6 octobre 2003
Et encore deux belles nouveautés, avec les Têtes Raides qui se font chier (mais pas nous) et les Fun Lovin Criminals qui nous embobinent une fois de plus.
Têtes Raides : Qu'est Ce Qu'on S'fait Chier
Titres
Civili
Les Radis
Qu'est Ce Qu'on S'Fait Chier
Patipata
Go Away
Black Is Beautiful
La Fin
Pitance
Vaille Que Vaille
Soupault
Les Souris
Aïe
Les Dents
En Silence
Coda
Quelle belle rentrée, musicalement parlant. Pour le reste, je réserve un peu plus mon enthousiasme. Feuilletez les pages de ce site depuis début septembre, vous n’y trouverez que du bon ou du très bon. Pas moins. Et ça continue encore, avec le dernier album des Têtes Raides, forcément un bon moment. Un moment unique qui ne ressemble à aucun autre. Pourtant, les groupes issus de la mouvance chanson rock néo-réaliste sont légions, mouvance dont les fers de lance sont les Têtes Raides depuis ce qui ressemble à un bien long bail. Et comme à chaque fois dans ce genre de cas, lorsqu’on essaye d’exploiter un filon, on trouve un peu de tout, quelques perles, un peu d’excellent et beaucoup de choses assez moyennes. Il serait d’ailleurs assez intéressant d’essayer de recenser tous les fils spirituels de ce groupe. Le travail serait titanesque, mais nous donnerait une idée assez significative de l’importance des Têtes Raides dans le paysage musical français. Et tout ça sans (presque) jamais passer ni à la télé, ni sur les radios. Uniquement un bouche à oreilles qui dure maintenant depuis bien plus de dix ans et qui a réussi à faire d’eux l’un des groupe français qui attire le plus de monde lors de leurs tournées.
Plutôt que les plans marketing, les Têtes Raides ont préférés cultiver le jardin très personnel de leur monde imaginaire. Et le grand plaisir qu’on est sûr de retrouver sur chaque nouvel album, c’est celui d’être surpris. Jamais ce groupe ne s’est endormi sur ses lauriers, ni replié sur lui même. Il est toujours resté ouvert aux autres, et sa musique, bien que toujours aussi personnelle et inimitable, est perméable à tous les sons qui nous entourent.
Alors comme d’habitude, le petit dernier est un bijou. A commencer par le contenant. Ca fait maintenant une éternité que le design de leurs albums est l’œuvre de leurs copains Les Chats Pelés dont l’importance aux côtés des Têtes Raides est immense. Ca fait maintenant partie de leur monde et partie intégrante de l’aspect visuel du groupe. Cette fois, on a carrément droit, non pas à un livret, mais à un vrai livre, avec le CD à l’intérieur. C’est une belle réussite esthétique et ça rend l’objet encore plus attachant, une fois encore.
Passons maintenant au contenu. Il est évidemment parfait, comme d’habitude. Avec son lot de chansons ressemblant instantanément à des classiques, ses mélanges osés et ses collages improbables, son lot de contre-pieds et de surprises. Ce disque nous offre d’ailleurs une bonne dose de chansons étonnantes. En commençant par Civili, pas vraiment nouveau dans le fond, mais assez rare dans la forme, puisque basé sur des guitares électriques. Ca fait en effet bien longtemps que les Têtes Raides ont débranchés leurs instruments de la prise, mais ça fait tout de même bien plaisir de les retrouver sous cette forme. Les Radis nous permet de les retrouver tout en acoustique, et une nouvelle fois, on retrouve les textes toujours aussi poétiques et étrangement décalés de Christian Olivier qui collent si bien à leur musique. C’est toujours un vrai régal. La chanson Qu’est Ce Qu’on S’fait Chier, joli mélange de Têtes Raides pur jus et de ce qui pourrait ressembler à du chamanisme indien (oui !) est un autre exemple de la façon de fabriquer les chansons chez eux. En fait, Les Têtes Raides procèdent exactement comme les Chats Pelés qui assurent le côté visuel. Ils partent d’un bric à brac de sons et de styles musicaux assez hétéroclites pour finir par assembler tout ça en quelque chose de neuf et d’unique et d’inimitable.
Un des nouveaux classiques du groupe a pour titre Go Away, génial assemblage de ce qu’on pourrait apparenter à du Ska (peut être…) et de leur côté fanfare qu’on connaît bien. Black Is Beautiful, où on les découvre carrément anglophones, mais toujours en contre-pieds ("Black is beautiful, yellow is wonderful, red is very nice, let me draw my life"), pourrait lui aussi fort bien vivre en concert. Je pourrais essayer de vous décrire chaque chanson une par une, mais ce n’est finalement pas utile. Un album des Têtes Raides se déguste en effet en entier, avec son début, son lot d’aventures en tous genres, ses nombreux rebondissements, et bien sûr son épilogue.
