7 novembre 2005


Une semaine toute en harmonie avec un petit chef d'oeuvre Pop livré par Guster et Sigur Ros qui se permet même de devenir abordable tout en restant toujours aussi inclassable.

Guster : Keep It Together

Titres

Diane
Careful
Amsterdam
Backyard
Homecoming King
Ramona
Jesus On The Radio
Keep It Together
Come Downstairs And Say Hello
Red Oyster Cult
Long Way Down
I Hope Tomorrow Is Like Today

Voilà un disque que j’ai découvert par hasard. Au rayon des imports. Je pensais bien qu’il serait un jour distribué normalement chez nous. Ca fait un moment que j’attends et finalement j’ai bien l’impression que ce disque là ne sortira jamais chez nous. C’est fort dommage quand on sait les merveilles que ce disque contient. Ca me fait une raison supplémentaire de vous parler de ce disque et de ce groupe totalement inconnu ici. Je sais bien que c’est un peu comme prêcher dans le désert, mais je m’en fout. Si j’ai créé ce site, c’est justement pour partager des coups de cœurs comme celui là.
Ce disque a toutes les caractéristiques du petit bijou qu’on garde d’abord pour soi, celui qui vous fait ressentir le délicieux frisson de la découverte. Un vrai plaisir égoïste. On commence par l’écouter en boucle, dans son coin. Juste pour le plaisir de se dire qu’on doit être le seul à écouter ça en France. Et puis on commence à le faire écouter à quelques amis bien choisis. Et leurs réactions sont les mêmes que les vôtres. Vient ensuite le moment où il devient indispensable de partager ça avec le plus de gens possibles. Parce que ce disque là est sans doute le meilleur album de popsongs que j’ai eu l’occasion d’entendre cette année. Et le fait que ce disque soit sorti avant 2005 ne m’empêchera pas de le faire figurer dans mes albums préférés de 2005. Il n’est jamais trop tard.
Ce disque ne révolutionnera pas l’histoire du Rock. Cette douzaine de chanson n’a surtout rien de révolutionnaire. C’est juste de la Pop très classique dans sa forme et au moins autant dans le fond. Mais sans qu’on sache trop pourquoi certains disques ont un charme vraiment particulier. Juste parce qu’ils touchent à une sorte de perfection dans un style donné. Parce qu’ils réussissent à synthétiser le meilleur sans jamais côtoyer le mauvais, ni même le simplement moyen.
Guster est un trio américain qui existe depuis plus de 10 ans et déjà quatre albums. Dont aucun distribué chez nous. Leur musique pourrait laisser croire qu’ils sont anglais, tellement elle sent la Tamise, mais le groupe vient pourtant bien des Etats-Unis. Keep It Together contient cette sorte de Pop brumeuse typiquement anglaise, mais elle est ici accompagnée de trouées dans les nuages et d’éclairs de lumières qui changent totalement le paysage et le rende plus contrasté. Ils pourraient ressembler à un croisement entre le REM des débuts (pour les harmonies vocales) et toute la génération des groupes Pop anglais à guitares des 90’s. Aujourd’hui on pourrait aussi les rapprocher des groupes belges actuels. Du coup, la première écoute de ce disque  laisse une impression de plénitude. Je ne sais pas trop comment l’expliquer, mais ce disque éclaire les choses sous un angle qui les rend plus belles. La production est très simple, sans artifices. Les chansons le sont aussi, ce qui donne à tout ça des contours clairs et incisifs. Ce qui donne des titres tels que le tubesque Amsterdam ou le parfait Homecoming King où les guitares claires côtoient les rythmes chaloupés. Ramona ressemble à une petite popsong insignifiante, jusqu’à ce que le refrain vous fasse changer d’avis. Chaque chanson contient une petite pépite qui la rend attachante. Sur Jesus On The Radio, c’est le banjo et ces voix. Come Downstairs And Say Hello nous rappelle d’abord les odeurs notre enfance pour bifurquer ensuite vers une Pop à danser assez irrésistible. Même les ballades ont l’équilibre idéal, surtout I Hope Tomorrow Is Like Today qui se termine dans une apothéose plus que réjouissante. Tous les morceaux de ce disque ont en commun des mélodies parfaites, des refrains qu’on a envie de chanter en permanence.
Je ne vois vraiment aucun reproche à faire sur ce disque. Même la photo de pochette est magnifique. Le mot qui convient le mieux à propos de cet album est harmonie. Vous savez, quand tout est parfaitement à sa place au moment où il le faut.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.guster.com

