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8 mai 2006


Deux groupes qui ont à peu près le même age déjà respectable, dans deux styles aux antypodes l'un de l'autre. Le premier est plus vivant que jamais et le deuxième nous laisse de si beaux souvenirs.




Killing Joke : Hosannas From The Basements Of Hell


Titres

This Tribal Antidote
Hosannas From The Basements Of Hell
Invocation
Implosion
Majestic
Walking With Gods
The Lightbringer
Judas Goat
Gratitude


Killing Joke a toujours été un groupe hors norme, hors du temps et hors des modes. Toujours en avance sur son temps ou carrément à côté, dans une sorte d’univers parallèle. Allez savoir. Leur album éponyme, sorti en 2003 avait été un vrai choc. Frontal, brutal, sans aucun airbag ou autre moyen de protection. Le genre de disque qui fait mal, mais qu’on prend un plaisir presque malsain à écouter et réécouter encore et toujours. Et ce Killing Joke de 2003, je continue à l’écouter aujourd’hui avec le même émerveillement. Ce disque est définitivement énorme. Quand on connaît la discographie des Killing Joke, une seule chose est sûre : avec eux on peut s’attendre à tout. Rien qu’avec le titre du petit dernier, on peut déjà avoir une idée du contenu. Forcément brûlant et dérangeant.

Et Hosannas From The Basements Of Hell est en effet tout ça à la fois. Brûlant, toujours aussi brutal et tribal, mais cette fois peut être encore plus lourd et irrésistible. Autant le Killing Joke de 2003 était varié et expérimentait d’autres façons de faire vivre la flamme, autant ce nouvel album est monolithique. Enorme lui aussi, mais à la façon d’un temple grec ou des pyramides d’Egypte. Quelque chose de physiquement colossal. Une musique qui vous fait vous sentir tout petit. Et si fragile. Hosannas From The Basements Of Hell continue à inventer la bande son du côté sombre de l’âme humaine. Ce qui nous oblige à regarder en face les côtés barbares et violents de nos sociétés. Et ce ne sont pas les thèmes de notre actualité qui vont leur donner tort. Notre monde est de plus en plus sombre, complexe et incohérent. Killing Joke se contente juste de nous projeter son image musicale sur écran géant. Et de nous la renvoyer en pleine gueule.

Jaz Coleman trouvait le précédent album trop produit, trop aseptisé à son goût. Pour ma part, je le trouvais parfait, mais bon... Logiquement, celui-ci en est donc l’opposé, encore plus brut dans sa forme. Les chansons sont clairement primales, linéaires. Le but recherché semble être une sorte d’hypnose qui conduirait vers la transe. Les chansons sont en général assez longues et monocordes, ce qui donne au final une sensation assez oppressante. Pour une fois, le mixage aidant, c’est la musique qui est clairement mise en avant, Jaz Coleman lui laissant beaucoup plus de place que d’habitude. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les vétérans Raven et Geordie (plus un nouveau batteur qui se fond à merveille dans le moule) s’en donnent à cœur joie pour nous construire un mur du son incroyable. Pour commencer, This Tribal Antidote ressemble à un hymne idéal, à la fois lourd et félin, avec toujours cette voix allumée de Jaz Coleman. On trouve d’autres moments vraiment forts, comme le titre Hosannas From The Basements Of Hell qui alterne chant possédé et longs passages instrumentaux. Invocation, avec ses cordes sur fond de métal fondu est un autre futur classique du groupe sur scène. Majestic est sans doute le morceau le plus réussi du disque, le plus ambitieux dans sa forme, complexe et tendu comme jamais, avec le retour de la voix claire de Jaz Coleman. Tout comme l’excellent Judas Goat, tout en ruptures de tons et en cassures brutales. Walking With Gods et sa rythmique lourde ressemble comme un frère à un rouleau compresseur lancé en marche forcé.

