style unique et immédiatement identifiable. Chacune de ses musique mélange les genres et brouille les pistes. Abro La Ventana, par exemple, vient du Mexique, c’est clair, mais on sent frémir bien d’autres influences sous le vernis des apparences, comme le Fado portugais de Madredeus. La Frontera me rappelle le meilleur de Calexico, avec ces mêmes violons, ces mêmes trompettes et cette même vision fantasmée du Mexique. Dépaysement garanti. La Confession est une autre preuve que Lhasa peut écrire des chansons fortes en français. Les autres grands moments du disque sont le Blues minimaliste de Small Song, le renversant Pa' Llegar A Tu Lado et surtout Soon This Space Will Be Too Small où la profondeur et la sensibilité de la voix de Lhasa rappelle de grandes chanteuses de Jazz disparues.
Ce disque ne pouvait pas mieux porter son titre et si la route est vivante, c’est parce que Lhasa nous la raconte et sait la rendre belle. A l’écoute de ce disque, j’ai eu vraiment l’impression de vivre un moment spécial. L’impression de découvrir quelqu’un d’important. Pas nécessairement quelqu’un appelé à devenir une star, mais quelqu’un d’important dans ma vie. Quelqu’un qui va compter pour moi et dont les disques seront toujours à portée de main, dans les bons moments mais aussi et surtout dans les moments de blues. Ca, j’en suis sûr.


Pour plus d'informations, le site officiel (en construction) :
www.lhasadesela.com
Et un site non officiel français : www.sendereando.com




Electric Six : Fire

Titres

Dance Commander
Electric Demons In Love
Naked Pictures (Of Your Mother)
Danger! High Voltage
She's White
Improper Dancing
Gay Bar
Nuclear War (On The Dance Floor)
Getting Into The Jam
Vengeance And Fashion
I'm The Bomb
Synthesizer



Depuis le temps, vous l’aurez sans doute remarqué, j’ai un gros faible pour les Radio 4 et leur deuxième album Gotham. Mais depuis la sortie de cet album, je trouvais un peu étonnant qu’aucun groupe ne leur ait emboîté le pas et encore plus étrange, qu’aucune major n’ait investi dans ce nouveau filon Rock / Dance. Et voilà que je découvre Fire des dénommés Electric Six. Certes pas vraiment nouveau puisque sorti cet été, mais tout frais pour moi. Tout frais et surtout grosse claque sonore. Si vous connaissez Radio 4, essayez de les imaginer en version turbo, boostés à l’électricité et vous aurez une chance de comprendre à quoi ressemble Electric Six.
Ce groupe, qui avait pour nom The Wildbunch (rien à voir avec le label de Massive Attack) nous vient de Detroit et ils ont l’avantage d’être des copains des White Stripes. Jack White donne même de la voix sur un des morceaux de l’album. Leur style musical est, comment dire… Enorme. Je crois que finalement c’est ce qui les définit le mieux. Le son est énorme, les ficelles utilisées (ou les câbles plutôt) sont énormes, les recettes utilisées sont archi connus, mais pourtant ça marche. Et mieux que bien encore. La finesse n’est vraiment pas leur truc. Leur truc, c’est l’enthousiasme, la pêche et le fun. Leur musique est un mélange de Rock péchu à grosse guitare adossé à une section rythmique Disco / Funk. En un mot, à première vue, ça ne sent pas vraiment le frais. Et pourtant, c’est excellent. C’est peut être dû à l’apparente candeur de l’ensemble qui sonne finalement très naturel, à cette énergie contagieuse et surtout à la voix de Dick Valentine, chanteur qui rappelle fortement le Tom Jones d’avant sa sortie de naphtaline.
Le nom du groupe, autant que le titre de l’album, ne pouvaient être mieux choisi. On n’est pas trompé sur la marchandise. Fire est vraiment un condensé de Rock électrique. Mais un Rock pyrotechnique capable de mettre le feu à n’importe quelle piste de danse. A commencer par Dance Commander qui bouscule tout sur son passage. Tympans délicats s’abstenir ! Electric Demons In Love donne vraiment l’impression d’être chanté par Tom Jones. Même voix rauque, même trémolos. Etonnant. Et puis brutalement on bascule dans des vocaux très Disco. Le genre syndrome Bee Gees post Staying Alive. J’imagine que raconté comme ça, ça ne donne pas vraiment envie et pourtant, c’est excellent. Naked Pictures (Of Your Mother) est dans le même genre. Le début du disque est un vrai ouragan. Ca ne se calme pas vraiment avec Danger ! High Voltage, premier single du groupe, avec la caution de Jack White qui vient lui aussi brailler sur ce titre réellement incandescent. Une belle machine Rock à danser et une réussite totale.
Le milieu de l’album est peut être un peu plus quelconque, mais la colossale énergie du groupe permet de faire passer la pilule sans trop de dégâts. Quand je dis qu’ils utilisent de grosses ficelles, dans I Invented The Night, ils ont carrément pompé le Down In The Park de Gary Numan, gimmick de synthé compris ! Gonflés les plagiaires ! Et puis ça repart avec Improper Dancing, fusion Rock / Funk qui elle, ne doit rien à personne et qui balaye les doutes. La fin de l’album est des plus réussie avec le brillant I’m The Bomb (clin d'oeil au même Tom Jones ?), ou Dick Valentine fait étalage de toute son aisance vocale, et Synthesizer, Popsong synthétique plutôt légère perdue dans cet océan de décibels.
En bref, Fire est une belle décharge d’énergie électrique, mais aussi une fort belle machine à danser. Sans doute plus marketing et fabriqué que Radio 4, et peut être un peu fatigant sur la longueur, mais tout aussi efficace.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.electric6.com



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