Je ne parle toujours pas l’islandais. Et pourtant, j’ai toujours le même plaisir à écouter la musique de Sigur Ros (sur leur site officiel, j'ai vu qu'il fallait prononcer "si-ur rose"). Tout comme beaucoup de gens à travers le monde, j’écoute et j’apprécie cette musique là. Ce qui confirme que la barrière du langage n’est finalement pas un problème. N’en déplaise à tous les tristes sires français qui restent plantés sur leurs ergots et qui restent persuadés qu’un disque chanté en français ne pourra jamais se vendre correctement en dehors de nos frontières, Sigur Ros prouve le contraire depuis plusieurs années et plusieurs albums. Comme quoi, le problème n’est pas la langue (vous connaissez quelqu’un qui parle islandais dans votre entourage ?), mais bien la musique elle même. Quand on est capable de créer une musique nouvelle, totalement personnelle et hors des modes, la langue est vraiment un détail, surtout quand les voix sont utilisées comme des instruments, comme c’est le cas chez nos copains islandais.
Depuis le début, Sigur Ros invente sa propre musique qui ne ressemble à rien d’autre. A mon sens, ils ne sont même pas copiables. Ca donne une musique qu’on peut trouver hermétique, en tous cas pas forcément facile à apprécier sans un minimum d’efforts. La musique de Sigur Ros ne s’entend pas, elle demande à être écoutée. Pour pouvoir entrer dans cet univers, ça demande de l’attention et un peu de volonté. Ce que la plupart des gens ne seront jamais capables de donner pour écouter de la musique. C’est justement toute la différence entre la musique qu’on nous impose et celle qu’on peut se choisir par nous même, en fonction de nos vraies envies. Ca demande juste un peu de curiosité et un minimum d’efforts. Pour moi, Sigur Ros personnifie ça à lui tout seul. Faire l’effort d’entrer dans leur univers, c’est comme explorer de nouveaux horizons et c’est l’assurance de ne plus vouloir en sortir. Leur musique semble vraiment tombée de nulle part (ou venue de l’Islande, c’est un peu pareil), sans lien avec autre chose qu’on aurait pu écouter avant. C’est en tous cas l’effet que produisaient leurs albums précédents. Et pour ça, Taak marque un tournant. Pas un changement radical, mais une évolution douce. Sur ce disque, Sigur Ros semble s’ouvrir au monde et à ce qu’ils ont côtoyés pendant leurs tournées mondiales. Ce qui fait de Taak leur disque probablement le plus accessible, en tous cas celui qui demandera le moins d’effort d’adaptation et qui déroutera le moins. C’est finalement le point d’entrée idéal à l’univers du groupe.
Des morceaux comme Gong ou Andvari, par exemple, auraient été inimaginables sur les précédents albums. Rendez vous compte, leur structure est habituelle (couplet / refrain), la guitare sonne même comme une guitare, chaque instrument est utilisé de façon classique. Reste la voix de Jón Bor Birgisson, toujours aussi décalée et hors du temps, planant librement au dessus des brumes. La simplicité d’exécution d’un Hoppipong n’existait pas non plus et pourtant cette épure donne un résultat d’une beauté incroyable. Que certains considèrent ça comme une trahison et une volte face commerciale de la part du groupe, je peux le comprendre, mais qu’on puisse critiquer ou rejeter cet album juste pour cette raison là me parait franchement limite. La musique de Sigur Ros n’a pas changée, elle reste elle-même, toujours aussi belle et envoûtante. Elle est juste plus à la portée de tout un chacun. Est-ce que c’est un défaut ? J’ai même entendu dire par certains fans de Sigur Ros que Takk était un disque trop commercial ! Là, il y a de quoi rire. Faites écouter ce disque à des gens qui ne connaissent pas du tout cette musique et regardez leur réaction. Comme d’habitude, vous aurez droit à des « c’est quoi ce truc ? », « c’est chiant ton disque ». Exactement comme avant. Il manquera toujours ce petit supplément d’attention indispensable pour apprécier cette musique là. Que le groupe ait rendu sa musique plus facile d’accès ne la rend pas pour autant commerciale. On en est encore loin.
Alors surtout, n’hésitez pas à découvrir Takk. Si vous aimez ce groupe depuis le début, vous y retrouverez toujours ces mêmes atmosphères fragiles et frissonnantes, ces thèmes musicaux ultra sensibles. Si vous n’avez encore jamais osé franchir le pas, c’est le moment ou jamais d’entrer dans cette musique qui ressemble à la bande son de vieilles légendes oubliées.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.sigur-ros.co.uk