La première écoute de ce nouvel album est assez déstabilisante, surtout quand comme moi on a adoré les chansons et le son du précédent. Mais au fil des écoutes, Hosannas From The Basements Of Hell se livre complètement et donne une impression de volume et de tension énormes. Au final, un seul mot convient pour ce disque : colossal.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.killingjoke.com
Et le minisite de l'album : www.basementsofhell.com




Cocteau Twins : Lullabies To Violaine

Titres

Volume 1 : 1982 to 1990 (2 CD)
Volume 2 : 1991 to 1996 (2 CD)


Les Cocteau Twins, je les ai rencontrés par l’intermédiaire de leur Ep The Spangle Maker et surtout avec la chanson Pearly Dewdrops Drops qui reste encore aujourd’hui une des chansons qui m’a le plus marqué. Je crois que c’est à ce moment là que je suis tombé amoureux de la voix de Elisabeth Frazer, pour ne plus jamais m’en remettre. Personne ne faisait une musique aussi belle et lumineuse que celle là. Personne ne chantait aussi bien que Liz Frazer. Personne n’avait une voix aussi céleste que celle là. Et je continue à le penser aujourd’hui. Les Cocteau Twins sont les seuls à avoir réussi à créer de tels paysages musicaux hypersensibles, entre ciel et terre, tellement proches d’une sorte de paradis musical. Et réécouter aujourd’hui cette même chanson ne fait que confirmer que c’est une des plus belles que je connaisse. Et pour ceux qui pensent ne jamais avoir entendu cette voix là, rappelez vous du très beau Teardrop de Massive Attack, sur l’album Mezzanine. La voix, c’était Liz Frazer.

Alors cette double compilation de leurs Ep’s est forcément un bonheur. Compte tenu de la discographie du groupe, complexe et prolifique, j’étais loin de connaître toutes leurs chansons. J’ai la plupart de leurs albums mais il me manquait de nombreux Ep’s. Je les découvre aujourd’hui et c’est un pur bonheur. Il faut savoir que ce groupe là doit être un de ceux qui ont produit le plus d’Ep’s (ou de maxi singles suivant le nom qu’on leur donne en fonction de l’époque), puisque chaque album (ils en ont fait 9) était entouré d’au minimum 2 Ep’s toujours totalement inédits ou presque. Un bonheur quand on est fan, mais aussi un vrai drame pour le portefeuille. Aujourd’hui, l’ensemble de ces Ep’s remplit 4 CD à raz bord. Ce qui permet  de redécouvrir aussi pas mal de chansons oubliées, comme celles de leurs débuts, avec le couple (à la vie comme à la scène) Liz Frazer et Robin Guthrie, plus l’éphémère bassiste Will Heggie sur la première moitié du premier CD. Puis arrive ensuite la période la plus belle des Cocteau, avec l’arrivée de Simon Raymonde en remplacement de Will Heggie, qui permet vraiment au groupe de prendre son envol. Et là, le mot envol est vraiment approprié, tellement la musique de ce groupe là est capable de vous emmener dans des rêves éveillés, comme sur le sublime Aikea-Guinea. C’est à cette période là que la langue inventée par Liz Frazer atteint des sommets; une langue totalement imaginaire, juste là pour se poser idéalement sur les sons en apesanteur créés par ses deux comparses. Ca touche parfois à une sorte d’harmonie parfaite.

Le premier volume de l’épopée Cocteau Twins tient sur deux CD et contient la période que je connais le mieux. Celle où ce groupe là a vraiment inventé un style et un son, flottant et ondulant, avec cette base rêveuse, ces guitares diaphanes et cette voix qui savait parfois ressembler au chant des sirènes.

Le deuxième volume contient la deuxième partie de la carrière du groupe. Parce qu’il y a vraiment eu deux périodes distinctes et une sorte de cassure. En entrant dans la décennie ’90, le trio a changé de son, de style. Sur ces deux derniers CD, c’est encore plus flagrant que dans mes souvenirs. Les chansons sont peut être devenues encore plus aériennes, plus fragiles, mais le son si particulier du groupe a commencé à disparaître, remplacé progressivement par un son nettement plus passe-partout. Et même si j’aime moins cette période, il faut bien reconnaître que les grandes chansons ont continuées à fleurir, avec toujours cette voix si unique de Liz Frazer et les enluminures de Robin Guthrie.

Aujourd’hui, Liz Frazer et Robin Guthrie ne sont plus un couple et Cocteau Twins n’existe plus. Et comme d’habitude dans les divorces, ce sont les enfants qui trinquent. Aujourd’hui, on se sent forcément un peu orphelins de cette musique là.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.cocteautwins.com
Et chez leur label 4AD :
www.4ad.com/cocteautwins/


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