En fait, après chaque écoute d’un nouvel album de ce groupe, j’ai toujours la même sensation. Celle d’avoir écouté une nouvelle fois un grand album, vivant et inventif, qui à chaque fois parvient à nous surprendre. On trouve toujours quelques morceaux étranges, déstabilisants, qu’on met un moment à assimiler et à accepter (Pitance et ses collages sonores par exemple, ou plus encore le très surprenant Soupault). J’ai surtout l’impression que ce groupe à du génie, le génie du collage, de l’invention sans aucune limite. Rarement un groupe aura réussi à se créer un univers aussi personnel. Cet album n’est pas meilleur que les autres. Il est du même niveau. Il est donc brillant et réussi. Ceux qui les connaissent, ils ne pourront que se précipiter sur ce disque comme sur les anciens, pour les autres, il me paraît vraiment urgent de découvrir l’un des groupes les plus rares et inventifs du paysage musical actuel. Et surtout ne vous fiez pas au titre de l’album. On ne se fait jamais chier à l’écoute d’un des disques des Têtes Raides. Jamais.
Pour plus d'informations, le site officiel, bien évidemment tout entier décoré par Les Chats Pelés :
www.tetes-raides.tm.fr
Fun Lovin Criminals : Welcome To Poppy's
Titres
Too Hot
Stray Bullet
Living On The Streets
Lost It All
Friday Night
You Got A Problem
Running For Cover
Take Me Back
What Had Happened ?
Got Our Love
This Sick World
Steak Knife
Beautiful
Baby
You Just Can't Have It All
Voici de retour ceux qui passent depuis pas mal de temps déjà pour les plus beaux fainéants du Rock. Ceux qui font les efforts minimum pour toujours réussir à se la couler douce. Ce côté branleurs professionnels leur aura été à peu près aussi utile à leurs débuts qu’il les aura desservi par la suite. En effet, lorsqu’on cultive à fond le côté « voyez comme on est cool », au début, ça passe, mais au bout d’un moment, ça fini juste par agacer. Leur look de petites frappes ou de dealers californiens n’a sûrement rien arrangé à l’affaire.
C’est vrai qu’au départ, leur look, lié à leur musique (ils ont été parmi les premiers à mêler avec talent et bonheur le Hip Hop et le Rock) a fait un vrai carton. Des morceaux comme Scooby Snacks ou Bombin’ The L. sont devenus avec le temps de vrais classiques. Puis, tout le monde s’est mis à mélanger les genres et ce qui passait pour nouveau à l’époque de Come Find Yourself, leur premier album, est finalement devenu banal. Heureusement, sous des dehors apparemment pas sérieux, le groupe cachait bien des ressources et des idées. Leurs vrais racines, on s’en doutait depuis le début étaient plus proche de la Soul que du Rap et elles ont enfin éclatées au grand jour dans 100% Colombian, leur deuxième album. Depuis, la Soul et le Funk n’ont jamais cessés de prendre le dessus sur tous leurs albums et Huey Morgan le chanteur / guitariste du groupe n’a plus arrêté de nous prouver qu’il était aussi bon chanteur que fin guitariste.
Welcome To Poppy’s n’échappe pas cette règle. Ici, la Soul est reine et Huey Morgan est plus crooner que jamais. Donnant évidemment toujours autant l’impression de se la couler douce, quoi qu’il arrive. Mais un album des Fun Lovin Criminals reste toujours, quoi qu’il arrive, un joyeux mélange des genres musicaux, toujours aussi habile et réjouissant. Si la Soul est reine, le Hip Hop apparaît encore et le Rock se taille toujours une belle part du gâteau. Mais bien souvent, tous ces ingrédients cohabitent au sein d’un même morceau, faisant toujours d’un de leurs albums un vrai beau moment de musique(s). Ce qui ressort toujours le plus d’une écoute d’un de leurs albums, c’est la bonne humeur et la joie de vivre. Ca transparaît à travers chaque note. Ce groupe ne cherche pas à se compliquer la vie, il est là pour jouer sa musique et le fait avec une décontraction et une bonne humeur communicative. Welcome To Poppy’s fait donc cet effet là. Et comme eux, on se dit que finalement c’est peut être pas la peine de toujours courir, de toujours stresser, et on fini par prendre le temps de se poser pour les écouter.
Ca démarre côté Soul avec un très classique Too Hot, pour immédiatement se muscler un peu avec Stray Bullit, belle réussite du disque. Puis on retourne à la Soul avec le très réussi Living On The Streets qui aurait très bien pu figurer sur 100% Colombian. Chose rare chez eux, Lost It All est un morceau tout en Rock musclé et nerveux, sans concession. Mais comme toujours chez eux, on ne s’énerve jamais bien longtemps. Friday Nite est là pour nous rappeler dans le genre Soul caressante, les Fun Lovin Criminals sont sans rivaux. Tout ça juste avant, par l’intermédiaire de You Got A Problem, de faire un retour vers le style qui les a rendu célèbre, cet espèce de mix entre Soul, Rock et Rap, avec même petit air de Scooby Snacks. Nickel, comme d’habitude. Ca coule ensuite de source, c'est du velours, avec des moments de pur bonheur (Running For Cover, Got Our Love, Beautiful), pour se terminer par un caressant et réussi You Just Can’t Have It All.
Pour moi les Fun Lovin Criminals font partie de ces groupes pour lesquels j’ai une affection particulière, sans pour autant en être un fan pur et dur. Entre deux sorties d’albums, j’ai un peu tendance à les oublier, c’est vrai. Mais chaque nouvelle sortie est l’occasion de me rendre compte à quel point j’aime leur musique. Et c’est à chaque fois un vrai bon moment. C’est une nouvelle fois le cas avec Welcome To Poppy’s.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.fun-lovin-criminals.co.uk
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