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8 septembre 2003


Voilà une rentrée qui s'annonce franchement interessante, en commençant cette semaine par The Cult, pas vraiment nouveau, mais ça fait déjà un bon moment que je voulais vous parler de ce groupe, la résurrection des Killing Joke qui viennent de sortir ce qui ressemble fort au meilleur album de cette rentrée et The Coral qui possède tous les atouts pour devenir un trés grand groupe. Ca, c'est pour cette semaine. Et dans les jours à venir, on aura droit aux nouveaux David Bowie et Muse. Rien que ça. Vivement demain.




The Cult : Music Without Fear (DVD)

Titres

Rise
In The Clouds
Lil' Devil
Peace Dog
Take The Power
My Bridges Burn
Rain
Edie (Ciao Baby)
The Witch
Breathe
Fire Woman
Sweet Soul Sister
Wildflower
She Sells Sanctuary
True Believers
War (The Process)
Love Removal Machine



The Cult est encore un parfait exemple de groupe sous estimé, comme il y en a tant. Ils existent depuis le début des années ’80. Ils se sont appelés Southern Death Cult, puis Death Cult et pour finir The Cult. Mais vous souvenez vous d’eux où en avez vous seulement entendu parler ?
Leur heure de gloire s’est située au milieu des années ’80, avec l’album Dreamtime qui les a vraiment fait connaître, puis surtout le magistral Love, beau monument de Rock Gothique. Vint ensuite un virage progressif plus orientée vers le Hard Rock avec les deux bons albums que sont Electric et Sonic Temple. Ils sont ensuite restés dans ce style musical. Leur notoriété a peu à peu diminuée ensuite pour s’évanouir presque totalement, jusqu’à l’année 2000 qui a vu leur retour discographique avec le très lourd et très Metal, Beyond Good And Evil, album qui prouvait qu’ils en avaient encore suffisamment sous la semelle pour nous surprendre agréablement.
The Cult est encore un groupe qui, comme la plupart des grand groupes, repose sur la dualité de deux fortes personnalités : Ian Astbury au chant et Billy Duffy aux guitares, tous deux auteurs / compositeurs et seuls maîtres à bord. Ils sont d’ailleurs les seuls membres restants du groupe d’origine. Leur longue collaboration a donné quelques albums qui restent toujours à portée de main dans ma discothèque et ça depuis longtemps. Compte tenu de la désaffection progressive du public pour ce groupe, l’arrivée d’un DVD live est une chose étonnante, surtout doublée d’un autre DVD qui retrace leur carrière au travers de toutes leurs vidéos. Music Without Fear a été enregistré et filmé en 2001 à Los Angeles pendant la tournée de l’album Beyond Good And Evil. Ce live contient un résumé assez cohérent de leur longue carrière. Bien sûr, il y a des trous, des oublis volontaires, correspondant à leurs albums les moins populaires. Par contre, il y a tous ceux cités plus haut et une place bien sûr importante réservée à Beyond Good And Evil, leur dernier album du moment.
Le concert commence par Rise et In The Clouds, deux morceaux de Rock bien lourds pour mettre immédiatement dans l’ambiance. Puis, pour aérer un peu tout ça, vient Lil’ Devil, morceau génial qui prouve qu’avec juste trois accords et du talent, on peut écrire de grandes chansons. Le concert est ensuite sur des rails. Les chansons s’enchaînent, mêlant tantôt Gothique, tantôt Hard Rock, suivant la période. Il y a bien sûr de beaux moments qui sortent du lot, qui pour moi correspondent à leur période Gothique, avec Rain, sans doute un de leur meilleur morceau. Un hymne, un vrai, à brailler en cœur pendant un concert. Il y a aussi Edie, Fire Woman et Sweet Soul Sister, piliers de l’album Sonic Temple, Wildflower morceau capable lui aussi de vous réconcilier avec le Rock à guitares et She Sells Sanctuary, autre monument de leur période Gothique. Bref, ce DVD est une succession d’excellents morceaux qui ont le don de me rappeler de bons souvenirs. Le concert se termine en apothéose sur Love Removal Machine, morceau qui a le don de réussir à réveiller les morts pour une dernière petite danse. C’est en plus assez bien filmé, le son est bon, alors tout va bien. Le seul petit regret est l’ambiance assez calme dans la salle, malgré tout le mal que se donne Ian Astbury pour essayer de réveiller ce public américain assez apathique. Dans les plus, concernant ce DVD, On a droit à un bonus sur le groupe sous titré en français, chose très rare dans le genre DVD live. En général, on doit plutôt se contenter d’essayer de comprendre les interview en tentant désespérément de lire sur les lèvres.
The Cult fait partie de ces bons groupes de Rock qui ont eu une carrière en dents de scie qui n’a jamais vraiment atteint des sommets, malgré une belle quantité d’albums très réussis. Certes Ian Astbury n’a pas la voix d’un Robert Plant et Billy Duffy n’est pas le guitariste le plus virtuose de la décennie, mais leurs albums ont toujours été pour moi sources de bons moments. Ca tient en grande partie à la complicité et à la complémentarité des deux compères qui prouve une fois de plus que bien souvent la musique n'a rien de logique ni de mathématique, et que la somme de deux talents vaut plus que ces talents pris individuellement.


Pour plus d'informations, le site officiel :
www.the-cult.com




Killing Joke : Killing Joke

Titres

The Death And Resurrection Show
Total Invasion
Asteroid
Implant
Blood On Your Hands
Loose Cannon
You'll Never Get To Me
Seeing Red
Dark Forces
The House That Pain Built



Alors là ! Si vous cherchez qui peut bien créer l’événement de cette rentrée, qui peut créer la surprise, qui peut nous offrir le meilleur album, ne cherchez plus. Killing Joke est tout ça à la fois.
On les avait perdus de vue vers la fin des années ’80, après une décennie qui les avait vu doucement glisser d’un Rock tribal, brutal et déjanté vers une musique plus accessible mais toujours aussi dérangeante, toujours à la limite du chaos. Ils avaient même réussis à créer la sensation avec un pic de popularité inattendu grâce au morceau Love Like Blood et à l’album Night Time en 1987, qui avait tout emporté sur son passage et avait fait de ce groupe un gros vendeur de disques. Comme souvent, ce succès populaire aussi subit qu’inattendu a fait son œuvre et le groupe n’a pas survécu bien longtemps.
La première surprise est déjà de voir ce groupe mythique se reformer si longtemps après. La deuxième surprise est de le voir se reformer avec ses membres d’origine au grand complet, le très perturbé chanteur Jaz Coleman en tête, épaulé par la guitare de Geordie Walker et les basses de Youth et Raven. La troisième surprise est de retrouver l’ex Nirvava Dave Grohl à la batterie sur tout cet album. Et enfin, la plus grande des surprises est sans conteste d’avoir avec cet album le meilleur disque des Killing Joke à ce jour, mais aussi d’avoir l’impression d’être en train d’écouter un album de Rock monumental. Enorme.
Qui aurait bien pu parier un centime sur la reformation de ce groupe ? Qui aurait pu imaginer qu’ils avaient encore en eux toute cette énergie et cette rage ? Qui aurait pu croire qu’ils étaient capable de nous en mettre à nouveau plein la vue et surtout plein les tympans ? Pas moi en tous cas. Pas une seconde. Et pourtant, je le dis et je le répète, cet album est fantastique. Le grand Jaz Coleman est de retour. Oubliez la voix caressante de Love Like Blood, c’est une voix cassée, rauque, des cordes vocales qu’on croirait tailladées à coup de lames de rasoir. Les guitares de Geordie Walker sont toujours aussi tordues, concassées, comme au bon vieux temps et la section rythmique nous donne un véritable mur du son. Dave Grohl a même réussi à ressusciter les rythmiques tribales d’antan. Pas de doute, tout est là. En plus fort, plus grand, plus beau, plus efficace que dans mes souvenirs.
Je comprends mieux que Dave Grohl, fan du groupe depuis longtemps, ai tenu à faire partie de cette aventure. A l’écoute des morceaux du groupe, il a forcément lui aussi pris une claque. C’est sûr, il ne fallait pas rater ça.
Le séisme commence par The Death & Resurrection Show, qui nous met tout de suite en condition : une guitare primaire et abrasive, un son d’une puissance rare et la voix râpée de Jaz Coleman. Quand arrive la batterie de Dave Grohl, c’est encore plus fort. Le travail que fait Dave Grohl sur ce morceau est à tomber par terre. Il donne l’impression d’une avancée implacable et inexorable, un rouleau compresseur. Un morceau tribal et hypnotique comme seuls les Killing Joke savent en faire. Déjà là, on est par terre. Si on n’était pas assis, on tombe de haut. Mais ce n’est qu’un épisode, qu’une étape dans ce disque. Total Invasion continue dans le même registre, mais c’est ici la voix (les voix) de Jaz Coleman qui impressionne. Sa voix est tour à tour maladive, chuchotée, cassée ou lyrique mais toujours inquiétante, toujours à la limite du dérapage, au bord de cette folie que le chanteur a souvent côtoyée. Pas le temps de reprendre son souffle : Asteroid nous tombe dessus pour continuer à nous laminer. Implant et Blood On Your Hands nous permettent de desserrer un peu l’étau. On retrouve ici un son à la Love Like Blood, mais pas question de refaire ce qui a déjà été fait. Ca ressemble à Love Like Blood ? Alors on casse, on écrase le jouet pour le recracher sous une forme nouvelle, moins lisse et beaucoup plus acérée. Aucune douceur ici. Cet album n’est que rage et énergie trop longtemps contenue qui trouve enfin ici une issue de secours par laquelle s’échapper. C’est peut être bien ça qui donne cette impression d’avoir affaire ici à un monument de Rock brûlant. Les Killing Joke ne « fabriquent » pas leur musique, elle jaillit plutôt comme un cri de rage et c’est ça qui rend ce disque absolument énorme. Pour une fois, j’ai vraiment l’impression de toucher à l’âme, à l’essence même d’un groupe. Killing Joke avance démasqué, sans artifice, sans protection contrairement à ce que pourrait laisser supposer le masque de clown malsain de la pochette.
Puisqu’il fallait bien trouver un single, Loose Cannon fera bien l’affaire, même si je pense qu’aucun morceau de ce brûlot n’y a plus sa place qu’un autre. Pourquoi ne pas aussi avoir choisi You’ll Never Get To Me, l’une des rares plages calme et autre sommet de ce disque qui en compte tellement. Cet album est un tout. Une entité qu’il me paraît inutile de vouloir saucissonner.
On ressort de l’écoute de ce disque complètement secoué, déboussolé et surtout totalement impressionné. Il y a bien longtemps qu’un disque ne m’avait pas touché à ce point. C’est dans l’espoir de tomber sur des disques comme celui là que je continue à fouiller et à chercher parmi les quantités d’albums existants. C’est dans l’espoir d’être touché, de ressentir une émotion que seule la musique peut procurer. L’émotion ressentie cette fois n’est pas joyeuse, pas forcément toujours agréable. Elle est brutale, noire, dérangeante, puissante mais surtout, vraie. Elle est le reflet de l’âme toujours aussi tourmentée de Jaz Coleman.
Alors peu importe de savoir si Killing Joke fait du Post-Punk, de l’Indus-machin ou du Metal-truc. Leur dernier album est fabuleux. Mais à ne pas mettre entre toutes les mains, ni entre toutes les oreilles. Il brûle vraiment très fort.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.killingjoke.com




The Coral : Magic And Medicine

Titres

In The Forest
Don't Think You're The First
Liezah
Talkin' Gypsy Market Blues
Secret Kiss
Milkwood Blues
Bill McCai
Eskimo Lament
Careless Hands
Pass It On
All Of Our Love
Confessions Of A.D.D.D



Leur premier album avait fait l’effet d’une petite bombe. The Coral nous offrait une musique étonnante, faite de tout ce qui leur passait par la tête et sous les doigts. Ca partait dans tous les sens, tantôt ambiance Country, tantôt Folk, tantôt Blues ou bien Pop, mais toujours guitares en avant. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça donnait un peu de frais, un peu de spontanéité à ce monde de la musique qui en manque souvent cruellement. Il y avait dans ce disque tout l’enthousiasme d’une bande de gamins qui veulent bouffer le monde et qui sont persuadés d’y arriver. C’était un bon début et surtout on sentait un potentiel énorme derrière ce premier album.
Aujourd’hui, nous les retrouvons presque un an après, jour pour jour, avec Magic And Medicine, deuxième essai du groupe. Bien sûr l’effet de surprise n’est plus là. On n’éprouve donc plus exactement la même chose que lors de leur découverte. Mais ce n’est pas seulement nous qui avons aujourd’hui une oreille différente. The Coral a changé. Mûrit plutôt. On n’a plus aujourd’hui cette impression de foisonnement d’idées qui pouvait même parfois aller jusqu’au fouillis. Les morceaux sont plus construits, plus linéaires aussi, plus adultes. Il y a toujours autant d’idées, mais elles sont maintenant canalisées, pour plus d’efficacité.
Dans leur premier single Don’t Think You’re The First, on retrouve bien les mêmes ingrédients qu’à l’habitude, on reconnaît bien le son du groupe, mais à la place de l’avalanche de sonorités et de ruptures de ton, on a maintenant un morceau construit. En un mot : une chanson. De celles qu’on a plaisir à écouter longtemps. Liezah me fait irrésistiblement penser aux La’s, ce groupe inoubliable qui en l’espace d’un seul album majeur avait su ressusciter une Pop à guitare brute de fonderie, sans artifices, mais avec le cœur et les tripes en plus. Mais The Coral est aussi bien plus que ça. Leurs emprunts au Folk, à la Pop, mais aussi et surtout au Blues et même parfois au Jazz en font un groupe à l’éventail bien plus large. Ce groupe donne l’impression d’être capable de tout. De pouvoir partir dans n’importe quelle direction, sans prévenir. Magic And Medicine est très différent de son prédécesseur et je suis persuadé que le suivant le sera encore plus. Ils ont tellement gagné en maturité entre les deux albums et ils prennent un tel plaisir à visiter les univers musicaux les plus divers qu’ils ne pourront pas s’arrêter là. On sent sur ce disque la jubilation des musiciens à jouer aux touche-à-tout et à expérimenter des idées, comme dans l’incroyable Milkwood Blues, qu’on a bien du mal à leur imaginer des limites. Ecoutez Bill McCai, ça rappelle une nouvelle fois les La’s, mais c’est tellement facile et brillant que ça ne peut pas être un emprunt. C’est forcément leur univers. Dans le même ordre d’idée, écoutez donc Pass It On, un petit bijou de pop-song, simple et sans prétention que vous aurez envie de réécouter en boucle. Eskimo Lament est une belle ballade triste qui a l’énorme mérite, grâce à ses cuivres, de ne pas se prendre trop au sérieux.
Un vrai beau morceau nous attend à la fin de ce disque en tous points excellent. Confessions Of A.D.D.D. est encore une belle réussite mélodique et une superbe chanson qui vous fait passer par tous les sentiments en l’espace de 6 minutes et quelques. On commence par le Blues, en passant par la Pop et la Soul. C’est du grand art. S’il en était encore besoin, ça prouve leur maîtrise actuelle qui leur permet de reculer les frontières des genres. Non vraiment, j’ai du mal à leur deviner des limites. Je suis déjà impatient de découvrir de quoi ils seront capables dans l’avenir. Mais en attendant, je vais me régaler de ce disque plus que réussi.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.thecoral.co.uk



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